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Qu'elles traitent. Au total, un nombre impressionnant de textes de toutes dimensions, que réunit le célèbre " style de saga " : ils illustrent, tous, une conception de l'homme, de la vie et du monde qui privilégie les valeurs d'action, dresse l'individu en face de son destin, le montre en train de se faire contre vents et marées, en refusant tout lyrisme, tout romantisme et toute outrance. Nous nous intéresserons plus précisément ici aux " sagas des Islandais ", ou, plus exactement encore, à l'une de leurs sous-catégories, les sagas dites de poètes, ou de scaldes, puisque tel est le nom du poète. Celles-ci, qui font l'objet du présent volume, cumulent l'intérêt que nous pouvons professer pour le genre narratif et l'éventuelle passion que, d'aventure, nous nourrissons pour la poésie scaldique qui demeure, à ce jour, la plus élaborée, la plus complexe, la plus sophistiquée des formes poétiques qu'ait jamais engendrées l'Occident. De plus, les deux textes qui constituent le présent livre ont l'originalité tout à fait étonnante de broder quelque peu - avec toutes les restrictions qu'imposait la vision islandaise des choses! - sur le motif amoureux. On va donc trouver dans ces sagas de scaldes, inédites en français : l'habituelle série d'aventures plus ou moins héroïques sans lesquelles il n'existe simplement pas de saga; un grand déploiement d'art poétique, c'est-à-dire de nombreux extraits de poèmes; et la relation par le menu des heurs et malheurs amoureux du héros. La conjonction de ces trois traits suffit à assurer aux sagas de scaldes une place à part dans la production islandaise médiévale. Régis Boyer.
Ah, la lecture, mon activité favorite ! Combien de kilomètres ai-je parcouru grâce à toi ? Combien de territoires ai-je défriché grâce à toi ? Depuis que je me suis entiché de l'Islande et que j'ai entendu (lu ?) pour la première fois le nom de Snorri Sturluson, de longues heures de lecture se sont écoulé, de longues heures à dériver lentement, à quitter la géographie courue afin de découvrir un trésor de littérature que je ne connaissais pas : les sagas.
Bien entendu, je savais qu'il y avait bien plus à savoir sur les Vikings que l'image barbare que l'on nous a si longtemps donné, mais sans la lecture aussi passionnante que difficile (pour le néophyte que je suis) de "L'Islande médiévale" de Régis Boyer, jamais je n'aurais eu ce livre entre les mains. Des sagas islandaises qui ont traversé le temps et qui sont encore lisibles à notre époque, il y en a beaucoup alors pourquoi celles-là ? Pour le coup, j'avoue, je suis resté - du mieux que je pouvais - en terrain connu et ai choisi de rester en compagnie de Régis Boyer, traducteur et "annotateur zélé" de "La saga de Gunnlaugr - langue-de-serpent" et de "La saga de Hallfredr - le scalde difficile".
Selon la quatrième de couverture, l'originalité de ces deux sagas est qu'elles proposent toutes deux un motif amoureux, thème rarement développé dans les sagas de scaldes. Si dans « La saga de Gunnlaugr – langue de serpent », nous avons droit à un triangle amoureux relativement classique, dans le cas de « La saga de Hallfredr le scalde difficile », les tenants et les aboutissants sont plus fluctuants et témoignent de la complexité du sujet dans l'Islande de l'époque. Le « motif amoureux » sert dans les deux cas de fil conducteur. Il en découle une succession d'affrontements, de rebondissements avec à la clef pour le héros un authentique parcours initiatique dans lequel il doit montrer sa valeur.
La lecture de ces sagas n'est pas toujours aisée, car elles font intervenir nombre de personnages qui sont introduits, disons, d'une façon exhaustive, un peu comme dans l'Ancien Testament, à savoir que l'on nous présente à chaque fois leur généalogie, ascendants comme descendants. Pour certains d'entre eux, l'auteur, inconnu, évoque les sagas dans lesquelles ils apparaissent. Ainsi, dans « La saga de Gunnlaugr », on croise brièvement Hallfredr le scalde difficile. Plus on avance dans la lecture, plus l'impression qu'il nous manque certains éléments se fait ressentir. L'idée qu'il faudra lire l'ensemble des sagas cités pour mieux saisir les enjeux de chacune d'entre elles fait peu à peu son petit bout de chemin.
Une fois n'est pas coutume, je loue le cheminement intellectuel qui m'a mené jusqu'à ces sagas, car honnêtement, si je n'avais pas lu « L'Islande médiévale » de Régis Boyer qui dépeint par le menu les us et coutumes des Vikings de l'époque, leur histoire et tout particulièrement la christianisation du pays (Hallfredr peine à accepter la sienne.), les rites, l'organisation de la société et de la famille islandaise, je n'aurais pas pu apprécier comme il se doit ces sagas.
Inutile en revanche d'être spécialiste des langues scandinaves pour voir combien elles ont influencé la littérature, même la plus contemporaine. Je pense que J.R.R. Tolkien, George R.R. Martin et, de manière générale, la plupart des auteurs d'heroïc-fantasy, leur sont redevables. Gunnlaugr et Hallfredr sont aventuriers et scaldes (poètes), l'un ne va pas sans l'autre, et déclament en toutes circonstances flokr, visa ou autres drapa comme les personnages de Tolkien seront aventuriers et chansonniers. Ces deux sagas mettent en scène des personnages guerriers, mais aussi stratèges, soucieux de leur destin, mais également conscients qu'ils font partie d'un tout et qu'il faut parfois intriguer pour essayer de se réaliser. S'il y avait un parallèle à faire avec l'œuvre de Martin, ce serait celui-là.
Comme je le disais précédemment, la lecture de ces sagas n'est pas toujours facile, mais elle ne se fait pas sans filet, Régis Boyer y avait veillé. Bien entendu, vous pouvez partir à l'aventure et lire ces deux histoires librement, mais faire l'impasse sur les annotations de Régis Boyer serait une erreur, car elles enrichissent la lecture et sont même indispensables pour appréhender la poésie scaldique, ses allégories, ses hyperboles, sa métrique singulière. Pour l'avoir testé, lire la saga et enrichir au fur et à mesure sa lecture par les annotations est trop rébarbatif et empêche de s'imprégner de l'histoire. À mon sens, il est préférable de les lire une fois la saga terminée avant d'entamer la deuxième, cela donne une lumière nouvelle sur l'histoire et cela permet d'éviter d'oublier certains détails difficiles à mémoriser. Tout dépend, bien entendu, des habitudes de lecture.
Une chose est sûre, mon périple islandais n'est pas prêt de s'achever et la prochaine étape sera sans doute un gros morceau : « L'Edda » de Snorri Sturlusson.
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