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Ancien enseignant devenu écrivain, Daniel Soil fait pendant une bonne partie de sa vie la promotion de ses confrères belges dans les pays francophones. Diplomate de la Wallonie-Bruxelles au Maroc de 2004 à 2008, il continue son engagement pour la francophonie à Tunis comme écrivain public auprès notamment des migrants rencontrés lors de ses engagements bénévoles.
Alors, découvrir Agdez, dernière page est une façon bien agréable de se plonger dans le Maroc moderne aux prises avec son histoire et ses tensions mais aussi découvrir l’atmosphère sucrée et épicée de la richesse des rencontres à partir d’une enquête à mener.
Expert des Nations unies au Maroc, Johannes est retrouvé mort dans sa villa, son corps torturé. Les autorités concluent trop rapidement à un crime de rôdeurs, drogués certainement.
Le narrateur, attaché linguistique français, est dépêché pour faire la lumière sur ce crime. Évidemment, en remontant la piste du séjour de Johannes aidé par la belle Aïcha, photographe, Jean met à jour une organisation trouble aux relents postcolonialistes, mais aussi tout un réseau de bénévoles qui interviennent auprès des migrants.
Au fil de son enquête, Jean, rarement nommé, ressent de plus en plus de connivences avec la victime du meurtre. Daniel Soil entraîne à la découverte d’un Maroc, hors des circuits touristiques, où les couleurs et les odeurs envahissent de sensations agréables chaque page. L’enquête oscille entre le crime politique ou l’assassin de passage. Mais, c’est vers l’ancien pénitencier d’Agdez que Jean découvrira la vérité sans que le lecteur puisse l’anticiper.
La suite ici
https://vagabondageautourdesoi.com/2023/02/06/daniel-soil/
Après tant d'enthousiasme, de douleurs, de morts, de blessés, de coups reçus mais aussi de débats, d'idées toutes plus formidables les unes que les autres pour une démocratie la plus directe possible, il reste beaucoup de questions, d'interrogations mais aussi d'espoirs déçus, en Tunisie. Les récentes élections législatives à la participation bien faible ne manquent pas d'inquiéter.
Voilà pourquoi le livre de Daniel Soil que j'ai pu lire et apprécier grâce à Masse Critique de Babelio et aux éditions M.E.O. que je remercie, est très instructif car il permet de revivre ces semaines décisives pour la démocratie en Tunisie, lançant ce qui a été dénommé, le Printemps arabe après que Mohamed Bouazizi se soit immolé par le feu à Sidi Bouzid.
L'auteur a été diplomate pour Wallonie-Bruxelles durant sept ans en Tunisie et était présent dans le pays pendant la période dont il parle. La préface de Gilbert Naccache, écrivain tunisien qui subit la prison à cause de ses activités politiques, confirme toute la qualité du travail de l'auteur.
Daniel Soil connaît donc bien le pays et l'a parcouru aussi, loin des grandes villes et des centres touristiques. Son roman qui mêle habilement histoire d'amour et bouleversement politique, m'a emmené du nord au sud du pays, permettant de bien faire sentir le mouvement de fond qui a permis de renverser une dictature ayant tout mis en place pour verrouiller la Tunisie.
En 1975, le cinéaste Jean-Jacques Andrien a tourné le fils d'Amr est mort ! dans la cité troglodytique de Guermassa. Trente-cinq ans plus tard, en 2010, Élie observe les photos du tournage et propose de suivre le réalisateur qui veut retourner là-bas. Mieux, il veut partir d'abord, préparer le terrain et trouver un assistant-traducteur.
Arrivant tout juste de Belgique, il se rend à un débat traitant de l'avenir de la Tunisie et, le hasard faisant bien les choses, il est assis à côté d'un jeune Tunisienne : Alyssa. Ils se plaisent, réussissent à échanger même si Alyssa se méfie beaucoup de son entourage et des traditions qu'elle craint de bouleverser. C'est par Facebook qu'ils communiquent et leurs échanges alternent avec le récit. Amitié, connivence, amour, la romance semble parfaite mais Élie est passionné par son travail et ne veut rien manquer de cette période qui révolutionne le pays. Il filme, collecte les impressions des gens qu'il côtoie sur la Kasbah où se concentre la contestation durant le fameux sit-in de quatre semaines qui poussa celui que l'auteur nomme le Sinistre à fuir son pays. Cet homme vient de décéder en septembre dernier, en Arabie Saoudite. Quant à l'Avenue, premier élément du titre, c'est la grande artère qui va de la mer à la médina en traversant Tunis.
C'est lors de leur trajet vers le sud et Guermassa qu'Alyssa et Élie nouent leur relation autour de Didon et Énée, l'opéra de Purcell, qui sert de lien tout au long du roman avec des paroles collant à ce qu'ils vivent.
Ainsi va la vie de ces deux amants qui rêvent une vie idyllique pendant que le pays élabore les solutions les plus hardies pour une réelle démocratie mais ces deux destins suivent la même spirale qui me déçoit beaucoup, m'attriste pour ces jeunes amants et m'inquiète pour ce grand pays lié historiquement au nôtre.
Chronique à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
Tunisie, automne 2010.
Elie, documentariste belge, part sur les traces de Jean-Jacques Andrien et de son film : le fils d’Amr est mort.
En 1975, le cinéaste a associé les habitants de Guermassa à son tournage.
25 ans après, Elie veut filmer les retrouvailles du cinéaste avec ses acteurs du cru. Il arrive donc à Tunis pour préparer son tournage et y fait la connaissance d’Alyssa, jeune enseignante.
C’est ensemble qu’ils feront la route vers Guermassa, ensemble qu’ils assisteront aux premiers frémissements de la Révolution à Tunis.
Lors de leur voyage vers Guermassa, Didon et Enée, l’opéra de Purcell agrémente le voyage et Alyssa le découvre. Cet opéra devient un fil conducteur du récit, il est l’écho des turbulences de la relation qui se noue entre Alyssa et Elie. Alyssa se sert du livret comme interprète de ses émotions pour les livrer amplifiées à Elie.
Chroniques d’un amour naissant au sein des germes d’une révolution, ce roman, enrichi de nombreuses références culturelles nous emporte à travers la Tunisie du Printemps arabe.
J’apprécie toujours quand l’Histoire résonne à travers les destins individuels.
Alyssa et Elie se rencontrent autour du projet d’Elie.
Alyssa lui sert de guide, ensemble lors du périple vers Guermassa et du retour vers Tunis, ils découvrent l’ampleur de l’effervescence qui secoue le pays.
J’apprécie l’œuvre de Jean-Jacques Andrien et le focus sur son film de 1975, Le fils d’Amr est mort n’a pas été étranger au choix de ce livre.
La similitude entre la démarche d’Elie qui filme Jean-Jacques Andrien revenu sur les lieux de son tournage après 25 ans évoque la démarche de Jean-Jacques Andrien lorsqu’il a tourné Il a plu sur le grand paysage. De plus, le récit du voyage d’Alyssa et Elie vers Guermassa semble évoquer un récit recueilli par l’auteur, monsieur Soil, auprès de monsieur Jean-Jacques Andrien à propos de son tournage en 1975. Vous pouvez retrouver ce récit sur le site des films de la Drève.
Je referme ce livre riche de tous ces bagages, souriante à ce printemps et à cet embrasement fertile et contrôlé des esprits et des corps ; désireuse d’approfondir ma connaissance de l’œuvre de Jean-Jacques Andrien, d’écouter Didon et Enée en en lisant le livret ; curieuse et en empathie : qu’est devenue la Tunisie huit ans après, comment ce mouvement social a-t-il évolué ?
Et, lorsqu’un ouvrage suscite de telles envies, je ne peux que lui attribuer une très belle note et remercier l’auteur de ce qu’il donne dans son écrit
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