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Témoignage époustouflant sur la grande guerre, écrit alors qu'elle faisait encore rage. Ecrit sous forme d'un roman, c'est en fait un véritable reportage souvent poignant. Un des premiers reportages de guerre pris sur le vif, peut-être e premier ?.
Henri Barbusse à l'idée de faire parler ses poilus comme ils parlaient réellement, avec leur argot, leurs erreurs de langage, leur patois.... Et on se sent propulsé parmi eux. Il nous semble les entendre.
Barbusse a vécu les tranchées en première ligne volontairement alors que son âge déjà avancé aurait pû lui permettre un poste moins exposé. Mais c'est où il voulait être pour témoigner, sachant que ses frères d'armes, sans grande instruction pour la plupart, ne pourraient jamais l'exprimer, n'étant de toute façon pas de ceux que l'on écoutait.
On sent qu'outre les évidentes souffrance et résignation humaine, il fut marqué par la Nature qui fut également annihilée, marqué par une sensation de ténèbres permanentes, par le froid et la boue omniprésente, collante, profonde qui engloutissait les hommes. Pour cela l'auteur fait montre d'une poésie descriptive qui donne presque aux éléments une vie autonome.
Je ne mets pas 5 étoiles pour la fin de l'ouvrage car l'auteur y exprime trop clairement ses idéaux politiques d'Internationale, (ce sera un membre fervent du parti communiste je crois). Ce n'est pas ses idées en elles mêmes qui me gênent, on comprend qu'avec ce vécu elles lui aient parlé. Mais c'est la façon dont c'est amené, ça romp avec le style qu'avait le roman jusque là. En fait il semble un peu oublier son roman et se laisser emporter à exprimer ses propres idées politiques.
Mais ça ne concerne que quelques pages et ne gâche pas le livre.
La fin de l'ouvrage présente quelques pages de son carnet de notes prises sur le vif. Intéressant, on voit d'où lui viennent certaines idées, sa façon de concevoir son roman...
Le Feu a été écrit en 1916, lorsque Henri Barbusse, engagé comme soldat d’escouade ; puis comme brancardier, a été évacué dans les hôpitaux. Publié en novembre 1916, il remporte le prix Goncourt, en pleine guerre. Il est perçu par ses contemporains, comme un chef-d’œuvre de la littérature de guerre. A la lecture de ce récit, le lecteur acquiert d’emblée l’impression que c’est à une véritable radiographie de la guerre que nous délivre Henri Barbusse. Qui sont ces poilus, d’où viennent-ils, de quels milieux, de quelle tranche d’âge ? Nous sommes fixés dès le début : « Nos âges ? Nous avons tous les âges. Il y a, côte à côte, trois générations qui sont là, à vivre, à attendre, à s’immobiliser, comme des statues informes, comme des bornes. » Ce sont plutôt les classes populaires qui sont mobilisées, prêtes à être sacrifiées sur le front : « Un peu de tout dans le tas (…) Avant de venir enfouir sa destinée dans des taupinières, qu’étions-nous ? Laboureurs et ouvriers pour la plupart. » « Pas de profession libérale pour ceux qui m’entourent. »
C’est l’horreur, la cruauté, la peur qui sont bien sûr les éléments majoritaires de cette évocation. Mais Henri Barbusse soulève aussi des questions essentielles : comment la guerre transforme-t-elle les combattants ? Est-elle fatale ou évitable ? Peut-on la surmonter ? On sait que les survivants de ce conflit qui s’étaient convertis au pacifisme des années vingt l’ont surnommée « la der des der », espérant, hélas à tort, qu’elle serait la dernière dans l’histoire du continent européen.
Les combattants décrits par Henri Barbusse restent des hommes envers et contre tout : « Ce ne sont pas des soldats : ce sont des hommes. Ce ne sont pas des aventuriers, des guerriers, faits pour la boucherie humaine -bouchers ou bétail. Ce sont des laboureurs et des ouvriers qu’on reconnaît dans leurs uniformes ; Ce sont des civils déracinés. »
Le grand mérite du récit d’Henri Barbusse est de restituer l’horreur du conflit, de rappeler ce degré de barbarie que peut atteindre l’humanité en guerre ; il est aussi de faire entrevoir au lecteur qu’un autre monde est possible : « L’œuvre de l’avenir sera d’effacer ce présent-ci, et de l’effacer plus encore qu’on ne pense, de l’effacer comme quelque chose d’abominable et de honteux. Et pourtant, ce présent, il le fallait ! IL le fallait ! »
On pense évidemment au roman d’Erich Maria Remarque À l’ouest, rien de nouveau, écrit du côté allemand à propos de ceux de 14-18 et aussi à Orages d’acier d’Ernst Jünger, à titre de comparaison. L’ouvrage a fait date dans l’histoire de la littérature de guerre et dans celle du courant pacifiste, ce n’est pas la moindre de ses qualités multiples.
Livre poignant qui permet d'appréhender un peu mieux l'horreur et l'absurdié de cette gerre où les simples soldats étaient bien peu considérés.
Un jeune homme trouve une place de banquier à Paris, et s'installe dans une pension de famille. Sa chambre est dotée d'une petite ouverture donnant sur celle d'à-côté. Intrigué d'abord, animé d'une curiosité malsaine ensuite, il va regarder, observer, vivre au gré de cette chambre voisine et de ses occupants. Tour à tour, il y découvre la nature humaine, sous ses bons et moins bons jours. Histoire d'amour naissant, adultère, fin d'amour, maladie, mort, toutes les situations sont passées au crible par cet observateur. Mal lui en prend, il ne peut plus se passer de découvrir ce qui arrive à côté, se questionne sans arrêt sur lui-même, devient fou...
Pour son premier roman, Henri Barbusse offre ici une belle écriture pour une démarche surprenante. Bien que frisant l'érotisme selon les occupants, aucune vulgarité n'est à déplorer, certaines scènes sont dépeintes comme de vrais tableaux. "L'enfer", c'est ce que vit ce voyeur, assurément, quelle idée d'aller voir ailleurs ce qu'il s'y passe, d'entrer dans l'intimité des gens, d'analyser leurs pensées, de juger de leurs actes... Une lecture assez oppressante tout de même, on ressent un certain malaise, celui du voyeur, peut-être, le lecteur ayant l'impression d'être, lui aussi, devenu ce voyeur indécent.
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