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Depuis qu’elle soupçonne son mari, professeur au Barnard College de New York, de la tromper avec de jeunes et fraîches étudiantes, Margarita se poste régulièrement sur un banc, dans le parc du campus, pour l’épier à distance et en silence. Soixante-cinq plus tôt, en 1948, trois autres femmes, elles aussi fictives sauf une, se croisaient sur le même campus : Elizabeth, atterrie à Harlem après avoir rompu avec sa riche famille, y suivait des cours de littérature et se laissait mourir d’amour pour un professeur adjoint de l’université ; Juliana, treize ans, interrompait sa scolarité pour y seconder sa mère, membre du personnel de ménage ; Doris Dana hésitait à mettre fin à sa relation étouffante avec l’enseignante et poétesse chilienne Gabriela Mistral, récemment couronnée du prix Nobel de littérature.
Comme en une savante et d’abord illisible juxtaposition de tesselles finissant, avec du recul, par dévoiler le complexe dessin d’une mosaïque, les brefs chapitres de ce court récit s’assemblent peu à peu pour dévoiler la trame commune tissée à leur insu par ces femmes aux prises chacune avec leur trajectoire personnelle. Entre amours vacillantes – bafouées, impossibles ou toxiques – ou scolarité brisée par la pauvreté, toutes se retrouvent indécises, incapables de trancher les fils de leur vie pour les reprendre en main, figées dans une passivité teintée de résignation masochiste qui fait dire à Carla Guelfenbein qu’ « attendre, c'est une façon de disparaître. » La narration fait résonner tous ces instants d’irrésolution de multiples échos, complétant les références à Sylvia Plath, Alejandra Pizarnik, Alfonsina Storni, Virgina Woolf, Violeta Parra et d’autres encore – toutes écrivains ou artistes s’étant plus ou moins heurtées aux parois de verre de la condition féminine avant de faire le choix du suicide –, d’extraits d’un livre intitulé « Comment disparaître en Amérique sans laisser de traces ».
Alors, que décidera notre contemporaine Margarita ? Se résignera-t-elle aux mensonges de son mari, hypothéquant sa vie et son bonheur pour se fondre en une sorte de morte vivante ? Ou refusera-t-elle la soumission pour renaître à une nouvelle existence ? Carla Guelfenbein ouvre les portes et tend les perches à ses lecteurs, leur laissant imaginer ce que pourrait devenir son personnage si elle osait enfin, mais aussi, par extension, toutes les femmes prisonnières des murs de verre qu’elles acceptent que l’on érige autour d’elles.
Lors d'un dîner, mon voisin de table, libraire, m'avait conseillé de lire cette autrice chilienne. Carla Guelfenbein, que je ne connaissais pas du tout.
J'ai acheté ce titre un peu par hasard.
Et j'ai vraiment beaucoup aimé ! Il y a déjà souvent un plaisir particulier à découvrir un livre dont on ne sait absolument rien, dont on n'a pas entendu parler encore et encore...
Ici , les chapitres alternent des narrateurs différents. Ils sont 3, identifiés par un petit symbole propre à chacun en début de chapitre. Tommy, d'abord, jeune garçon de 12 ans, qui fait beaucoup moins que son âge. Orphelin de mère, atteint depuis sa naissance d'une pathologie cardiaque grave, il ne peut vivre comme les autres, devant être plus prudent. Il a développé une personnalité particulière, lunaire, se montre isolé, différent des autres. Il a un drôle de passe-temps : enregistrer les conversations des adultes à leur insu à l'aide de son MP3.
Il y ensuite Juan, son père, chirurgien cardiaque sérieux et responsable, que les aléas violents de la vie ont poussé à se forger une carapace.
Enfin Alma, belle-mère de l'un et épouse de l'autre, qui a passé son temps à tenter de se construire une vie en opposition à celle de son enfance.
Le découverte par Tommy d'un secret concernant la mort de sa mère va peu à peu faire se fissurer cet édifice de famille recomposée fragile.
Ce livre est prenant et passionnant, les blessures de chacun réprimées mais pas cicatrisées touchent, le livre devient haletant.
Vraiment une très bonne lecture et un excellent conseil !
Tommy, douze ans, malade du cœur, caché sous une table lors d’un repas de mariage, surprend la vérité sur la mort de sa mère et décide de trouver des réponses à ses questions. Sa belle-mère, Alma cache une grande fragilité qui lui vient d’un conflit avec sa mère, son père se mure dans son silence. La vie apparemment heureuse dérape, les non-dits éclatent au grand jour, jusqu’au drame.
Un roman magnifique à l’écriture très belle, très sensible dont les personnages infiniment attachants prennent la parole tour à tour... Il se débattent chacun dans leur recherche de vérité et d’amour...
Un de ces livres qu’on doit interrompre avec regret et qu’on reprend avec plaisir.
Au Chili, Vera, femme de lettre octogénaire est dans le coma après une chute dans l’escalier.
Trois personnages racontent leur relation à Vera et leur propre histoire :
Daniel, son voisin et ami
Emilia, une jeune française qui écrit une thèse sur elle
Horacio Infante, célèbre poète, son ami.
Trois histoires qui s’entremêlent pour aboutir à une fin très inattendue
L’auteur s’est inspirée de la vie de l’écrivaine Clarice Lispector pour inventer cette belle fiction.
C’est un roman d’une grande cohérence écrit avec fluidité, élégance et sensibilité
Les émotions sont superbement transcrites et intensément perçues.
On en redemande !
Le prix Alfaguara décerné à Clara Guelfenbein est amplement mérité.
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