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Une station-service le long de l'autoroute, une nuit d'été. Sous la lumière crue des néons, dans les odeurs d'essence et d'asphalte, quelques tables en plastique jaune délavé.
23h12. Ils sont quinze à se croiser, si on compte le cheval et le cadavre planqué à l'arrière d'un gros Hummer noir. Une minute encore, et tout bascule...
Adeline Dieudonné se joue des codes avec une irrésistible audace. Kerozene est drôle comme une comédie, tendu comme un thriller, mordant comme le réel.
Adeline Dieudonné nous offre une comédie humaine sombre en racontant l'ultra violence du quotidien le plus banal avec une écriture crue et des chapitres courts, l'autrice scrute et croque ses contemporains, elle met en scène, leurs pulsions et secrets les plus intimes avec une façon burlesque. Un recueil qui plonge dans les tréfonds de l'âme humaine avec une galerie de personnages.
"A l'extrémité du bâtiment, quelques tables en plastique jaune, délavées elles aussi. Et des parasols repliés dans leurs housses bleues, comme des bougies éteintes sur un gâteau rassis. La vieille a salué Julianne et Alika, a choisi la table la moins sale et s'est assise.
Elle a été surprise par le calme de l'endroit. Si on lui avait demandé de décrire une station-service de nuit, elle aurait évoqué le vacarme, instinctivement. Vacarme des camions sur l'autoroute, vacarme d'une grosse Harley vacarme de types qui crient d'un bout à l'autre du parking : "DES WINSTON OU DES MALBORO ?" – "QUOI ???"- "DES WINSTON OU DES MALBORO ?" – "NON DES CAMEL." – AH OK !" "LIGHT!" – "QUOI ?" – "LIGHT" Addition de tout un tas d'éléments qui, sans qu'elle ne les identifie individuellement devaient créer un brouhaha à vous perforer le lobe préfrontal. Or non. Le bruit de l'autoroute ressemblait à une forme de ressac, régulier plutôt doux. "
"Roger pétait. Dans son pantalon en toile beige qu’il portait haut, la ceinture juste sous les côtes. Marie et Olivier faisaient mine de ne pas le remarquer mais il pétait, avec le naturel et la décontraction d’un enfant de deux ans. Merde. Ces choses là peuvent arriver mais on s’excuse. On rougit un peu, on se tortille, on invoque des problèmes intestinaux, je sais pas. Et la complicité des deux autres. Ce silence."
15 personnages et presque autant de portraits, qui se croisent dans une station service.
Ils ont tous en commun la violence de leur vie, subie ou provoquée et leurs névroses.
Un livre hilarant car totalement allumé, facile à lire grâce à des chapitres courts, une prose simple et des mots justes.
J'ai découvert cette autrice avec ce roman et je pense que je vais continuer avec elle !
Vous ne vous ennuierez pas avec ce livre qui va vous conduire, à n'en pas douter, à vous posez cette question du sens de l'existence. Drôle comme une comédie, tendu comme un thriller, mordant comme le réel !!!
https://animallecteur.wordpress.com/2022/10/21/kerozene-adeline-dieudonne/
Après avoir lu et beaucoup aimé La vraie vie, j’étais curieuse de savoir ce que nous réservait Adeline Dieudonné. Toujours avec une plume cinglante et tranchante, elle nous offre cette fois, une comédie humaine trash à travers des tranches de vies malmenées, tragiques, parfois drôles et souvent cruelles. Ce roman est composé de 14 chapitres, qui sont autant de personnages. Ces chapitres pourraient être vus comme des nouvelles, ils peuvent se lire indépendamment les uns des autres mais non, il y a bien une connexion entre eux. Cette connexion s’est faite à 23h12 dans une station services d’autoroute dans les Ardennes. Ces 14 destins se croisent à ce moment précis. On peut même dire 15 si on compte le cadavre.
Ce livre est une galerie de portraits excessifs et inquiétants dont les protagonistes luttent avec leur destin, ils essaient d’échapper à quelque chose et nombreux d’entre eux, à leur solitude. Il y a entre autres Chelly qui fait du pole dance, Alika la nourrice Philippines qui a laissé ses enfants dans son pays d’origine, Pupute le gigolo, Julie aux beaux-parents hygiénistes, gynéco et surtout très chelou, Victoire qui voue une haine envers les dauphins (parce que les dauphins sont des violeurs comme dit Orelsan). C’est féroce, caustique, grotesque, le sexe y est trivial, bestial et en parlant de bêtes c’est surprenant cette omniprésence des animaux en tout genres auprès de quasiment chacun des personnages (dauphins, truie, cheval, acariens, chien…)
Autant j’ai adoré tous ces personnages aux vies improbables, bancales, tristes autant il m’a manqué quelque chose pour clore ce livre, c’est tellement explosif qu’il m’a manqué le bouquet final.
Direction une station-service le long d’une autoroute, une nuit d’été. Il est 23h12. Ils sont 15 à se croiser sur place, à condition de compter le cheval ainsi que le cadavre caché à l’arrière d’une des voitures. Comment en sont-ils arrivés là ? C’est ce qu’Adeline Dieudonné va nous expliquer dans ce roman moderne et incisif. Composé avec des allers-retours entre le présent et le passé de chacun des personnages, il est très rythmé et se laisse lire d’une traite. La multiplication des angles de vue de la même scène nourrie des informations successivement emmagasinées auprès de tous les protagonistes rend l’ensemble particulièrement dynamique. Comme si l’autrice alternait arrêts sur image et flash-backs permettant de mieux connaître et comprendre les personnages. L’ensemble est tour à tour drôle, profond, poignant et même acide par moment. On pourrait continuer un bon moment à accoler les qualificatifs tant Adeline Dieudonné parvient à casser les codes et jouer avec les émotions des personnages, mais également du lecteur. En un mot, ou presque, ça sonne terriblement, et superbement juste !
« 23h12. Une station-service le long de l'autoroute, une nuit d'été.. Si on compte le cheval mais qu'on exclut le cadavre, quatorze personnes sont présentes à cette heure précise. »
Ainsi commence ce roman qui n'est pas vraiment un roman.
Ça aurait pu être des nouvelles.
D'ailleurs certains personnages sont ceux de nouvelles de l'auteur parues dans des œuvres collectives ou dans « Le ventre idéal ».
Et elle en a inventé d'autres.
Et plutôt que de les présenter dans des nouvelles indépendantes, elle a choisi de les faire tous être présents à la même heure sur une aire d'autoroute.
Et c'est une bonne idée, ça lie les histoires.
Certains se parlent, d'autres se côtoient simplement.
L'écriture est toujours belle et plaisante, le style maîtrisé.
Une lecture agréable qui fait du bien.
"Une station-service le long de l'autoroute, une nuit d'été. Sous la lumière crue des néons, dans les odeurs d'essence et d'asphalte, quelques tables en plastique jaune délavé.
23h12. Ils sont quinze à se croiser, si on compte le cheval et le cadavre planqué à l'arrière d'un gros Hummer noir. Une minute encore, et tout bascule..."
Et je n'arrive pas a écrire cette chronique...Kérozène a été une lecture déroutante, le pari est réussi pour Adeline Dieudonné ! Pour autant je ne pense pas pouvoir dire que j'ai "aimé" ma lecture. J'ai été perplexe, au bord du dégout, voir carrément choquée la plupart de ma lecture. Mais j'ai lu ce livre en une journée, je n'ai pas pu le lâcher et je continue d'y penser une semaine après l'avoir terminé…
Ce n'est pas tant la question du genre qui m'importe, je trouve au contraire plutôt remarquable de la part de l'autrice d'avoir écrit un roman si complexe que l'impression de recueil de nouvelle persiste jusqu'au dernier chapitre. Pourtant tous les personnages sont bien liés, déjà par cette fameuse station essence où ils se retrouvent tous à 23h12, mais surtout par la cruauté qui les caractérise tous. Toutes ces histoires sont cruelles, crues et tordues. Il est légitime de se demander d'où l'autrice tient toutes ces idées, mais je ne peux que reconnaitre la complexité qu'un tel livre entraine. Nous sommes habillement transporté d'une histoire à l'autre, d'une voiture à l'autre, et ce n'est que quelques chapitres plus tard que certaines choses font sens, d'autres se font échos.
Si les sujets sont crus, le sexe dérangeant et le malaise bien présent, ce livre nous fait définitivement ressentir, le pari est tenu, le lecteur est intrigué. Mon coup de cœur ira au chapitre de Red Apple qui m'a doucement rappelé "Black Beauty" coup de cœur de mon enfance, la cruauté en plus.
La plume d'Adeline m'avait déjà plu, son humour noir et l'ambiance un peu lugubre de La Vraie Vie sont ici décuplé. Une lecture qui n'est pas pour tout le monde, qui ne m'aura pas séduite mais qui m'aura remuée, et finalement est-ce que ca ne suffit pas à en faire une bonne lecture...
J'ai eu la désagréable impression en lisant ce livre de lire un recueil de nouvelles ! Des histoires de vie différentes et très très glauques ... Je n'ai pas compris le message de l'autrice derrière tout ça. Tout ce que j'ai compris c'est que tout le monde souffre ... Tout le monde pleure ! mais sur une truie, sur l'extravagance du sexe ou à travers les yeux d'un cheval ... Heureusement pour nous c'est plutôt rare. J'ai pensé que le final allait me convaincre mais non ... Déçue !!
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