Entretien chez Gallimard avec l’éditeur Jean-Marie Laclavetine
Entretien chez Gallimard avec l’éditeur Jean-Marie Laclavetine
Il est vendeur en téléphonie mobile à Paris, il vivote entre ce job sans grand intérêt et Marion, cette femme du monde plus âgée que lui, mariée et avec qui il vit une histoire clandestine. Sa mère est morte il y a longtemps et il n’a plus réellement de contact avec son père qui habite dans le Puy de Dôme. Lorsqu’il reçoit un coup de téléphone lui apprenant que son père est mort d’une hémorragie cérébrale dans son agence bancaire, il prend le train pour aller organiser les obsèques et débarrasser la maison de son enfance avant de la mettre en vente. C’est en descendant dans la cave que sa vie bascule dans l’irrationnel.
Le tout petit roman d’Alexandre Postel (à peine 120 pages) raconte, sur 5 jours, le basculement vers l’horreur d’un jeune homme qui n’est jamais nommé. Le récit est raconté à la première personne et se déroule du 30 avril (jour de l’annonce de la mort du père) au 5 mai (jour où son destin se scelle pour le pire). Le récit est fait entièrement en flash back, c'est-à-dire que ce jeune homme raconte (à son psy ? A son avocat ?) ce qui s’est passé avec ses mots à lui, et il essaie d’expliquer l’inexplicable. La force de ce récit, c’est indéniablement la première personne. La même histoire racontée autrement n’aurait pas la même force et surtout on comprendrait encore moins ce pauvre bougre qui ne fait qu’enchainer les mauvaises décisions et les comportements erratiques. Sans trop en dire, on peut quand même préciser que dans la cave de son père, il trouve quelque chose d’abominable, de criminel. Alors qu’il pourrait sauter sur son téléphone et prévenir la police, il cède à la panique d’être incriminé « il faudra un coupable, et ce sera moi puisque mon père et mort, ils vont me coller cela sur le dos, jamais ils ne croiront que je ne savais rien ». Mais la peur est très mauvaise conseillère, à chaque fois qu’il a l’occasion de se sauver, il fait de mauvais choix, il avale trop de somnifères, il boit plus que de raison, il va trainer dans les bars louches de Clermont Ferrand pour s’abrutir et ne plus penser. En tant que lecteur, tout cela est à la fois incompréhensible et déconcertant, comme si ce jeune homme épousait inconsciemment le crime de son père, comme si le sang qui coule dans ses veines était maudit et que rien ne pouvait empêcher qu’il « devienne son père ». Je ne sais pas si la démonstration est ultra convaincante pour tout dire, ce qui reste du livre une fois refermé, c’est une incompréhension qui n’aura jamais été réellement dissipée. On n’arrive pas à être en empathie avec ce type, en dépit du désarroi compréhensible qui est le sien. Et d’ailleurs, on comprend mal les tenants et les aboutissants de sa relation avec Marion, qui semble anecdotique au départ mais qui s’avèrera cruciale pour le dénouement. La fin est assez morale, puisqu’il a épousé le destin paternel, il en épousera les conséquences. Ce roman a été adapté au cinéma au début de cette année sous le titre « Le Successeur », c’est d’ailleurs ce film qui ma poussé vers le roman d’Alexandre Postel. Le film a fait pas mal d’entorses au roman littéraire sur le crime lui-même et sur la fin (très différente). Mais l’esprit reste le même, celui d’un homme poussé au crime par ses gènes, en quelque sorte. Pas désagréable à lire, court et bien écrit, « L’Ascendant » laisse dans son sillage un vague sentiment de malaise. Si c’était l’objectif de l’auteur, c’est réussi !
Le successeur film de Xavier Legrand librement inspiré et très remanié à partir de l'ascendant d'Alexandre Postel
Un roman qui mêle aussi un thriller, où un homme de 36 ans vendeur à la demande d'une psychiatre, raconte les événements qui, en l'espace de cinq jours, ont dévasté sa vie. Tout commence lorsque ce vendeur de téléphones mobiles apprend le décès de son père, avec lequel il entretenait des rapports très lointains. Afin d'organiser les obsèques, le jeune homme se rend dans la petite ville où vivait le défunt et s'installe dans la maison paternelle. Il fait alors une découverte terrifiante qui le plonge, au fil d'un enchaînement insidieux de faux pas, dans une situation cauchemardesque.
Récit psychologique d'Alexandre Postel, un style simple, fluide, efficace et descriptif. Une histoire fascinante, des réflexions, plein de questionnement tourbillonnant. Chacun pourra interpréter le sens de se livre.
"La plupart des hommes perdaient leur temps à élaborer des fantaisies, des illusions qu'ils essayaient de faire accroire aux autres, et ils mouraient après avoir fait semblant de vivre"
"Pour la première fois je prenais conscience de l'importance que j'avais eue, peut-être, dans la vie de mon père. Je n'avais imaginé qu'il pouvait avoir besoin de moi sans doute est-ce une chose que tout enfant a du mal à concevoir. Si je m'étais comporté autrement, si j'étais resté auprès de lui, si seulement j'étais venu le voir plus souvent, y aurait-il eu la cage ? Absurde."
Un professeur d'université est accusé de pédophilie. L'enfer commence pour lui : embarquement au commissariat de police, soupçon de la part de la famille, procès, prison... Il est finalement innocenté mais les doutes restent dans les esprits quand il rentre chez lui. La société est dure et parfois bête. Les gens laissent l'impression de n'avoir rien à faire d'autre que de s'occuper de leurs voisins et se font une joie de pouvoir en ajouter...
Par moment, on pense qu'on va finir par se lasser mais l'auteur est assez fort pour multiplier les rebondissements. On ne s'ennuie donc pas et c'est une très belle écriture.
Le narrateur vient d'apprendre le décès de son père. Depuis quelques années, ces deux personnages ne se voyaient plus guère, l'entente était rompue. le fils se rend cependant dans la maison du père pour organiser les obsèques. Et là, une surprise de taille l'attend. Même si on la découvre dès le début du roman, je ne peux vous dévoiler cette surprise. Dans tous les cas, alors qu'on ressent une certaine pitié pour le narrateur au début de l'histoire, cela n'empêche pas celui-ci de s'identifier à son père et de devenir un être inhumain et cruel. On nage alors dans l'incompréhension. L'atmosphère devient vite étrange et étouffante. Une écriture hors du commun que je recommande vivement.
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