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Dans la même veine que ses « Bella Ciao », le talentueux Baru nous plonge à nouveau dans ses histoires de famille et de quartier, pour ici rappeler le FTP-MOI (Francs-Tireurs Partisans et Main d’œuvre Immigrée) qui libéra 37 prisonnières d’origine russe et biélorusse du camp d’Errouville en 1944.
Elles rejoignirent le maquis de l’Argonne et formèrent un groupe de résistance française nommé Rodina.
Érudit, Baru nous rappelle (ou nous apprend) les détails de l'Histoire et c'est avec élégance, qu'il exprime la force de cette immigration étrangère qui a œuvré pour la France tout en dévoilant l’anecdote d’un secret de famille via un dénommé Enrico...
Superbe album pour un bel hommage humaniste à la mémoire.
Tout commence avec Enrico, l'accordéoniste de Bella Ciao, qui s'appelait Heinrich en réalité. Heinrich Becker. Un allemand dans les cités ouvrières lorraines, même quinze ans après la fin de la guerre, ça détonne. L'origine de sa présence ici n'est pas certaine... Mais Teo va raconter ce qu'il sait.
De retour sur ces terres du nord de la Meurthe et Moselle, Téo voit ses souvenirs remonter à la surface....Le camp de travail d'Hussigny comme annexe du Struthof, un four crématoire qui n'a jamais servi, l'évasion d'Heinrich...Puis Lena, prisonnière politique russe à quelques km de là, à Errouville, qui s'échappe elle aussi en mai 1942.
Dans la lignée de la trilogie Bella ciao, Baru raconte des femmes qui ont voulu se battre, 37 jeunes femmes, russes, biélorusses, ukrainiennes, qui travaillent dans les mines et vont s'évader avant de créer Rodina, le seul détachement exclusivement féminin de la résistance française.
Par ce récit, dans son style caractéristique axé sur les personnages, Baru redonne vie à ces femmes, oubliées, et à ces terres qu'il aime tant. Moi qui ai fait mes premiers pas d'enseignant dans ces communes du pays-haut, j'ai été très touché par cette histoire que je ne connaissais pas, Un hommage vibrant !
Suite et fin de la trilogie remarquable signée Baru qui raconte avec talent, autant pour le scénario que pour les dessins, l’histoire italienne et de l’assimilation difficile mais réussie d’une famille immigrée en France, de l’horreur d’Aigues-Mortes à nos jours en soulignant qu’aujourd’hui, on en est toujours à cette difficulté d’accepter l’étranger au point même de toujours refuser l’autre en votant pour des partis politiques ségrégationnistes.
Dans une interview Baru dit : « On a toujours présenté les Italiens comme des modèles d’intégration, en oubliant le prix qu’ils avaient payé pour s’intégrer, quel sacrifice ils avaient dû faire. »
Cette BD, parsemée de faits d’actualités réelles, c’est : Un plein d’émotion. Une charge de bon sens. Une étoffe drue d’intelligence. Un cœur à portée de main. Du courage à revendre. La dénonciation d’une haine bête et cruelle. Une histoire vraie qui continue à courir sur l’échine de tant de gens qui ne devraient pas mériter tant de peine quand ils donnent tant de travail si peu payé et si injustement reconnu seulement parce qu’ils ne sont pas … "d’chez nous"…
Baru ? Je le remercie pour si bien savoir traduire la peine de ces pauvres gens issus de l’immigration face à cette partie d’une société imbécile et cruelle mais qui heureusement est contestée par la force de gens qui savent avoir un regard au-delà de la haine crasse et honore le genre humain. (On l’a vu durant le Covid en saluant caissières, livreurs, aides à la personne, infirmier(e)s, éboueurs, etc.)
Je suis dithyrambique pour cet auteur car au-delà d’une BD de qualité, c’est un message historique, politique et sociétal juste magnifiquement et élégamment traduit qui veut avoir ce poids auquel les intellectuels devraient se joindre plus qu’ils ne le font actuellement concernant l’information du danger que sont les mouvements populistes et extrêmes quand hormis une délinquance vraie mais minoritaire, la grande majorité des immigrés prennent place dans notre société dans des postes difficiles, ingrats et mal payés que les Français ne veulent pas honorer et qui sont d’une utilité primordiale au pays comme fut le rôle des ouvriers italiens dans les aciéries détruites depuis comme le raconte si bien Baru dans cette BD reconnue par ses pairs.
A mes yeux, cette BD est un chef d’œuvre et je la salue du bout du cœur.
Suite du tome 1 de l’album « Bella Ciao ».
Bien davantage que la biographie d’une famille italienne immigrée en France, cette saga cumule l’Histoire de l’Italie à une de ses époques les plus sombres liée à d’importants mouvements migratoires, part du métissage des populations européennes en y mêlant l’actualité passée et ses conséquences contemporaines.
Les anciens attachés à leurs souvenirs sont habités par l’idée obsessionnelle d’un retour au pays quand la jeunesse s’adapte naturellement au mode de vie en France où ils sont nés et où ils grandissent. Bien que pris en étau entre une culture familiale et d’autre part un environnement scolaire et social, retourner en Italie ne veut plus dire grand-chose pour eux.
Les aïeuls sont dépositaires d’histoires qu’ils transmettent aux jeunes générations à l’oreille fatiguée par ce qui leur parvient comme un radotage mais qu’ils écoutent néanmoins avec respect car ce passé ancien est le terreau de leurs racines alors que les décibels du rock’n roll explosent et stimulent leur jeunesse avec l’énergie moderne et joyeuse d’une vie qui n’a pas connu les affres des guerres et des luttes armées contre le fascisme.
Dans ce 2ème tome, c’est ce que nous rappelle Baru dès les premières pages illustrant la période Garibaldi et ses chemises rouges en Italie avant de basculer dans ces réunions familiales dont celle de la communion du narrateur Téo, réunion familiale festive haute en voix et en couleur. On est en France dans les années 60 où on se construit une vie aux promesses de prospérité dans l’insouciance d’un pays en paix où la mode, les scooters et les Chaussettes Noires font fureur.
Avec talent, Baru relate l’ascension de 2 époques, 2 générations, l’une dramatique sous un régime fasciste qui de chemises rouges en chemises noires sous Mussolini, va vivre une émigration difficile à cause du rejet ordinaire des différences culturelles et sociales, de Ritals à Macaronis qui viennent manger le pain des Français, de pauvreté crasse à l’acharnement d’une survie par un travail dur de basses besognes ouvrières à des scolarités qui aboutiront enfin à une intégration générationnelle qui estompera les mises à l’écart tout en préservant les traditions au sein des familles.
C’est avec un immense talent d’illustrateur et de narrateur que Baru sait nous raconter le climat et les chainons d’une histoire migratoire universelle toujours latente aux portes de nos frontières européennes sans reniement à nos différentes cultures car comme a dit Saint Exupéry : « Loin de me nuire, c’est ta différence qui m’enrichit… »
Pleine de pleurs et de rire, de drames et de joies, c’est une BD dynamique, optimiste, érudite et humaniste qui défraye toutes chroniques haineuses si faciles, simplistes et médiocres, si inutiles à la construction d’une société forte et harmonieuse.
Et si on se régale à lire Baru et à dévorer ses dessins si expressifs et représentatifs des différentes époques concernées, à commencer par la couverture, les recettes culinaires ne nous échappent pas.
De la crème dans les pâtes Carbonara (T1) ou de la poudre de cacao sur le Tiramisu ? Crimes de lèse-majesté !!
Merci pour ces recettes du savoir-faire Monsieur Baru et surtout celles du savoir vivre ensemble !
Dans l’attente du volume Tré...
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