"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Melchior, un policier au nom de roi mage, ex-repris de justice et fils d'une prostituée, qui a fait des «Misérables» de Victor Hugo son «vade-mecum» vital, mène l'enquête sur les terres de l'Ebre, à l'extrême sud de la Catalogne. Mais ici plus qu'ailleurs "tôt ou tard, tout s'explique par la guerre" et il devra faire sien le dilemme de Jean Valjean : "Rester dans le paradis, et y devenir démon, rentrer dans l'enfer, et y devenir ange !".
Un polar à la fois ancré dans l'histoire récente de l'Espagne et littéraire : on relit les Misérables de Hugo, tout au long du roman, véritable pierre angulaire du héros, Melchor. De quoi se réjouir ! Une réussite qui me donne envie de lire la suite.
Avec « Terra Alta », premier volume d'une trilogie, Javier Cercas, écrivain espagnol réputé pour son exploration du passé sombre de son pays, s'est essayé au roman policier, un genre qui ne lui empêche pas de poursuivre son introspection historique. Bien au contraire.
Alors que son service de nuit s'achève dans un commissariat de la Terra Alta, Melchor reçoit un appel d'un collègue lui annonçant qu'un triple assassinat avait été commis dans une propriété cossue des environs. Deux personnes âgées ont été sauvagement torturées et la domestique roumaine a pris une balle en pleine tête.
Pourquoi s'est-on acharné avec une telle violence sur le richissime et puissant propriétaire des Cartonneries Adell et sa femme ?
Pourtant on lui avait dit qu'il ne se passait jamais rien dans cette comarque ! En affirmant la tranquillité de cette contrée, c'est oublier qu'elle fut le théâtre de la sanglante bataille de l'Ebre pendant la guerre civile espagnole.
Cela fait quatre ans que Melchor vit, avec son épouse et sa fille, dans ce petit bout de terre catalane où il a été muté pour être protégé d'éventuelles représailles de l'État islamique après qu'il a occis quatre de ses membres lors de l'attentat de Cambrils en août 2017.
Avant d'intégrer la police Melchor était un petit malfrat qui paya d'une peine de prison ses multiples forfaits.
C'est au cours de son incarcération qu'il se prend de passion pour la littérature et particulièrement pour l'un de ses grands classiques : « Les Misérables ». De ce pavé hugolien il s'attache à Javert, incarnation de « la vertu déguisée en vice » et prouve qu'un livre a le pouvoir de changer la vie.
C'est cette lecture et l'assassinat non élucidée de sa mère prostituée qui vont le motiver à devenir policier et à abandonner son passé de délinquant.
Récit très maîtrisé campant un personnage complexe et en colère contre toutes les formes d'injustice touchant les plus fragiles, « Terra Alta » est plus qu'un simple roman policier. En employant les codes du genre, Javier Cercas offre un regard d'historien et de quasi anthropologue pour mieux décrire un pays qui n'en finit pas de panser ses plaies.
EXTRAITS
Quand on pousse le bien à l'extrême, il se transforme en mal.
La justice absolue peut être la plus absolue des injustices.
https://papivore.net/litterature-hispanophone/critique-terra-alta-javier-cercas-actes-sud/
M’étant rendue il y a peu en Catalogne du Sud et ayant fort apprécié mon voyage, il m’a paru intéressant de poursuivre l’exploration, par la littérature, de ces terres oubliées de la Generalitat (gouvernement catalan) et de découvrir cet écrivain controversé qu’est Javier Cercas.
Terra Alta s’est révélé un vrai page-turner, que j’ai dévoré en quelques jours seulement (une des raisons pour lesquelles le roman se lit si vite est qu’il est rempli de dialogues, ce qui rend la lecture particulièrement fluide).
J’ai beaucoup aimé la description des paysages, qui m’ont rappelé mes impressions (notamment l’effet d’optique qui se crée à cause de la chaleur sur les routes : « l’asphalte de l’autoroute, où le reflet du soleil crée des flaques tremblotantes d’eau illusoire) et la mention de lieux où je m’étais rendue : Benifallet, Xerta, Tortosa, Riumar, Miravet… L’auteur excelle à retranscrire les ambiances, notamment celle du petit village où habitent les personnages, avec le bar sur la place du village où se croisent les différentes générations, et notamment les petits vieux.
Le roman est particulièrement ancré dans le réel et notamment dans la politique : l’écrivain fait référence au referendum sur l’indépendance de la Catalogne d’octobre 2017 (le fameux « 1 d’octubre ») à et à Carles Puigdemont, aux moyens limités de la police et au mauvais salaire des fonctionnaires qui y travaillent…
Le personnage principal est un peu caricatural des policiers que l’on retrouve dans les polars : torturé, hanté par son passé et épris de justice. Le lecteur fait donc la connaissance de Melchor, qui porte ce prénom car lorsqu’il est né sa mère a trouvé qu’il ressemblait à un roi mage. Fils de prostituée, ancien taulard et héros des attentats islamistes, Melchor est envoyé en Terra Alta par ses supérieurs, soucieux de le protéger des conséquences que pourraient avoir son acte de bravoure à Cambrils. Il commence à travailler dans un petit commissariat où la plupart de ses collègues sont indépendantistes. Il y fait la connaissance d’Olga, une ravissante bibliothécaire, de quinze ans son ainée, et, après quelques discussions littéraires (qui portent principalement sur des romans français, Javier Cercas semblant particulièrement passionné par la littérature française : Hugo, Perec, etc) tombe vite sous son charme. Il finit par se marier avec elle et avoir une fille, nommée Cosette en l’honneur du personnage des Misérables
L’intrigue commence in medias res, comme souvent dans les romans policiers : un couple de personnages âgées, les Adell, est retrouvé mort dans leur propriété. La particularité de ce meurtre : la torture, ce qui conduit les enquêteurs envoyés sur les lieux à écarter la piste du vol. Sur la liste des principaux suspects, on trouve leur fille, leur gendre et le gérant de l’entreprise dont ils étaient propriétaires. L’enquête piétine rapidement et au bout de quelques semaines, l’affaire est classée, au grand dépit de Melchor, qui se met à bosser sur l’affaire en dehors de ses horaires de travail, ce qui lui vaut un rappel à l’ordre de sa hiérarchie. Melchor se voit alors forcé d’arrêter son enquête officieuse, pour un temps du moins. Il la reprend rapidement à la mort (supposément accidentelle mais rien n’est moins sûr) de sa femme, qui, il en est persuadé, a un lien avec les assassinats des Adell survenus quelques semaines plus tôt. Spoiler(cliquez pour révéler)Parviennent alors à Melchor des messages mystérieux qui l’orientent sur une piste qu’il n’avait pas identifiée plus tôt, et qui lui permettent de recoller les pièces du puzzle, et donc de coincer l’assassin.
Le choix d’alterner chapitres au présent et au passé fonctionne bien, mais j’aurais apprécié un peu plus de passages sur la guerre civile, qui est présente dans le roman (et surtout son dénouement) mais qui gagnerait à être développés, ne serait-ce que pour la gouverne du lecteur étranger. D’un autre côté, l’action du roman se situant de nos jours, il est logique que la plupart des acteurs de la guerre ne soient plus de ce monde (c’est d’ailleurs pour ça que l’auteur a choisi comme victimes des nonagénaires), et donc que la mémoire « directe » de la guerre s’efface progressivement de la conscience collective . J’aurais aimé que l’auteur crée une sorte de huis-clos villageois étouffant, alimenté par de vieilles rancunes et des histoires de famille. Car si c’est bien de vengeance familiale qu’il s’agit, et si le motif des assassinats se trouve dans le passé, le lecteur vient presque à regretter qu’il n’y ait pas de flash-back plus anciens que l’arrivée de Melchor en Terra Alta, qui remonterait à la guerre civile ou au début de la dictature.
Le dénouement n’est pas très original, sans doute par le nombre de suspects, somme doute assez réduit, mais il a le mérite d’être réaliste.
J’ai hâte de me plonger dans le deuxième tome de cette trilogie, « Indépendance », qui s’annonce assez politique.
Javier Cercas est sans doute le grand écrivain espagnol de ces dernières années. le voir s'attaquer au polar est forcément très excitant. Et c'est une totale réussite car il est parvenu à manier avec respect les conventions du genre tout en y injectant l'ADN de ses romans précédents, à savoir une réflexion profonde sur l'héritage de l'histoire espagnole ( la guerre civile évidemment et le franquisme ) et comment elle façonne le territoire et les esprits encore aujourd'hui.
Une terre aride, déshéritée et inhospitalière au fin fond de la Catalogne intérieure. Un triple assassinat, un couple de riches nonagénaires et sa domestique. Un carnage, ils ont été atrocement torturés de leur vivant. Un flic. Une enquête tortueuse, laborieuse et au bout la vérité, sale, bien sale. On est bien dans le polar, avec une intrigue très détaillée, des rebondissements, des pièces du puzzle qu'ont pensé fausses pistes et qui se révèlent essentielles pour comprendre les ressorts profonds, cachés du crime. On se sent assurément en terra cognita polardesque …
… mais très vite, on devine que Javier Cercas ne va pas se contenter d'un simple polar, tout réussi qu'il soit. Ce qui l'intéresse, c'est de montrer de quoi sont faits les êtres humains, dans toute leur complexité. Et pour cela, il sert au lecteur un personnage principal absolument extraordinaire : le charismatique flic Melchor Marin. le mystère du roman, c'est autant les raisons du massacre du richissime industriel cacique local ( avec en dommages collatéraux son épouse et sa bonne ), que la personnalité de Melchor, éclairée par des chapitres alternés remontant son passé de malfrat repenti en flic justicier. Je me suis surprise à presque plus attendre ces chapitres-là que ceux de la résolution de l'enquête.
Melchor est un personnage d'autant plus fascinant qu'il s'est approprié Les Misérables de Victor Hugo, découvert en prison, comme « un vade-mecum vital ou philosophique, un livre oracle ou sapiental, un objet de réflexion à explorer tel un kaléidoscope, infiniment intelligent, un miroir et une hache. » Melchor ne lit pour des raisons culturelles, il lit pour des raisons vitales, considérant la littérature comme une manière de vivre plus intensément, plus richement, un moyen de comprendre sa vie.
C'est passionnant de suivre son identité vacillante, de le voir relire les Misérables au diapason de sa propre évolution, s'identifiant d'abord à un Jean Valjean carburant au ressentiment, pour lequel la vie est une guerre, puis à Javert avec sa droiture halluciné au sens de la justice extrême, avec en ligne d'horizon Monsieur Madeleine qui parvient à vivre loin de toute haine. Même si on a n'a pas lu le chef d'oeuvre de Hugo, on comprend parfaitement le parcours qui l'a conduit à ce qu'il est au moment de l'enquête et le conduira à son après.
Terra alta est une réflexion palpitante sur la justice autour de la tension entre justice intime et justice légale. Lorsque deux vérités contradictoires fondés sur des raisonnements justes s'affrontent, quelle justice doit s'imposer ? Ce questionnement est d'autant plus intense que s'y invite l'histoire espagnole : récente ( les attentats de Cambrils en 2017 ) et plus ancienne, toujours cette fichue guerre d'Espagne qui a laissé des traces profondes, c'est dans ce comarque de Terra alta ( province de Tarragone ) qu'a lieu la bataille de l'Ebre, 113 jours de féroces combats qui a précipité la chute de la République espagnole.
« La bataille n'a fait que laisser des blessures invisibles. Les tranchées, les ruines, les collines jonchées d'éclats d'obus, toutes ces choses que les touristes aiment tant. Mais les vraies blessures, ce ne sont pas celles-là. Ce sont celles que personne ne voit. Celles que les gens conservent secrètement. Ce sont elles qui expliquent tout mais, de celles-ci, personne n'en parle. »
Effectivement, ce sont ces blessures secrètes héritées qui sont la clef du roman, comme si le passé était encore une dimension du présent, Melchor devant trouver sa voie pour essayer de savoir s'il lui est possible de vivre sans haine, d'oublier et de pardonner.
Remarquable ! Je me suis régalée de bout en bout !
Prenant, angoissant, émouvant, révoltant, touchant au plus profond de l’âme humaine et de ses contradictions, Terra Alta, de Javier Cercas, m’a fait vivre d’intenses moments sur les pas de Melchor Marín, un garçon pas épargné du tout par la vie.
Bien que sa mère qui se prostitue à Barcelone, l’ait mis en garde, ait fait le maximum pour qu’il soit éduqué de la meilleure des façons, Melchor n’en fait qu’à sa tête. Rapidement, il plonge dans le trafic de drogue, apprend à tirer, se brouille avec les Colombiens et finit en prison.
C’est là qu’il fait connaissance avec Domingo Vivales, un avocat payé par sa mère, Rosario. S’il joue au dur après sa condamnation à quatre ans, c’est à la bibliothèque qu’il se lie d’amitié avec un Français, Gilles. Celui-ci lui fait découvrir et lire Les Misérables. Jean Valjean, Monsieur Madeleine, Javert reviendront souvent dans Terra Alta, ne quittant jamais vraiment l’esprit de Melchor.
Quand sa mère est assassinée, Melchor décide d’entrer dans la police pour retrouver le ou les meurtriers et Vivales lui apporte une aide précieuse.
Justement, Terra Alta avait débuté dans cette comarque, un district catalan dont le chef-lieu est Gandesa. La Terra Alta est bordée par l’Èbre ce qui me fait penser aussitôt à la terrible bataille qui s’y déroula durant la guerre civile espagnole (1936 – 1939).
Dans mes lectures récentes, je n’oublie pas l’excellent roman de Laurine Roux, L’autre moitié du monde (Prix Orange 2022). L’action se déroulait dans les rizières du delta de l’Èbre, ce fleuve espagnol de près de mille kilomètres. Ici, comme le titre l’indique, Javier Cercas m’emmène sur les hauteurs, sur des terres plus arides, bien moins peuplées.
L’histoire débute fort avec une scène horrible, au mas des Adell. Le patron des Cartonneries Adell et son épouse, deux personnes âgées, ont été torturées et massacrées. Avec leurs usines, les Adell sont les plus fortunés de la région, donnant du travail à beaucoup de monde. La police déploie donc les grands moyens pour tenter de résoudre ce triple crime puisqu’une employée a été retrouvée abattue d’une balle dans sa chambre.
Bien sûr, Melchor est au cœur de l’action, lui qui vit heureux à Gandesa avec Olga, son épouse, et Cosette, leur fille.
Après cette entrée en matière ultra-violente, Javier Cercas me fait connaître l’histoire de Melchor, une histoire dont j’ai donné les premiers éléments. Entre les retours en arrière et le déroulement de l’enquête, je suis littéralement happé par le récit dans lequel je retrouve les soucis d’indépendance de la Catalogne et surtout les drames ineffaçables de la guerre civile.
Le passé de Melchor est captivant mais ce garçon me fait trembler chaque fois qu’il agit. C’est d’ailleurs une de ses interventions spectaculaires qui lui a valu son affectation en Terra Alta, loin de Barcelone où il exerçait normalement.
Jalousies, suspicions, compromissions entre policiers, drames ayant divisé la population frappée très durement par l’affrontement sans merci entre anarchistes et franquistes, Javier Cercas mène remarquablement son thriller, tout en s’appuyant sur les leçons données par Victor Hugo dans Les Misérables. Melchor sera-t-il Jean Valjean ou Javert ?
À vous de le découvrir en lisant Terra Alta !
Chronique illustrée à retrouver sur : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
Melchor Marin vit et travaille en Terra Alta, cette région rurale isolée, située dans les terres de l’Èbre, au sud de la Catalogne.
Ancien délinquant, c’est en prison qu’il a découvert Les Misérables de Victor Hugo et, fasciné par Jean Valjean et Javert, il a repris ses études pour devenir policier afin d’élucider l’assassinat de sa mère, prostituée, battue à mort.
Ayant réussi les concours, il est engagé et devient un héros après avoir abattu quatre terroristes lors des attentats islamistes qui ont ensanglanté Barcelone et Cambrils en août 2017.
Pour retrouver l’anonymat après cet acte de bravoure, sa hiérarchie l’envoie en poste dans ce lieu isolé qu’est la Terra Alta.
Quatre ans après son arrivée sur ces terres catalanes qui portent encore les stigmates de la bataille de l’Èbre, Melchor se sent l’homme le plus chanceux du monde auprès de sa femme Olga et de leur petite Cosette.
C’est alors que dans cette région où il ne se passe jamais rien, aux dires d’un de ses collègues policiers, sont découverts dans leur demeure isolée, les corps torturés et déchiquetés d’un richissime industriel nonagénaire et de sa femme ainsi que le corps de leur domestique roumaine.
Les deux victimes Francisco et Rosa, sont propriétaires et seuls actionnaires de l’entreprise la plus importante de la Terra Alta, les Cartonneries Adell qui emploient la plupart des habitants du coin.
Il va s’avérer qu’ils étaient également tous deux membres de l’Opus Dei.
Tout le village est bien vite au courant : « On n’a pas autant parlé de la Terra Alta depuis la bataille de l’Èbre ».
Melchor, premier enquêteur sur les lieux, vu qu’il était de service cette nuit-là, va devoir avec son équipe retrouver les auteurs de ce crime épouvantable. L’enquête promet d’être ardue, la porte n’a pas été forcée, les caméras ont été débranchées, quasiment aucun indice ni mobile, tout a été fait avec minutie. Ce genre de personnages s’est sans doute attiré des ennemis, mais qui peuvent bien être les auteurs capables de s’acharner ainsi sur des vieillards ou les commanditaires d’un crime aussi horrible ?
Deux énigmes cohabitent dans le roman, à savoir qui est l’assassin et qui est ce « héros de Cambrils », surnom donné par la presse à ce policier.
Javier Cercas nous invite à suivre au plus près et de façon haletante cette enquête à rebondissements et la résolution de ces deux questions en alternant l’histoire personnelle de Melchor et les investigations qu’il mène avec ses compagnons.
Terra Alta est un roman policier intense, extrêmement captivant et d’autant plus intéressant et enrichissant que l’auteur y insère un peu de politique avec les indépendantistes catalans, le franquisme et la guerre d’Espagne qui a tellement bouleversé ce pays. Y est plus particulièrement évoquée la bataille de l’Èbre dont les cicatrices sont encore présentes et si certaines sont visibles, « les vraies blessures, ce ne sont pas celles-là. Ce sont celles que les gens conservent secrètement ». Ces paroles prononcées par Olga, l’épouse de Melchor préfigurent quasiment le dénouement.
Javier Cercas maîtrise avec finesse la psychologie de ses personnages, dévoilant peu à peu leur véritable personnalité.
Terra Alta est un profond hommage à la littérature et à la lecture avec pour fil rouge Les Misérables de Victor Hugo, véritable bouée de sauvetage pour Melchor. Javier Cercas a une maîtrise absolue pour planter un décor et traduire une atmosphère, et il m’est apparu, tel un peintre, jouant magnifiquement avec la lumière, réussissant à créer des ambiances aussi bien lumineuses que très sombres.
Difficile de ne pas être en empathie avec ce héros, ce personnage complexe tellement attachant, dont la vie est semée de drames, cet homme assoiffé de justice qui, même lorsque les autorités décident de clore l’enquête, faute de résultats, s’obstine à continuer.
J’ai trouvé Terra Alta, ce polar sur fond social, politique et historique, fabuleux et absolument passionnant de bout en bout.
Chronique illustrée à retrouver sur : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/2022/12/javier-cercas-terra-alta.html
CERCAS se réinvente en auteur de roman policier...
Un roman policier espagnol contemporain (lu en VO) qui ne vous laisse pas indifférent. On suit le personnage principal -Melchor MARÍN- à travers une enquête très prenante, jusqu'à la fin on reste intrigué et surpris. L'auteur sait nous tenir en alerte et il dévoile son intrigue au compte-goutte.
L'auteur nous promène dans les différentes étapes de la vie de Melchor qui ont fait de lui, l'homme et l'inspecteur de police qu'il est devenu. Il est partagé entre la violence qui l'habite depuis toujours et son respect pour la loi qu'il représente. On découvre des informations sur son enfance, sa vie en prison, le décès de sa mère et l'enquête qu'il mène pour essayer de trouver les assassins, son arrivée à <a href="/livres/Cercas-Terra-Alta/1192220" class="titre1">Terra Alta</a>, la rencontre avec Olga qui deviendra sa femme... Tout en parallèle de l'enquête qu'il mène afin de trouver les assassins qui ont commis un crime des plus horrible dans cette ville où rien ne se passe jamais. Melchor étant passionné de lecture et surtout des Misérables de <a href="/auteur/Victor-Hugo/2250" class="libelle">Victor Hugo</a>, on rencontre souvent des allusions à l'oeuvre, il se compare souvent lui-même à deux des personnages, l'inspecteur JAVERT et son ennemi Jean VALJEAN.
Pour sa sécurité personnelle, afin d'éviter de possibles représailles, Melchor a été rattaché à l'unité d'investigation de la Terra Alta, il fait parfois des cauchemars liés à son autre vie. En Terra Alta il ne se passe jamais rien, c'est une terre inhospitalière, très pauvre. Une terre de passage, où ne restent que ceux qui n'ont aucun autre endroit où aller. Une terre de perdants.
Deux morts à l'intérieur d'un mas, deux personnes âgées, deux amas de chair ensanglantés, mélange de sang et de viscères qui ont aussi éclaboussé les murs. le mari était un homme d'affaires de premier rang. La chambre du couple a été mise à sac, la domestique roumaine tuée elle aussi, d'une balle dans la tête. Un boulot d'experts.
Un récit noir, qui nous raconte une haine qui empoisonne une vie jusqu'à la moelle pendant plus de soixante-dix ans. le récit alterne l'enquête sur ces sordides meurtres avec le passé de Melchor : son enfance, son arrivée en Terra Alta, sa rencontre avec Olga. Javier Cercas nous raconte minutieusement cette enquête en nous plongeant dans la vie d'un commissariat. Melchor, le personnage central est une sorte de cow-boy solitaire, complexe, séduisant et attachant dont le lecteur se doute bien qu'il traîne un lourd passé, qui sera révélé peu à peu. Tout au long de ce roman plane l'Histoire de l'Espagne en général et de la Catalogne en particulier avec une référence permanente aux « Misérables » de Victor Hugo.
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