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Quelle jolie découverte ! Pourtant, je n’étais pas sûre d’être séduite par l’histoire autour de Gabriel Chahine et du groupe Action Directe. Mais le scénario, basé sur des faits réels, est prenant et haletant. Il repose sur deux périodes qui s’entremêlent :
- D’une part, les années 1970-1980 autour du personnage de Gabriel Chahine et du groupe Action Directe.
- D’autre part, les années 2020 avec les discussions entre les auteurs de cette bande dessinée, expliquant la genèse de ce projet, le choix du sujet, l’évolution du projet et les réflexions et doutes des auteurs
J’ai été embarquée par le scénario qui s’étend sur plus de 300 pages. C’est très dense mais très bien conçu. L’histoire de Gabriel Chahine, son infiltration dans les Renseignements Généraux et l’évolution d’Action Directe est intrigante et fascinante à la fois. J’ai aussi apprécié l’originalité du scénario autour d’un groupe d’activistes qui vole un tableau.
J’ai aussi beaucoup aimé la partie sur la création de cette bande dessinée car cela donne un point de vue intéressant sur la naissance d’une bande dessinée et sur l’importance des recherches nécessaires.
Le graphisme est chiadé et précis. Le choix de colorisation est original avec des planches monochromes (une couleur en plus du noir et du blanc), cela donne un côté vintage qui nous plonge dans les années 1970-1980.
Je vous le conseille vraiment car c’est passionnant !
27 juin 1944, Marcel Grob et son ami Antoine quittent leur village d’Alsace pour se rendre à une convocation de la Wehrmacht qui lance une conscription massive des jeunes Alsaciens et Lorrains.
Déchiré entre crainte des représailles et fierté d’aller « botter le cul des bolchéviques », à 17 ans, Marcel est incorporé dans la Waffen SS. Avec son bataillon, il va partir pour le Nord de l’Italie et participer à un des pires massacres de civils à Marzabatto qui fit 770 morts, femmes, enfants et vieillards.
C’est lors de son interrogatoire pour le Corte Verita, « un tribunal d’exception chargé de juger les derniers criminels nazis » qu’il raconte son histoire aux enquêteurs qui l’ont arrêté, alors qu’il a 83 ans.
Cette BD, en retraçant le parcours de ce jeune Alsacien, soulève la question de l’engagement contraint ou volontaire de ces Malgré-nous. Elle nous interpelle sur leur implication dans les terribles crimes de guerre commis et sur la difficulté de juger ensuite les responsabilités de chacun.
Un dossier historique complétant la BD, nous renseigne sur le fonctionnement de l’armée allemande et sur l’enrôlement des soldats dans les territoires occupés.
On ne peut rester indifférent face à ce questionnement historique et il m’a été difficile de ne pas prendre parti.
Le récit et les textes de Philippe Collin sont tout à fait passionnants et nous révèlent les massacres de masse qui endeuillèrent également notre pays.
Les illustrations aux couleurs sépia de Sébastien Goethals nous immergent avec réalisme dans l’horreur de ces faits meurtriers. J’ai juste regretté le peu de différence entre les visages des personnages que j’ai trouvés difficiles à reconnaître.
Une BD à lire absolument pour comprendre l’histoire de ces soldats enrôlés par le 3ème Reich, dont les exactions restent ancrées dans nos mémoires.
Une fois encore Goethals et Collin nous proposent une histoire de haut niveau qui va bien au-delà d’un « polar politique ».
Il faut dire que la réalité est riche en :
• situations : structuration des mouvements d’action violente comme Action Directe en France (cf. aussi en Allemagne, en Italie, … à l’époque) , mais aussi celle de la DST et de ses relations avec d’autres services de l’Etat ; les courants et alliances politiques avec une union de la gauche se soldant par la présidence de François Mitterrand, …
• personnages singuliers aux engagements multiples : bien sûr Jean Marc Rouillan et Nathalie Menigon d’Action Directe (avec presque un coté Bonnie & Clyde), mais pas que ; Chahine un artiste libanais pro gaulliste aux rapports étranges avec les milieux politiques et les services ; les agents des services avec leurs doutes, hésitations, implications, parti pris, ambitions… ,
• les pratiques de structurations des mouvements souterrains comme Action Directe notamment pour disposer de ressources en braquant notamment des banques, les planques, les procédures de sécurité, … Les pièges menés par les services pour parvenir à arrêter les meneurs avec des scénarii très élaborés notamment portés par Chahine (et notamment autour du vol d’un tableau « l’escamoteur » attribué à Bosch) ; …
•
Le travail d’enquête est minutieusement mené (avec d’ailleurs une petite mise en abime avec nos auteurs qui se mettent en scène avec des options narratives pouvant changer lorsqu’apparait le risque d’un contentieux juridique ; mais aussi avec des sensibilités liées aux histoires familiales et à la période …). A noter aussi une documentation annexe.
C’est toute une époque qui ressurgit et qui peut faire remonter des souvenirs ;certes plutôt pour les sexagénaires, … mais aussi de découvrir certains moments de l’histoire pour les « plus jeunes » ou plus simplement s’immerger dans une histoire riche en rebondissements.
C’est passionnant, efficace dans la scénarisation et les dessins de Sébastien Goethals sont toujours aussi maitrisés avec le parti pris des bi colorisations différentes selon les moments, les périodes, …
20 septembre 1974, Toulouse
Ce jour-là est celui de la première rencontre entre Gabriel Chahine et Jean-Marc Rouillan. Le premier se dit ancien combattant pro-palestinien, le second veut entamer une lutte armée révolutionnaire sur le territoire français. Une relation complexe va naître et prospérer dans le contexte de début du giscardisme jusqu'à la crainte de l'arrivée de la gauche au pouvoir. Un contexte explosif qui verra la naissance du groupe Action Directe.
Après Le voyage de Marcel Grob et La patrie des frères Werner, le duo Collin-Goethals est de retour pour une enquête précise et copieuse autour d'un personnage insaisissable. Flic ou voyou, qui était Gabriel Chahine ? En mettant en scène leurs propres réflexions, leurs recherches, les deux auteurs nous emmènent dans une époque trouble où chacun évolue plus ou moins masqué. Difficile de dénouer le vrai du faux, la narration à tiroirs nous bouscule autant que savait le faire Chahine, élégant manipulateur.
Sébastien Goethals livre une histoire personnelle, il évoque son enfance et ses parents engagés, anti-militaristes, libertaires et notamment l'arrestation d'une proche de la famille qui hébergeait des membres d'Action Directe. Son dessin est vif, il utilise différentes teintes pour les changements de temporalité et parvient à cerner l'insaisissable Chahine, ce diable d'escamoteur ...
L'escamoteur c'est aussi un tableau de Jérôme Bosch qui est au centre du premier piège mis en place par Chahine... Et c'est aussi le début de sa fin. Ce récit complexe et passionnant est conclu par un dossier historique complet.A ne pas manquer si on aime le polar historique !
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