Cette semaine, Sophie et Jean-François ont lu et donnent leur avis sur Ils savent tout de vous de Iain Levison chez Liana Levi
Ma chronique : Vous connaissez la fable " Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir »
Le dernier livre de Iain Levison incarne cette citation. Levison est le chouchou des libraires ( et des cinéastes). Je l'ai découvert avec " Tribulations d'un précaire" et "Un petit boulot". Ce sont toujours des bonheurs de lecture.
Son style est direct, impertinent, ponctué d'humour noir. Il défend les démunis, les losers avec beaucoup d'humanité. Il ne manque pas de sarcasme pour dénigrer l'immoralité des puissants.
Le titre loufoque annonce la couleur. Justin Sykes est avocat commis d'office. Surbooké, il assiste les miséreux de Philadelphie.
C'était pourtant un brillant avocat pénaliste tout droit sorti de Columbia. Pourquoi sa carrière a pris une autre voie ?
Il connaît toutes les arcanes du système judiciaire américain, il dénonce cet organisme à deux vitesses avec toutes ses déviances, toutes ses failles. Les peines infligées à ses clients sont négociées avec un procureur incompétent et avide de pouvoir.
Il prépare un procès (dont les rapports de police ont été trafiqués !) quand une curieuse offre lui est proposée par un patron de boite à striptease. Mille dollars pour une heure par semaine de conseils juridiques donnés aux gogos danseuses mais à la condition qu'il passe la nuit dans le nouveau motel du mafieux (évidemment le patron est mafieux !!) Pourquoi sa voiture doit être garée toujours au même endroit dans ce quartier plutôt louche ?? Pourquoi le lendemain est-il suivi par deux voyous aux mines patibulaires? Pourquoi ce salaire exorbitant en liquide ?
Il est payé " pour la fermer". La tension monte à chaque chapitre.
On a peur pour lui. On sent l'arnaque. Va-t-il sortir de ce bourbier ?
Sous des allures de polar noir c'est un regard pertinent sur les injustices sociales, une satire sans concession de la justice américaine. A ne pas manquer !
Citation " le tribunal pour un accusé n'est qu'une foultitude d'expressions archaïques, toutes précisément faites pour l'exclure
« Ça fait onze ans que j’essaie de sauver le monde, et le monde continue de courir à sa perte. » Las et désabusé, l’avocat commis d’office Justin Sykes n’en poursuit pas moins, en Sisyphe dévoué, sa désespérante défense de la veuve et de l’orphelin, lorsqu’on lui propose mille dollars de l’heure pour donner des conseils juridiques aux stripteaseuses du Kittie Gentleman’s Club, une boîte minable de la banlieue de Philadelphie. L’affaire a beau paraître louche, notre homme et narrateur, si lucide dans son humour noir quant aux travers de la justice américaine, se laisse naïvement embarquer dans cet inattendu et lucratif à-côté.
Bien sûr, ses ennuis ne font que commencer. Et tandis qu’il continue à se démener avec sa pile de dossiers, riant jaune des injustes absurdités de la machine judiciaire américaine quand les peines souvent se négocient, sans procès, entre avocat et procureur, un procureur élu et tenu de faire campagne, par conséquent largement plus politique que compétent, la balance de la justice penchant toujours de toute façon du côté du pouvoir et de l’argent pourvu qu’elle respecte cette « seule et unique règle incontournable : l’injustice ne peut être flagrante », Sykes se retrouve confronté au monde de la grande criminalité, de ses accointances jusqu’au coeur de l’appareil judiciaire et au risque de se retrouver lui-même l’une de ces causes perdues dont il se fait habituellement le défenseur. Heureusement, le personnage a de la ressource et de la chance, et, entre frisson et sourire chez le lecteur, saura jongler en maître avec les pièces dont il dispose dans ce consternant jeu de dupes.
Entré dans l’écriture avec le récit ironique des petits boulots de ses débuts, Iain Levison n’a depuis cessé, usant de la dynamique du polar et d’un humour noir fabuleusement caustique, de dénoncer dans ses romans les réalités politiques et sociales aux Etats-Unis. Après la précarité et la relégation de toute une partie de la population américaine, après les dysfonctionnements de l’armée et du système politique, c’est cette fois l’échec de la justice qui fait ici l’objet d’une charge férocement satirique.
Comme toujours chez cet auteur, c’est original, fantaisiste et facétieux, mais surtout, dans cette distanciation moqueuse qui ne se prend pas au sérieux, cela envoie mine de rien du bois pour un portrait sans concession d’une Amérique en pleine faillite démocratique.
Un thriller absurde teinté d’humour noir et acide pour décrire la perdition d’un homme dans une petite ville américaine du Wisconsin qui fut prospère et agréable à vivre jusqu’au jour où la fermeture de l’usine qui maintenait l’emploi et les salaires plonge sa population dans une misère crasse. Seuls un bar et un bookmaker apportent un semblant de vie dans cette ville qui se désagrège.
Jake est ruiné, dépouillé de tout. Femme et enfant l’ont quitté. Il s’est endetté dans des paris à hauteur de 5000 dollars. Le fisc le harcèle. Alors, quand le bookmaker lui offre d’essuyer sa dette avec un bonus de 800 dollars, Jake accepte la proposition de tuer son épouse, une ancienne stripteaseuse qui le tromperait avec un pilote de ligne.
Malgré un nouvel emploi de gérant dans une station libre-service qui arrive inopinément, Jake va tenir parole et tuer cette femme qu’il ne connait pas et être surpris non pas seulement par la facilité de l’acte mais par son total manque d’empathie.
Du coup, de fil en aiguille, il va devenir tueur à gages professionnel mais aussi se faire justicier dans la ville avec d’excellentes raisons morales tirées de ses réflexions et analyses sur le monde du travail et son exploitation.
Les situations extravagantes dans lesquelles il se retrouve vont toutefois rendre ce criminel de pacotille bien attachant.
Iain Levison, avec un humour grinçant et une plume juste, brosse un portrait au vitriol de l’abandon et de la déchéance humaine face au profit et aux décisions impitoyables du monde de la finance.
Un faux polar farfelu et burlesque bien décapant !
Quel plaisir de retrouver la plume enlevée de l’auteur qui nous fait découvrir cette fois-ci les arrières-cours de la justice américaine.
Nous suivons Justin Sykes, avocat commis d’office et célibataire, qui accepte de se rendre un soir par semaine dans le club de striptease de la ville pendant une heure pour renseigner les filles ayant des problèmes. Si il dort en plus dans le motel en face, il touchera mille dollars.
Ce n’est pas tant cette histoire de boulot trop bien payé qui m’a intéressé que les négociations que mène Justin avec le procureur pour chaque cas qu’il doit défendre.
J’ai adoré que Justin, formé dans une très bonne université de l’Est, damne le pion au procureur, fils de, qui n’excelle pas dans son métier.
L’auteur montre que la majorité des cas aux Etats-Unis ne passent pas en jugement mais font l’objet de marchandages concernant la durée de la peine du prévenu.
Et si, comme c’est le cas dans ce roman, le procureur n’a pas envie d’aller au procès, les tractations ont lieu pour chaque cas.
Un roman léger et grinçant.
L’image que je retiendrai :
Celle de la voiture de Justin dont le siège avant est modifié sans qu’il le sache.
https://www.alexmotamots.fr/les-stripteaseuses-ont-toujours-besoin-de-conseils-juridiques-iain-levison/
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