« Mon livre n'est pas sur la guerre. Il traite de cette paix qui vient quand on n'a plus rien à perdre. »
« Mon livre n'est pas sur la guerre. Il traite de cette paix qui vient quand on n'a plus rien à perdre. »
J'ai aimé ce livre et suis d'accord avec les résumés et avis ci-dessus.
La chaleur, le désert, la mélancolie, l'espoir, les doutes, le Liban, le choc des cultures, les titres de propriétés qui ne sont que papiers et batailles, viennent heurter le fond de cette piscine, rêve de fraîcheur et d'espoir. Les personnages se cherchent, se jaugent. Jouent.
J'ai apprécié ce temps suspendu au-dessus des guerres, du passé, des tragédies personnelles, mais j'attendais une fin plus forte.
Léo Bendos vivant au canada est chargé de revenir sur la terre de ses ancêtres que l'on suppose être située au Liban pour régler une histoire de piscine indûment construite par Rodolphe Kyriakos sur un terrain appartenant à sa famille.
C'est pour lui, l'occasion de renouer avec un pays, une région agitée par des guerres endémiques et proches et une civilisation oubliée. Il y rencontre Fausta, nièce de Rodolphe, qui vient souvent se ressourcer dans la grande maison de l'oncle en profitant de la piscine. Une amitié naît de leur rencontre et leur permet de déambuler en touristes en évoquant leurs vies, l'actualité et les problèmes locaux avec une préoccupation tout à fait secondaire du règlement du litige. La piscine, on le comprend rapidement n'est qu'un prétexte à la rencontre et l'évocation d'un présent parfois nostalgique d'un passé révolu.
Cet âge d’or là, c’est celui où les libanais vivaient dans l’insouciance. Celui où les jeunes beyrouthins passaient leurs nuits dans les bars des hôtels du bord de mer, où une jeune femme, Georgina, se présentait à un concours de beauté, espérant devenir Miss Liban. Celui aussi du réveil d’une conscience palestinienne, incarnée par celui qui fut, dans la vraie vie, un des bras droits de Yasser Arafat, Ali Hassan.
À la fin des années 60, l’unité de ce pays coincé entre des pays qui se déchirent, au gré des frontières qui se font et se défont, commence à se fendiller. L’équilibre confessionnel, à la base du « Pacte national » finit même par voler en éclat devant l’afflux massif des réfugiés palestiniens privés de leurs terres.
Le roman est construit autour de treize chapitres, chacun illustrant un jour particulier de chaque année allant du 6 juin 1967 (lendemain du début de la guerre des six jours) au 22 janvier 1979 (assassinat de l’un des principaux protagonistes) permettant ainsi de voir le pays s’enfoncer dans le chaos.
On y croise donc Georgina, devenue Miss Liban puis même miss Univers, qui fait la fierté de tout un pays, Roland son premier amoureux, jeune étudiant en architecture. Ces deux là sont issus de la bonne bourgeoisie chrétienne de Beyrouth. Nous avons également Ali Hassan, le militant du Fatah, proche du leader palestinien, qui alterne entre l’organisation d’opérations terroristes (il est considéré comme l’instigateur principal de la prise d’otages des JO de Munich) et le maintien du dialogue entre musulmans et chrétiens libanais. Et puis il y a Micky, le petit frère de Roland, qui veut devenir le spécialiste du Liban. Il couche sur le papier son analyse de ce qu’il entend des affaires des grands mais avec ses yeux d’enfants. Sa prose est au début naïve, sincère et touchante puis évolue avec l’âge jusqu’à devenir empreinte d’un mélange de nostalgie et de désespoir. Et il résume bien ce Liban qui sombre :
« Petit. Beau et racé.
Varié. Sophistiqué. Mythique.
Neutre. Libre. Riche et actif.
Chaleureux. Touchant. Attendrissant. Attachant.
Hydride. Sensuel. Envoutant. Insaisissable.
Complexe ou compliqué ?
Défectueux.
Violent. » écrit il jeune. Il reprendra la plume et ajoutera des années plus tard « toujours aussi petit, petit comme un poing, on en fait le tour en un jour et une nuit. Comment un si petit pays a-t-il pu causer autant de dégâts ? »
Alors on pourrait regretter les personnages survolés au gré des dates retenues, mais c’est aussi un bon moyen de voir la crise arriver, s’installer et durer (quinze ans de c inclut tout de même !) et d’une façon plus générale de nous instruire sur cette histoire contemporaine chaotique.
Loin de Beyrouth où elle réside avec son mari, Fausta aime venir se reposer dans la maison de son oncle, celle de ses souvenirs d'enfance, là-haut, sur les montagnes, à la frontière de trois pays en guerre depuis des années.
C'est là qu'elle vient se resourcer et reprendre des forces avant de se faire cette dernière injection d'hormones qui va peut être enfin lui permettre d'avoir un enfant.
Elle s'est fait construire une piscine sur un terrain adjacent à celui de son oncle.
Mais le propriétaire, installé au Canada depuis 2 générations ne l'entend pas de cette oreille et il dépêche son fils au Liban pour trouver une solution.
Leo Bendos qui ne connait du Liban que les souvenirs de ses grands parents tombe sous le charme des paysages, de ce village ocre, qu'il retrouve au fond de sa mémoire au travers des hostoires narrées par ses aïeux.
Pendant les trois jours qu'ils vont passer ensemble, dans la maison de l'oncle, Fausta et Léo verront leur vie changer ...
Un roman où il ne se passe pas grand chose, un roman hors du temps, où les couleurs, la chappe de chaleur qui plombe les journées n'est concurrencée que par les sourds bombardements nocturnes des armées qui se combattent sur la crête des collines ...
Une belle écriture au service du vide. Un roman qui ne sera pas dans les meilleurs de l'année mais qui a bien accompagné une journée hors du temps !
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