A vous de voter parmi les 5 BD choisies par le jury de cette 5e édition !
Au-delà de Cancerland
Toujours émouvant de parler du dernier roman d’un écrivain disparu depuis peu.
Pour ceux qui ont suivi l’œuvre de ce grand écrivain c’est une perte immense mais contrairement au commun des mortels son œuvre subsiste et Paul Auster, par elle, sera vivant dans le cœur de ses lecteurs. Une œuvre où chacun peut le retrouver à chaque page.
Ce dernier roman est petit par la taille immense par la profondeur qui s’en dégage.
Sy Baumgartner vit seul à Poe Road, il a 70 ans et est veuf depuis 10 ans.
C’est le premier jour de printemps et la journée s’annonce mal, il écrit un essai et il est ailleurs comme souvent. Il a laisser le cuiseur à œufs sur le feu, quand il s’en aperçoit c’est trop tard et se brûle la main.
Il sait qu’il doit téléphoner à sa sœur, tâche qu’il retarde toujours, on sonne à sa porte c’est Molly la gentille dame d’UPS qui lui apporte un livre.
Livre qui ira rejoindre la pile qui s’élève dangereusement dans un coin en attendant qu’il trie le tout pour en faire don à la bibliothèque. Le téléphone sonne c’est le préposé au relevé du compteur qui annonce qu’il passera en retard…
Depuis la mort de sa femme, les journées de Sy sont faites de petits riens qui prennent beaucoup de place, il voudrait seulement écrire et penser à celle qui lui manque tellement.
Puis il y a la chute qui va le plonger dans un état de fragilité où seule sa mémoire aura de l’importance. Les souvenirs remontent à la surface. Le lecteur va découvrir ce que fut la vie de Sy et Anna.
Anna est parfaitement vivante dans cette réminiscence, ce ne sont pas des divagations mais bel et bien une vie qui renait pour le plus grand bonheur de Sy.
« Vivre, c’est éprouver de la douleur, se dit-il, et vivre dans la peur de la douleur, c’est refuser de vivre. »
Il va plonger littéralement dans les écrits d’Anna et se donner pour mission de les faire publier. Ainsi Paul Auster dessine un portrait amoureux de cette femme qui pour lui a été exemplaire. Sa mort n’a été que la résultante de la façon dont elle a vécu, toujours oser braver le danger, ne pas se conformer, bien sûr pour celui qui reste seul c’est difficile mais il a respecté jusqu’au bout la personnalité de son aimée.
Les passages sur Anna sont très forts et lumineux et le lecteur ne peut que faire le lien avec Siri Hustvedt femme admirée et dont il reconnaissait la supériorité artistique.
Sentiments et admiration subsistent jusque dans l’au-delà.
Je l’ai lu comme l’ultime déclaration d’amour à sa femme d’un homme qui sait que son temps est compté.
La construction est tortueuse comme la mémoire mais le dessin se peaufine au fil de la lecture pour donner un récit lumineux, fort dans sa densité.
Il dit aussi que les gens qui vieillissent ne sont pas sans intérêt, ils ne sont pas que des enveloppes vieillissantes et ratatinées, ils ont un vécu, ils sont vivants jusqu’au bout.
Bien évidemment dans le personnage de Sy on y retrouve Paul et l’espièglerie est de faire que dans ce couple c’est l’homme qui est vivant et la femme morte.
Une façon de terminer en beauté en écrivant une ultime déclaration d’amour.
Les première pages sont d’une beauté absolue car elles décrivent à la perfection le délitement du quotidien, en vieillissant n’a-t-on pas envie de se consacrer à l’essentiel plutôt que de perdre son temps dans les petites tâches quotidiennes sans intérêt et chronophages ?
Paul Auster nous offre un dernier livre empli de force, de lumière et de vitalité.
Merci Monsieur.
©Chantal Lafon
https://jai2motsavousdire.wordpress.com/2024/05/18/baumgartner/
INVISIBLE m’est apparu comme une sorte de chantier littéraire dont le personnage central est Adam Walker et le maître d’œuvre Freeman, chargé de lire les 3 chapitres que Adam lui adresse, de les réécrire à la demande de sa sœur Gwyn en modifiant le nom des lieux et celui des personnages . A cette base s'ajoutent d'autres récits venant nuancer voire modifier les faits.
L ’ensemble forme alors une sorte de puzzle narratif qui peut paraître destabilisant mais dans lequel des balises permettent cependant au lecteur de s’y retrouver, chaque modification dans le type de narration étant justifiée en début de récit.
De plus, cette sorte de roman-laboratoire s’ arrête d’une façon abrupte, quelque peu frustrante .
Paul Auster utilise ici des procédés qui brisent les codes du roman , mais sont toutefois adaptés au thème du secret auquel renvoie le titre INVISIBLE. Les personnages et certains faits conservent leur part de mystère , mais laissent au lecteur le goût amer de l’inachevé .
Malgré la construction déroutante d' INVISIBLE, sa lecture en a été pour moi agréable en raison de l'écriture claire, fluide et précise de Paul Auster .
Quand j’ai démarré la lecture de Baumgartner ce mardi 30 avril, j’ignorais que Paul Auster nous quittait. Le deuil a ajouté de l’émotion à la lecture de ce court roman, texte fort qui interroge aussi bien la vie que la mort, peut-être un message d'adieu. Nouveau jeu de piste, récit familial, humour et tendresse, tout y est. Baumgartner est un professeur de philo qui évoque l’absence de ceux que l’on a perdus, mais également la difficulté à écrire quand la page reste blanche. C’est un peu le double de Paul Auster quand il plonge dans ce vide qui parfois brise une vie ou du moins nous rend mélancolique. Ce roman est à lire et relire pour ce qu’il est : le dernier texte magnifique d’un grand homme.
Marco Stanley Fogg a un destin incroyable qui va l'amener à voyager, comme Marco Polo, mais à la fois physiquement et spirituellement. Ce jeune homme n'a pas eu une enfance facile. Élevé une partie de son enfance par sa mère mais sans père, il va finir son éducation chez son oncle Victor après le tragique décès de sa mère.
Puis, vient le jour où il se retrouve seul à New-York, à poursuivre ses études. Jusqu'à ce que l'argent lui manque et qu'il se retrouve à la rue.
Véritable roman sur la quête de sa propre identité, sur la quête du sens, celui de la vie et puis sur le destin et ce monde si petit où chaque rencontre, chaque événement mène à un autre et que tous sont reliés par un fil, un fil conducteur qui, discrètement et secrètement, provoque cette succession d'événements. Existe-t-il au final un libre arbitre ? C'est ce que l'on pourrait se demander en terminant ce roman, tant les coïncidences et l'idée de prédestiné sont fortes. Mais, au-delà de ces idées, ce qui m'a le plus marqué est la quête d'identité de Marco, surtout pendant sa période de vie sans domicile fixe. La puissance des mots de Paul Auster, cette facilité à nous dépeindre des émotions et des pensées qui nous ont tous et toutes traversé l'esprit un jour, même fugacement. Marco nous parle tellement qu'il nous pousse à réfléchir nous-mêmes sur notre vie, notre condition, qui l'on est et notre vision du monde, nos inspirations.
Même si j'ai été déçue par la tournure que prenait l'histoire après les 100 premières pages, les 50 dernières ont suscité chez moi la même passion qu'au début et c'est pour cela que je pense que ce roman mérite d'être lu, s'il peut provoquer une réaction chez vous aussi. Un certain relativisme et pragmatisme mélangés avec un amour pour la fragilité de la vie. C'est ce que cela a en tout cas suscité chez moi.
Il n'y a pas encore de discussion sur cet auteur
Soyez le premier à en lancer une !
A vous de voter parmi les 5 BD choisies par le jury de cette 5e édition !
A vous de voter pour votre livre préféré !
Que lire en ce moment ? Voici ce que des lecteurs et lectrices passionnés vous conseillent !
Revenu sur les terres de son enfance, l'auteur entame un dialogue avec ce petit garçon plein d'ambitions qu'il a été...