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Ce texte peut être qualifié de dystopie écologique, mais peut être que ce n'est pas si éloigné de nous. Nous avons en Gironde, connu l'été dernier des grands incendies et cela devient malheureusement courant dans certaines régions du Monde.
Trois personnages, trois pays et un point commun, le feu. Des incendies "naturelles", mais aussi l'incendie utilisée comme arme de guerre et de conquête de territoire.
Aux États-Unis, Virginia est éleveuse de chevaux. Elle est une rescapée du premier « méga-feu » à avoir rasé la ville entière de Paradise quinze ans plus tôt. Après l'évacuation des habitants et la dislocation de sa famille, elle est à la recherche de son père qui les a abandonnés à l’époque dans une Californie aujourd'hui ravagée. Elle décide prendre la route et d'aller essayer de retrouver son père.
Au cœur de la Sibérie, Ianov, ancien soldat revenu d'Ingouchie parti s’isoler dans une ferme que les flammes viennent de détruire, emmène sa jument réchappée et blessée pour son dernier voyage. Au fil de ce chemin, les rejoignent des animaux jusque-là sauvages. Avec eux Ianov réinvente son humanité, mais la folie des hommes le rattrape .
Au Kurdistan, Asna et Olan combattent la politique de la terre brûlée des terroristes et quand leur dernier champ de blé disparaît, face à la méfiance cruelle des villageois, ils finissent par fuir.
En même temps, des prises de conscience voient le jour et des jeunes essaient d'alerter leurs parents et des mouvements se créent.
Ce texte nous entraîne dans les flammes, dans les cendres, avec des portraits de personnages, touchants et qui essaient de continuer, d'aller de l'avant. Des scènes restent en mémoire après la fin de la lecture, des scènes terribles de saccage par le feu, de violence mais aussi beaucoup de poésie face à la nature, aux animaux.
Ce roman nous questionne, nous interpelle, nous touche, nous bouleverse et nous fait réfléchir sur le futur de notre planète et ce que nous laissons faire et ce que nous pourrions encore essayer de faire.
Un auteur dont je vais continuer à lire les textes.
#LeGrandIncendie #NetGalleyFrance
Embrasés
En 2018 la petite ville de Paradise en Californie était anéantie par un gigantesque incendie. Quinze ans plus tard, Virginia quitte l’Oregon où elle était réfugiée, et prend la route pour tenter de retrouver son père, avec lequel elle a perdu tout contact ou presque et qui se trouverait à nouveau au cœur du brasier. Car depuis quinze ans, tout a empiré. La saison des feux n’a plus ni début, ni fin. Tout l’ouest américain est la proie des flammes, jetant sur la route des millions de refugiés. En Sibérie Orientale, un méga-feu a ravagé un territoire immense. Ivanov, un ancien soldat traumatisé par la guerre, y a tout perdu. Lui aussi prend la route, à pieds, accompagnant sa jument agonisante. Ils sont bientôt rejoints par une cohorte improbable d’animaux rescapés fuyant les cendres. Au Kurdistan, Asna et Oslan voient leur village et les récoltes anéantis en quelques minutes par le feu. Un feu déclenché par des bombes incendiaires apportées par de très jeunes terroristes suicidaires. A leur tour ils décident de partir, de tout quitter pour un monde qu’ils espèrent meilleur.
Ce roman d’anticipation apocalyptique est une vraie claque car il dépeint un avenir ultra réaliste. Il suffit de suivre les actualités : chaque année, des incendies toujours plus incontrôlables se déclenchent partout dans le monde (début février 2023 au Chili, été 2022 en Gironde). En cause, le dérèglement climatique certes, mais surtout l’irresponsabilité des hommes, et la culpabilité d’un système économique et politique sans vision pour le futur, exploitant jusqu’à la trame les ressources de la Terre. Un système arrivé à bout de course, tout le monde ou presque est d’accord sur le constat… Alors, tel le phénix, notre monde peut-il renaître de ses cendres ?
En excellent lanceur d’alerte, l’auteur ne donne pas de leçon et diffuse à la fin, un message d’espoir, bienvenu, car ses 288 pages sont très fortes et chargées d’émotions.
Un roman très crédible qui peut aider à la prise de conscience.
Je remercie chaleureusement NetGalley et Les éditions Presses de la Cité pour m’avoir permis de découvrir cet excellent livre.
#LeGrandIncendie #NetGalleyFrance
Paradise https://www.francetvinfo.fr/monde/usa/incendies-en-californie/en-californie-la-ville-de-paradise-tente-de-se-reconstruire-deux-ans-apres-un-effroyable-incendie_4114901.html
La guerre, le feu, la fuite
Antonin Sabot confirme tout son talent avec ce roman choral qui va rassembler trois réfugiés climatiques, à la suite de mégafeux qui embrasent la planète. Une fiction dont la probabilité se précise. Est-il déjà trop tard?
Virginia est une rescapée du grand incendie qui a détruit Paradise. Si elle revient dans le Nord de la Californie au moment où de nouveaux feux ravagent la région, c'est qu'elle se sent investie d'une mission. Au milieu d'un paysage ravagé par les flammes, elle veut retrouver son père qui avait fui avec sa mère et ses deux filles pour l'Iowa où il avait tenté de reconstruire une vie qui, il le sentait bien, ne serait plus jamais pareille. Du reste, après avoir touché l'argent de l'assurance et pu acheter une maison modeste dans un quartier modeste, il avait fini par s'enfuir.
Ianov est lui aussi un rescapé, mais du côté de la Sibérie orientale. Lui aussi a vu le feu venir ravager la nature jusqu'alors préservée. On disait que même les environs de Moscou n'avaient pas échappé au fléau. C'est avec un sentiment de honte, de n'avoir pu sauver ses animaux, qu'il revient dans les ruines fumantes de sa ferme, un chemin que sa jument a aussi retrouvé et avec laquelle il entreprend de prendre la route pour une contrée moins hostile. Une biche, puis d'autres animaux vont l'accompagner dans son périple. «Ianov se fondait peu à peu dans ce groupe animal. Seuls ses yeux lui donnaient encore visage humain, et il sentait à chaque pas son identité l’abandonner un peu plus. Sombrant dans un désert de lassitude, il décida de ne pas aller plus loin ce jour-là. Il voulait dormir, sentir sa conscience l’abandonner, peut-être pour toujours, et finalement, que lui importait ?»
Asna vit en Syrie, dans la région autonome du Kurdistan. Elle aussi se bat contre le feu. Faire brûler les récoltes est un moyen de pousser les habitants à fuir la région. Une arme de guerre dans un conflit interminable qui lui a déjà pris son amour de jeunesse et conte laquelle elle se bat de toutes ses forces, ne voulant pas abandonner son pays. Olan, son amant, est plus pragmatique. Il entend quitter ces terres brûlées, se chercher un avenir loin de la guerre.
Aux États-Unis, en Russie et en Syrie, ces nouveaux migrants vont gonfler un flot de plus en plus puissant que des autorités dépassées ne peuvent plus endiguer. Virginia, Ianov et Asna ainsi que leurs proches vont finir par se retrouver. La mémoire du drame qu'ils ont partagé va les souder. Mais pour quel avenir?
Solidement documenté, le roman d'Antonin Sabot fait frémir. Le lauréat du Prix Jean Anglade 2020 pour Nous sommes les chardons confirme son talent pour ancrer ses personnages au cœur de la nature, même lorsqu’elle est la proie aux flammes. Mais c'est sans doute ce paroxysme qui révèle les hommes dans ce qui les constitue au plus profond d’eux-mêmes.
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Nous sommes des chardons, c’est l’histoire de Martin. Il a une vingtaine d’années et a été élevé exclusivement par son père, là, au milieu des montagnes.
Un soir, Martin voit son père, mort il y a peu, venir s’attabler avec lui. Ce père qui lui a appris à entendre les arbres, à suivre la piste de bêtes dans la forêt, à connaître les paysans des alentours.
Les mystères que cette apparition révèle, le jeune homme va les affronter. Qu’y a-t-il au-delà de sa ferme isolée en pleine montagne ? Une mère, d’autres lieux, d’autres gens, une autre manière de vivre…
Martin va, au fil du temps les découvrir et partir sur les traces de son père, l’absent, pour mieux comprendre d’où il vient et ce qu’il vit.
Nous sommes les chardons porte des valeurs fortes d’humanisme et d’universalité. Le narrateur, Martin, a un rapport très fort à la terre et à la montagne. Il fait corps avec elles. Elles sont son essence. En s’éloignant d’elles, lors d’un voyage initiatique, il ressent qu’elles lui sont indispensables. Le lien qui l’unissait à son père était fort, mais son père lui avait transmis l’essentiel.
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