Passionné(e) de lecture ? Inscrivez-vous gratuitement ou connectez-vous pour rejoindre la communauté et bénéficier de toutes les fonctionnalités du site !  

Andres Barba

Andres Barba
Andrés Barba est né à Madrid en 1975. Professeur de lettres, traducteur en espagnol de Herman Melville, Henry James ou encore Joseph Conrad, son œuvre romanesque est publiée dans le monde entier. Il est l'auteur notamment des Petites Mains et d'Une république lumineuse, couronné par le pri... Voir plus
Andrés Barba est né à Madrid en 1975. Professeur de lettres, traducteur en espagnol de Herman Melville, Henry James ou encore Joseph Conrad, son œuvre romanesque est publiée dans le monde entier. Il est l'auteur notamment des Petites Mains et d'Une république lumineuse, couronné par le prix Herralde en 2017. Le dernier jour de la vie antérieure a remporté le prix Finestres en 2023.

Avis sur cet auteur (5)

  • add_box
    Couverture du livre « Le dernier jour de la vie antérieure » de Andres Barba aux éditions Christian Bourgois

    Les Lectures de Cannetille sur Le dernier jour de la vie antérieure de Andres Barba

    Alice aux pays des merveilles est une métaphore du passage à l’âge adulte, quand l’enfance empreinte de merveilleux cède la place à la normalité. Dans une traversée du miroir à rebours écrite dans un moment de crise personnelle, Andrés Barba imagine une échappée extralucide hors d’un quotidien...
    Voir plus

    Alice aux pays des merveilles est une métaphore du passage à l’âge adulte, quand l’enfance empreinte de merveilleux cède la place à la normalité. Dans une traversée du miroir à rebours écrite dans un moment de crise personnelle, Andrés Barba imagine une échappée extralucide hors d’un quotidien étriqué, pour un très poétique retour à soi-même et à l’enfant perdu en soi.

    L’héroïne du livre est une agente immobilière. Tout à sa performance professionnelle, elle semble n’avoir jamais réellement pris conscience de la relative aridité de sa vie, entre un compagnon plus âgé qui ne lui a jamais donné d’enfant et un patron ne montrant de personnel que son souci pour son chien vieillissant. Mais voilà qu’un raté survient dans cette mécanique depuis longtemps en pilotage automatique. Comme un éléphant dans un magasin de porcelaine, ce qu’elle repousse d’abord comme irrationnel n’en finit plus de s’imposer dans son esprit, l’obligeant bientôt à déroger à ses certitudes et à ses habitudes.

    Tout commence lors de sa première visite d’une vieille villa désertée, l’une des ces demeures dont on se dit qu’elles ont une âme tant y vibre encore l’écho des vies passées qu’elles ont abritées. C’est en ces murs réduits au silence que le réel se craquelle en laissant se matérialiser un garçonnet aux vêtements désuets et à l’étrange regard fixe. L’ayant chassé par réflexe, la jeune femme ne parvient pourtant pas à l’oublier et n’a dès lors de cesse que de revenir le retrouver.

    Une relation amicale se noue entre l’adulte et l’enfant, jusqu’à ce qu’ils se retrouvent ensemble, comme dans un bégaiement du temps, dans la répétition sans fin d’une même scène du passé. Alors, venant conjurer le sort qui jadis mura le garçon dans le chagrin et la culpabilité après avoir brisé sa famille, les mots et la bienveillance de la femme se feront les clés de la délivrance. Le présent ayant cessé de répéter le passé, le futur pourra advenir, tant pour lui dont on entendra pour la première fois le prénom, que pour elle, encore incrédule : « Est-ce là que ça arrive ? Ça doit être là. Un enfant l’a sortie de la vie. Un enfant l’a rendue à elle-même. »

    Tout concourt dans ce texte à faire perdre pied dans un subtil mélange de réel et d’irrationalité, une distorsion troublante du temps et de la réalité née du décalage qui, insensiblement et sans même que l'héroïne en ait conscience, a fini par s’immiscer entre ses aspirations profondes et les matérialités de son existence. De l’’enfant ou de la femme, impossible de démêler qui projette l’autre, mais peu importe, les deux ont besoin l’un de l’autre et s’entraident à sortir chacun de leur impasse respective. Un roman pas si facile d’accès tant il désarçonne, mais une réussite indéniablement originale et poétique, pour illustrer le poids de nos boulets psychologiques et les curieux détours de l’inconscient pour espérer enfin se libérer.

  • add_box
    Couverture du livre « Une république lumineuse » de Andres Barba aux éditions Christian Bourgois

    voyages au fil des pages sur Une république lumineuse de Andres Barba

    En 1993, dans une ville en bordure d’une jungle sud-américaine et d’un fleuve boueux de 4 kilomètres de large, la torpeur tropicale est troublée par l’apparition d’une trentaine d’enfants, âgés de 9 à 13 ans. Qui sont-ils, d’où viennent-ils, quelles sont leurs intentions ? Leur arrivée au...
    Voir plus

    En 1993, dans une ville en bordure d’une jungle sud-américaine et d’un fleuve boueux de 4 kilomètres de large, la torpeur tropicale est troublée par l’apparition d’une trentaine d’enfants, âgés de 9 à 13 ans. Qui sont-ils, d’où viennent-ils, quelles sont leurs intentions ? Leur arrivée au compte-goutte passe d’abord relativement inaperçue, juste quelques mendiants de plus aux carrefours. Mais peu à peu, la cohésion de leur groupe, sans hiérarchie claire, interpelle les habitants, qui ne tardent pas à s’apercevoir que ces enfants parlent un langage incompréhensible. Après l’étonnement vient l’inquiétude, en même temps que les premiers pillages et agressions, avant le choc de la tragédie. Car on sait dès le départ que cela finira mal, la première phrase du roman indiquant que les 32 enfants vont mourir.

    Le narrateur de cette catastrophe annoncée est un fonctionnaire des services sociaux de la ville, qui nous raconte, 20 ans après, le fil des événements. Jeune bureaucrate à l’époque, aux premières loges du drame de par son travail, il revient non seulement sur les faits eux-mêmes, mais aussi sur les interprétations et les théorisations qui en ont été faites, sur le ressenti des différents protagonistes (y compris le sien), sur la gestion politique des événements et le battage médiatique qui les a entourés, sur le traumatisme durable qu’ils ont créé dans la région. Il s’interroge aussi sur le trouble et le malaise provoqués par l’apparition soudaine de ces enfants sauvages, qui ne correspondent pas à l’image de l’innocence qu’on associe généralement à l’enfance, sur l’influence qu’ils ont pu avoir sur les enfants de la ville et sur le regard que les adultes portent désormais sur eux.

    Tendu inconfortablement entre innocence et perversité, entre civilisation et état de nature, « Une république lumineuse » est l’histoire d’une tentative vaine et tragique de sécession d’un groupe d’enfants qui refusent d’entrer dans le monde des adultes, créant une sorte de communauté instinctive, pour le pire plutôt que pour le meilleur, dès lors que la confrontation de ces deux conceptions de la vie est inévitable.

    Pioché presque au hasard (mais y a-t-il un hasard?) sur une table de librairie, cette fable cruelle et émouvante est une très belle découverte. Porté par une écriture puissante et remarquable, ce texte, entre chaos originel et ordre établi, interroge sur l’enfance et ses symboles.

  • add_box
    Couverture du livre « Une république lumineuse » de Andres Barba aux éditions Christian Bourgois

    Littéraflure sur Une république lumineuse de Andres Barba

    Un très bon livre !
    L’enfant est-il innocent par nature ? Voilà le dilemme auquel est confrontée la petite ville de San Cristobál où trente-deux gamins ont saccagé un supermarché, tuant deux grandes personnes par la même occasion. Répondre oui, c’est semer le trouble dans les consciences,...
    Voir plus

    Un très bon livre !
    L’enfant est-il innocent par nature ? Voilà le dilemme auquel est confrontée la petite ville de San Cristobál où trente-deux gamins ont saccagé un supermarché, tuant deux grandes personnes par la même occasion. Répondre oui, c’est semer le trouble dans les consciences, remettre en question le principe de l’éducation qui voit dans l’enfant un être pur à modeler. Répondre non, c’est en faire des adultes, s’autoriser les pires extrémités et perdre ainsi son humanité. Ignorant la réponse, les protagonistes de cette histoire sont incapables d’imaginer la réaction la mieux adaptée. Avec cette tragédie, Andrés Barba revisite l’affrontement nature-culture, convoque en ordre dispersé Rousseau, Voltaire et tous ceux (Golding, Defoe, Tournier, Kipling, Burroughs) qui se sont demandé ce que l’homme deviendrait s’il n’était pas élevé par ses semblables, sans repères, livré à lui-même, n’ayant pour référent qu’un environnement vierge de civilisation. Andrés Barba interroge aussi : « l’homme a humanisé systématiquement ce qu’il ne pouvait pas comprendre, des planètes jusqu’aux atomes ».
    Tout aussi intéressants, les états d’âme du narrateur, le jeune fonctionnaire qui se retrouve en première ligne. La chienne errante qu’il manque d’écraser au début du roman, la fille de sa compagne qui se dérobe à son empathie, le monstre invisible de ses peurs et de ses fantasmes… tout le ramène au perturbant mystère de ces gosses indomptés, si déterminés dans leur désir de liberté qu’ils ébaucheront leur propre société (avec sa langue et ses codes).
    À lire d’urgence. Une fois de plus, le salut du roman vient de l’étranger.
    Bilan :

  • add_box
    Couverture du livre « Les petites mains » de Andres Barba aux éditions Christian Bourgois

    Elizabeth Pianon sur Les petites mains de Andres Barba

    Après un accident de voiture, Marina, 7 ans, se retrouve à l’orphelinat.
    « Mon père est mort sir le coup, ma mère ensuite à l’hôpital »
    Voilà la phrase qu’elle répète le plus souvent.
    Entre fascination et rejet, ses camarades se conduisent étrangement.
    Quel roman bizarre, entre hyperréalisme...
    Voir plus

    Après un accident de voiture, Marina, 7 ans, se retrouve à l’orphelinat.
    « Mon père est mort sir le coup, ma mère ensuite à l’hôpital »
    Voilà la phrase qu’elle répète le plus souvent.
    Entre fascination et rejet, ses camarades se conduisent étrangement.
    Quel roman bizarre, entre hyperréalisme et irréalité.
    C’est comme un rêve qui parfois vire au cauchemar et met mal à l’aise.
    Mais c’est tellement bien écrit qu’on adhère sans réserve.
    Une grande poésie émane dans une ambiance plutôt lourde.