Cette fiction, basée sur des faits réels, rend grâce au courage de Faith et de ses soeurs de lutte...
Cette fiction, basée sur des faits réels, rend grâce au courage de Faith et de ses soeurs de lutte...
Voilà une histoire qui fait froid dans le dos.
Même si elle apporte avec elle un peu d’espoir.
Voir ces jeunes femmes à qui l’on promet un bel avenir en Europe.
Qui une fois arrivée se retrouve seule et contrainte de rembourser une dette.
C’est vraiment un crève-cœur.
Malgré ce qui aurait pu la freiner dans son départ,
Faith prend tout de même la direction de l’Europe.
L’espoir et l’envie d’avoir un métier en Europe,
d’aider sa famille est plus fort que tout.
Et pourtant, tout un tas de raisons auraient pu la pousser à rester au Nigeria.
À commencer par la cérémonie Juju, qui déjà du point de vue lecteur, fait vraiment peur et met mal à l’aise.
J’ai beaucoup apprécié le graphisme.
Un style un peu granuleux qui colle très bien à l’histoire.
Je prends de plus en plus plaisir à découvrir les polars historiques et je dois dire que les éditions Fayard m’ont permis de faire de belles découvertes en juillet.
C’est le premier roman de Diane Morel et il a déjà tout d’un grand polar et je trouve dommage de l’avoir peu vu sur la blogosphère. C’est un premier roman, qui a quelques défauts, largement perfectible, et largement oubliés grâce à ses qualités indéniables.
Outre la plume de l’auteure, incisive et directe, c’est surtout la construction de l’intrigue que je retiendrais, mais aussi son développement et les descriptions de l’époque qui sont largement rendues. Pour rendre l’atmosphère palpable, l’auteure a su effectuer des recherches, mais a surtout réussi à retranscrire le Paris de l’époque et le Village de Montmartre. Sans oublier les prémices scientifiques de la médecine légale, tout en abordant la psychologie, largement mise de côté à cette époque et qui pourtant sera la pierre angulaire des enquêtes policières des années plus tard.
Le mystère de Nerval, mêle habilement l’Histoire, notamment celle des années 1840 et le polar, pour notre plus grand plaisir.
L’auteure construit son intrigue en partant de la folie passagère qu’à vécu Gérard de Nerval, écrivain et poète du 19ème siècle, suite à sa déception amoureuse. Ses troubles ont été soignés pendant 6 mois, à la clinique du docteur Esprit Blanche qui applique dans son établissement de nouvelles méthodes, cherchant les causes des maladies de ses patients.
Le reste de l’intrigue est complètement fictif, même si en toile de fond, elle est bien ancrée dans la réalité.
L’histoire de Nerval, c’est aussi celle d’Emile Blanche, qui a réellement existé, ce fils de médecin qui a baigné dans l’innovation médicale que son père essaie de mettre en place, en explorant la psyché pour enfin trouver les causes des maladies mentale, à qui on ne laisse pas le choix de carrière auquel il aspire, mais qui en même temps lui donne des perspectives d’innovations médicales propre à ce siècle riche en découverte scientifique. La psychologie est le point d’orgue de cette intrigue diablement bien construite où les personnages sont riches, avec des personnalités propres.
L’atmosphère de l’époque est particulièrement bien rendue et donne une densité et une réalité incroyable au récit. L’auteure dépeint le contexte social pour rendre le récit encore plus palpable, et permet ainsi aux lecteurs une immersion dans le milieu ouvrier parisien, mais aussi le milieu littéraire foisonnant de l’époque.
La construction narrative et la somme de connaissance que l’auteure, apporte un réel plaisir de lecture. Diane Morel permet au lecteur d’en apprendre davantage sur une période peu ou mal connue et c’est une qualité assez rare pour un premier roman, qui ajoute du sel, alors que l’auteure aurait pu se contenter de l’intrigue policière diablement bien construite au demeurant.
On entre de plain-pied dans le 19ème siècle avec cette lecture riche en rebondissements, en connaissance où l’aspect historique n’est pas négligé tout en laissant la part belle aux personnages d’une grande profondeur. Une très belle surprise que je vous recommande.
J’attends le prochain roman de Diane Morel avec impatience…
https://julitlesmots.com/2024/08/26/le-mystere-nerval-de-diane-morel/
Faith est une jeune coiffeuse nigériane. Elle est interpellée par une femme riche qui lui fait miroiter de l'argent facile en Europe afin d'aider sa famille. Le voyage vers l'Europe est précédé d'une cérémonie du juju, dans laquelle une prêtresse vaudou scelle une dette envers sa "Madam" avec de la magie noire. Seul le remboursement total de la dette la délivrera du serment, elle et sa famille.
Bien sûr, le parcours, nous le devinons bien sombre pour cette jeune fille naïve, et la suite nous donne raison. Le paradis espéré est en faite une plateforme de prostitution à Nantes...
Le destin de cette jeune fille encore mineure est brisé par les épreuves : le désert, la prison Libyenne, la traversée de la Méditerranée et les hommes... Tout ça pour finir sur un trottoir où elle perd le peu d'innocence qu'elle pouvait encore garder.
Heureusement qu'un happy end arrive car qu'est-ce que c'est triste et violent. Elles sont si nombreuses ces femmes trompées et utilisées. Cet album nous rappelle leur présence ; pour ne pas dire qu'on ne savait pas, qu'on ne voyait pas...
Quel titre bien intrigant et qu’est-ce que ce juju auquel il fait référence ? Le sous-titre “Itinéraire d'une Nigériane, de la prostitution à l’émancipation” est lui très explicite et nous indique très clairement de quelle douloureuse thématique cet album signé Armandine Penna (scénario) et Diane Morel (dessin et couleur) va traiter.
Le juju c’est le serment que des jeunes femmes, voire très jeunes femmes, s’engagent à respecter envers la “madam” qui va financer leur voyage pour aller vers ce qu’elles pensent être un eldorado, l’Europe.
Elles font ainsi la promesse de rembourser leur dette, qui bien souvent s’élève à des dizaines de milliers d’euros, sous peine de représailles à leur égard. Mais également à l’égard de leur famille restée au pays, ici le Nigéria dont est originaire l’héroïne (et le terme n’est pas galvaudé) de ce terrifiant récit.
Faith a 16 ans quand elle rencontre Madame Victoria dans le salon de coiffure où elle travaille. Cette “grande dame”, la trouvant très jolie, lui propose de venir travailler en Europe pour gagner beaucoup d’argent et ainsi subvenir aux besoins de sa famille.
La tentation est trop forte, Faith accepte et c'est ainsi que nous découvrons son terrible périple de cinq mois pour arriver en France. À la merci de la concupiscence des passeurs, Faith et d’autres femmes vont affronter de terribles dangers.
Et c’est à Nantes, sur un trottoir, que va dorénavant se dérouler le quotidien de la jeune Nigériane, rebaptisée Lovely par ceux qui l'exploitent. Entre passes à la chaîne et colocation avec d’autres jeunes femmes dans la même situation qu'elle, Faith va trouver le courage de sortir de cette situation qu’on pourrait penser totalement inextricable.
Avec un regard bienveillant, mais surtout un réalisme implacable, les autrices du Silence du Juju nous entraînent à la découverte du terrifiant récit de vie de Faith, une histoire véridique.
Ces jeunes femmes que nous croisons sur les trottoirs de nos villes, mais que nous ne voyons pas toujours ou que nous ne voulons pas voir, sont des survivantes. Alors essayons de leur accorder un peu de notre attention, comme le fait si bien cet album.
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