Fort de son expérience de médecin, Claire Vesin pose un constat accablant sur la dégradation de l'hôpital public
Fort de son expérience de médecin, Claire Vesin pose un constat accablant sur la dégradation de l'hôpital public
Cinq romans du moment, qui décortiquent brillamment notre rapport au corps
Sur une période relativement courte, d’octobre 2013 à avril 2014, mais riche en enseignements, Claire Vesin nous fait vivre au quotidien l’ordinaire d’un service d’urgences dans un hôpital public en crise.
Avec Blanches, cette autrice, médecin cardiologue, ne signe pas un documentaire mais un premier roman fort réussi !
En mettant en scène plusieurs personnages évoluant au service des urgences dans un hôpital d’une banlieue en décrépitude, Villedeuil, aux portes de Paris, elle nous donne à vivre et à entendre par leurs voix, la réalité d’un hôpital public.
Jean-Claude Pouillat y a passé toute sa carrière au sein du service de chirurgie. Seul depuis le départ de sa femme et de leur fils pour le Canada, ce, après la disparition de leur autre fils Arnaud, il reste passionné par cette ville comme par son métier.
Laetitia, 24 ans, est née et vit dans cette banlieue modeste. Elle y travaille. Infirmière, à l’accueil des urgences, elle est inquiète pour son compagnon Kamel qui ne trouve pas de travail malgré des études brillantes, pénalisé par son nom et son adresse.
Aimée, elle, très affectée par la disparition de son amour, Arnaud, débute l’internat et a choisi d’effectuer son premier stage à Villedeuil.
Fabrice, quant à lui, est médecin au SAMU et a du mal à accepter sa paternité future.
Dans ce quotidien difficile, chacun de ces quatre personnages principaux fait le maximum pour que les patients soient pris en charge le plus vite possible, dans les meilleures conditions possibles mais, dans un stress permanent dû à leur impuissance devant le nombre toujours croissant des malades à prendre en charge, des effectifs et des moyens de plus en plus réduits.
Lors de ces premiers mois vécus ensemble, les destins de ces quatre personnages principaux vont s’entremêler, ils vont partager joies et échecs, détresse et amour du métier, des relations vont se nouer. Malgré les difficultés rencontrées, ils tiennent et un équilibre est trouvé, un équilibre certes fragile.
Un accident de la route, lors du retour du réveillon et André se retrouve avec une double fracture du fémur et sera absent à l’hôpital pour plusieurs semaines. En attendant, il faut revoir l’organisation car pas de remplaçant disponible et c’est là que cet équilibre est remis en question et que le drame se produit bouleversant la vie de nos protagonistes.
Blanches est un roman poignant qui se lit presque comme un polar et qui analyse malheureusement avec beaucoup de justesse et de réalité la déliquescence de l’offre de soins, à l’hôpital public, il y a de cela déjà une décennie, crise qui s’est depuis encore largement aggravée, hélas.
Mais Blanches, plus qu’un rapport sur la situation critique et le mal-être de l’hôpital public en France, sur les services d’urgence et d’hospitalisation en grande tension est également un constat du mal-être d’une banlieue populaire.
J’ai trouvé très pertinente la réflexion qu’Aimée se fait en fin de roman sur le peu d’écart entre la médecine humanitaire, cette médecine différente de celle qu’on pratique en France, que son père lui conseille et la médecine pratiquée dans cet hôpital de Villedeuil où on trouve parfois les mêmes malades, les mêmes joies, aussi.
Bien mieux que des chiffres, toujours bruts et froids, avec ce roman, Claire Vesin nous fait toucher du doigt le quotidien si compliqué du personnel soignant pour tenter de soigner dignement et montre les conséquences de cette crise de l’hôpital sur la façon dont ils remplissent leurs missions.
Mais ce sont avant tout les valeurs humanistes portées par ce roman, l’humanité de ces soignants qui, chaque jour, se mettent au service des autres qui m’ont le plus touchée.
Blanches comme les tenues revêtues par le personnel hospitalier, Blanches comme les nuits qu’il est amené à passer en service ou même en repos, Blanches est un bel hommage à tous ces soignants particulièrement ceux des services d’urgence confrontés à des enjeux dramatiques critiques « la vie qui glissait entre les doigts malgré les efforts », mais aussi à des moments d’émotion intenses et où la solidarité n’est pas un vain mot.
Chronique illustrée à retrouver ici : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/2024/09/claire-vesin-blanches.html
A travers ce roman à l’écriture précise et l’histoire d’une jeune interne issue des beaux quartiers prénommée Aimée, Claire Vesin dresse le portrait d’un hôpital de la proche banlieue parisienne.
On aurait pu s’attendre à un tableau misérabiliste et revendicatif. Il n’en est rien, même si l’autrice ne nous cache rien du déclin de cet établissement.
Dans cette fiction qui est à la fois vivante et parfaitement calibrée, Claire Vesin nous fait partager l’existence des soignants et autres employé-e-s de l’hôpital qu’ils vivent du bon ou du mauvais côté du périphérique.
Cette chronique au quotidien d’un hôpital en perdition met en lumière la solidarité et les rivalités entre soignants. Elle illustre également le déterminisme social et la fracture Paris-banlieue en mettant en scène de « vrais gens ». Les faits et les dialogues sont crédibles et réalistes.
En lisant ce roman, j'ai eu l'impression que l'autrice avait choisi de mettre en scène des personnages de la vie de tous les jours, et de les regarder vivre pendant une tranche de leurs vies.
Pour nous parler d'eux juste ce temps présent qu'ils auront à passer ensemble dans l’hôpital de Villedeuil, aux portes de Paris.
Pendant un peu plus de six mois, un peu moins d'un an, ils se rencontrent, se connaissent, se plaisent, se consolent, se soutiennent, s'ignorent , s'affrontent, ils s'évitent, se perdent, s'oublient.
Quelques souvenirs affleurent et viennent épaissir leur personnalité, quelques projets, peu, pour envisager leur l'avenir.
Aimée, tout juste sortie d'un immense chagrin, la disparition de son amour Arnaud, est la nouvelle interne du service des urgences.
Jean-Claude, un chirurgien qui a passé toute sa carrière dans cet hôpital d'une banlieue en décrépitude même si elle est si proche de paris. Il se retrouve seul, son épouse et son jeune fils sont partis au canada à la suite de la disparition de cet autre fils, Arnaud.
Fabrice, médecin au SAMU, mal marié, mal heureux, insatisfait par la vie qu'il s'est pourtant choisie auprès de son épouse enceinte, lui qui ne voulait pas d'enfant pour ne pas reproduire le schéma paternel qui se poursuit de génération en génération dans sa famille.
Lætitia, la seule à vivre dans cette banlieue modeste, en couple avec Kamel, qui n'arrive pas à trouver un emploi malgré de brillantes études, pénalisé par un nom et une adresse dont personne ne veut. Le poids de la vie en banlieue et des familles issues de l'immigration pèse si fort sur leur vies. Elle est infirmière à l’accueil des urgences, un travail primordial qui doit être en permanence réalisé dans le stress et le manque de personnel.
Dans cette banlieue délaissée par les autorités, l’hôpital se meurt, manque de personnel, manque de moyens, stress permanent et toujours plus de patients à prendre en charge.
Chacun d'eux évolue sous nous yeux, en parallèle, puis ensemble à la suite d'une nuit de Noël pas comme les autres, celle où tout se joue, où chacun tente de tenir sa place pour le pire ou le meilleur.
Humains parmi les humains, fragiles, compétents mais dépassés, compétents mais fatigués, le drame ne peut qu'arriver à un moment ou un autre.
C'est à cette déliquescence de l’hôpital public, avec son nombre toujours plus grande patients, avec son personnel toujours plus réduit qui fait tant d'heures qu'à moment donné il devient difficile d'être totalement opérationnel, que nous assistons.
Il y a un grand réalisme dans ces vies qui se croisent, dans leurs espoirs, leurs forces ou leurs faiblesses, leurs défauts et leurs qualités. Dans leur humanité qui se heurte à ce quotidien difficile et qui entraîne des réactions pas toujours optimale. Il faut dire que l'autrice est elle même cardiologue dans un hôpital de banlieue parisienne, et qu'elle vit chaque jour ce que vivent les personnages de son roman. Solitude, passion pour un travail de plus en plus difficile à mener sereinement, stress, entraide et solidarité dès que c'est possible malgré les difficultés, tout ce qui fait la vie et nos quotidiens ordinaires mais bien réels.
https://domiclire.wordpress.com/2024/05/12/blanches-claire-vesin/
Ecrit par une cardiologue, Blanches présente, par le biais de la fiction, le monde des urgences d'un hôpital de banlieue parisienne vu de l'intérieur par quatre personnages principaux. Aimée, toute jeune interne dont c'est le premier semestre de stage, aurait pu choisir un autre service, elle arrive à Villedeuil, et est assez déstabilisée par cet univers si différent de ce qu'elle connaît. Laetitia, infirmière des urgences, se fait du souci pour son compagnon qui ne trouve pas de travail, mais s'investit à l'accueil des patients. Jean-Claude, chirurgien, est un homme solitaire et usé par la vie et le départ de sa famille, et Fabrice, médecin du SAMU, a du mal à accepter sa paternité future. Chacun, comme dans tous les métiers, vient avec ses problèmes ou tente de les oublier, mais là, plus qu'ailleurs, cela peut avoir des conséquences peut-être vitales.
Si vous les avez lues, ce roman m'a évoqué les chroniques de la Place Carrée de Tristan Saule, pour la manière d'observer la société, ici le monde de l'hôpital avec beaucoup d'humanité et de tendresse pour les personnages, de comprendre leurs désirs, leurs peurs et leurs failles. L'autrice excelle aussi à faire vivre les lieux, les tours déjà décrépites de l'hôpital, la salle de repos comme le café d'en face ou un appartement. L'humanité qui se dégage des personnages et des lieux rend la lecture très prenante.
Elle dit bien également la dégradation des services, de l'accueil, de l'écoute des patients, dégradation pour cause de manque de personnel, de crédits insuffisants, de soignants épuisés... et cela, surtout dans les quartiers les plus défavorisés qui auraient précisément besoin de plus d'attention. Les médecins en viennent à y faire de la médecine humanitaire, ni plus, ni moins, comme des « médecins du monde ».
Le choix de ne pas laisser de côté la vie privée des soignants m'a paru très bien pensé, car qui dit que la lassitude de l'un ou la déprime de l'autre n'ont pas d'incidence sur leur manière de soigner ?
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