Entretien avec Nicolas Richard, traducteur du roman "Les Vies de papier" de Rabih Alameddine (éditions Les Escales)
Roman éblouissant à l'érudition joueuse, célébrant la beauté et la détresse de Beyrouth, Les Vies de papier est une véritable déclaration d'amour à la littérature.
Lauréat du Prix Femina étranger 2016 Aaliya Saleh, 72 ans, les cheveux bleus, a toujours refusé les carcans imposés par la société libanaise. À l'ombre des murs anciens de son appartement, elle s'apprête pour son rituel préféré. Chaque année, le 1er janvier, après avoir allumé deux bougies pour Walter Benjamin, cette femme irrévérencieuse et un brin obsessionnelle commence à traduire en arabe l'une des oeuvres de ses romanciers préférés : Kafka, Pessoa ou Nabokov.
À la fois refuge et " plaisir aveugle ", la littérature est l'air qu'elle respire, celui qui la fait vibrer comme cet opus de Chopin qu'elle ne cesse d'écouter. C'est eentourée de livres, de cartons remplis de papiers, de feuilles volantes de ses traductions qu'Aaliya se sent vivante.
Cheminant dans les rues, Aaliya se souvient ; de l'odeur de sa librairie, des conversations avec son amie Hannah, de ses lectures à la lueur de la bougie tandis que la guerre faisait rage, de la ville en feu, de l'imprévisibilité de Beyrouth.
Roman éblouissant à l'érudition joueuse, célébrant la beauté et la détresse de Beyrouth, Les Vies de papier est une véritable déclaration d'amour à la littérature.
" Joueur, intelligent et plein d'entrain, Les Vies de papier est le remède à la littérature sans saveur. " Newsday " Une écriture sublime ... aiguisée, intelligente, souvent sardonique ... un hommage à la littérature. " The National " Un des plus beaux et des plus originaux personnages de femme des dernières années. " Mathias Enard, prix Goncourt 2015 Finaliste du National Book Award 2014 et du National Book Critics Circle Award 2015, et lauréat du California Book Award 2015
Entretien avec Nicolas Richard, traducteur du roman "Les Vies de papier" de Rabih Alameddine (éditions Les Escales)
Aaliya Saleh a soixante douze ans et les cheveux bleus suite à une mauvaise utilisation de son shampooing. Ancienne libraire, elle vit seule dans son appartement au cœur de Beyrouth où elle traduit, pour son propre plaisir, ses auteurs favoris selon un rituel bien établi. Femme indépendante, elle n’a jamais cédé aux carcans de la société libanaise. Aaliya se remémore un certain nombre de souvenirs, de sa jeunesse à aujourd’hui, avec une pointe de nostalgie mais non sans humour.
Les vies de papier fait partie de ces romans dans lesquels on plonge avec délectation et dont on émerge avec difficulté. C’est une ode à la littérature, mais aussi à la liberté et un chant d’amour pour un pays en guerre et meurtri.
Le personnage d’Aaliya est attachant et on la suit avec plaisir dans ses déambulations au cœur de Beyrouth et de ses souvenirs tantôt mélancoliques, comme par exemple lorsqu’elle se souvient de son amie Hannah, tantôt plus drôles comme lorsqu’elle évoque la relation avec sa famille ou ses voisines. Le roman est plein de remarques très justes sur les relations amicales, familiales, sociales. Et si Aaliya vit seule, entourée de ses livres, on ne sent jamais chez elle la moindre aigreur mais bien au contraire plutôt une grande bienveillance même si cela ne vaut pas dire une grande naïveté.
Si la vie ne l’a pas épargnée, Aaliya a su conserver sa liberté sans jamais céder aux injonctions de sa famille, de la société ou aux commérages, construisant sa vie autour de la littérature et assumant d’avoir été quittée par un mari dont elle ne garde pas un souvenir mémorable. Elle jette un œil à la fois empathique mais sans concession sur ses contemporains mais aussi sur sa propre vie, ses choix ou ses manquements.
L’auteur se glisse avec délectation dans la peau de cette femme septuagénaire, qui ne cache rien de sa vie et de ses sentiments et qui rempli sa solitude de littérature. C’est un magnifique roman qui donne envie de découvrir l’œuvre de ce merveilleux conteur.
Beyrouth, dans les années 2010. Aaliya, 72 ans, vit seule depuis son divorce il y a près de 50 ans. On pourrait dire d’elle qu’elle n’est pas très sociable puisqu’elle ne fréquente personne, même pas ses voisines qu’elle a surnommées le groupe des sorcières.
Aaliya a une passion : les livres. Elle leur a consacré sa vie en tenant une petite librairie. Elle a aussi un rituel : tous les 1er janvier, elle choisit le roman qu’elle va traduire en arabe. Oh, ce n’est pas pour qu’il soit publié ensuite, c’est juste pour son plaisir.
D’ailleurs, elle a sacrifié la chambre de bonne pour pouvoir y entasser tous les cartons contenant ses traductions, un par roman. Sa salle de bains est en passe d’être elle aussi totalement envahie. Comme l’on voit parfois des vieilles femmes entourées de nombreux chats, Aaliya ne peut vivre qu’entourée de ses chers romans qu’elle lit indifféremment en français ou en anglais.
Outre l’amour de la littérature qui est le fondement de ce roman, l’auteur nous initie à la vie de Beyrouth (la ville fait figure d’un personnage à part entière), notamment en nous donnant des indications sur ce qui s’est passé pendant les années de guerre, mais également en révélant les fondements et les travers de la famille libanaise.
Pour qui aime la littérature, ce roman est une ode à cet amour et à tous les merveilleux moments que l’on peut passer en compagnie d’un livre.
Beyrouth, la guerre, les livres, un roman plein d'érudition sur le statut de la femme au Liban et de son évolution au vingtième siecle.
Véritable ode à la littérature et hymne à la femme .C'est l'histoire de Aaliya , 72 ans qui vit seule , entourée de voisines sujettes aux cancans. Aaliya est une femme étonnante , cultivée , trilingue , pleine d'humour et d'esprit , qui depuis cinquante ans à chaque nouvel an , commence la traduction d'un chef d'oeuvre de la littérature étrangère , en arabe , roman ensuite qu'elle place dans des cartons et qu'elle garde pensant que cela intéressera personne . Alayia au fil des pages va nous parler de son enfance , de son bref mariage puisque son mari la répudiera quelques années après leur union , de son travail dans une librairie et de sa passion libératrice : la traduction .J'ai adoré le personnage de Aaliya , cette femme attachante , érudite , s'évade de sa vie à travers la littérature. Littérature pour elle qui est un véritable caisson d'oxygène , fuite face à un pays où le désordre armé règne et où la condition féminine n'est pas assez libérée . Elle jette un regard sur la société avec clairvoyance , lucidité , humour et un brin d'ironie délectable . Elle nous offre une réflexion sur sa vie présente , sur sa vie passée , elle évoque la vieillesse , la vie des femmes au Liban , le rapport à sa mère stricte et assez méprisante .Pas de chapitres dans ce roman , pas de réel distinguo entre passé et présent , mais justement cela crée une fluidité de lecture et un certain rythme , comme si Aaliya nous contait son histoire à son rythme , un rythme qu'on prend plaisir à suivre . ni trop rapide , ni trop lent , le rythme d'une femme âgée jeune d'esprit. On y trouve des allusions livresques des plus intéressantes et des plus pertinentes . Aaliya est une amoureuse , de la vie , de la littérature , une femme qui aime la liberté , une femme qui aime son pays . Une femme qui se nourrit de la littérature , de la musique . Roman vivant , émouvant
Aaliya Salah, 72 ans, a une passion : traduire en arabe ses auteurs préférés.
Plutôt solitaire, elle se remémore son passé, son métier de libraire, son amie Hannah, ses livres, les rues mouvementées de Beyrouth……
Un livre très intéressant et riche mais que j’ai trouvé très long à lire.
J’ai beaucoup aimé le caractère et la personnalité d’Aaliya.
Elle se perd et nous perd un peu dans ses pérégrinations mentales.
Ses références littéraires sont presque inépuisables.
Un récit très bien mené, décousu à l’image de son héroïne, mais plein de richesses malgré ses longueurs.
Aaliya, 72 ans, est beyrouthine. Sans faire de bruit, elle a toujours suivi son chemin, peu en accord avec les conventions de son pays.
Elle revient sur son parcours, sa vie, par évocations, sans réelle chronologie, et égrène les rencontres, les anecdotes, les lectures marquantes, comme une petite musique, elle qui est passionnée d’opéras.
C’est, davantage qu’un roman, le portrait d’une femme qui revient sur ses choix de vie, ses expériences, ses rencontres qu’elles soient réelles ou littéraires. Le livre est d’ailleurs émaillé de nombreuses citations. Ses voisines tiennent également une grande place, et semblent symptomatiques d’une société et d’une culture avec leur curiosité mais aussi leur bienveillance. C’est grâce à elles qu’on découvre le secret d’Aaliya, libraire déclarée mais surtout traductrice cachée.
Le propos pourrait sembler décousu, mais j’ai davantage eu l’impression d’un portrait tout en nuances, en petites touches. Le portrait de cette femme bien sûr, mais aussi fresque d’une époque, et image d’une ville. C’est d’ailleurs ce que je cherchais en choisissant cette lecture, voir apparaître la ville derrière les mots. Et c’est bien ce que j’ai ressenti, une atmosphère particulière.
Un livre un peu déroutant, qui me laisse un sentiment mitigé. Une lecture assez agréable mais qui finalement laissera peu de traces.
https://mesmotsmeslivres.wordpress.com/2017/07/20/les-vies-de-papier-de-rabih-alameddine/
Aaliya a 72 ans, traduit des romans en arabe depuis l’âge de 22 ans et reconnaît : « Je suis une vieille dame. » Chaque année, le 1er janvier, elle attaque la traduction d’un nouveau livre : « la littérature est mon bac à sable, » comme le lecteur va s’en apercevoir.
Le premier écrivain qu’elle cite, c’est Walter Benjamin, philosophe allemand, traducteur de Proust et Beaudelaire, victime du nazisme, pour qui elle allume deux bougies. Elle a aussi un faible pour Fernando Pessoa. Nous sommes à Beyrouth, il est important de le préciser car la ville est un personnage important du roman.
Petit à petit, elle livre des éléments de sa vie et parle beaucoup d’Hannah, cette amie plus âgée qui fut si précieuse mais qu’elle n’a pas su préserver du suicide. Aaliya signifie l’élevée, celle au-dessus, mais rien ne fut facile car son père est mort à 21 ans, sa mère se retrouvant veuve à 18 ans !
Mariée dès 16 ans ce qui implique de quitter l’école, puis répudiée quatre ans plus tard, elle parle de son mari sans pitié : « L’insecte impuissant prit la porte. ». Elle doit lutter car sa famille et celle de son mari veulent récupérer l’appartement qu’elle a pu conserver grâce à la bienveillance du propriétaire.
Tout au long du récit, philosophes, écrivains, musiciens apparaissent avec, parfois, une citation. Cela m’a fait penser à Boussole de Mathias Enard et c’est parfois au détriment du récit et surtout de cette vie beyrouthine passionnante chaque fois qu’elle est abordée.
La guerre civile et les bombardements ont dévasté sa ville : « j’observais ma ville nécropole qui brûlait et se désagrégeait. » 1977 : les soldats déféquaient dans les appartements qu’ils envahissaient par effraction ; 1982 : Beyrouth est assiégée par les Israéliens. Les habitants sont privés d’eau pendant deux semaines et Aaliya subit l’intrusion de trois hommes dans son appartement. Quelle description de Sabra lorsqu’elle cherche Ahmad qui l’aidait à la librairie où elle a travaillé cinquante ans !
Son avancée dans l’âge est décrite avec finesse et réalisme : « Pourquoi donc est-ce à l’âge où l’on a le plus besoin des vertus curatives d’un sommeil profond qu’on y accède avec le plus de mal ? Hypnos dépérit tandis que Thanatos approche. »
L’auteur est un homme, Rabih Alameddine, et son écriture est superbe et bien traduite. Il est très émouvant lorsque Aaliya retrouve sa mère et lui lave les pieds mais aussi avec les trois voisines, Fadia, Joumana et Marie-Thérèse, qui savent être solidaires. Sur le plan politique, il ne mâche pas ses mots : « Comme de nombreux États nations, y compris son État sœur pygmée, le Liban, Israël est une abomination. Les Israéliens sont des juifs qui ont perdu le sens de l’humour. »
Pour Beyrouth, ville où l’auteur réside une partie de l’année, le constat est sans appel : « Construire, c’est imprimer une marque lunaire à un paysage, et les Beyrouthins ont imprimé leur marque sur leur ville comme une meute de chiens enragés. »
Les Vies de papier a obtenu le Prix Femina étranger 2016 et c’est mérité.
Chronique illustrée à retrouver sur : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
Les vies de papier livre un portrait intime et doucettement ironique d'une vieille femme égarée dans ses livres, retranchée dans ses traductions dans un Beyrouth en proie à une succession de guerres. Alameddine nous offre ainsi une brillante réflexion sur la littérature en tant qu'elle offre une puissante et insidieuse nostalgie pour ce qui n'a pas eu lieu.
https://viduite.wordpress.com/2017/06/25/les-vies-de-papier-rabih-alamedine
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