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Bravant les conventions avec une irritation voilée d'ironie, Virginia Woolf rappelle dans ce délicieux pamphlet comment, jusqu'à une époque toute récente, les femmes étaient savamment placées sous la dépendance spirituelle et économique des hommes et, nécessairement, réduites au silence. Il manquait à celles qui étaient douées pour affirmer leur génie de quoi vivre, du temps et une chambre à soi.
" Pourquoi un sexe est-il si prospère et l'autre si pauvre ? Quel est l'effet de la pauvreté sur le roman ? " Virginia Woolf Traduit de l'anglais par Clara Malraux
Dans cet essai qui a pour sujet la femme et le roman, Virginia Woolf s'interroge sur l'absence d'auteures féminines alors que les romans écrits par les hommes foisonnent d'héroïnes féminines. Selon elle, les femmes ont besoin de deux éléments indispensables si elles veulent écrire : une chambre à elles qu'elles peuvent fermer à clé et 500 livres de rente annuelle. Ainsi l'épanouissement littéraire et créatif n'est possible que si la femme possède un espace privé et une sécurité financière. Bien au-delà de la question du lien entre femmes et littérature, Woolf nous parle plus largement de la place que la femme occupé dans la société. Réduites aux travaux ménagers et à l'éducation des enfants, les femmes ne peuvent guère puiser dans leur vie pour écrire un roman. D'où viennent ces inégalités qui existent entre les deux sexes ? Woolf fait référence à de nombreuses femmes telles Jane Austen, Charlotte Brontë ou encore la soeur hypothétique de Shakespeare. Cet essai, à la croisée des genres, est un vrai régal de lecture. On reste subjugué par l'incroyable modernité de son récit. Une lecture absolument indispensable pour parfaire son éducation féministe.
« Ni vaporeuse ni difficile à lire. N'importe qui, sans aucun outil critique ni formation littéraire, peut grimper sur le vaisseau Woolf » - Virginie Despentes
Et bien pour une fois je ne suis pas d'accord avec Despentes. Lire « Une chambre à soi » n'est pas de tout repos et il faut être sacrément concentrée pour ne pas se perdre dans les divagations de Virginia.
J'ai relu deux fois le premier chapitre pour essayer de partir sur une bonne base. Finalement, je pense que j'aurais pu le lire 15 fois ça n'aurait rien changé.
Heureusement le deuxième chapitre est bien plus abordable et l'on perçoit enfin l'idée principale que va développer l'autrice dans le reste de son essai (idée qui va même être ressassée): une femme doit pouvoir disposer d'un lieu à elle et être débarrassée des soucis d'argent pour pouvoir écrire.
Le livre ne se résume pas à ça bien évidemment, d'autres idées vont par petites touches venir étayer ce propos mais le principal est là.
Si je reconnais l'avant garde et l'impertinence des propos de Virginia Woolf pour son époque, je ne peux pas dire pour autant que j'ai été séduite. Trop décousu, trop de références que je n'ai pas et trop de redondances qui auront eu raison de mon intérêt. Cette lecture a parfois été un calvaire. Lire le deuxième chapitre et la conclusion m'aurait largement suffît.
Heureusement j'ai lu cet ouvrage dans le cadre d'une grande lecture commune, organisée sur Instagram: le café du classique. La richesse de nos discussions plus l'ironie de l'autrice m'ont aidé à ne pas abandonner.
Un livre trop grand pour moi ? Peut-être…
Traduit par Clara Malraux
Cet essai est un véritable bijou. Éclairant et concis, Woolf expose le point de vue que pour créer, la première condition est de posséder un endroit calme, à soi, donc une indépendance financière. Également, la deuxième condition à posséder est l’éducation, la connaissance. Elle nous explique ainsi brillamment pourquoi à ce moment là si peu de femmes étaient par exemple reconnues en tant qu’écrivains. En effet, ne possédant ni la même éducation ni l’indépendance financière que les hommes, c’était la conséquence logique. Cela est de nos jours toujours un sujet d’actualité: l’égalité entre femmes et hommes, d’éducation, de possibilités, de visibilité.
Plus qu'un essai pour expliquer à quel point un lieu à soi est important à la créativité. J'ai pris un véritable cours d'écriture. Une révélation ! Woolf, je vous aime, vous êtes merveilleuse de génie...
Pourquoi lire ou relire cet essai de Virginia Woolf ? Parce qu'il est brillant et plein d'humour ? Pourtant, il est démodé car les femmes écrivains ont leur place aujourd'hui. Il n'empêche qu'il n'est guère facile pour une femme écrivain aujourd'hui de vivre de sa plume, ce qui impose d'avoir un autre métier. Sans compter tout ce qui la sollicite : son mari, ses enfants, ses parents, la vie sociale, les démunis, son développement personnel, ses amitiés… Comment trouver le temps d'écrire ?
L'écriture reste un exercice solitaire ; et les prix de l'immobilier notamment à Paris ne permettent pas toujours d'avoir une pièce à soi pour écrire. Une femme doit-elle aimer les femmes pour que l'écriture féminine se développe ? Une femme pauvre est-elle plus en difficulté pour écrire qu'une femme riche ? Virginia Woolf a le mérite de faire réfléchir à ce qui fait le talent d'un écrivain. Mais rien ne permet d'affirmer que les femmes en aient plus ou moins que les hommes.
Un très beau livre de Virginia Woolf sur la condition des femmes.
Ce livre écrit en 1929 n'est plus tout à fait d'actualité dans la culture occidentale.
Réel pivot entre une analyse introspective de la place de la femme dans le domaine littéraire et un rapport calibré sur la condition féminine occidentale, cet essai présente une cartographie étiologique à la fois pragmatique et audacieuse des différentes sources du mutisme des femmes. Virginia Woolf promène alors le·a lecteur·rice dans une ballade activiste revigorante suivant plusieurs angles d’attaque, qui oscille entre une douce ironie et une prodigieuse acuité relative à cette origine aphasique. C’est au moyen d’une plume éveillée, parfois académique, mais teintée de malice que l’auteure dresse un rapport économique, social et psychologique perspicace sur la servitude des femmes depuis plusieurs siècle et qui demeure, de manière consternante, hautement actuelle. Si les contraintes sont raisonnablement singulières à chaque époque et culture -le joug financier masculin, l’exigence de la probité britannique ou bien la privation d’un espace privé-, l’affligeante coercition reste brûlante et révoltante. Malgré un premier chapitre énigmatique et peu accessible pouvant alors être un frein à la poursuite de la lecture, le livre est l’occasion de faire hommage aux femmes de la littérature que l’auteure cite à de multiples reprises, mais également de faire un traité apologétique de la figure androgyne si chère à Virginia Woolf -et de ce fait celle-ci garde un propos mesuré sur la responsabilité des hommes- qui en fera le corps principal dans son ouvrage Orlando. In fine, cette dernière, à la sagacité et l’humour étonnant-e-s, propose un hymne à l’écriture constituant un véritable outil pour combattre la soumission, sinon masculine, sociétaire.
Voici un essai étrange. Ce qui n'était à la base qu'une longue conférence sur la place des femmes dans la littérature est devenu un très long texte enrichi par l'auteure.
Certains passages m'ont quelque peu ennuyé, le fond est hyper interessant, malheureusement noyé sous un trop.
Il reste la plume magnifique de Virginia Woolf, et ses opinions souvent vraies (je ne suis pas d'accord avec tout, c'est ce qui fait le charme des essais, nous enseigner un point de vue).
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