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Parce qu'elle est d'origine espagnole, la petite narratrice lorsqu'elle est enfant se jure de ne jamais oublier les petites filles orphelines, toutes emportées par la grippe espagnole lors de la grande épidémie de 1918. Tel Pagnol qui rachète à l'âge adulte Le Château de sa mère, elle veut racheter l'orphelinat mais ce n'est pas si simple.
Une belle histoire bien racontée mais qui a manqué un peu d'un je ne sais quoi pour m'accrocher totalement.
Ce roman se passe dans un gros bourg avec son école à classe unique, l’église au centre, le café où les hommes se retrouvent et le promoteur (forcément) vilain qui veut faire son beurre en construisant un lotissement sur un ancien cimetière d’orphelines emportées par la grippe espagnole au siècle dernier.
Hier côtoie aujourd’hui comme la rationalité côtoie le rêve, les horreurs de la guerre se mêlent la lumière du soleil et le passé au présent. Avec poésie et émotion, en procédant à sauts et à gambades, avec des descriptions jamais trop longues ou pesantes, l’auteure évoque l’abandon, la transmission et la mémoire, celle des jeunes filles mortes et d’un monde rural à jamais disparu.
Connaissant la région, je me suis prise au jeu et ai tenté de reconnaître les lieux et qui sait, leur histoire.
Disons-le, les noms de communes peuvent éventuellement évoquer Mornant ou St Sorlin, ce dernier plus connu pour ses roses et ses tartes au sucre que pour son orphelinat, mais rien n’est flagrant donc tout est universel dans ce très beau roman qui embarque le lecteur/la lectrice sans jamais le perdre, une belle réussite !
Merci à l’équipe des 68 1ères fois pour cette aventure de livres voyageurs et ses découvertes enthousiasmantes (celle-ci par exemple).
Voici un premier roman qui est une véritable invitation au voyage alors même que nous allons rester en France et nous rendre dans un petit village dans les hauteurs du pays Lyonnais. Cette promenade à Sorcelin, de son vrai nom Saint Sorlin, sera l’occasion de nous plonger dans les souvenirs d’enfant et les lieux où l’imagination de l’auteure n’a pas eu de limites.
Du haut de la colline, le village est surplombé par un orphelinat de jeunes filles abandonnées depuis l’épidémie de grippe espagnole au début du XXème siècle. De la plume très poétique et visuelle d’Isabelle Rodriguez, vont alors revivre comme par magie ces orphelines du Mont Luciole auxquelles notre narratrice s’est attachée au fil des années.
Isabelle Rodriguez, par l’écriture de ce roman aborde avec une grande sensibilité la question de la mémoire pour que les jeunes orphelines et que les habitants de cette zone rurale ne soient pas oubliés malgré l’exode rural des campagnes françaises.
J’ai trouvé très intéressant d’introduire cela grâce aux souvenirs transmis par les différentes générations que la narratrice a pu côtoyer dans sa jeunesse.
Je tiens à remercier les Avrils et Netgalley France pour m’avoir permis de lire un ouvrage très beau et touchant qui rappelle à quel point il est important de laisser une place encore importante à l’imagination dans sa vie pour continuer à rêver une fois arrivé l’âge adulte...
Vie et mort des orphelines
Dans un premier roman qui s’apparente à une quête identitaire, Isabelle Rodriguez revient dans les monts du Lyonnais de son enfance et essaie de sauver la mémoire des orphelines qu’elle croisait alors et qui furent toutes emportées en quelques jours.
Pour raconter son histoire, et celle de sa famille, la narratrice nous parle d'abord d'architecture. De ces bâtiments qui entourent la maison familiale plantée sur les monts du Lyonnais, à commencer par la grande bâtisse au sommet de la colline, l'orphelinat du mont Luciole. En fait, c'est bien plus qu'un bâtiment voué à la démolition. C'est le lieu de toutes les histoires, de tous les fantasmes aussi. Un endroit où étaient rassemblées toutes les orphelines de la région. Jusqu'à ce que la grippe espagnole, au lendemain de la Première Guerre mondiale, ne les tuent toutes, foudroyées en quelques jours avec les religieuses qui les gardaient. Après les avoir toutes enterrées, on a muré les portes d'accès, fermé ce grand bâtiment vide.
Non loin de là se dresse le château des Enjoleras. C'est là qu'une riche famille d'origine espagnole venait passer les étés et qu'elle a remarqué Marie. Sa beauté lui aura permis à la grand-mère de la narratrice de franchir la porte de cette belle demeure, puis d'accompagner ses occupants à la mer. Aujourd'hui racheté par un promoteur du coin, la propriété a été divisée en dizaines de parcelles sur lesquelles des maisons à crépi rose et tuiles romaines ont été construites «parce que les Lyonnais à la campagne aiment rêver de Provence».
C'est face à la disparition de ses souvenirs, mais aussi d'un patrimoine qu'il faut désormais se battre, car il y a encore tant à dire, tant à raconter.
Par exemple son combat pour son identité. Quand ses camarades de classe lui reprochent son patronyme espagnol «dans lequel résonne celui de la grande tueuse», alors elle s'érige en protectrice des orphelines, va rechercher leurs traces. Mais, tout comme celles de ces ouvrières qui œuvraient dans les soieries et contribué à la prospérité de la région, elle ne recueille guère que quelques témoignages. Quand elle découvre le cimetière où ont été ensevelies les orphelines, elle va convaincre une amie de l'accompagner jusqu'à cet autre lieu, lui aussi voué à l'abandon.
Tout le roman est construit sur ces doubles pôles, celui familial avec les ancêtres canuts et historique avec la chronique des orphelines. Les deux trajectoires se rejoignant dans cette envie de préserver leur mémoire respective, de sauver les dernières traces, de ne pas tirer un trait sur ce passé désormais en voie de disparition. Le style vient épouser cette quête, se parant de la poésie propre à l’enfance. Une langue qui s’appuie sur les odeurs et les couleurs, une musique qui laisse toute sa place à la sensualité. Vous l0aurez compris, ce premier roman est riche de belles espérances.
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