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Dans « Les Méduses n’ont pas d’Oreille », premier roman d’Adèle Rosenfeld, nous faisons la connaissance de Louise. Elle a toujours été malentendante mais son audition a encore baissé drastiquement. Les médecins lui proposent un implant cochléaire mais la jeune femme hésite, cette action impliquant la destruction totale de l’ouïe naturelle qui lui reste …
En proie à ce dilemme, Louise tente en parallèle d’avoir un emploi et de s’investir dans une relation amoureuse. Mais difficile de trouver sa place quand on navigue dans une sorte de brouillard où une situation banale peut vite devenir magique ou absurde, où l’on tente de reconstruire des phrases, des consignes, des demandes en se basant sur les quelques sons entendus, et où tout finit par manquer de sens.
Ce livre écrit par une autrice elle-même malentendante, est vraiment original. Louise est un personnage attachant, et Adèle Rosenfeld a le sens du tragi-comique, notamment dans le cadre du parcours médical de la jeune femme ou de son expérience professionnelle à la mairie.
Pour autant, l’autrice a créé tout un imaginaire dans lequel Louise se réfugie – avec un chien, un Poilu … – qui m’a rendu le texte parfois un peu confus, difficile à suivre, et j’ai eu à plusieurs reprises l’impression de passer à côté de ce qu’elle proposait.
Je ne suis pas une lectrice vraiment réceptive à un univers poétique donc je ne doute pas que d’autres accrocheront beaucoup plus que moi à ce livre. Il n’en reste pas moins que « Les méduses n’ont pas d’oreilles » montre la naissance d’une autrice prometteuse et à suivre !
Louise, la narratrice, est sourde d’une oreille depuis l’enfance, et le diagnostic tombé lors de la dernière visite chez le spécialiste révèle une aggravation de la surdité de l’autre oreille. La pose d’un implant cochléaire est suggérée, sachant que le risque de ce dispositif électronique ne soient pas à la hauteur n’est pas écarté. Dans l’indécision, Louise s’accroche et se bat pour comprendre les propos en lisant sur les lèvres de ses interlocuteurs.
Dans cette lutte permanente, outre les incompréhensions ou erreurs sur les mots et phrases reçus transformés parfois en humour et dérision, le risque de s’isoler est grand. Dans le monde du travail, ce ne sont pas les fausses amitiés et autres leurres de ses supérieurs et collègues qui permettent de « s’insérer ».
Louise déploie faux-semblants, joie de vivre entre autres, avec humour et dérision, ces boucliers brandis à chaque moment qui touchent le lecteur. Cependant, le monde imaginaire qui entoure Louise, un soldat de la Première Guerre, un chien, un botaniste … prend une si grande place qu’il brise la fluidité du texte, et heurte le sérieux de cette histoire. Mais n’est-ce pas l’expression du déni dans lequel vit Louise ?
Louise malentendante commence à basculer totalement vers la surdité. Un implant pourrait remédier à cette fatalité.
Alors qu'on pourrait penser qu'elle ne va pas hésiter, la narratrice nous emmène dans ses hésitations, ses peurs et ses angoisses.
D'une plume délicate, parfois un peu ironique, l'auteure nous plonge, en alternant réalité et songes, dans ses réflexions ; le choix est difficile.
Elle transcrit très bien la pression des proches, les personnes qui veulent l'aider mais dont le handicap va vite les irriter.
Le choix narratif m'a permis de m'approcher un peu de ce que doit ressentir quelqu'un qui voit les lèvres des autres bouger tout en restant inaccessible à ce qui se dit.
Un lecture éclairante.
Lu dans le cadre du prix des lecteurs du Livre de Poche 2012
Un étonnant voyage en surdité vous attend auprès de Louise. A peine quelques sons déformés dans l'oreille droite et le néant dans l'oreille gauche. Alors même si depuis l'enfance elle a appris à lire sur les lèvres, à compenser, à imaginer, à combler, lorsque les derniers sons disparaissent peu à peu, elle entreprend de les consigner dans un herbier sonore pour ne pas les oublier. Louise est un personnage attachant à l'imagination fertile et quelque peu débridée. Elle fait apparaître des personnages tout droit sortis de son inconscient, un soldat bien amoché de la Première Guerre mondiale, un chien errant qui s'attache à elle et une botaniste qu'elle ramène de sa visite au Musée d'histoire naturelle. L'univers de Louise nous transporte entre poésie et rêverie aussi lorsque l'unique solution proposée est la pose d'un implant, le choix de Louise l'obligera à sortir de son monde bien à elle pour ce confronter au réel. J'ai pris beaucoup de plaisir à découvrir le talent de l'auteur à tordre les mots, à manier un humour décalé et à vivre des scènes kafkaïennes comme celle de son entretien d'embauche où encore ses rendez-vous avec le corps médical. Ce handicap invisible est un combat de chaque instant pour comprendre et se faire comprendre sans quoi la vie serait faite de malentendus et d'incompréhension à vivre au quotidien on comprend à quel point ce doit être épuisant. Les descriptions de la langues des signes, de la gestuelle ou encore de sa vision de la bouche des autres afin de comprendre ce qu'ils disent sont des moments intenses dans le récit. La peur du silence y est constamment évoquée mais aussi celle d'entendre à nouveau, à travers un implant où les sons qui lui parviendront ne seront plus ce qu'ils étaient. Un superbe premier roman qui lève le voile sur ce handicap avec sensibilité. Bonne lecture.
http://latelierdelitote.canalblog.com/archives/2023/02/10/39784244.html
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