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Voilà un roman qui est en plein dans l'actualité, inspiré des inondations de juillet 2021 dans la région liégeoise, subies de plein fouet par Dominique Van Cotthem, un roman émouvant, marquant qui nous fait ressentir dans tous les sens du terme - visuel, olfactif, viscéral - les effets de ces crues assassines.
C'est un roman choral, de trois femmes qui vont voir leur vie transformée à jamais.
- Leila est d'origine marocaine, elle a 27 ans, mariée à Thomas qu'elle a voulu plus que tout malgré les réticences de son père. Elle est seule à la maison avec Noah leur fils âgé de 5 mois. Leila est infirmière en EPHAD, elle a l'habitude de prendre soin des autres, et pas d'elle. Thomas est devenu violent souvent sous l'effet de l'alcool. Son père a accepté le mariage, il ne supportera pas le divorce, alors elle encaisse.
- Paloma est mariée à Etienne dont elle est amoureuse. Ils ont une fille Nadège qui est ado. Paloma restaure des meubles, ils sont riches depuis la mort étrange de ses beaux-parents en Italie en 2014. La relation entre Nadège et sa mère est un peu compliquée. Nadège s'intéresse très fort aux changements climatiques. Elle écrit du slam et aimerait mettre cela en musique, Paloma ignore tout cela jusqu'à ce que ces inondations les rapprochent mais j'y viens.
- Réjane vit avec sa mère Augustine qui souffre d'Alzheimer depuis 6 ans, elle refuse que sa mère finisse ses jours en EPHAD, elle est d'ailleurs fâchée avec ses soeurs qui ne comprennent pas la situation et l'accusent d'en vouloir à l'argent de leur mère. Réjane n'a pas été épargnée par la vie. Elle a perdu son fils et son mari et se consacre entièrement au bien-être de sa maman.
Le point commun est qu'elles ont toutes une maison pas très loin de la rivière. Il pleut sans discontinuer, on leur suggère d'évacuer mais elles se sentent en sécurité et l'eau va les prendre au piège.
Lorsque l'eau monte, on la voit, on la sent, sauvage, déchaînée, emportant tout, dévastant tout sous son passage, on ressent l'humidité jusqu'aux os, le froid qui s'installe, on sent l'odeur âcre de la boue, du mazout, de ce qu'elle charrie. L'écriture de Dominique est en tension, on lit en apnée cette catastrophe programmée, on tremble de froid et de peur, on ressent l'angoisse. L'eau emporte tout, balaie les vies, une photo sauvée, les souvenirs engloutis... C'est dur, angoissant mais nous nous sommes lecteurs, nous ne l'avons pas vécu comme de plus en plus de monde de plus en plus souvent.
Cette épreuve va changer la vie de ces trois femmes, fortes, dignes. Différents thèmes abordés, l'emprise, l'enfermement en quelque sorte par la culture, le regard des autres, la relation mère fille, le changement climatique - j'ai beaucoup aimé cette approche via le slam - mais aussi la fin de vie , la vieillesse.
C'est dur mais aussi lumineux. Ce roman est magnifique, il est universel et il faut absolument le lire.
Ma note : ♥♥♥♥♥
Les jolies phrases
Personne ne lui a expliqué que le bonheur relève de soi et non des autres.
Elle veille à ce que les bagages de chacun contiennent l'essentiel : des mots d'amour, des pardons, des mercis.
La lucidité de sa fille est une souffrance dont elle n'a pas toujours mesuré l'ampleur.
Le silence est leur cri d'encouragement. Il symbolise l'indicible.
Chez elle, la tradition veut qu'une femme obéisse à son mari. En silence, au*dedans et au*dehors. Leïla sait se taire. Elle sait sourire quand elle voudrait pleurer, agrafer du bonheur à son visage quand son coeur se déchire par petits bouts. Elle sait jouer la comédie des épouses modèles. A la perfection.
Chez elle, le mensonge s'appelle de la pudeur.
Il aura fallu des litres de larmes avalées avant qu'elle lise le degré d'amertume caché dans les yeux de sa mère et ceux de sa tante Aïcha. De fines lézardes autour de l'iris, autant de déceptions transformées en images pieuses. Ce qu'elle ne comprend pas, c'est pourquoi ces femmes qui savent continuent de pousser leurs filles à suivre le même chemin.
Pourquoi les hommes préfèrent-ils mener des guerres de territoires plutôt qu'un vrai combat contre leurs propres démons ?
Selon vous, qui de Schopenhauer ou de Descartes a raison ? Le bonheur est-il impossible puisque la satisfaction des désirs de l'homme est insuffisante au bonheur, ou, au contraire, le bonheur est-il un bien souverain qui dépend de chaque personne ?
Parfois, le malheur nous dépasse. Parfois, le bonheur nous rattrape.
https://nathavh49.blogspot.com/2024/11/les-eaux-assassines-dominique-van.html
Attention coup de coeur ♥ Ce roman est juste incroyable, je vous préviens, une fois commencé, impossible d'en sortir. C'est un véritable page turner, intelligent, bien construit et rempli de surprises.
Dans le prologue, un élément déterminant. Antoine Griset découvre le corps d’une jeune femme le 12 avril 1946.
En 2014, l’homme qui a acheté le château abandonné de Mesvin, trouve une photo sous le lino d'un placard de la cuisine, celle d'une femme descendant un escalier en se cachant le visage. C'est lui qui va nous faire découvrir l'histoire d'une femme forte, libre qui en a bavé, l'histoire d'Adèle.
Adèle Gentil est blanchisseuse lorsqu'elle rencontre le Comte Jean-Mathieu de Brizan. Un mariage d'amour est célébré le 17 juillet 1937, Adèle a 18 ans. Adèle s'installe au château de Mesvin, mais la Comtesse mère, manipulatrice ne l'acceptera jamais, elle la méprise, l'ignore.
Peu à peu le conte de fée vire au cauchemar, Jean-Matthieu devient violent, Adèle est sous emprise.
Pour Adèle, c’est un véritable choc de classe. Elle doit tenir son rang va être éduquée par un percepteur, et elle aime cela. Elle s'ouvre au monde et un jour découvre les vignes abandonnées par un ancêtre. Elle y trouve refuge. C’est son échappatoire, elle se met en tête de faire renaître les vignobles et de créer un grand vin, un argument convaincant car il apporterait renommée et revenus au domaine.
La découverte du cadavre annoncée en prologue va faire basculer ce destin tragique.
C'est un roman à tiroirs, excessivement bien construit que nous propose Dominique Van Cotthem, drame psychologique, analyse sociologique mais aussi enquête policière.
La construction est parfaite, l'écriture est juste addictive, c'est un vrai page turner.
Chaque personnage est abouti, fouillé, même les personnages dits secondaires. Des personnages attachants dont Dominique cerne parfaitement la psychologie et décrit la profondeur de l'âme humaine.
On comprend bien le jeu du pouvoir et de l'emprise, pourquoi il n'est pas si simple d'en sortir lorsqu'on le vit de l'intérieur, c'est une des forces du roman mais le suspense aussi est maître. J'ai aimé être baladée, que les pistes se brouillent et que jusqu'au bout règnent le mystère et les retournements de situation.
C'est un grand livre, un très beau voyage dans le temps, une fresque sociale du Borinage dans les années 30-40. C'est aussi avant tout le portrait d'une femme forte, libre. Passionnée par la terre, les vignes. Croyez-moi, vous n’êtes pas au bout de vos surprises !
Lisez-le, ce roman est juste superbe.
Un immense coup de coeur ♥♥♥♥♥
https://nathavh49.blogspot.com/2024/01/adele-dominique-van-cotthem.html
Je n'ai pas vraiment compris, pendant cette lecture, pourquoi je n'ai pas aimé. Et au vu de la note sur Babelio, j'ai du passer à coté de quelque chose. Et c'est cette volonté de comprendre ce qui séduisait les autres lecteurs qui m'a poussée à continuer une lecture que j'ai songé à abandonner. Je ne me souviens plus ce qui m'avait amenée à ajouter ce livre à ma PAL, j'aurais pu l'éviter.
Ludovic, après une enfance terrible, est enfin accueilli dans une famille où il se reconstruit peu à peu. Mais quelques années plus tard, Christian, le père de famille, homme sans histoires apparemment, est assassiné. Pourquoi? Par qui ? Quels secrets cachait-il ? Il faudra des années à Ludovic pour le comprendre.
La quête de la vérité sur le meurtre n'est pas cependant l'élément le plus important de ce roman, Ce que l'on suit ici, c'est la difficulté de vivre pleinement une vie normale après une enfance dévastée, malgré tout l'amour rencontré par la suite. Un sujet qui aurait du me toucher.
Je venais de lire plusieurs livres magnifiquement écrits, pleins de poésie, et le style, assez plat, de celui-ci ne m'a pas séduite.
De plus, l'autrice nous livre un récit à la première personne, et c'est un procédé littéraire plus difficile à utiliser, à mon avis. Cela peut devenir compliqué de relater les évènements par le prisme d'une seule personne, sans que cela ne devienne répétitif. ou que cela manque de nuances. et les dialogues n'ont pas réussi à me donner la bolée d'air pur que j'aurais aimé y trouver.
Je n'ai pas réussi à m'attacher aux personnages, Ludovic trop autocentré, même si cela permet de ressentir sa souffrance et sa difficulté à se reconstruire après ce qu'il a subi dans son enfance, Laura, la mère, trop parfaite, Les frère et sœur un peu stéréotypés.
Finalement, écrire ce retour m'aura permis de mieux comprendre ce que je n'ai pas aimé. Mais encore, ne vous arrêtez pas à mon seul retour. Beaucoup de lecteurs ont aimé
Après le magnifique "Adèle" (2022) qui mettait en scène une femme sous emprise, se battant pour sa liberté, je ne pouvais pas passer à côté de ce dernier opus.
Nous sommes toujours en Belgique, , en février 1986, au sein de la famille Martelle composée de Laura, la mère, Christian le père, chauffeur routier, les enfants, Lydie, 23 ans , infirmière, Joe, 15 ans, qui veut devenir designer et Ludovic, 20ans, le narrateur. Ludovic a été confié à cette famille d'accueil alors qu'il avait 15 ans, avait été ballotté de foyers en familles d'accueil en maisons de redressement, considéré comme irrécupérable et asocial. Avec beaucoup de patience et d'amour, la famille a réussi à créer un lien avec cet adolescent ayant subi de très graves sévices dans son enfance, dont la vie a été saccagée et que seule l'idée de la vengeance tient debout.
Mais tout est mis en péril avec l'assassinat de Christian et la découverte d'une grosse somme d'argent cachée qui laisse penser que Christian faisait du trafic de drogue. Ludovic décide de devenir policier pour retrouver ses tortionnaires et pour découvrir qui a tué son père.
Ce roman n'est pas un polar même si les recherches de Ludovic servent de fil rouge et si elles confèrent suspense et tension. C'est avant tout un roman d'émotions que Dominique van Cotthem sait transmettre sans jamais forcer le trait ni tomber dans un pathos larmoyant.
Elle décrit avec précision, force et empathie, les moyens de défense qu'un enfant met en place pour échapper à l'horreur du viol et des mauvais traitements et ça noue les tripes. L'enfant décide de devenir une statue, faire en sorte de sortir de soi comme si c'était un inconnu qui subissait les violences. A travers le personnage de Ludovic, elle aborde le thème de la vengeance, l'auto-destruction que cette haine peut générer, le soulagement illusoire qu'elle peut apporter.
Ce roman est, par ailleurs, une ode à la famille, celle du sang et celle du coeur, celle qui permet de surmonter les drames, d'avancer, de se réjouir ensemble des moments de bonheur malgré les disputes, les incompréhensions. C'est aussi une ode aux femmes rocs, solides, aimantes qui apportent apaisement et confiance.
La bande-son du roman est assurée par les chansons de Joe Dassin que Laura, la mère, associe à tous les instants de bonheur; bien que n'ayant aucun goût ni pour la musique, ni pour le chanteur, je me suis laissé émouvoir par les paroles qui sont comme des poèmes sensibles, qui parlent si bien de la vie.
Un magnifique roman, qui touche, qui émeut.
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