Les meilleurs albums, romans, documentaires, BD à offrir aux petits et aux plus grands
" Ma mère, quand elle m'a raconté la première du Boléro, a dit son émotion, les cris, les bravos et les sifflets, le tumulte.
Dans la même salle, quelque part, se trouvait un jeune homme qu'elle n'a jamais rencontré, Claude Lévi-Strauss. Comme lui, longtemps après, ma mère m'a confié que cette musique avait changé sa vie. Maintenant, je comprends pourquoi. Je sais ce que signifiait pour sa génération cette phrase répétée, serinée, imposée par le rythme et le crescendo. Le Boléro n'est pas une pièce musicale comme les autres.
Il est une prophétie. Il raconte l'histoire d'une colère, d'une faim. Quand il s'achève dans la violence, le silence qui s'ensuit est terrible pour les survivants étourdis. J'ai écrit cette histoire en mémoire d'une jeune fille qui fut malgré elle une héroïne à vingt ans ".
Une qualité d'écriture incontestable, ne compensant malheureusement pas l'ennui d'un récit sans relief.
Nous faisons connaissance avec Ethel qui, en compagnie de son grand-oncle visite l’exposition coloniale de 1931. Monsieur Soliman a acheté le pavillon de l’Inde pour le reconstruire dans son jardin.
Puis, nous la suivons lorsqu’elle rencontre Xénia. Cette jeune émigrée russe-blanche deviendra son amie et prendre l’ascendant sur Ethel. Leur amitié ne résistera ni au temps ni à l’ambition de Xénia « pour moi, c’est ici que tout se passe. Les souvenirs ça me donne mal au cœur. Je veux changer de vie, je ne veux pas vivre comme une mendiante. Elle ne parlait pas encore de fiancé, de mariage. Mais sur son visage on pouvait lire sa détermination. Il était clair qu’elle avait construit sa vie, qu’elle avait déjà tout arrêté d’avance. Elle ne laisserait personne troubler sa chance. »
Enfin, nous entrons dans le salon de la rue du Cotentin domicile de ses parents Alexandre et Justine Brun, tous les 2, comme M. Soliman, arrivés de l’île Maurice. C’est un couple oisif et désuni. « Alexandre, en arrivant de Maurice avait en effet accompli ses études de droit, mais il n’en avait rien fait. Il n’avait jamais plaidé et s’était contenté de faire des affaires investissant l’argent de son héritage dans des projets fumeux, dans l’achat de parts et d’actions de sociétés en faillite…. Justine était très amoureuse de son mari… ». Leurs disputes sans fin ont miné Ethel.
Petite, Ethel aimait participer, sur les genoux de son père, aimait participer aux discussions de salon mensuelles, où elle retrouvait ses oncles et tantes, ainsi que certains « occasionnels » dont un certain Claudius Talon, qui entre autres aigrefins, ruinera sa famille.
Puis arrivent les prémices de la guerre et tout e petit monde se lance dans un discours d’un racisme et d’un antisémitisme ordinaires, suivant en cela, les écrits du journal « Gringoire ». Heureusement elle a, à ses côtés, quelqu’un qu’elle toujours admirait : Laurent Feld « un anglais aux cheveux roux et bouclés, joli comme ne fille…. Ethel avait l’impression de l’avoir toujours connu au point qu’elle croyait qu’il faisait partie de sa famille…. » Quand il entrait dans le salon…. Elle en ressentait de la joie, sans qu’elle pût dire pourquoi. ».
A la mort de l’oncle Soliman, Ethel en hérite toute sa fortune, aussitôt spoliée par son père, arguant de sa minorité….
La vie continue rue du Cotentin et les yeux d’Ethel se dessillent. Elle se rend compte que son père les a ruinés « en attendant, il avait donné, prêté, perdu de l’argent de tous les côtés. Les affaires, les fameux investissements n’avaient profité qu’aux margoulins…. » Et tout a été vendu aux enchères !!!!
Les années de silence de plomb et de manque arrivent avec la guerre. Départ pour Nice où ils logent sous les toits. Ethel prend la tête de cette famille. Il fallait aller de plus en plus loin pour trouver à manger « Ethel achetait des feuilles de navet, des feuilles de courge, des feuilles de chou. Etre Mauricienne (d’origine du moins), du pays des margozes (amargos les immangeables), donnait un avantage, puisqu’on savait déjà, avec un reste de safran et de poudre de cari, accommoder la nourriture des lapins »
Les américains arrivent avec leurs « chouine-gom-me », des paquets de pain au riz, des boites de Spam…. « Ethel regardait sans comprendre. Elle ne sentait rien, juste ce silence étourdissant. Comme si résonnaient interminablement les quatre coups du Boléro non pas des coups de timbale mais des explosions celles des bombes qui étaient tombées sur Nice la veille du départ, qui avaient rendu liquide le sol de la salle de bains… »
La guerre se termine et Ethel retrouve Laurent qu’elle épousera.
Ce résumé peut paraître fade, mais l’écriture dense de Le Clézio en fait un tout autre livre.
Ce livre contient, de par son écriture, une certaine impatience, une frustration qui me l’a fait dévorer en 2 soirées… la ritournelle de la faim. Je ne me suis pas sentie spoliée par le survol de la vie d’Ethel tant était grande la faim d’aller plus avant.
Dans le prologue, Le Clezio nous relate sa prime enfance où il a connu la faim de n’avoir pas assez à manger pendant la guerre, puis il nous met en garde : « c’est d’une autre faim qu’il sera question dans l’histoire qui va suivre ».
Cette faim c’est le besoin qu’à Ethel de pas être comme ses parents, de survivre aux tourments de la guerre, de se surpasser lorsqu’elle prend les rênes de la maison et décide d’aller à Nice.
La fin du livre nous renseigne sur cette belle personne qu’est Ethel : il s’agit de sa mère.
Il y a 2 parties très distinctes dans ce livre. La première, mélancolique, surannée, où Le Clézio relate plusieurs épisodes marquants de la vie d’Ethel et la seconde, bien que très noire me semble plus constructive. Là Ethel est plus actrice que spectatrice, ose et va de l’avant.
Le titre « ritournelle de la faim » fait référence au boléro de Ravel dont il n’est question qu’en fin de livre mais qui me semble éclairer la construction du livre
J’ai aimé lire ce livre si bien écrit, mais il a fallu qu’il murisse en moi.
Grandeur et décadence de la famille Brun sur fond de deuxième guerre mondiale.
C’est Ethel, de son enfance à l’âge adulte, qui est racontée.
L’écriture est belle et intelligente, l’histoire intéressante, les personnages brillamment dépeints.
Alors pourquoi cette sensation d’ennui en lisant ?
Je ne sais pas, mais il a manqué, pour moi, cette étincelle qui fait qu’on entre dans un livre ou pas, indépendamment du talent de l’auteur.
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
Les meilleurs albums, romans, documentaires, BD à offrir aux petits et aux plus grands
Il n'est pas trop tard pour les découvrir... ou les offrir !
Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
L’écrivain franco-vénézuélien Miguel Bonnefoy poursuit l’exploration fantasmagorique de sa mémoire familiale...