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Que diriez-vous de retrouver « Bel-Ami » le héros de Maupassant ?

Avec "Belle-Amie", Harold Cobert propose la suite du célèbre roman...

Que diriez-vous de retrouver « Bel-Ami » le héros de Maupassant ?

C’est le pari de Harold Cobert qui nous livre une suite possible au chef d’œuvre de Maupassant.

Nous avons demandé à deux lectrices Sandrine Fernandez et Muriel Mahieu de nous donner leur avis sur ce livre qui vient de paraître aux éditions Les Escales.

 

L’avis de Sandrine :

Dix ans ont passé depuis que Bel-Ami sortait triomphalement de l'église de la Madeleine avec à son bras sa jeune épouse, l'héritière Suzanne Walter. Quadragénaire fringuant, il est désormais à la tête de La vie française, le journal de son beau-père, vit dans un luxueux hôtel particulier, est père de deux enfants et forme avec Suzanne un couple solide et solidaire. Une belle réussite qui ne saurait être complète sans un siège au Palais Bourbon. En effet, celui qui dorénavant se fait appeler Georges du Roy de Cantel vise la députation et, pourquoi pas, un ministère !

 

L'ambitieux Bel-Ami méritait bien de revivre, même sous la plume d'un autre que Maupassant. D'autant que Cobert s'en sort plutôt bien. Il a gardé les codes du XIXè siècle tout en modernisant l'oeuvre. L'on retrouve Georges Duroy, fidèle à lui-même et les femmes qui l'entourent. Car Belle-Amie aurait pu s'intituler Belles-Amies avec Madeleine la journaliste pugnace, Virginie la bigote, Suzanne la fidèle alliée et Salomé, la mystérieuse. C'est par les femmes que Duroy s'est élevé, est-ce par elles qu'il chutera ? Elles semblent s'émanciper et militent pour leurs droits. Mais son ascension semble pourtant ne jamais devoir s'arrêter. Il veut réussir et il s'en donne les moyens, n'hésitant pas à tremper dans diverses magouilles, à la fois sûr de lui et naïf. Sûr de son instinct, sûr de son bon droit, sûr de son impunité et naïf de croire qu'il pourra manipuler, menacer, distribuer des pots-de-vin et toujours s'en sortir. Harold Cobert, qui a potassé son sujet, plonge son héros au cœur d'un scandale d'Etat, l'affaire du canal du Nicaragua, le grand projet de Ferdinand de Lesseps qui conduisit à la ruine ses investisseurs. Comme Maupassant avant lui, il décrit bien les mécanismes de la Troisième République, les luttes de pouvoir entre politiciens, journalistes et banquiers, les gouvernements qui tombent, la corruption, les chantages, les riches qui s'enrichissent quand les plus pauvres finissent ruinés...

Harold Cobert a su respecter le style et l'esprit de son modèle (auquel il fait d'ailleurs un charmant clin d'oeil en l'intégrant dans son récit) tout en apportant sa touche personnelle, féminine, féministe, sensuelle, et son roman aurait pu être une belle réussite sans la pirouette finale qui tient plus de la farce peu crédible que de l'habile manipulation du lecteur. Un bon moment de lecture tout de même.

© Sandrine Fernandez

 

L’avis de Muriel :

A l'aube de la quarantaine Georges, le bel-ami de Maupassant, est un homme presque comblé qui mène enfin la vie qu'il a tant convoitée. Sa réussite sociale réalisée avec succès, ne lui manque plus que le pouvoir pour être totalement satisfait. Sous la plume de Harold Cobert, cet insatiable ambitieux vise désormais la députation et plus encore. En suivant son parcours fulgurant, le roman dévoile les dessous d'un monde où les magouilles en tout genre font loi. Corruption, scandales, jeux d'alliances, financements occultes... Un tableau des bas-fonds politiques datant de la fin du 19e siècle mais qui présente de fortes ressemblances avec celui de notre époque.

Si tous ces "tripotages" peuvent sembler un peu difficiles à suivre pour qui ne s'intéresse pas à la politique, l'auteur se montre suffisamment astucieux pour maintenir l'intérêt en éveil. On sent bien qu'une menace plane confusément sur Georges, que dans l'ombre un retour de bâton se prépare... Mais qui portera le coup ? C'est cette incertitude qui tient en haleine tout le long de ce roman car les intrigues politco-financières, trop complexes et pesantes, ne m'ont passionnée. Elles ont même fini par sérieusement m'ennuyer. Somme toute j'ai trouvé le roman de Mr Cobert un peu décevant. S'il arrive assez bien à imiter le style de son illustre prédécesseur, je préfère largement l'écriture de Guy de Maupassant bien plus savoureuse à mon goût car animée d'un réel souffle créateur.

Il ne me semble pas absolument nécessaire d'avoir lu Bel-ami pour se lancer dans la lecture de ce livre. Harold Cobert y fait suffisamment de retours en arrière pour permettre de se faire une idée de qui est Georges Duroy et de la façon dont il a mené son ascension sociale en utilisant les femmes. Mais je suis sûre que cette lecture donnera à ceux qui n'ont pas lu l'ouvrage de Maupassant, l'envie de s'y plonger au plus vite pour faire plus ample connaissance avec cet homme si délicieusement haïssable et surtout avec celles qui l'ont aimé. Je remercie lecteurs.com et les éditions Les escales pour l'envoi de ce roman dans le cadre du club des explorateurs.

© Muriel Mahieu

 

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