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« Ceci est une histoire qui parle d'histoires. Les histoires que les autres nous racontent sur qui nous sommes. » Les services sociaux ont voulu écrire celle de Jenni Fagan avant même qu'elle soit née. Séparée de sa mère, psychotique, dès sa naissance, elle avait déjà connu 14 maisons d'accueil et changé de nom à de nombreuses reprises à l'âge de 7 ans.
Vingt ans après avoir essayé de raconter son histoire pour la première fois, l'auteure nous livre dans Ootlin un récit d'une force inouïe : sans misérabilisme, elle se réapproprie sa vie d'enfant du système, d'abandons en adoptions aberrantes, la fuite dans la délinquance et la drogue, puis la découverte salvatrice de l'art, de la musique, des livres et du pouvoir des histoires.
Un chef-d'oeuvre littéraire qui vous prend par le coeur et qui rappelle les mots de James Baldwin : « Vous pensez que votre douleur et votre coeur brisé sont sans précédent dans l'histoire du monde, mais ensuite vous lisez. »
Un itinéraire poignant, révoltant et dont le modèle, hélas, n’appartient pas au passé !
Ce qu’a subi Jenni, dès ses premiers mois est insupportable, indicible, honteux, et pourtant... Née d’une mère elle-même en grande souffrance, elle a été "placée", dans des familles successives, pour la plupart plus intéressées par le gain pris pour héberger une enfant en détresse. Les maltraitances se succèdent, morales ou physiques. Et quoi de plus logiques que de mauvais choix plus tard, à l’adolescence, la drogue, le deal, les alliances néfastes.
Pourtant, derrière le façade, on perçoit l’intelligence et l’attirance pour des pôles d’intérêt qui la sauveront de ce marasme social. Un refuge et une bouée de sauvetage :
Quand je me plonge dans un livre, l’insoutenable laideur de la vie reste à l’extérieur.
Sur un parcours chaotique peut surgir un chemin lumineux, et c ‘est ce que nous conte l’autrice, avec une belle performance d’écriture.
Pour se bercer d’illusions, on espère que ces temps sont révolus….
Très beau roman, inspiré par vécu de l’autrice.
Merci à Netgalley et aux éditions Métailié pour ce service de presse.
368 pages Métailié 17 janvier
Traduction Celine Schwaller
#Ootlin #NetGalleyFrance
« A défaut d’autres noms, ils m’appelaient Ootlin ».
Ootlin, c’est ainsi que fut surnommée Jenni Fagan pendant les premiers mois de sa vie, parce que personne ne s’était préoccupé d’inscrire ses nom et prénom dans les dossiers des services d’aide à l’enfance ouverts pour elle, déjà, à son jeune âge.
Parce que, dès sa naissance, elle a été retirée à sa mère psychotique.
De 0 à 16 ans, elle a été placée dans un nombre invraisemblable de familles d’accueil et de foyers, abandonnée ou rejetée presque aussi souvent, adoptée à deux reprises, avec en prime 19 variations orthographiques de son nom.
« Ootlin, en écossais, c’est une de ces personnes bizarres qui ne trouvaient jamais leur place, une pièce rapportée qui ne voulait pas rentrer dans le moule ».
Comment trouver sa place quand on passe son temps à être déménagée, ballottée d’un endroit à un autre ? Quand on n’a jamais reçu aucun repère identitaire, aucune considération, bienveillance, affection ? Quand on ne peut faire confiance ni aux adultes ni au système d’aide à l’enfance ou à la jeunesse, un système largement défaillant et dysfonctionnel, un foutoir intégral qui semble grouiller d’agents incompétents, débordés et/ou négligents, malveillants dans le pire des cas ? Quand on est victime de maltraitance et d’abus sexuels, quand, à force de dévalorisation, on sombre dans la délinquance, la consommation et le trafic de drogue ?
Malgré la quantité inouïe d’horreurs qu’elle a traversées, Jenni Fagan a tenu bon, de justesse, en s’accrochant aux livres et aux histoires, à la musique, à de rares amitiés.
Dans ce livre autobiographique, elle témoigne de ce qu’elle a enduré jusqu’à ses 16 ans, des aberrations et de la violence du système d’aide à l’enfance, de son désespoir et de sa survie en dépit de tout. « Et puis j’aime bien cette fille. Je sais qu’elle a autant de chances que moi de s’en sortir, de survivre à tout ça, on le sait tous à notre âge, combien d’enfants de l’assistance qu’on connaissait sont morts, en prison, sur le trottoir, camés, cinglés. Nos chances sont aussi minces qu’un rai de lumière sous une porte lointaine ».
Jenni Fagan écrit à hauteur d’adolescence paumée, sans pathos ni auto-apitoiement. Au milieu de la noirceur, quelques fulgurances surgissent, comme pour faire la nique à la souffrance et à la cruauté. On ressent toute la violence et la rébellion qui bouillonnaient en elle pendant cette période, l’entêtement et la résistance aussi, sa volonté tendue d’atteindre la majorité et l’autonomie, avec l’espoir d’un peu de stabilité et d’apaisement. L’espoir d’une gamine qui a dû mûrir beaucoup trop vite et qui parfois peine à cacher la petite fille qu’elle aurait voulu être. « Ca devient vraiment fatigant d’être moi. J’ai juste envie d’un fauteuil dans lequel je puisse lire et serrer mon nounours contre moi et faire des siestes pendant une dizaine d’années ».
Malgré un sujet terriblement dur et sombre, ce livre bouleversant, saisissant et révoltant déborde de force vitale.
« […] parce que ce qu’on vit ce n’est pas un frisson, ce n’est pas une histoire, ce n’est pas un shoot d’adrénaline, ce n’est pas une blague, ce n’est pas un ragot, ce n’est pas une anecdote que d’autres racontent, ce n’est pas des mots dans un dossier ou prononcés devant un tribunal pour enfants, c’est un silence dense qui tombe avec un bruit mat quand on entre dans une pièce, ce n’est pas un pari que quelqu’un gagnera un jour, ce sont des portes d’ambulance qui m’engloutissent quand à douze ans j’ai fait mon overdose et que j’étais prête à mourir à cause de ce que j’avais déjà vécu – c’est réel – on essaie de survivre à des choses auxquelles personne ne peut survivre mais rien de tout ça ne joue en notre faveur et tout est entièrement contre nous ».
En partenariat avec les Editions Métailié.
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