Lara entame un stage en psychiatrie d’addictologie, en vue d’ouvrir ensuite une structure d’accueil pour jeunes en situation d’addiction au numérique...
Second épisode de la saga de Frédéric Paulin sur l'histoire récente du Liban. le récit est toujours aussi soigneusement documenté et toujours instructif et passionnant.
Nous voici maintenant au coeur des années Mitterrand avec la période 1983-1986.
Frédéric Paulin s'est fait une spécialité de romans (façon thrillers) avec lesquels il éclaire la géopolitique de notre Histoire contemporaine à travers celle des pays qui nous sont proches : après la série sur l'Algérie, c'est au tour du Liban.
Prof d'histoire-géo, journaliste, il a entamé l'an passé une nouvelle série destinée à mieux nous faire comprendre les enjeux des conflits libanais. Vaste entreprise (!) dont le premier titre Nul ennemi comme un frère est paru en août dernier et couvrait la période de la guerre civile des années 70.
Le premier tome se refermait en 1983, au jour des terribles attentats qui visèrent les américains à l'aéroport de Beyrouth et les français dans l'immeuble Drakkar.
On avait laissé le Liban à feu et à sang, et on le retrouve de même dans ce second épisode, Rares ceux qui échappèrent à la guerre, qui couvre une période plus courte (1983-86) au coeur des années Mitterrand.
Depuis des millénaires, le Liban est le centre géopolitique du Moyen-Orient et aujourd'hui toujours, le coeur d'une région en train d'imploser.
Sur place, Frédéric Paulin a convoqué tous les acteurs de l'époque.
« [...] D'un côté de la table, le camp chrétien : Amine et Pierre Gemayel, et Camille Chamoun. En face, les autres, tous les autres : le Front du salut national, pro-Damas, représenté par le chrétien Soleiman Frangié, le sunnite Rachid Karamé, l'ancien Premier ministre, et le druze Walid Joumblatt, les chiites Nabih Berri et Adel Osseirane, et les sunnites menés par Saëb Salam. »
Pour la trame romanesque de cette série, Frédéric Paulin a réuni, aux côtés des personnalités bien réelles de l'époque, quelques personnages de fiction que l'on retrouve avec plaisir dans cet épisode et qui vont continuer à nous servir de guides dans l'imbroglio libanais où se mêlent trop étroitement politique, guerre et religion : Philippe Kellermann l'agent de l'ambassade shooté aux anxiolytiques, Zia al-Faqîh la belle interprète chiite, l'arrogant Christian Dixneuf l'agent de la DGSE, la juge antiterroriste Gagliago et son mari des RG, les chrétiens maronites de la famille Nada, ...
Les années 83-86, ce sont les années Mitterrand on l'a dit, le début de la cohabitation avec Chirac, la série d'attentats terroristes à Paris, les otages au Liban (les Seurat, Kauffmann, et d'autres) : ce sont les années où les errements de la France au Moyen-Orient s'invitent dans la politique intérieure de notre pays.
Le contentieux avec l'Iran du prêt Eurodif n'est toujours pas soldé, la France fournit toujours des armes à l'Irak, et pour libérer les otages du Hezbollah, les négociations croisées menées à la fois par les émissaires de Mitterrand et ceux de Chirac-Pasqua jouent une farce grotesque qui ferait rire aujourd'hui si la vie des otages n'était pas en jeu (Michel Seurat décédera d'un cancer non soigné à Beyrouth) : un triste spectacle, qu'il est édifiant de revoir avec le recul nécessaire.
On refermera cet épisode dans le bruit de l'explosion de la rue de Rennes ...
➔ Les ouvrages de Frédéric Paulin sortent au même moment que le polar de David Hury que l'on vient de lire : Beyrouth Forever.
Le roman de David Hury était pétri de vécu et nous donnait une vue synthétique de l'histoire du pays. Désespérante mais synthétique.
Les bouquins de Frédéric Paulin fournissent un éclairage plus politique et une vue plus analytique de l'histoire du pays.
Désespérante mais analytique.
Il est naturellement inutile de comparer les deux oeuvres, mais il est intéressant de constater comment elles se complètent mutuellement.
➔ F. Paulin parle évidemment du Liban mais on (ré-)apprend également beaucoup de choses sur la France de l'époque, celle qui croyait encore tirer les ficelles de sa diplomatie : nous voici au coeur des années Mitterrand, dans les coulisses où se jouent les grandes manoeuvres de Tonton pour consolider son pouvoir et celles de la droite pour le reconquérir derrière Chirac et Pasqua.
Il n'est jamais inutile de réviser un peu notre propre passé récent, même avec une vue depuis Beyrouth !
➔ Bien sûr c'est un roman, avec quelques personnages de fiction (mais très peu), avec des espions et de l'action, des victimes et du suspense, des méchants et des gentils (euh, des gentils, y'en n'a pas beaucoup), mais ce n'est pas un thriller à la James Bond, c'est un roman à la belle façon de Frédéric Paulin : c'est L Histoire avec un grand "H" qui nous est contée et les faits relatés sont méticuleusement vérifiés par cet auteur scrupuleux qui possède l'art et la manière de mettre tout cela en lumière pour notre bonne compréhension. Question de perspective.
Après sa trilogie Benlazar qui remontait aux origines du djihadisme, Frédéric Paulin entame un nouveau triptyque, consacré cette fois à la guerre civile libanaise de 1975 à 1990. Ce premier volet, minutieusement documenté en même temps qu’emporté par un grand souffle romanesque, nous plonge dans le chaos des huit premières années du conflit : un retour dans le passé indispensable pour comprendre le présent.
Dense, sans chapitres, la lecture est exigeante, mais c’est un guide hors pair, fort d’une documentation titanesque, qui nous donne accès au dédale d’une guerre d’une insondable complexité. Comment ce pays, mosaïque confessionnelle qui vivait jusqu’ici en harmonie, a-t-il pu basculer dans une telle somme de violences inter-, mais aussi intracommunautaires, les interventions étrangères – invasions syrienne et israélienne, immixtions de l’Iran, de la Ligue arabe et de la France – ne faisant que démultiplier cette guerre en sous-conflits inextricables ? Le Liban se fait bientôt la chambre d’écho de toutes les crises du Proche-Orient, cette première phase culminant avec les effroyables massacres de Sabra et Chatila et s’exportant à coups d’attentats terroristes jusque sur le territoire français.
Cette réalité historique intriquée, Frédéric Paulin la met à notre portée dans un récit aussi passionnant qu’instructif, laissant le soin de nous en révéler les multiples facettes à une poignée de personnages fictifs disposant d’un large point d’observation. C’est ainsi que l’on se retrouve aussi bien aux côtés de Michel Nada, un avocat qui fuit la guerre pour tenter de rallier la Droite française à la cause maronite pendant que ses frères phalangistes se raidissent d’une manière de plus en plus sanglante autour de la cause chrétienne au Liban, du chiite Abdul Rasool Al-Amine et de la belle interprète Zia al-Faqîh, eux aussi entraînés corps et âme dans une escalade qui, sous l’influence des islamistes iraniens, donnera naissance au Hezbollah, que de Philippe Kellerman à l’ambassade de France à Beyrouth, du capitaine Christian Dixneuf des services secrets français, ou encore du commissaire Caillaux de la section antiterroriste des Renseignements Généraux.
Impeccable tant du point de vue documentaire que de la crédibilité de ses personnages imaginés dans toutes leurs complexités et ambivalences, ce polar politique s’avère largement à la hauteur de son ample ambition historique. Autant impressionné que captivé par cette première partie, l’on ne pourra que répondre avec empressement au prochain rendez-vous avec l’auteur, la suite étant annoncée pour le printemps 2025. Coup de coeur.
Après sa remarquable trilogie Benlazar sur la guerre civile algérienne des années 1990 et l'arrivée du terrorisme djihadiste sur le sol français, Frédéric Paulin revient avec une nouvelle trilogie historique, cette fois consacrée à la guerre civile libanaise. Nul ennemi comme un frère, le premier tome, couvre la période 1975-1983, et c'est juste formidable !
Le roman s'ouvre le 13 avril 1975 en banlieue de Beyrouth sur le massacre de Palestiniens par les Kataëb, les phalangistes chrétiens, en représailles d'une attaque d'une église par le FPLP ( Front populaire de libération de la Palestine ), inaugurant un déferlement de violence sans commune mesure jusqu'en 1990, date officielle de la fin de la guerre civile libanaise.
Dans la précision des détails et l'habileté à jongler avec, on sent très vite, à quel point l'auteur a absorbé un travail documentaire colossal. Frédéric Paulin sait que la plupart de ses lecteurs ne seront pas des spécialistes de la géopolitique du Moyen-Orient, et qu'il faut les guider dans les dédales de ce conflit. Jamais on ne ressent le poids d'un didactisme lourdaud type fiche wikipedia, alors même que sont présentés toutes les grands marqueurs de la période comme l'assassinat de l'ambassadeur français Louis Delamare le 4 septembre 1981, celui du président libanais chrétien Bachir Gemayel le 14 septembre 1982, puis des massacres de Sabra et Chatila dans les camps de réfugiés palestiniens du 17 au 18 septembre 1982.
L'avancée narrative est tellement performante dans la lisibilité que j'ai eu la sensation d'être plus intelligente après avoir lu ce roman et d'avoir mieux compris la complexité ahurissante de ce conflit et de ce pays construit sur la pluralité confessionnelle et ethnique. Il n'y a pas de réponse toute faite, jusque une somme de questions soulevées par l'auteur, sans réponse définitive, qui permettent d'avancer dans la compréhension de ce qu'il s'est passé au Liban, de ce qui est en train de se passer au Moyen-Orient et de ce qui s'y passera peut-être.
Car le conflit libanais a largement dépassé les frontières du Liban et du Proche-Orient. « La guerre n'est pas un conflit civil mais une guerre par procuration ». Pour beaucoup d'acteurs étrangers, le Liban n'est qu'un moyen de renforcer leur puissance régionale et/ou régler des comptes : l'Iran de Khomeini, soutien des Chiites libanais et du Hezbollah que l'on voit naître ; la Syrie d'Hafez el-Hassad qui considère le Liban comme un département syrien ; Israël en guerre contre ses voisins arabes ; les Palestiniens d'Arafat qui veulent faire payer la Nakba à Israël. Sans compter Américains et Russes qui vont la guerre froide sur place, plus les Français ( du RPR de Chirac aux socialistes de Mitterrand au pouvoir ) qui s'accrochent à ses dernières zones d'influence post-coloniales.
« O mon frère chrétien, ô mon ami druze, ô mon voisin sunnite ou chiite, ô mon hôte palestinien, vois ce qu'est devenu ton pays. Vois combien les massacres succèdent aux massacres, l'horreur à l'horreur. du Nord au Sud, de la Bekaa au Mont Liban, de Beyrouth à Baalbek, de Tripoli à Tyr, les massacres et l'horreur ont nourri une terre pourtant si féconde du sang des victimes. le cèdre, l'olivier ou le genévrier n'avaient pas besoin de ce sang, depuis des millénaires ils poussaient sur la montagne et dans les vallées, ils couvraient d'une ombre protectrice ceux qui vivaient là. »
Nul ennemi comme frère n'est pas qu'un récit historique nécessaire et palpitant, c'est un roman qui se lit comme une tragédie grecque, comme l'indique son magnifique et douloureux titre. Il y a le choeur antique qui assiste au développement du récit et accompagne le lecteur par le lyrisme de ses incursions élégiaques. Et il y a de formidables personnages que Frédéric Paulin fait évoluer au fil de la guerre et de leurs destins croisés.
L'auteur multiplie les personnages de premier plan afin de s'approcher au plus près de la réalité en couvrant tout le spectre des protagonistes de la guerre du Liban. Chacun permet des focales à ras le sol et à fleur de ressenti, des Français ( un diplomate, un agent des services des renseignements, une juge antiterroriste ) et des civils Libanais de tout horizon.
« Les tueurs. Ses frères »
Un patriarche, trois frères. C'est la famille chrétienne maronite Nada qui s'approche le plus d'une lignée de tragédie grecque ( ou shakespearienne ) car le poids de l'héritage se double d'enjeux individuels perturbés par l'irruption de la violence guerrière qui redéfinit les places de chacun, assigne, tourmente, contrarie sur fond de rivalités, jalousie, trahisons et culpabilité. L'acmé de la tension romanesque familiale se déploie lors des massacres de Sabra et Chatila auxquels participent deux frères phalangistes sous les regards horrifiés d'un autre qui a fui la guerre à Paris ne se sentant pas la capacité à tuer, et du père rongé de remords :
« Nassim Nada est vieux , il sait qu'il est responsable de ce qu'on fait ses fils là-bas. Il les a éle
Frédéric Paulin ouvre aujourd'hui une nouvelle série destinée à mieux nous faire comprendre les enjeux des conflits libanais. Vaste entreprise (!) dont le premier titre Nul ennemi comme un frère est tiré d'un proverbe qui évoque la trahison.
L'auteur, prof d'histoire-géo et journaliste, s'est fait une spécialité de romans (un peu polars, un peu thrillers) avec lesquels il éclaire la géopolitique de notre Histoire contemporaine.
On se rappelle notamment sa trilogie Benlazar sur le terrorisme venu du Maghreb et surtout son récit du sommet du G8 à Gênes. .
Issu d'une longue tradition française, le pays du Cèdre, la Suisse du Moyen-Orient dont la capitale fut même appelée le Paris du Moyen-Orient, fait toujours et encore aujourd'hui la Une des actualités : l'histoire que l'auteur va nous raconter tombe vraiment à point nommé.
Ce premier tome (début d'une nouvelle série) couvre la période des années 70 jusqu'en 1983, du début de la guerre civile libanaise jusqu'au 23 octobre 83 précisément, jour des terribles attentats contre les forces de la FMSB qui visèrent les américains à l'aéroport et les français dans l'immeuble Drakkar.
Depuis des millénaires, le Liban est le centre géopolitique du Moyen-Orient et aujourd'hui toujours, le centre névralgique d'une région sur le point d'imploser.
"[...] Qui comprend ce qui agite depuis quelques années la Bekaa et le pays entier ? Pourtant tout le monde pressent le pire."
Nous voici dans les années 70 puis 80 au coeur d'une poudrière faite d'une multitude de communautés et de confessions irréconciliables. C'est ici, entre chiites, chrétiens, druzes et sunnites, qu'ont trouvé refuge les palestiniens chassés par les israéliens et les jordaniens.
Frédéric Paulin a convoqué le phalangiste chrétien Pierre Gemayel et son fils Bachir, le druze Kamal Joumblatt, Hassan Nasrallah et Abbas Moussaoui, ... tous ces noms qui faisaient la Une des journaux télévisés de notre jeunesse et certains encore aujourd'hui.
Quelques acteurs français également comme Charles Pasqua chef d'orchestre des basses oeuvres du RPR, Pierre Marion nommé par Mitterrand à la tête de la DGSE lors de la réforme du SDECE, …
Les années 70 ce sont celles où se succèdent à Beyrouth enlèvements, attentats, massacres et assassinats, celles de la révolution iranienne menée par les chiites de Khomeyni, celles aussi des premiers attentats d'Action Directe à Paris, …
Les années 80 ce sont celles de l'assassinat de l'ambassadeur français Louis Delamare en poste à Beyrouth, celles de Mitterrand au pouvoir, celles des attentats palestiniens à Paris (rue Copernic, rue des Rosiers), …
Enfin, rappelons que 1982 c'est l'année de l'opération Paix en Galilée et l'invasion du Liban par les israéliens qui se conclura par les sinistres massacres de Sabra et Chatila ...
"[...] Peut-être que le Liban n'a pas d'autre intérêt pour ses puissants voisins que d'être un champ de bataille où régler leurs comptes."
Pour la trame romanesque de son livre, Frédéric Paulin a réuni, aux côtés des personnalités réelles de l'époque, quelques personnages de fiction qui vont nous servir de guides dans ce dédale libanais où se mêlent très étroitement politique, guerre et religion : Philippe Kellermann l'agent de l'ambassade shooté aux anxiolytiques, Zia al-Faqîh la belle interprète chiite qui parle (trop bien) le farsi iranien, l'arrogant Christian Dixneuf l'agent du SDECE (puis de la DGSE avec Mitterrand), la charmante juge antiterroriste Gagliago, les chrétiens maronites de la famille Nada, ...
On profite avec plaisir et intérêt du parcours historique que Frédéric Paulin retrace brillamment pour nous : un intelligent résumé des événements de 1975 à 1983 quand Syriens, Iraniens, Israéliens et Palestiniens réglaient leurs comptes dans l'arrière-cour libanaise. Et un peu à Paris, aussi.
L'auteur nous balade d'une faction à l'autre, de Paris à Beyrouth : le récit est soigneusement documenté et c'est tout simplement passionnant.
Nous allons même assister en direct à la naissance du Hezbollah qui fait tant parler de lui aujourd'hui.
Mais Frédéric Paulin ne se contente pas de Beyrouth et détaille longuement les tergiversations et retournements de la diplomatie française au Moyen-Orient. Une politique française qui, de Chirac à Mitterrand, ne ressort pas vraiment grandie de ce récit, c'est le moins que l'on puisse dire.
On regrette cependant que l'intrigue romanesque marque le pas sur le résumé historique : le lecteur, captivé par les événements, aura bien du mal à s'intéresser aux déboires des personnages de fiction, pas tous recommandables. Pour une fois, l'alchimie entre Histoire et roman ne semble pas fonctionner à plein, peut-être parce que Frédéric Paulin a voulu brosser un trop large panorama dans lequel ses personnages de roman se sentent un peu perdus.
À noter : le journaliste Marwan Chahine publie un roman sur le massacre du bus palestinien par les milices chrétiennes, le 13 avril 75, événement qui ouvre également le bouquin de FPaulin.
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