10 livres chroniqués par les Explorateurs, 10 chroniques à découvrir !
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Un récit historique qui nous emporte dans les décors de la Volga, cette époque de l'entre deux guerres, Gouzel Iakhina mélange différents styles. Un récit lumineux et triste, un contraste en décalage, mais notre imagination va bouillonné. Entre conte et poésie. Ce texte a de multiples facette.
Colon allemand s'installant en Russie, Jakob Bach instituteur sur les rives de la Volga, tombe amoureux d'une femme qui mourra en couche, petit a petit Jakob se déconnecte du monde. Tout en élevant l’enfant, il écrit des contes, qui de manière étrange et parfois tragique s’incarnent dans la réalité puis il recueil un orphelin qui bouleverse sa vie et celle de son enfant.
Une lecture historique d'une période méconnu, un livre que j'ai découvert il y a quelques temps, l'intrigue m'avait bouleversé. Un convoi pour survivre, un périple éprouvant. Les personnages sont attachants, entre cruauté et humanité. Un texte sensible, délicat qui nous plonge dans une tragédie, passage poétiques, optimisme et solidarité pour montrer encore que certaines bonnes valeurs existes encore malgré les heures sombres.
Une oeuvre captivante avec des personnages inoubliables.
"Cette porte ne menait pas à une pièce, mais au balcon d'orchestre. Et elle était occupée non par des enfants, mais par des squelettes d'enfants : c'est l'impression qu'eut Dieïv en entrant. Des chiffons étaient posés sur des chaises rassemblées en bancs. Dessus, reposaient des os - des os fins, recouverts d'une peau grise et flasque. La même peau recouvrait des crânes, les visages, qui ne semblaient composés que d'une immense bouche et de deux orbites. Parfois, les os remuaient : les yeux vides s'ouvraient, les corps oscillaient mollement sur leur couchette. "
Ils sont partis à 500 de Kazan, la capitale du Tatarstan ravagée par la famine, dans un train qui les conduisait vers un avenir meilleur à Samarcande, dans le Turkestan. Ces gamins des rues, 400 garçons et 100 filles, abandonnés par leurs parents, mouraient de faim dans un orphelinat et, en 1923, la République Soviétique ordonna de les convoyer dans une région plus accueillante, où foisonnaient les vignes et les rizières.
Deïv, ancien militaire travaillant au Département des Transports, fut nommé Chef de convoi et se chargea de l’entreprise, supervisé par Blanche, la Commissaire à l’Enfance.
Afin de convoyer ce train de 8 wagons rempli d’enfants, il monta une équipe composée d’un cuisinier, un infirmier et 11 nurses, pour les encadrer sur les 4000 km que comptait le trajet.
C’est l’histoire vraie de leur voyage à travers cet immense territoire que nous raconte l’autrice russe, Gouzel Iakhina.
Dans un pays fait de multiples peuples aux religions, aux mœurs et aux langues différentes, il leur faudra trouver du bois pour la locomotive et de l’eau et des vivres pour les voyageurs.
Mais sortant de la Guerre Civile, la population est ravagée par les réquisitions de l’Armée Rouge et les révoltes sont nombreuses dans les régions traversées. De la «Steppe de la faim » aux « Sables de la mort » cette guirlande de fer va croiser la route des plus terribles chefs barbares mais également faire des rencontres pleines d’humanité.
Chaque adulte, chaque enfant sont décrits avec maints détails d’apparence et de caractère et j’ai fini par connaître si bien tous ces voyageurs, grands comme petits, que j’ai eu l’impression d’avoir moi-même participé à ce voyage de l’impossible.
L’autrice, au fil des kilomètres, nous imprègne de l’âme russe, de sa grandeur et de sa fierté et si le récit a parfois quelques longueurs, elles permettent de reprendre son souffle face à l’intensité du récit.
Un magnifique roman dans lequel j’ai plongé corps et âme pour suivre cet incroyable périple à travers les régions les plus inhospitalières de Russie et mes pensées sont un peu restées là-bas, ballotées dans des wagons bruyants, le long d’un chemin de fer ensorcelant.
Le premier roman de Gouzel Iakhina intitulé « Zuleikha ouvre les yeux » a été un grand coup de cœur pour moi. Aussi, c’est avec un grand enthousiasme que j’ai découvert ce second roman, impatiente de retrouver sa plume et anxieuse de savoir si le même ressenti allait s’imposer à moi.
Dans ce second roman, l’autrice nous entraîne dans les pas des allemands de la Volga. À l’invitation de Catherine la grande, des colons allemands se sont installés dans cette région « vide » de la Russie.
L’histoire se déroule quelques siècles plus tard, à la veille de la révolution qui renversa le tsarisme, et nous entraîne à la suite d’un instituteur, Bach, appelé par un homme mystérieux pour donner des cours à sa fille, Klara.
Pour l’instituteur célibataire commence un travail certes, stimulant mais dans des drôles de conditions : il ne doit pas voir le visage de son élève. Peu importe, l’amour naît entre eux.
Cependant le bonheur est de courte durée. L’impossibilité d’avoir un enfant, le viol puis la mort de sa femme bien-aimée. Bach se retrouve alors seul, pour élever la fille de Klara, la jeune Anna, isolés des tourments de la vie extérieure.
Ce livre oscille entre conte et roman. Les éléments historiques se mêlent à des éléments fantastiques. Une maison mystérieuse devient ainsi un refuge, caché aux yeux du monde…ce qui confère une incroyable poésie au récit, offrant au lecteur le choix de se laisser porter par les événements ou de chercher les significations cachées au fil des pages.
Ce roman est aussi une belle illustration de l’apprentissage de la parentalité. Bach apprend la peur, puis l’osmose, la difficulté de laisser grandir ses enfants et de les voir se détacher, la peur qui taraude à l’idée de ce qui pourrait leur arriver. Ces passages sont empreints d’une grande émotion.
Pourtant quelques longueurs émaillent à mon sens ce récit, notamment dans le milieu du texte. Pour autant, il ne faut pas se laisser décourager car la fin est de toute beauté.
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