Les meilleurs albums, romans, documentaires, BD à offrir aux petits et aux plus grands
Quelque part en Islande, au bord de la mer, un village de maisons noires fait face à l'infini de l'eau. Dans son repaire, un romancier peine, sur sa vieille Olivetti, à écrire la vérité d'un couple parti en vacances pour se retrouver. Qui s'amuse ?
Se demande-t-il, déposant les feuilles dactylographiées sous la fenêtre sud claire.
La radio, pendant ce temps-là, donne des nouvelles d'un autre monde :
Le séisme de Fukushima, l'assassinat de Ben Laden, la guerre en Syrie. Au rythme des quatre saisons de l'année, comme un contrepoint nordique aux célèbres concertos de Vivaldi, La fenêtre au sud transforme cette histoire simple d'amour et de fantômes en un livre immense sur les crépuscules de la création.
L'encre s'épuise, l'écrivain tapera bientôt blanc sur blanc, traversant la page comme on marche dans la neige.
Celui qui est seul est toujours seul, infiniment seul et nulle compagnie ne peut rien y changer.
Nous voilà à suivre une année durant, au rythme des saisons, la vie d'un auteur qui peine à écrire sur sa vieille machine Olivetti dont on ne trouve plus très facilement les rouleaux encreurs.
Nous observons avec l'auteur les paysages changeants au fil du temps, les couleurs du ciel, la vie dans ce village d'Islande, les sorties au bar ou les courses alimentaires. Une vie de solitude, visiblement choisie, au cours de laquelle l'auteur va s'isoler encore plus ne répondant même plus au téléphone. C'est à la fois long et bon, une certaine langoureuse douceur, un peu d'humour avec une lettre récalcitrante, la vie qui s'écoule tranquillement, pas de mélancolie, pas de nostalgie, juste les jours et les saisons qui passent. Un livre reposant.
Nous sommes au printemps, un écrivain, seul au bord de la mer, nous raconte ses journées, comment il essaie d’avancer dans l’écriture de son roman. Il écrit aussi des poèmes de temps en temps.
Il refuse d’utiliser un ordinateur et tape à la machine à écrire avec un ruban usé. Si usé que les lettres sont presque invisibles.
Il habite à Reykjavik mais préfère écrire dans cette maison près de la mer, prêté par un ami.
Il reçoit de temps en temps des coups de fil de sa sœur, de sa mère, de son éditeur ou du propriétaire de la maison, mais laisse souvent son téléphone éteint. Il faut dire qu’il est assez solitaire et renfermé. C’est un homme assez atypique, intrigant.
On dirait qu’il fuit une femme, une histoire d’amour malheureuse. Il tape de longues lettres « à celle qui me tient à cœur » mais ne les poste jamais. Et quand il en reçoit, il les brûle directement sans les lire.
En allant faire ses courses au village, il rencontre un homme :
« - T’es écrivain ?
- Faut croire.
- Les écrivains sont des bons à rien.
- Tout à fait.
- Absolument nuls.
- Je ne saurais mieux dire. »
« Il me regarde, stupéfait que j’acquiesce à ses propos. J’ignore pourquoi il s’est senti obligé de me dire ce que j’ai toujours su. »
Quand il se rend au café ou à la librairie, c’est aussi l’occasion de scènes décalées et drôles.
Les chapitres sont entrecoupés de titres de journaux, comme par exemple sur les attentats de Kaboul.
Il parle de temps en temps de son enfance ou de ses parents. On devine à demi-mots certaines choses.
Il s’agit donc d’un roman lent, où il ne se passe pas grand-chose, si ce n’est les saisons qui défilent et modifient le paysage et les habitudes de l’écrivain. Si vous aimez la poésie et les beaux paysages, la nature, il devrait vous plaire.
Ce livre fait partie d’un triptyque sur la solitude. Le premier roman de ce triptyque paru en 2019, que je n’ai pas lu, est « Au bord de la Sanda ».
Gyrdir Eliasson est un romancier et poète islandais, bref tout ce que j’aime !
« L’encre s’épuise, l’écrivain tapera bientôt blanc sur blanc, traversant la page comme on marche dans la neige. »
J'avais repéré ce livre lors des Explorateurs 2020.
Quatre saisons islandaises où l'on suit un écrivain qui se scrute le nombril, pourrait-on dire, tant son inactivité est pesante. AU bout de quelques pages, on a envie d'aller le secouer ! Il est gracieusement logé par un ami dans une maison avec tout confort et le plus grand effort qu'il fait, c'est d'aller boire au bistrot du village, d'acheter toujours les mêmes choses à la supérette et de rentrer à la librairie pour chercher quelques pépites. Quand il déborde de courage (hum hum) il s'assied devant cette fameuse fenêtre au sud ou il passe plus de temps à regarder par la vitre que de se servir de sa vieille machine à écrire Olivetti. Les quelques feuilles qu'il arrive à produire serve plus à alimenter le poêle à bois qu'un futur ouvrage... Un texte très (trop) contemplatif qui m'a laissé de marbre.
Explorateurs RENTRÉE LITTÉRAIRE 2020
C’est un roman très contemplatif qui se déroule lentement au rythme des saisons dans un village islandais à moitié endormi. On découvre au printemps cet écrivain sans motivation qui profite de la maison d’un mécène allemand. Elle est rustique, comme la vie qui semble s’écouler autour de lui et la façon de fonctionner du narrateur, résolument décidé à se couper du reste du monde. Ce dernier se rappelle à lui à travers des bribes d’information totalement décalées avec son quotidien et des appels téléphoniques que même en tant que lectrice j’ai vécu comme des intrusions.
Puis on prend ses marques en été avec les autres protagonistes qui apparaissent en pointillés comme certaines lettres de sa machine à écrire.
On s’inquiète un peu de l’hiver qui va arriver, mais pas trop car on apprécie d’évoluer dans ce huis-clos avec l’auteur, face au reste du monde qui ne comprend pas sa volonté farouche de tenir bon avec sa machine à écrire dans un village finalement assez hostile.
Beaucoup de bouteilles seront lancées à la mer. Tout au long du roman, j’ai attendu que des interactions prennent forme. Il y a tout d’abord cette supposée amoureuse à laquelle il n’envoie pas les lettres qu’il lui écrit. Puis un cinéphile associable qui annonce des projections sans date. Des habitants clairsemés que l’on croise rarement, surtout à la belle saison.
Même s’il ébauche un premier pas, une lettre, une parole, pour dialoguer, il ne va pas au-delà, voire s’en détourne totalement. Il cherche à s’isoler. Mais l’auteur a réussi à me faire apprécier ce retrait du monde, au point de vivre comme une agression les rares appels de son éditeur, de son mécène et de sa mère. Non, surtout ne venez pas, n’appelez plus !
Il y a une ambiance et une intrigue plus qu’intimistes avec une mise en abîme très subtile : un personnage d’écrivain, abandonné par son auteur comme il abandonne lui-même ses personnages, l’encre de sa machine s’effaçant petit à petit. La créature oubliée par son créateur. Lui-même le dit quand arrive l’automne :« je vais rester ici, que cela me plaise ou non », comme s’il n’était pas maître de son destin et s’y résignait.
Un ouvrage que j’ai beaucoup aimé mais destiné aux amateurs de voyages immobiles.
Ravie de découvrir ce nouvel auteur islandais.
Un voyage en Islande et un voyage intérieur, dans lequel le narrateur n'est pas nommé - non plus que les autres personnages, ce qui renforce le côté universel...
En toile de fond, l'immensité de la mer, infinie, promesse d'inspiration pour un narrateur auteur, qui vit seul dans la maison noire d'un ami, afin d'écrire son roman. Un roman qui, étrangement, rappelle quelque peu sa propre histoire d'amour, puisque son couple et celui de ses personnages semblent désunis et surtout désenchantés.
Solitude amoureuse et aussi solitude de l'écrivain en panne d'inspiration, face à la mer avec vue sur le phare, sur les vagues toujours semblables et toujours différentes, aux couleurs changeantes selon ses humeurs, au gré des saisons.
Le roman est envoûtant. Entre autres parce que la typographie, les découpages, les thématiques fonctionnent en miroir des états d'âme du protagoniste et des couleurs omniprésentes.
En fin d'ouvrage, nous découvrons le prénom du protagoniste, Jonas qui, tel un prophète, nous met en garde contre les dangers et méfaits de nos sociétés : crises environnementales, politiques, sociétales, perte du "savoir-vivre ensemble" et des valeurs communes, dans des paragraphes qui semblent s'opposer en tout. Se confrontent ainsi le monde extérieur et le havre de paix islandais du protagoniste. Deux visions, deux univers aux antipodes, et pourtant deux mondes très sombres : l'un à cause des exactions dont les nouvelles à la radio s'abreuvent, l'autre, moins métaphoriquement, par ses couleurs parmi lesquelles le noir prédomine.
Deux opposés qui se rejoignent dans la solitude, la recherche de sens, les efforts pour se réaliser.
La Fenêtre au sud interroge sur le sens de l'art, sur le sens de la vie. C’est aussi pour moi la chronique d'un romancier en train de disparaître, comme les lettres de son roman inachevé.
Avant de conclure j'aimerais revenir sur la célèbre figure de Jonas, qui apporte, à mon avis, une lueur d'espoir à ces pages tourmentées.
Jonas, le cinquième prophète, est colérique, bouillonnant et surtout désobéissant ! Même pétri de bonnes intentions, il fait tout de travers, regimbe et proteste...
Certes, il sera puni mais ressortira non seulement indemne mais transformé du ventre de la baleine, libéré de ses œillères. Dans la matrice, il fait noir, comme pour notre héros dans son havre obscur, mais on a des chances de ressurgir de ces endroits avec une vision nouvelle...
Jonas ne comprend rien à la miséricorde (divine, en l'occurrence) mais apprend à découvrir que repentir et prise de conscience peuvent apporter pardon et justice. Il est celui qui annonce une catastrophe qui, finalement, n'a pas lieu, et qui parvient à accoucher d'un autre lui-même, meilleur.
Métaphore de l'écrivain qui arrache son œuvre du fond de ses entrailles dans le "travail" (de la naissance, ou renaissance), dans la douleur, leçons à entendre pour l'être humain face à la destruction de sa planète.
Beaucoup de grands messages dans ce très beau livre, à découvrir absolument.
Je conclurai avec la citation qui ouvre ce roman : "L'écrivain est celui qui a plus de mal à écrire que les autres."
Mon avis à la page 100 :
Un livre pourtant écrit plein Nord, en Islande, face à la mer , sans télé , avec la radio pour les nouvelles du monde , un téléphone pour la mère, des lettres qui ne partent pas ou qu on n ouvre pas , des passants , un café , une librairie et surtout une Olivetti .
Un livre dans le livre , sur la solitude et les affres de l'écrivain : pas forcément original mais très apaisant et riche , au gré des saisons , des lectures et des musiques .
Plus que 60 pages : dommage....
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
Les meilleurs albums, romans, documentaires, BD à offrir aux petits et aux plus grands
Il n'est pas trop tard pour les découvrir... ou les offrir !
Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
L’écrivain franco-vénézuélien Miguel Bonnefoy poursuit l’exploration fantasmagorique de sa mémoire familiale...
Voici un roman qui cache bien son jeu !
Il pourrait être juste un livre sur un livre, le quotidien d’un écrivain pendant quatre saisons , un énième texte sur la page blanche , une preuve du besoin de solitude pour se confronter à l’écriture. Le titre même suggère un tranquille poste d’observateur , à la lumière de la nature .
La maison isolée , la mer, les courses de première nécessité , les oiseaux , la routine de la promenade au phare , à la poste, au café, à la librairie , tout cela procure de l’apaisement .
Mais erreur : la radio ne donne que des nouvelles terribles du monde , les lettres ne partent jamais et quand elles arrivent enfin elles brûlent , le téléphone sert de moins en moins , la libraire est agressive , le café est hostile, les rêves ne sont que cauchemars . Le propriétaire menace de revenir . Le pauvre écrivain est en réalité très tourmenté.
Son couple imaginaire n’arrive pas à se relever du papier , comme son histoire d’amour reste la plus floue possible . Agit-il vraiment pour y remédier ? Le peut-il ? En a-t-il envie ?
La mort , surtout , est omniprésente en filigrane : celle du père , celles du cinéphile et du marin , personnages secondaires entre fiction et réalité , celle du peintre connu aussi , sous la tombe au village.
C’est un roman subtil , entre points et paragraphes . La mère disparaît , remplacée par la mer omniprésente . La lueur du phare ne sert de repère à aucun bateau , sauf à la promenade de l’écrivain . Les couples se relèvent doucement , mais si peu .
La littérature islandaise , surtout connue pour ses polars , s’enrichit de cette écriture à la fois calme et tourmentée : à déguster !