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Dès les premières pages d’Un si beau bleu, Florian Forestier attire avec ses mots si personnels, mélange de dérision et d’humour froid, d’émotions profondes et de connaissances infinies !
À quarante ans, l’homme, qui n’est quelquefois que peurs, a décidé de faire le Cervin par la face italienne. Ne souhaitant pas en parler ouvertement à son entourage, il se prépare physiquement, matériellement et décide de s’entourer, lui, le solitaire, de gens compétents.
Tout d’abord, il y a son psychiatre qui lui conseille Raffaele, un guide très expérimenté. Et chez lui, il rencontre Morgane, aspirante guide, qui veut elle aussi se prouver qu’elle peut, alors qu’elle a déjà tant raté. En plus, il y a Lise qui vit au camping et grimpe aussi.
Le narrateur joue sa vie en se mesurant au réel de l’escalade. En fait, c’est le bleu intense, celui qu’on rencontre en haut, après être allé au-delà de soi-même qu’il veut vivre. Ce bleu immense comme celui de la mer ou d’une crevasse, il en rêve, même si c’est dangereux, même si au cours de sa course, la mort peut être proche.
Apprivoiser ses peurs ou ne rester qu’à rêver, le narrateur choisit la première option. Le courage de celui qui se dépasse est décrit dans toute sa réalité. Car, de l’envie à la réalisation, il y a des embûches, des doutes, de la souffrance, des renoncements, pour qu’enfin, le rêve puisse avoir des chances de se réaliser.
Poésie, humour, émotions !
Tout ceci, Florian Foretier le raconte sans complaisance, sans fausse pudeur, sans suffisance. Au contraire, avec simplicité et réalisme, le narrateur confie ses émotions, ses freins et ceux de son entourage. C’est ce qui fait la particularité du style de cet écrivain : un étrange mélange d’introspection, de dérision et de savantes descriptions des phénomènes vécus.
Originaire de Suisse, Florian Forestier connaît le Cervin depuis son enfance. Alors, ses connaissances sur ceux qui l’ont dompté, il les partage au fil des pages, dans des encarts particuliers. Son narrateur, bien entraîné, garde, toutefois, des difficultés à enfiler ses crampons !
Basculer, son premier roman, racontait, du fond d’une crevasse dans le Parc des Ecrins, l’introspection d’un haut fonctionnaire sur la société actuelle. Pour son second, Forian Forestier assume de raconter avec le Je. Son intrigue est parfaitement construite car il faudra attendre la fin du roman pour savoir si son narrateur aura été au bout de son rêve.
Un si beau bleu est un roman atypique, à moitié autobiographique à moitié fictionnel, car on ne sait jamais où se trouve le réel. Et, grâce à ses connaissances, le récit est aussi un essai sur l’histoire et la géographie du lieu. La structure romanesque est parfaitement maîtrisée. Mais, ce qui capte, ce sont les poignantes confidences d’un homme, peut-être au milieu de sa vie, qui choisit de se mettre en danger pour vivre son rêve.
Le récit de Florian Forestier, courageux, poétique et émouvant, apporte un parfum d’espace où l’horizon est porteur de cette étrange sensation de vie révélant notre singulière humanité ! Un beau moment de lecture.
À recommander !
Chronique illustrée ici
https://vagabondageautourdesoi.com/2024/01/04/florian-forestier-un-si-beau/
Je viens de terminer l’excellent livre de Florian Forestier « mes labyrinthes » et je le recommande chaudement.
C’est un auteur que je ne connaissais pas, mais qui m’a été conseillé par une amie. Je ne regrette pas !
Le livre est très très intéressant, et se lit un peu comme un rapport académique, mais en plus intime. Il y a aussi une dimension politique et militante. C’est très fluide et cela me donne surtout très envie de découvrir ses autres livres. Je découvre une plume sensible, mais aussi un écrivain qui sait trouver les mots justes pour parler de lui et du monde qui nous entoure.
Ce livre est une approche intellectuelle de l’autisme, une analyse documentée et référencée. C’est très enrichissant et c’est pourquoi je recommande chaudement le livre, surtout si vous vivez cette problématique, vous ou votre enfant, et/ou si vous êtes un professionnel de santé ou d’éducation. En lisant, on fait un pas de côté, on étudie l’autisme à travers différents biais. Les chapitres sont courts, ça se lit très bien. J’ai souligné de très nombreuses phrases, mis plein de petits coeurs sur des paragraphes et fait plusieurs notes : des questions, des parallèles, des remarques, des noms de proches aussi. Certaines phrases méritent vraiment de devenir des mantras. La rédaction est excellente et je n’ai relevé aucune faute d’orthographe.
J’avoue que j’aurais aimé en lire plus, notamment une approche plus psychologique. Le livre contre-balance les zones d’ombres et de lumière. Certaines notions se recoupent avec Dolto, j’aurais aimé le lire.
Il y a quelques années, quand on pensait « autisme », on pensait « Rain Man ». Et ce film a ouvert la voie à une autre réflexion autour des « intelligences multiples ». Aujourd’hui, de nombreuses études et de nombreux livres sur le sujet (très bien référencés dans le livre de Florian Forestier) permettent de faire évoluer notre compréhension et notre regard sur les « différences ». La question est complexe et multiple, je crois que les champs de possibles le sont aussi. Ce livre est une invitation à l’observation, à l’humilité et à l’art d’interpréter les signes. Florian Forestier s’interroge sur le monde qui l’entoure, à travers son prisme, mais finalement nous avons tous les même questionnements, surtout à chaque période charnière de notre vie (un décès, un déménagement, le passage à un âge rond …).
J’ai pensé à plusieurs proches pendant la lecture et je pense que le livre pourra réellement les aider, mais j’ai surtout pensé à moi et à mon fils : comment interpréter certaines colères d’enfants ? Les psy ont-ils vraiment réponses à tout ? N’ai-je pas un côté autiste ? Ne le sommes pas tous parfois ? Comment identifier et reconnaître nos pulsions ? Qu’est-ce qui relève du psychique, de la maladie ou de la « mauvaise passe » ? Le livre offre un voyage à travers tous ses labyrinthes, toutes ses questions dont personne n’a finalement de réponse à l’heure actuelle. Mais s’interroger dessus c’est déjà faire un pas de côté, c’est reconnaître un fonctionnement différent, c’est questionner notre enfance, nos réactions, c’est entrevoir d’autres chemins, c’est s’arrêter et réfléchir. C’est essayer de comprendre ce qui se passe dans notre tête, et dans la tête de l’autre.
Bref, j’ai beaucoup aimé ce livre !
Félicitations pour tout le travail engagé !
Dans Mes labyrinthes : vivre la différence, Florian Forestier raconte la perception de son autisme, son ressenti tout au long de sa vie, la place du diagnostic et la façon de s’accommoder de ce “tremblement”, en le confrontant aux connaissances actuelles sur ce trouble neurodéveloppemental. Une authenticité rarement exposée, comme une mise à nue, pour nous faire approcher, grâce à son talent littéraire, la singularité de “ses labyrinthes”.
Cinq fois, la France fut condamnée par le Conseil de L’Europe pour non-respect des droits des personnes autistes. Devenue cause nationale depuis 2017, un programme de recherche s’est organisé. Le département des sciences humaines lui fut confié. Florian Forestier définit, avec ses collaborateurs, quatre axes à développer : représentations de l’autisme, trajectoires des personnes, mécanismes de production du handicap, questions de genre. Mais, la recherche générale ayant rendu son travail, il n’en sortira qu’un énième numéro vert et d’autres dispositifs, poudre aux yeux, sans véritable changement. Un nouveau plan pluriannuel est présenté ces jours-ci. À suivre donc !
Florian Forestier convoque son art de la narration pour transmettre son vécu mais aussi faire un point non exhaustif sur les neurodiversités. Entre Bourdieu, Foucault, Goffman, Annie Ernaux et d’autres, il s’attache à mettre des mots sur ses maux. Comme à chaque fois, devant un récit authentique, la souffrance affleure et désarçonne tant le lecteur appréhende un océan inconnu.
Florian Forestier a repris les quatre axes de la commission pour les traiter à sa façon. Son analyse s’éclaire de son vécu, de la description de ses ressentis, de ses fêlures et, bien sûr, de sa richesse.
Mes labyrinthes, vivre la différence, deviennent un récit de soi et un essai mêlant la narration à la synthèse des données historiques et aux connaissances actuelles. Même si cet univers est complexe et diversifié, il nous faut l’approcher pour tenter de cesser d’exclure.
Florian Forestier ne s’adresse pas qu’à un public averti. Il s’adresse à tous les êtres humains, munis de paroles et de réflexions. Car, son récit partage avec nous, qui ne savons pas regarder, ce que peut vivre l’enfant étrange, l’adolescent guindé ou l’adulte lointain.
Son talent d’écrivain transpose en mots accessibles cette différence inconnue qui fait encore très peur. Aucun voyeuriste, aucune demande de compassion, Mes labyrinthes exposent la description de perceptions et d’émotions et relatent une conscience plus qu’exacerbée, à vif, qui ne semble jamais se reposer !
Car, Florian Forestier confie son témoignage avec une authenticité précieuse. Il explique, en toute franchise et sans complaisance, ses manques, ses failles et ses errances : ses sensations décuplées, son empathie globalisante, sa capacité à percevoir chaque détail et même ses crises qui le saisissent lorsque l’émotion déborde et qui le laissent complètement exsangue, etc.
Les chapitres sont courts et denses. La force de ce récit essai est la capacité de Florian Forestier à raconter avec sincérité. Ce n’est absolument pas un énième essai scientifique pour comprendre l’autisme, et pourtant, il présente des chiffres et des études. Et, ce n’est pas une biographie car, en tant que philosophe et conservateur de la BNF, il assure aussi des travaux de recherches notamment pour la CNSA (Caisse Nationale de Solidarité pour l’Autonomie), aussi son écrit est documenté.
Néanmoins, sa lecture nous fait appréhender l’ampleur de la souffrance ressentie, le déséquilibre qu’elle produit et l’incertitude dans laquelle la personne est plongée. Rien ne semble assuré, tout peut évoluer, sans vraiment en comprendre les causes d’oscillation. Et, l’émotion du lecteur est à fleur de pages !
Ce récit est précieux, car il s’agit bien, pour les dits “normaux”, d’essayer de comprendre ce que ressent l’autre, différent, pour combattre les peurs, les banalisations et même les exagérations que certains tentent d’héroïser lorsqu’ils parlent de différence !
Le récit essai, Mes labyrinthes : vivre la différence, est à découvrir pour tenter d’approcher la complexité de l’autisme. Merci tellement à Florian Forestier pour sa véracité dans cet ouvrage si sensible !
Chronique Illustrée ici
https://vagabondageautourdesoi.com/2023/11/12/florian-forestier-mes-labyrinthes/
Ce roman pré-apocalyptique se construit dans un monde en équilibre précaire, une instabilité qui depuis presque deux ans nous contraint de modifier nos modes de vie, avec à la clé un lexique que nous n’aurions jamais imaginé inclure dans notre vocabulaire ordinaire.
Si le début qui s’attarde sur le destin en marche d’une jeunesse privilégiée et appelée à occuper des postes décisifs dans l’administration de ce pays m’a plutôt lassée, mon intérêt s’est éveillé lorsqu’un virage dans la narration, met le focus surune sorte de secte réfugiée dans une forêt bourguignonne, et se préparant à affronter l’effondrement. Car si le récit s’attarde beaucoup sur les tergiversations d’un pouvoir désemparé devant les manifestations évidentes des conséquences de l’incurie du vingtième siècle inconscient, les citations en exergue en début de chaque chapitre donnent clairement le ton : quelque chose d’irrémédiable est amorcé et le point de non-retour est franchi.
C’est à la fois un constat sociologique et un débat politique, ramené à une intrigue centrée sur des personnages qui donnent une dimension de proximité à ce drame qui se joue tous les jours autour de nous.
C’est assez terrifiant, mais la conscience qui, peu à peu se fait une place dans nos esprits d’humains individualistes peut rendre fataliste, et ductile :
« Le président peut annoncer un confinement éternel ou une guerre, une police secrète l'arracher en pleine nuit à son appartement. Une canicule épouvantable noyer l'atmosphère de vapeur noire. Le répertoire est si riche, on peut n'être jamais déçu. Non, cela ne s'arrêtera plus. La vie ne sera plus jamais douce »
Premier roman brillant, dont le sujet bien actuel ne peut laisser indifférent.
Merci à Netgalley et aux éditions Belfond
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