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Hanif Kureishi nous a habitué à mieux. Beaucoup mieux. Même si l'exercice est réussi d'un point de vue narratif, "L'air de rien" est un roman paresseux, un peu facile, qui donne une impression de "déjà lu" pas très agréable. Quand dans la vie d'un couple s'invite le Dieu du carnage, le cynisme est roi. C'est ce que les trois personnages de cette histoire s'évertuent à démontrer. De façon un peu poussive. Un peu facile. Rendez-vous au prochain opus.
C’est l’histoire de Jamal, cinquante ans, psychanalyste londonien jouissant d’un certain succès. Divorcé, père complice d’un adolescent en manque de repères, il mène sa vie plutôt nonchalamment entre sa sœur Myriam, énorme bonne femme tatouée, couverte de piercings qui règne sur toute une marmaille de banlieue et son vieil ami Henri, metteur en scène reconnu et actuellement au bord de la dépression.
Séparé de Joséphine, son ex-femme avec qui il tâche d’entretenir des rapports aussi cordiaux que possible, il ne peut s’empêcher de repenser à Ajita, son grand amour de jeunesse qu’il connu à 20 ans disparu subitement et le laissant le cœur brisé sans moyen de la retrouver.
Pourquoi cette disparition aussi soudaine que mystérieuse. Ça c’est le douloureux secret que porte en lui Jamal et il a tout intérêt à ce qu’en aucune manière il ne s’évente un jour…
Mais tout va basculer lorsque deux témoins de ce passé réapparaissent, menaçant de mettre en péril l’équilibre fragile de toute une vie à peu près ordonnée.
Roman polyphonique, immense tissage de dialogues savoureux et drôles entre une multitude de personnages haut en couleurs.
Il restitue également le mode de vie bobo à Londres : du récit des parties de foot du dimanche aux scènes de partouze dans des clubs fétichistes, en passant par le description des mœurs adolescentes, il dresse un bilan critique de l’Angleterre.
L’auteur mêle avec brio l’histoire personnelle à l’histoire collective. Il ausculte le monde contemporain de l’après Thatcher.
On retrouve dans ce roman tous les thèmes chers à Kureishi : le temps, le désir, la transgression, la culpabilité, la famille et la filiation, l’opposition folie/ normalité
Comment la vie devient-elle matière littéraire ? Comment un écrivain peut-il écrire sur un autre écrivain ? L'admiration constitue t-elle un moteur fiable pour la création ? Ces questions sous-tendent ce beau roman, par ailleurs drôle et extravagant comme tous les ouvrages de Kureishi. On ne le lâche pas avant la dernière page, attaché aux mésaventures d'Harry qui en voit de toutes les couleurs entre monstre sacré, femmes mûres et son propre égocentrisme... Jubilatoire et intelligent.
Ce "Dernier mot" d'Hanif Kureishi est un roman extrêmement brillant sur la création littéraire en mode cocasse emblématique de l'auteur. Rien n'est épargné au personnage principal de cette histoire de biographie douloureuse qui peut ressembler par moment à une descente aux enfers, très intelligemment rythmée et patinée de l'humour indo-britannique (coktail détonnant) de Kureishi.
Un thé aux épices à déguster sans aucune modération.
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