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« Le 6 juillet 2004, Monsieur T. a poignardé sa femme de cinq coups de couteau. Quand, lors de son interrogatoire, on a demandé à Monsieur T. pourquoi il avait agi de la sorte, il a été incapable de répondre.
Comment vous appelez-vous ?
Pas moi.
Quel est votre prénom ?
Il ne m'appartient pas. » On n'est pas là pour disparaître part du portrait d'un homme atteint de la maladie d'Alzheimer pour saisir sur le vif ce qu'est la perte de la mémoire, de la parole et de la raison. Avec ce septième livre optimiste et désespéré, Olivia Rosenthal confirme son talent et son inventivité langagière.
La maladie d'Alzheimer racontée de manière décousue, comme l'est cette maladie.
Emouvant, vrai, effrayant, sincère.
Un beau livre. Des phrases très fortes comme celle-là: "Maintenant je sais que le passé que je croyais posséder, la maladie peut me l’enlever".
EXTRAITS:
"La douleur, je veux l’effacer
La tristesse, je veux l’effacer
La colère, j veux l’effacer
La haine, je veux l’effacer
Je veux tout effacer sauf la tranquillité.
Dans la maladie de A., on ne choisit pas ce qu’on oublie, on oublie les derniers, ils s’estompent, ils se distinguent, ils se confondent, ils disparaissent.
il faut maintenant inaugurer
inventer
à partir de rien
comme si de rien
comme si de rien
n’était
recommencer"
"Faites un exercice.
Imaginez-vous dans la situation dont l’histoire a été engloutie.
Imaginez-vous à table, dans l’ignorance de ce que vous mangez, de l’endroit où vous vous trouvez, des objets qui vous entourent, des gens qui vous parlent familièrement et qui vous paraissent des étrangers".
"Ce que je veux le plus
c’est communiquer avec toi
ne plus t’entendre pleurer
ne plus voir ton regard se perdre dans le vide
ce que je veux le plus
c’est quelque chose qu’il n’y a pas, qu’il n’y a plus et que ni toi ni moi ne pouvons jamais reconquérir
à quoi bon alors parler penser imaginer ce que je veux
mieux vaut se contenter de petites choses qui renstent,
d’infimes détails, de balbutiements
mieux vaut ne mesurer les jours qu’à l’aune de ce qu’ils sont, apportent, contiennent
et non à l’aune de ce qu’ils nous retirent
mieux vaut".
Alzheimer. Ce mot qui fait peur, Olivia Rosenthal l'aborde par trois récits. Celui d'un vieil homme malade qui a poignardé sa femme, celui de son père qui ne la reconnaît plus et, enfin, le récit historique des travaux du docteur Alzheimer. Trois histoires pour apprivoiser la peur, lui tourner autour et résister à la tentation de mise à l'écart de la maladie.
« Le 6 juillet 2004, Monsieur T. a poignardé sa femme de cinq coups de couteau. Il a ensuite quitté le domicile conjugal et s’est réfugié dans le jardin des voisins. C’est la qu’il a été découvert par la police. Quand, lors de son interrogatoire, on a demandé à Monsieur T. pourquoi il avait agi de la sorte, il a été incapable de répondre. »
C’est sur ces mots que débute l’étrange roman d’Olivia Rosenthal. On n’est pas là pour disparaître a pour sujet la maladie d’Alzheimer et ses effets sur le malade et sur ses proches.
La narratrice nous explique sans détour que ce livre lui tient vraiment à cœur, sans qu’elle sache vraiment pourquoi, tout en ayant peur que ça lui porte malheur… Mais elle ressent un besoin irrépressible d’écrire sur cette maladie. L’auteure nous livre également quelques pans de sa propre mémoire ; ses propres souvenirs s’insèrent au plus près de la mémoire défaillante du malade.
Le texte alterne entre plusieurs fragments, donnant l’impression curieuse d’entendre en même temps plusieurs voix différentes, qui se superposent. L’auteure nous délivre les extraits d’un interrogatoire sans queue ni tête de Monsieur T. par la police, des fragments de la vie d’Alois Alzheimer & les pensées confuses du malade.
A leur suite, s’ajoutent d’autres voix, à la façon de conseils donnés à un patient sur un ton presque clinique, et des tests nous sont proposés – « faites un exercice » – comme pour nous mettre dans la peau du malade… Le lecteur est par moment tutoyé, vouvoyé, il est convoqué pour prendre part à cette réflexion sur la maladie d’Alzheimer.
La voix de l’auteure semble parfois se confondre avec celle du malade, comme si elle cherchait à entrer dans sa tête.
C’est un livre à la fois dérangeant et magnétique qui aborde un sujet très complexe et sombre, à travers lequel l’auteure nous faire éprouver les sentiments de Monsieur T.
L’écriture d’Olivia Rosenthal est un électrochoc ; avec sensibilité, intelligence et de façon profondément poétique, elle pose des mots sur la perte de mémoire, la perte de raison, les souvenirs qui s’effacent, la maladie qui peu à peu s’empare de l’homme. Un roman qui n’en est pas vraiment un, qui prend aux tripes, qui secoue.
Un coup de cœur, un livre bouleversant qui va me poursuivre longtemps. Un livre hérisson, hérissé de marque-pages, comme autant de citations marquantes…
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