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À la Crim' de Versailles, le commandant Cérisol a enfin une équipe opérationnelle. Un jeune pro du taekwondo à l'instinct très sûr, un adjoint sexagénaire qui gère ses dossiers aussi bien que sa famille nombreuse et une nouvelle recrue, jeune femme de caractère prête à se tailler une place dans ce cercle résolument masculin. Ils ne sont pas trop de quatre pour faire face aux affaires qui s'accumulent : d'abord un corps anonyme momifié est abandonné au cimetière. Ensuite, il y a l'apparent suicide d'une jeune femme à qui tout semblait sourire. À ces deux mystères vient s'en ajouter un qui bouleverse Cérisol : sa femme Sylvia, partie pour une compétition handisport au Japon, ne donne plus signe de vie...
Au gré des enquêtes de cette équipe de flics, on découvre leurs rêves brisés, leurs combats du quotidien, des mensonges et des vies qui basculent. Benoît Séverac signe un nouveau roman policier plein de finesse et d'humanité qui nous raconte que c'est parmi les hommes et les femmes ordinaires que l'on trouve les criminels comme les héros.
Le commandant Jean-Pierre Cérisol, à la tête de son groupe de la brigade criminelle du SRPJ de Versailles, à laquelle vient d'être mutée une femme dans ce monde très masculin, se voit chargée de deux enquêtes : celle du supposé suicide d'une jeune femme enceinte et la découverte d'un cadavre enveloppé dans du film étirable dans un caveau de famille où il n'avait rien à y faire.
Le roman s'ouvre sur la fuite en zodiaque de Grace et Amos, catholiques tchadiens, qui tentent de rejoindre l'Italie sans leur enfant de 5 ans, mort dans le désert. Puis nous plongeons dans la vie quotidienne de la crim. Nous nous doutons bien que tout cela se rejoindra à un moment ou un autre mais quand?
J'avais découvert Benoit Severac avec "Tuer le fils" (2020) qui mettait déjà en scène Cérisol avec son groupe et que j'avais beaucoup apprécié; j'avais donc envie d'aller un peu plus loin avec cet auteur.
Nous avons à faire à un polar social dans lequel les enquêtes servent à mettre en lumière les personnages dans leurs forces et leurs faiblesses. Nous les suivons à la fois dans leur vie professionnelle mais également privée; nous prenons conscience à quel point les deux mondes interfèrent. A travers eux et les enquêtes, l'auteur aborde les thèmes des migrants, de l'esclavagisme moderne des beaux quartiers, des SDF, du handicap. Mais il est un sujet, qui était au centre de "Tuer le fils", que l'on retrouve ici : la famille et la parentalité. Celle détruite par la fuite de son pays car menacée de mort, celle où le désir d'enfant n'est pas partagé, celle du genre smala qui phagocyte tout mais dont on ne peut finalement pas se passer, celle où la religion divise.
Ce roman nous donne également à voir le fonctionnement d'un groupe de la crim, du rapport aux femmes dans ce milieu viril et machiste, les relations qui se nouent presque de l'ordre de la famille, les difficultés de faire son travail correctement face aux pressions, au manque de personnel, de moyens. Nous entrons également dans le monde de la justice, de son impartialité parfois remise en question lorsque le justiciable est une personne influente et puissante.
Mais ce roman reste un polar avec le déroulement de deux enquêtes, qui, sans être d'un suspense insoutenable, respectent les codes du genre tout en donnant à réfléchir.
L'auteur, le livre (288 pages, septembre 2024) :
On profite de la Rentrée littéraire 2024 pour prendre le train en route et rattraper notre retard : on ne connaissait pas encore Benoit Séverac, auteur (entre autres romans et nouvelles) d'une série policière avec, en héros récurrent, le lieutenant Cérisol, chef de groupe à la PJ de Versailles.
L'épisode précédent s'intitulait Tuer le fils (février 2020).
Benoit Séverac est un touche-à-tout, il a même été berger au Larzac ou restaurateur de monuments funéraires (bon, d'accord on n'a pas choisi les moments les plus pertinents de sa bio !).
Cette tardive découverte (pour nous) ne peut que nous donner envie de lire d'autres romans de cet auteur.
♥ On aime :
• On aime l'ambiance "série tv" où l'on prend son temps pour dénouer lentement des intrigues parallèles et pour profiter pleinement de l'équipe chargée des enquêtes.
Les personnages sont joliment dessinés (ah les confitures d'abricots du lieutenant Cérisol !) et les dames ne sont pas là que pour le décor : le livre passe allègrement le fameux test de Bechdel et la nouvelle recrue au nom imprononçable n'a pas sa langue dans sa poche.
Même des personnages secondaires (comme Fabienne, celle qui tient le resto du Chaudron) sont dépeints avec humour, ou bien avec tendresse, souvent un peu des deux, mais toujours avec soin.
• Avec Benoit Séverac, pas de tueur en série à la Franck Thilliez ni de poursuites survoltées à la Olivier Norek. On est plus proche de la veine très "sociologique" des polars nordiques.
Les vies privées de chaque personnage, les intrigues elles-mêmes, tout est prétexte à décortiquer un aspect ou un autre de notre société contemporaine.
• "Le bruit de nos pas perdus" fait partie de ces (rares) bouquins "gentils", dans le bon sens du terme, des bouquins bienveillants. Dans son polar, Benoit Séverac, n'entend pas nous emmener au fin fond du bas de la noirceur de l'âme humaine, celle d'un affreux tueur en série par exemple. Il nous donne à voir notre société d'aujourd'hui. Bien sûr, même à Versailles, il y a des côtés un peu plus sombres que d'autres, des côtés qu'on n'a pas toujours envie de voir. Mais le final du bouquin (très réussi) reste du côté de l'espoir et de la bienveillance. Benoit Séverac est sans aucun doute un furieux optimiste : remercions-le de savoir nous partager son humanisme.
Le canevas :
Nous voici plongés au coeur de la PJ de Versailles aux côtés du lieutenant Jean-Pierre Cérisol qui mène une vie compliquée avec son épouse non-voyante.
Son "groupe" comprend également le vieux portugais ronchon José Nicodemo, le jeune intello et taekwondoka Jean-Baptiste Grospierres et son alyah ratée, et enfin une nouvelle recrue, Sara Krzyzaniak, au nom polonais imprononçable, alors appelons-la "K" tout simplement.
Côté intrigue : d'un côté, le décès d'une jeune femme, un suicide trop évident pour être honnête, on va vite s'en rendre compte.
Et puis de l'autre côté, la découverte d'un cadavre dans un caveau funéraire. Rien de plus normal ? sauf que ni la famille ni personne ne le connait et ça fait vraiment désordre dans la bourgeoisie de Versailles !
En filigrane, entre deux chapitres, le voyage périlleux d'un réfugié tchadien à travers la Méditerranée, l'Italie et la France ...
Où tout cela va-t-il nous mener ? Que cachent les façades en pierre de taille de la ville du Roi-Soleil ?
Grace et Amos ont quitté le Tchad avec l'espoir de jours meilleurs. Pour ça, il faut monter dans le bateau et faire la grande traversée. A l'institut médico-légal de Versailles, le corps d'Emilie Vaudray va faire l'objet d'une autopsie. Elle semble pourtant s'être suicidée. Le commandant Cerisol et le lieutenant Krzyzaniak vont tout de même mener l'enquête car il s'avère qu'Emilie était enceinte.
De Benoît Séverac, j'avais beaucoup aimé "Le tableau du peintre juif"et j'étais curieux de le retrouver dans un vrai polar. Dans cette immersion dans le commissariat de Versailles, deux intrigues sont suivies en parallèle: le décès d'Emilie Vaudray donc et le cadavre anonyme d'un homme retrouvé dans le caveau d'un autre...
Dans une narration chorale, on se retrouve dans une ambiance à la Ed McBain (auteur de la série du 87ème district). Les flics sont aussi des hommes, des femmes, les procureurs aussi. Ainsi chapitre après chapitre, on retrouve Cerisol (déjà vu dans "Tuer le fils"), sa vie compliquée avec une femme aveugle, Louise Gairal la jeune vice-procureure qui doute du suicide d'Emilie.... On s'attache à ces personnages loin des stéréotypes.
Benoît Séverac parvient à faire du "police procédural" à la française avec beaucoup d'humanité. Ses deux intrigues résonnent bien avec l'actualité récente et il met en avant des anti-héros du quotidien, des hommes et des femmes qui font leur boulot.
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