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Un petit roman jeunesse illustré par Jean-Claude Götting bien sympathique.
Lors d'un retour de vacances, au cours d'un arrêt, Rodrigue a laissé Balthazar se dégourdir les pattes.
Or celui-ci part à la chasse au mulot et disparaît.
Maîtres et chat prennent la parole pour raconter leur aventure.
C'est joliment écrit, joliment dessiné.
De quoi faire passer un petit moment de plaisir aux amoureux des chats.
Quelle délicieuse lecture que ce roman-par-nouvelles, forme très personnelle inventée par Jean-Noël Blanc, qui consiste à rassembler des nouvelles pour rédiger un roman.
Pour nous Parler du pays, il commence avec Amédée, un taiseux, qui vit seul avec son père dans une ferme isolée. « Avant la mort du père, on lui arrachait quelques phrases. Depuis, il est comme une porte fermée ». Et pourtant, à la fin de cette première nouvelle, après un acte héroïque, quand on l'interrogera sur l'occupant nazi qui est passé par la ferme, il aura cette répartie : « un petit péteux ».
D'autres portraits, celui de Mademoiselle Martineau qui fait « sa petite couture », de Gros-Pif qui doit faire face aux moqueries de Raoul sur son acné, d'Igor le sculpteur qui modèle la glaise en s'adaptant au goût des touristes, de ce peintre amateur qui trouvera peut-être la gloire, de Massoud, ce SDF qui squatte l'ancienne ferme de Symphorien et sur qui le Marcel et le Loulou, à l'arrivée de la neige lancent le pari de savoir combien de temps il va tenir, et d'autres encore comme l'instituteur ou Michel ou Madame Chastaing.
Les pauvres, les riches comme ceux qui vivent à la Maladrerie, une nouvelle est d'ailleurs consacrée à son propriétaire à qui le curé vient donner l'extrême-onction, le bistrot, le bal, les saisons, un ensemble de récits qui sont là pour parler du pays, raconter la vie de ce village un peu perdu.
Jean-Noël Blanc saisit des instants de vie et parvient à les restituer à merveille. Les paysages, l'environnement, les personnages semblent présents : on voit, on respire, on sent, on entend … On a l'impression de faire partie du tableau. Il évoque avec poésie le vent ou l'orage, les saisons et notamment la rudesse de l'hiver montrant, comment ils façonnent le paysage tout comme les hommes.
Certaines descriptions de paysages ou l'évocation de l'exode rural m'ont parfois fait penser à la magnifique chanson de Jean Ferrat « La montagne ».
J'ai aimé ce regard ironique, très pertinent que Jean-Noêl Blanc porte sur la société. C'est toujours par petites touches, comme un peintre, qu'il avance dans ses descriptions pour rendre au final d'excellents tableaux. D'ailleurs, outre ses qualités d'écrivain, il fait preuve d'un talent certain pour le dessin et la peinture, en illustrant superbement lui-même son bouquin, rajoutant ainsi de l'âme à son texte.
Si l'auteur est stéphanois, il n'en connaît pas moins, très bien, la région lyonnaise. Preuve en est lorsqu'il décrit les tribulations de cet instituteur ayant fui le village, et cherchant refuge à Lyon où il a déjà vécu.
Des sourires, des peines, des moments heureux, d'autres malheureux, beaucoup de malice et d'ironie mais aussi de tendresse, de délicatesse et de poésie, composent ce roman-par-nouvelles empreint de chaleur humaine, rédigé avec une écriture précise, ciselée, au style très personnel, bref, un délice !
Si j'avais beaucoup apprécié le nez à la fenêtre, de Jean-Noël Blanc, je me suis à nouveau régalée avec Parler du pays, sa dernière publication, que j'ai pu découvrir grâce à Babelio et aux Éditions le Réalgar que je remercie infiniment.
Chronique illustrée à retrouver sur : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
François-Auguste Ravier (1814-1895) est destiné au notariat par son père qui l'envoie faire des études de droit. Mais François-Auguste ne rêve que de dessiner et peindre. Toute sa vie sera consacrée à chercher la bonne lumière, à tenter de peindre ce qu'il a dans la tête, exigeant et insatisfait.
Félix Thiollier (1842-1914) est un industriel stéphanois, fils d’industriel qui se passionne très tôt pour la photo et les arts en général. Il rencontre beaucoup d'artistes, de peintres dont Ravier. Ils deviennent amis.
Personnellement, je ne connaissais aucun des deux personnages, j'ai beaucoup appris. Jean-Noël Blanc a choisi le roman pour parler de leur amitié, se donnant donc quelques libertés avec la vérité, peut-être assez peu d'après ce qu'il écrit en post-face. François-Auguste Ravier fut un peintre en perpétuelle recherche d'absolu, de représenter sur la toile ce qu'il avait en tête. En attendant son "grand ouvrage", il produit des "casseroles" : "... jusqu'ici je n'ai fait qu'accumuler des notes et des documents, et le grand ouvrage, mon Dieu, le grand ouvrage, je crains que la mort ne soit là bien avant." (p.159). Pour atteindre cet objectif, il refusa de montrer ses œuvres dans des expositions, des salons, ne voulant montrer que le meilleur. Bien que, devenu une référence, voire même un précurseur aux yeux de beaucoup de ses contemporains, une sorte de Turner avant Turner, un peintre qui peignait la lumière comme personne, jamais il ne dérogea de sa règle au risque avéré de ne jamais être reconnu et connu. Un peu misanthrope et peu sociable, la vie à l'écart qu'il avait choisie lui alla parfaitement.
Au contraire, Félix Thiollier toucha à tout, fut un hyperactif qui voulut bouger sa ville de Saint Etienne peu ouverte aux arts et à la culture. Il photographia, peignit, produisit du ruban dans son usine, édita des monographies, acheta et tenta de faire connaître des peintres comme Ravier et bien d'autres.
Ce sont ces deux hommes opposés qui deviendront amis, des hommes sans détours, francs et honnêtes. Jean-Noël Blanc les décrit, parle de la peinture et de la création artistique, de la recherche permanente de l'œuvre parfaite qui a obsédé Ravier sa vie durant, en des termes magnifiques. L'écriture emporte le lecteur et ne le lâche jamais, c'est une vraie merveille. Une langue d'une élégance rare qui varie la longueur des phrases, qui use de termes parfois rares. Voilà par exemple sa description du Paris que François-Auguste peine à peindre : "Le ciel, surtout, le déçoit : ce n'est pas un ciel sérieux, il s'effarouche pour un rien et s'afflige au moindre prétexte. Un courant d'air descendu des canaux du Nord, un souffle venu de l'Ouest et de la mer, une bourrasque bénigne, une bise, une chiquenaude de l’atmosphère, et ça y est les nuages rappliquent, le ciel prend la mouche, tout vire à la grisaille, s'assombrit, s'attriste, s'éteint. Pas de colère, pas d'orage, pas de nuées vindicatives, pas de vastes bousculades de cumulus, ou alors si rarement. Ce sont plutôt des susceptibilités de pluie mince, des chagrins citadins, des mélancolies patinent les rues d'une ombre d'alcôve, dans un chien et loup de plein mitan du jour." (p. 35)
Roman qui parle d'art, de peinture, de photographie, d'équilibre d'une œuvre, de sa création, des échecs, de la recherche de la perfection. Un coup de coeur que Le Réalgar a la bonne idée de rééditer. Pour les amoureux de la peinture, de la littérature, pour tous ceux qui ont envie de s'instruire dans la beauté et l'élégance et de sortir des sentiers battus.
Je remercie les éditions archipel pour l'envoi de ce livre destiné aux amoureux des félins. Dans 'Mes vies de chat', Jean-Noël Blanc décrit amoureusement les chats qu'il a côtoyé dans sa vie. Basé sur des anecdotes, des poèmes sous forme de haïkus et de nombreuses citations, ce livre est exclusivement destiné aux passionnés de ces boules de poils. Point d'histoire ici, juste un témoignage d'amour de la part de l'auteur à ses minets. Je me suis laissée porter par son écriture car j'adore les animaux, mais j'ai également vu mon poil se hérisser lorsque l'auteur s'est montré critique envers les chiens et ses amateurs. Je m'attendais à un peu plus d'ouverture d'esprit et je ne comprends pas l'utilité du comparatif basique chien/chat dans un tel ouvrage. Pour ma part, je suis l'heureuse propriétaire d'un chien et d'un chat et chacun m'apporte du bonheur. Mis à part ce point de désaccord, les mots de l'auteur se lisent agréablement, mais je pense toutefois que cet ouvrage ne touchera qu'un public assez restreint.
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