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J'ai pioché la tendresse, la nostalgie, des saveurs et des images, des mots et des visages.
Un livre que j'ai picoré comme on savoure une boîte de chocolats sans savoir d'avance qu'elle sera le goût de la prochaine gourmandise.
Je me suis imprégnée de souvenirs d'enfance qui ne m'appartiennent pas, en me laissant guider avec légèreté et insouciance.
J'avais bien besoin de retrouver ce regard innocent, de m'émerveiller même si c'est avec mes yeux d'adulte qui en ont sans doute trop vu et trop entendu.
Ceci n'est pas un livre de Mathias Malzieu, l'un de mes enchanteurs préférés au monde, mais il a été conçu et dirigé par lui et il en garde indéniablement la touche magique.
Un livre multi-voix, dans lequel chaque personnalité raconte un souvenir de son enfance, une histoire, un poème qui la symbolise.
Ils sont Josiane Balasko, Aldebert, Cali, Magyd Cherfi, Justine Piluso, Olivia Ruiz et quelques autres encore…
De quoi muscler son "écologie émotionnelle" avec le merveilleux de l'enfance, temps d'insouciance et de rêves accessibles.
L'enchantement peut commencer.
Alors qu’il a 6 ans, le jeune Bruno voit sa vie basculer avec la mort de sa mère, une jeune femme de trente-trois ans. Bien sûr, il y avait des semaines qu’elle luttait contre la maladie, qu’elle était partie à l’hôpital, mais elle était revenue à la maison.
« Tu es revenue. Pour partir à jamais. »
Une plaie ouverte qui ne se refermera pas. Il n’a pas été autorisé à accompagner à son enterrement celle qu’il aime par-dessus tout, qui compte tant pour lui, trop jeune, trop fragile. C’est dans une pièce obscure de la maison qu’il va deviner, inventer, la mise en terre, les adieux, pourtant passage quasi obligé pour la plupart des vivants pour arriver à faire son deuil de celui qui part. Un amour filial dont personne dans la famille n’a su prendre la mesure.
Des années après, celui qui s’appelle pour nous tous Cali, va enfin écrire, avec les mots du petit garçon de cette époque, la perte, le chagrin, les évènements qui ont bouleversé son horizon, pendant les mois qui vont suivre le deuil.
Un père qui meurt peu à peu de l’absence et sera plus souvent au café qu’à la maison, une grande sœur qui tente tant bien que mal de pallier au manque en faisant les tâches ménagères de cette mère disparue, la famille qui ne trouve rien de mieux que de détruire toute trace de celle qui est décédée, en brulant tout, scène marquante du roman j’avoue. Puis il y a l’école, Carole, celle qui focalise tous les sentiments de Bruno, son amour sans retour, Alec, le meilleur ami, celui des secrets, des bêtises, des câlins aussi, enfin le départ en colonie, comme une punition suprême, un éloignement de plus du lieu où repose sa mère.
Des souvenirs forts pour l’enfant qui sont tantôt écrits avec le langage du petit garçon, tantôt avec celui du poète, mais qui du coup tiennent également le lecteur à distance de la douleur.
chronique complète sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2018/05/21/seuls-les-enfants-savent-aimer-cali/
Je connaissais les chansons de Cali en revanche, c’est le premier roman que je lis et quelle belle découverte.
« Voilà les anges » est son troisième roman. Ça parle d’amour et plusieurs formes d’amours.
L’auteur invente un double coupé de la réalité.
Bruno, le narrateur, abîmé par la vie, est intéressé par l’amour.
Dès le début, il séduit Sofia (libraire) mais malheureusement, un drame se produit, il va redescendre en enfer.
« L’amour n’est pas le jouet du Temps, bien que lèvres et joues roses dans le champ de sa faux viennent à tomber ; l’amour ne change pas, brèves étant des heures et semaines, mais endure jusqu’au seuil même du jugement.» Page 9
« Je vous aime. Je vais vous enlever, amour, et vous emmener loin d’ici. Là où le cynisme et la tromperie ne dresseront jamais leurs armées cruelles. Là où l’on ne vit que pour l’amour, là où l’on ne meurt que par amour. » Page 9
Son objectif est de vouloir se venger sur le directeur de sa maison de disques, car un jeune chanteur lui pique ses meilleurs titres… Bruno touchera le fond puisqu'il perdra pied et écopera d’un an de prison.
Quant aux personnages, ils sont attachants, troublants et sensibles.
Sa plume est d’une incroyable finesse, et poétique. On voyage entre Hydra et Montmartre. Ce roman traite plusieurs thématiques comme l’amour, la parentalité puisqu’il nous parle l’envie d’être père et d’espoir, la renaissance…
Ce roman est chargé d’émotion avec des rebondissements, beaucoup d’espoir et un zeste d’humour.
C’est un livre émouvant, original et qui fait beaucoup de bien. Foncez !
Quel talentueux artiste et auteur ce Cali !
« Les tours de manège étaient les aiguilles de l’horloge de sa vie. »
Quand on connait l'oeuvre de Cali, on y sent les blessures de la séparation amoureuse qu'il ne cesse de chanter.
Nous voici à l'origine de cette terrible absence que celle laissée par le décès de sa mère, dans ce témoignage Cali parle avec toute l'innocence de l'enfant de 7 ans qu'il était alors, sans tabou, sans pudeur avec toute la spontanéité, la rage et l'entièreté.
Sa verve précise et poétique nous entraine dans ce monde de l'enfance où tout est émotion, où les sentiments s'expriment avec puissance.
En lisant son texte lui même, Cali sait y donner le rythme et l'impulsion sans pour autant y apporter une émotion supplémentaire. On ne sait plus si on écoute l'homme ou l'enfant, alors on se laisse porter par les sensations, les images.
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