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Une légende venue du fond des âges disait que « le jour où disparaîtra la dernière reine, alors sera venu le temps des ténèbres ».
Lorsqu’en 1898, le dernier ours du plateau du Vercors est abattu par un berger, Edouard Roux n’est alors qu’un enfant mais déjà il sait que ce n’est pas une bonne chose. Celui que le village dit être le fils d’une sorcière et d’un ours, gardera le cœur lourd d’avoir vu disparaître cet animal que vénéraient les ancêtres.
Revenu défiguré de la première Guerre Mondiale, il rencontre Jeanne Sauvage, une plasticienne animalière qui lui refera un visage et avec qui il partagera son amour pour la montagne et pour les ours qui la peuplaient autrefois.
Traversant l’âge de pierre, la préhistoire, le Moyen Âge et la guerre de 14-18, ce roman graphique nous emmène jusque dans les années 20, sur les traces de cet animal inquiétant, symbole de puissance.
Les illustrations sont superbes, toutes dans les tons sombres comme l’est cette histoire. Les paysages du Vercors sont grandioses avec des textes sobres, parfois inexistants. Les personnages sont souvent terrifiants, seuls les animaux restent magnifiques. L’imprégnation est totale et j’ai été happée par l’ambiance dure et sauvage qui règne dans cette longue BD.
Et pourtant c’est cette noirceur que j’ai regrettée dans un récit qui ne laisse pas beaucoup de place à l’espoir et où chacun se voit contraint de renoncer à ses idéaux.
Même si j’ai aimé la magie des images du passé qui nous racontent l’histoire de la cohabitation de l’ours et de l’homme à travers les siècles, j’aurais préféré une vision un peu plus positive qui, aux mains de l’imaginaire, aurait pu laisser une petite chance aux éternels perdants.
Un vieu berger solitaire est confronté à un jeune loup, à qui il a laissé la vie sauve quand il n'était d'un louveteau. Devenu adulte, il se nourrit et l'attitude du berger change il doit protéger ses bêtes. Une sorte de conflit s'installe entre l'homme et l'animal.
Nous voilà au coeur du parc des Ecrins face à une problèmatique bien réelle : le réintroduction du loup face à la préservation des troupeaux. Mais c'est surtout la rudesse de la vie en montagne qui nous est montrée ici, rudesse qui n'épargne pas plus l'homme que l'animal.
Quasiment monochromes les illustrations n'en montrent pas moins la beauté et la grandeur des paysages.
Une BD qui transporte tout en abordant des sujets d'actualité.
Avec son personnage d’Edouard Roux, Rochette nous plonge dans le passé du Vercors et rend un vibrant hommage à la nature et aux quelques espèces sauvages qui ont encore la chance d’y vivre en toute tranquillité.
Edouard est issu d’une longue lignée de femmes qui ont de tout temps vénéré les ours. Enfant, il a assisté avec révolte à la mise à mort du dernier ours du Plateau du Vercors dont le corps supplicié fut exposé à la vindicte populaire avant d’être empaillé et exposé au musée de Grenoble. Gueule cassée de la guerre 14-18, il se terre à Grenoble jusqu’à sa rencontre avec Jeanne, sculptrice animalière qui lui confectionne un masque et lui redonne goût à la vie. Pour lui exprimer sa gratitude, il va lui faire découvrir les secrets du plateau du Vercors dont sa famille est gardienne depuis la nuit des temps. Il va lui montrer qu’elle peut vivre de sa passion et l’amener à réaliser le chef d’œuvre qui la fera reconnaitre.
Les dessins de Rochette, au style brut, épais, comme tracés dans l’urgence sont faits de tonalités froides et sombres comme l’est l’âme de ces hommes avec leur violence, leur peur et leur bêtise. Par cette magnifique et bouleversante histoire, Rochette rend hommage à la nature et aux ours . Ces ours qui, depuis des millénaires sont les cibles de la sauvagerie des hommes.
C’est un album plein d’humanité qui nous amène à réfléchir sur cette société qu’est la nôtre, qui exploite le monde, épuise les ressources de la nature et non seulement réduit de plus en plus les territoires sauvages mais déciment les derniers représentants d’espèces animales ancestrales. Un album qui ne laisse aucun doute sur la nature humaine.
Et si l’homme était un loup pour l’homme ?
Encore un récit de montagne, diront certains…
Et pourtant, avec les planches et le texte de JM Rochette, chaque histoire est différente et passionnante.
1998 – dans le Vercors.
Un berger tue un ours. Tous célèbrent cet exploit, sauf un enfant, Édouard Roux, qui aime et protège les animaux. Celui qu’on appelle le « fils de la sorcière », ou « le fils de l’ours » rejeté par les autres enfants et la communauté villageoise.
Édouard, de retour de la 1ère guerre mondiale et « gueule cassée » se réfugie dans les montagnes jusqu’au moment, où une sculptrice animalière, Jeanne, lui redonne un visage. Chacun fait découvrir à l’autre son domaine. Un couple fusionnel aux engagements forts
Resté seul dans le Vercors, Édouard ira jusqu’au bout de sa vie (je ne dévoile rien, il s’agit des 1ères pages du récit) pour protéger une ourse des chasseurs.
Le héros de l’histoire est Édouard, mais également et peut-être surtout, le Vercors. En le replaçant dans la préhistoire, où les hommes se nourrissent de la chair de l’ours, mais le respectent : « tant que de dans la montagne, règneront les ours, le soleil se lèvera le matin, mais au soir où mourra la dernière reine, alors, ce sera le début du temps des ténèbres. »
Au Moyen-âge, où commencent les chasses aux sorcières, envers celles qui protègent et « prient l’ours ».
Dans ce récit, de nombreux thèmes sont traités. L’exclusion de ceux qui sont différents, l’ignorance, la peur, la barbarie. Également la honte, la réclusion pour ceux qui sont victimes. Quand Jeanne refait le bas du visage d’Édouard, c’est lui qui a honte de son visage et Jeanne lui dit : « Honte de quoi ? Ce n’est pas à vous d’avoir honte, mais à la société qui vous a fait ça. »
La plus grande partie du récit se déroule dans le Vercors, planches magnifiques sur les montagnes, sur les animaux. Des planches souvent sombres qui donnent la tonalité au récit.
Les dessins d’animaux sont saisissants de réalisme, tant dans les expressions, que dans le poil. Je repense au regard du singe derrière les barreaux de la page 77. Les peintures de la grotte rupestre que fait découvrir Édouard à Jeanne sont toutes aussi réalistes. Avec notamment celle de l’ourse, (page 117) « la dernière reine » où Jeanne, pourtant spécialiste en la matière dit : « on dirait qu’elle vit. On a l’impression de l’entendre respirer. » Et c’est exactement cela, comme si l’ourse ne demandait qu’à prendre vie !
On comprend surtout – et c’est un des messages récurrents de l’auteur – que l’homme est un loup pour l’homme, pour la nature et pour les animaux qui l’entourent. Un prédateur bien pire que l’ours.
Une BD pour faire réfléchir, une BD pour comprendre et avancer.
Une vraie réussite dans le texte et le graphisme !
https://commelaplume.blogspot.com/
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