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C’est un roman pour adolescents construit sous la forme d’une série d’interrogatoires. L’enquête porte sur la disparition de Manon, âgée de 16 ans, a priori une jeune fille bien sous tous rapports, et les personnes interrogées appartiennent à sa famille ou à son cercle amical. Parmi elles, personne ne semble en mesure de dire ce qui est arrivé réellement à Manon et pourtant les témoignages mis bout à bout vont peu à peu faire émerger la vérité, dévoilant les erreurs et les fragilités d’une adolescente en proie à un grand mal-être.
Divisé en cinq actes comme une pièce de théâtre, Je voulais juste être libre est un roman efficace et convaincant. L’originalité de la narration est un point fort comme l’est le tour de force consistant à créer une héroïne qui n’est jamais directement présente dans le roman, si ce n’est à travers le discours des gens qui l’ont côtoyée. Le parallèle établi entre l’héroïne, Manon L., et Manon Lescaut – chaque acte débutant par une citation extraite du roman de l’Abbé Prévost –, fait des relations sociales le sujet principal du roman : relation familiale conflictuelle, amitiés adolescentes épanouissantes ou décevantes, premiers émois faussés par des idéaux peu réalistes… Dans la confrontation des rêves et de la réalité, la liberté a un prix et le récit glisse doucement vers un tragique que l’on pressentait, sans en être tout à fait sûr tant le personnage de Manon reste mystérieux.
A la lecture du titre et du prologue, je me suis dit que ce roman jeunesse avait les airs d'un thriller au suspense sombre. Il n'en est rien. Il y a juste ce qu'il faut de suspense pour les 10-14 ans sans les empêcher de dormir la nuit ou leur provoquer des cauchemars.
Hugo a 13 ans, il s'ennuie l'été dans son village car tous ses amis sont partis en vacances. Tous, sauf un. Celui qu'Hugo admire et vénère, le meneur de la bande. Hugo, lui, c'est plutôt le suiveur, le discret, celui qui est toléré, mais qu'on ne remarque pas non plus. Eh bien, l'été de ses 13 ans, la donne va changer. Suite à des décès inquiétants, Hugo, convaincu qu'il s'agit de meurtres, se lance dans une enquête qui mettra sa vie en danger. Je ne dévoilerai pas davantage l'objet de ces meurtres, la couverture donne quelques précisions à ce sujet. On devine assez rapidement qui est derrière tout ça. Néanmoins, les ingrédients d'un bon polar destiné aux jeunes sont réunis, on tourne les pages rapidement.
C'est un bon roman pour les ados avec une intrigue intéressante et les personnages sont bien aussi.
Un petit rappel de la collection In love avant de parler du roman de Claire Gratias. Lancée en mars 2015 par les éditions Rageot, cette collection a pour but de faire revivre les plus grandes histoires d'amour classiques en les modernisant et en les adaptant à la vie d'aujourd'hui. Le tout afin de nous prouver que les histoires d'amour sont éternelles, et à quel point les classiques sont intemporels. Et ça marche ! Personnellement, depuis le lancement de In love, je me régale. Les couvertures sont magnifiques, colorées et vives, le packaging est beau et les récits se lisent avec délice !
Manon devenait de plus en plus fuyante. D'abord, ses écarts en cours, ses passages à l'infirmerie, puis ses mensonges, ses fugues. Et enfin son silence. Ceux qui pensaient la saisir ne la comprennent plus. Ceux qui pensaient l'avoir l'ont vu partir. Pourquoi ? Comment ? Qui est donc devenue Manon, à l'origine si discrète et si gentille ?
Je ne connais pas encore Manon Lescaut, donc je ne pourrais pas faire de comparatif entre le roman de l'Abbé Prévost et l'adaptation qu'en a fait Claire Gratias avec Entre nous et le ciel. Toutefois, les explications de l'auteur à la fin du récit nous permettent d'avoir un aperçu clair de son travail et de ce qu'elle a fait pour moderniser le récit de base, reprendre les enjeux et les adapter à notre société actuelle. Et nous démontrer que les histoires d'amour sont éternelles !
Au fil du récit, des témoignages des proches de Manon, on découvre doucement ce personnage principal, qui n'a pourtant jamais voix au chapitre. C'était étrange de la découvrir par le biais des autres, sans avoir son avis, son ressenti, sur telle ou telle chose. On la voit et l'imagine selon ce que les autres ont retenu d'elle, des instants de vie et de complicité qu'elle leur a offert avant de changer du tout au tout. Je ne sais pas si je n'aurais pas préféré entendre Manon elle-même de temps en temps, parce que l'effet est très bien rendu. Manon ne peut pas nous embellir son image, et finalement le lecteur fait lui-même petit à petit le lien entre tout ce qui lui est révélé, la lumière sur un personnage qu'aucun proche n'a su arrêter dans son besoin de liberté, sa soif de vie.
Sur quelques pages, Claire Gratias nous offre un récit riche en intensité, que je me suis prise à espérer plus long pour en profiter davantage et ne pas voir l'inéluctable arriver. On a beau envisager et comprendre ce qu'il s'est passé au fur et à mesure que l'intrigue se déroule, l'accepter tant que ce n'est pas clairement sous nos yeux est impossible. Et, personnellement, au début de ma lecture, je suis partie sur une théorie des plus fausses, suivant ensuite les indices laissés par l'auteur et ses personnages pour comprendre qui est Manon, revoir finalement mon premier jugement sur ce personnage sensible, intrépide et surtout plein de vie.
Même s'il reste des questions sans réponses, des détails qu'on aurait aimés éclaircir, j'ai pourtant refermé Entre nous et le ciel avec un sentiment de soulagement/satisfaction. J'ai fini par m'attacher à Manon, bien que ça n'ait pas toujours été facile et que le revirement de cette héroïne soit quelque chose qui s'apprécie avec le recul. Et à Valentin et Salomé, qui auront tenté jusqu'au bout d'aider et de comprendre Manon, chacun à leur manière. Le premier en lui promettant un amour sans heurt et sans limite. La seconde en ayant été à l'écoute et consciente du trouble de Manon.
D'une maison normande au célèbre Pont des Arts de Paris, de Manon Lescaut à Manon L, Claire Gratias ne trace qu'une ligne de mots, simples et délicats, pour nous entraîner dans le sillage d'une héroïne intemporelle. On retrouve dans le personnage de Manon beaucoup de chacun, les questions, les doutes, qui nous assaillent à l'adolescence, ce besoin de trouver sa place, cette réflexion sur l'avenir. Mais Entre nous et le ciel est aussi avant tout une romance, de celles qui sont dévorantes. Une histoire de passions, pour l'amour, pour l'autre, pour la vie, dont on ne ressort pas sans avoir été touché.
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