Un récit qui nous replonge dans une part oubliée de l’histoire française de la Seconde Guerre mondiale
Le destin tragique de Marcel Grob, jeune Alsacien de 18 ans, enrôlé de force en juin 1944, dans la Waffen SS. Philippe Collin et Sébastien Goethals se basent sur l'histoire vraie d'un de ces "malgré nous" pour raconter comment et dans quelles conditions ces jeunes Alsaciens furent incorporés et durent combattre dans la SS.
Un récit qui nous replonge dans une part oubliée de l’histoire française de la Seconde Guerre mondiale
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27 juin 1944, Marcel Grob et son ami Antoine quittent leur village d’Alsace pour se rendre à une convocation de la Wehrmacht qui lance une conscription massive des jeunes Alsaciens et Lorrains.
Déchiré entre crainte des représailles et fierté d’aller « botter le cul des bolchéviques », à 17 ans, Marcel est incorporé dans la Waffen SS. Avec son bataillon, il va partir pour le Nord de l’Italie et participer à un des pires massacres de civils à Marzabatto qui fit 770 morts, femmes, enfants et vieillards.
C’est lors de son interrogatoire pour le Corte Verita, « un tribunal d’exception chargé de juger les derniers criminels nazis » qu’il raconte son histoire aux enquêteurs qui l’ont arrêté, alors qu’il a 83 ans.
Cette BD, en retraçant le parcours de ce jeune Alsacien, soulève la question de l’engagement contraint ou volontaire de ces Malgré-nous. Elle nous interpelle sur leur implication dans les terribles crimes de guerre commis et sur la difficulté de juger ensuite les responsabilités de chacun.
Un dossier historique complétant la BD, nous renseigne sur le fonctionnement de l’armée allemande et sur l’enrôlement des soldats dans les territoires occupés.
On ne peut rester indifférent face à ce questionnement historique et il m’a été difficile de ne pas prendre parti.
Le récit et les textes de Philippe Collin sont tout à fait passionnants et nous révèlent les massacres de masse qui endeuillèrent également notre pays.
Les illustrations aux couleurs sépia de Sébastien Goethals nous immergent avec réalisme dans l’horreur de ces faits meurtriers. J’ai juste regretté le peu de différence entre les visages des personnages que j’ai trouvés difficiles à reconnaître.
Une BD à lire absolument pour comprendre l’histoire de ces soldats enrôlés par le 3ème Reich, dont les exactions restent ancrées dans nos mémoires.
Les malgré-nous, quand vous avez de la famille en Alsace ou en Moselle, vous ne pouvez que connaître cette expression. Vous en avez certainement entendu parler, mais pas par celles et ceux qui ont vécu cette période. Parce qu’une fois la paix revenue et ses territoires rendus à la France, il fallait taire ce qui avait été fait.
Ainsi a agi Marcel Grob. Mais le voici, alors âgé de 83 ans, convoqué par le juge Paulo Tonelli de la "Corte Verita". Cette institution judiciaire italienne juge les criminels de guerre nazis.
Le vieil homme se voit donc contraint et forcé d’effectuer un retour dans ses souvenirs afin d’expliquer pourquoi il a intégré, en juin 1944, la Waffen SS.
Malgré ses premières dénégations, la présence sur le bureau du juge de son Soldatbuch, le livret militaire, va anéantir toutes ses velléités de travestir la vérité.
C’est ainsi que débute, sous la forme d’un interrogatoire, le parcours d’un jeune homme âgé de 17 ans qui certifie ne pas avoir été volontaire pour intégrer cette unité. Il faisait partie de ceux qu’on a appelé après-guerre, les malgré-nous.
Il va sans dire que cet album, avec sa double narration faisant se croiser le présent et le passé, est extrêmement fort. Et il nous paraît encore plus prenant quand on découvre que ce vieil homme pourrait être un proche. Comme il l’a été pour Philippe Collin, le scénariste, en la personne de son grand-oncle.
À aucun moment, il ne faut chercher quelle est la part de fiction ou la part de réalité dans ce récit. Il faut juste savoir que des Alsaciens et des Mosellans ont été intégrés dans la Wehrmacht ou la Waffen SS.
Ce que l’on sait moins, c’est que des femmes, des malgré-elles, ont également dû rejoindre le KHD, le RAD ou la Wehrmacht.
La contrainte était telle que ces jeunes gens ne pouvaient s’y soustraire. Le suicide ou la désertion conduisaient à des représailles envers les familles, déportées vers les camps français de sureté de Schirmeck ou de concentration de Natzwiller-Struthof.
Un voyage jusqu’au bout de l’horreur raconté avec force par Philippe Collin et parfaitement dessiné par Philippe Goethals.
Un roman graphique de 191 pages, beau et instructif. Même si le thème de la 2ème guerre mondiale a souvent été abordé dans la littérature, celui des "Malgré-nous" l'a été aussi, un peu moins.
Il nous plonge d'abord dans l'histoire d'une région, l'Alsace-Moselle, dont la population a été française, allemande à la faveur de la guerre franco-allemande de 1870, française suite à l'armistice de 1918 puis à nouveau sous le joug allemand sous la 2ème guerre. Les alsaciens nés entre 1871 et 1918 avaient par exemple la nationalité allemande, puis sont devenus français avec les deux langues dans leur patrimoine culturel.
Ce roman graphique c'est aussi l'histoire d'un jeune alsacien enrôlé de force dans l'armée allemande sous peine de voir sa famille subir de tragiques conséquences et donc être considéré comme un Waffen SS. Quid des exactions commises par les Waffen SS. Quel regard porter sur une personne si elle est dans le camp des bourreaux malgré elle ? Exécuter les ordres sous la contrainte est-ce être complice ? Fallait-il fuir avec l'assurance presque certaine d'être tué ? Cette lecture questionne et pose la question de l'analyse avec le regard du XXIème siècle sur des événements du passé, loin du contexte de cette guerre.
La fin du roman apporte également une synthèse fort utile du drame des malgré-nous, de ce qu'était la SS et la Waffen SS, du massacre de de Marzabotto en Italie, mais aussi des sanctions envers les crimes nazis.
Une lecture plaisante et vraiment riche servie par un beau graphisme et des dialogues pertinents.
Tout a déjà été dit. Qu’ajouter de plus devant un tel témoignage ? C’est une lecture nécessaire, qu’il faut encourager et conseiller. Je salue bien sûr les auteurs de cet album, qui ont su habilement associer l’interrogatoire dans le bureau du juge et les souvenirs de Marcel Grob qui ont la force des drames vécus. Le récit est dynamique, on ne s’ennuie pas une seconde. On ne peut qu’apprécier aussi la volonté d’éviter tout jugement, tout manichéisme. A chaque page, le lecteur pourra s’interroger … Qu’aurais je fait à sa place ?
« Serions-nous de ceux qui résistent ou bien les moutons d'un troupeau
S'il fallait plus que des mots?
……
Et qu'on nous épargne à toi et moi si possible très longtemps
D'avoir à choisir un camp »
JJ Goldman – Né en 17 à Leidenstadt.
Cher Philippe Collin,
il est donc vrai que l’été, est propice aux flâneries. Cet instant de lenteur où l’on prend le temps. Ce dernier qui nous manque si souvent.
Alors, on est là, devant sa bibliothèque. On ressort cet ouvrage que l’on s’était promis de lire très vite. Et le temps…
« le voyage de Marcel Grob ». L’on pourrait, si la couverture n’était pas si explicite, à lire le titre, se laisser à penser à de folles aventures initiatiques d’un jeune boutonneux parcourant le monde, à la recherche d’un être aimé, d’un trésor caché, d’une terre à sauver et d’un happy end assuré… Mais dans ce voyage-là, d’aventures il n’y en a « guerre ».
Heureux, ceux qui sont nés par la suite. Heureux, ceux qui n’ont pas eu à choisir. Heureux, ceux qui ont l’âme en paix.
Vous tissez un portrait. Celui de votre grand-oncle, injuste parmi les injustes ! Enrôlé dans les forces allemandes, un « malgré-nous ».
Bien sûr, vous y allez à pas concentrés. Vous prenez des patins pour marcher sur le parquet de l’Histoire. C’est une période ambiguë. Personne n’est tout blanc, ni tout noir. Certains le sont un peu plus que d’autres, certes.
Vous nous emmenez dans l’intimité de la Waffen SS. On apprend les rudesses de la vie en compagnie d’élite. On sait, ici, que l’issue ne fait aucun doute. Mourir, c’est évident, mais quand et comment ? Seule incertitude.
Et puis, il y a Marzabotto, comme un coup de fouet. Comme une décharge électrique, comme une rafale de mitrailleuse qui transperce l’âme, le cœur. Comme un lance-flamme qui vous phagocyte ce qui vous restait d’insouciance, d’adolescence. Vous n’êtes plus celui qui est né et éduqué. Vous devenez celui qu’ils ont voulu créer. Comme un choix crucial et définitif que peu d’hommes ont dû à affronter : tuer ou être tué.
Ne jugeons pas, nous ne savons rien ! Rien, de la peur, de l’adrénaline, de l’alcool qui vous porte ou vous « déshonneur ». Des cris, des injonctions, des pleurs, des coups de canons. Des cris des enfants, des femmes et des mourants. Ne jugeons pas, nous ne savons rien ! Du silence qui suit l’horreur. Quand l’on redevient homme après la fureur. Ne jugeons pas, nous ne savons rien des corps, de l’odeur…
« Le vieil homme et la guerre ». Votre grand-oncle est rattrapé, dans votre récit par un juge. Moralement innocent, juridiquement coupable ? Toute la question de votre histoire et des dessins de Sébastien Goethals.
Il est donc vrai, cher Philippe Collin, que l’été est propice aux flâneries, mais pas en 1944, quand, en Alsace, on a…17 ans.
Sébastien Beaujault
Je ne suis pas spécialiste de BD et pourtant je me suis laissé tenter par la lecture du Voyage de Marcel Grob et ce, grâce aux conseils d’un ami.
J’avoue que je ne connaissais absolument pas l’histoire de ces jeunes alsaciens enrôlés de force dans l’armée allemande durant la seconde guerre mondiale que l’on nomme les Malgré-nous.
Il est vrai que l’Alsace a un passé tiraillé entre l’Allemagne et la France, allemande de 1871 à 1918, réintégrée à la France en 1919 puis annexée par l’Allemagne en 1940 pour redevenir française en 1945.
Le récit débute par la convocation de Marcel Grob, 83 ans, devant un Juge afin de répondre de ses actes durant la seconde guerre mondiale. Marcel GROB restitue alors son parcours et son enrôlement de force à 17 ans dans la Waffen SS.
Et là se déroule sous les yeux du lecteur son parcours douloureux et tragique qui l’emmena, malgré lui, à faire partie de la division SS qui a massacré huit cents civils d’un village en Italie le 29 septembre 1944 (les habitants étant accusés de soutenir les partisans).
Quelles conséquences aurait eu un refus ? Avait-il vraiment le choix ? Pourquoi n’a-t-il pas déserté ? Pour protéger sa famille qui aurait été déportée ?
Au-delà de l’histoire, le parcours de Marcel GROB interroge sur les choix de chacun en période trouble, la culpabilité, le remord et la lecture de l’histoire des décennies après les faits. Que répondre à la question de Marcel GROB au Juge « Qu’auriez-vous fait à ma place ? ».
J’ai beaucoup apprécié aussi le graphisme de cet ouvrage, les couleurs qui varient (tons un peu rouge pour les scènes de guerre, bleus ou un peu jaunis pour d’autres scènes), les personnages qui prennent vraiment vie devant le lecteur.
Le texte est sensible, nuancé, sans jugement et pétri d’humanité.
Une très belle découverte pour ma part.
Bd découverte grâce à lecteurs.com car je ne connaissais pas du tout ni l'auteur, ni le dessinateur. En revanche le sujet m'intéressait beaucoup, j'aime comprendre ce qui a pu se passer durant une période particulière de notre Histoire mondiale : la Seconde guerre mondiale.
Dans cet ouvrage, nous allons apprendre beaucoup de choses sur une catégorie de personnes de cette période "Les Malgré-nous". Ce sont des jeunes enrôles par obligation dans l'armée mais qui de base n'avait rien demandé. Ils n'ont pas forcément tous la capacité de se rebeller et de toute façon à quoi bon puisque la fin serait fatale.
C'est ainsi que nous entrons dans la vie de Marcel Grob.
Je pense qu'il aurait aimé passer au travers de cette sombre histoire mais voilà le destin s'en est mêlé. Il va devoir affronter de vieux démons et faire face à son histoire.
Dans la BD nous assistons à une sorte de procès presque en huis clos car seul un juge, l'accusé et la greffière sont présente. Nous basculerons aisément du présent au passé par un changement dans les teintes des planches notamment.
L'objectif de ce livre est de démontrer jusqu'à quel point les "Malgré-nous" n'avaient rien demandé. Alors pour cela le juge qui fait face à Marcel Grob va le pousser dans ses retranchements.
C'est presque douloureux en fait car dès le début j'ai ressenti de l'empathie pour ce monsieur et puis rapidement on voit où nous mène la vérité alors l'acharnement du juge est aberrant par moments.
Mais c'est aussi cela la force du livre puisque justement rien n'est laissé au hasard.
J'ai aimé cette BD car la force du propos est bien présente et s'ancre bien en tête puisqu'en plus il s'agit d'une histoire vraie (M. Grob n'est autre que l'oncle de Philippe Collin). Ensuite, les dessins sont très bien réalisés, juste un petit bémol sur certains passages où j'ai eu du mal à distinguer qui était qui mais cela s'estompe très vite. Et puis le livre est enrichi d'explications à la fin et cela ajoute un intérêt supplémentaire que l'on soit attiré ou non par cette période historique.
Je suis donc ravie d'avoir pu découvrir un autre aspect de notre passé qui me donne de nouveaux horizons sur l'humain également.
Bonjour à toutes et à tous ! Grâce à la nouvelle opération Explorateurs de la BD de lecteurs.com, j’ai eu la chance de recevoir ce bel album de 192 pages. Cette BD m’a tout de suite tapée dans l’œil grâce à sa jolie couverture et c’est surtout la mention « juin 1944 » qui a attiré mon regard. Je suis en effet passionnée par la Seconde Guerre Mondiale. En plus, quand je me suis penchée sur le résumé, je me suis rendu compte qu’il traitait d’un sujet méconnu que je ne connaissais que de nom, les « Malgré-Nous ». C’est ainsi qu’on appelait les Alsaciens et les Mosellans enrôlés de force dans l’armée allemande dès août 1942.
Dans cette bande dessinée, j’ai appris que des centaines d’Alsaciens ont également été affectés à la Waffen SS en 1944. C’est le cas de Marcel Grob, grand-oncle de Philippe Collin, qui avait 17 ans lorsqu’il a quitté l’Alsace le 27 juin 1944 pour servir comme Panzergrenadier au sein de la division Reichsführer SS. C’est ainsi que commence le voyage de Marcel Grob, même si je trouve le titre assez mal choisi vu le contexte ! La BD commence en fait dans le bureau d’un juge qui interroge Marcel alors âgé de 83 ans. Je n’ai pas très bien compris cette mise en situation et je ne sais pas si elle était vraiment utile, le récit se suffisait à lui-même.
En règle générale, seuls les volontaires étaient incorporés à ces unités SS mais les Français n’eurent pas vraiment le choix suite aux pressions des Allemands sur eux et leurs familles et leur mort assurée en cas de refus. On découvre ainsi un pan de l’histoire de la Guerre complètement oubliée. Sans jugement ni compassion mal placée, les auteurs arrivent à nous raconter le destin de Marcel de manière remarquable car même s’il a été enrôlé de force, ce dernier a tout de même mené des exactions terribles et commis des meurtres atroces envers les civils au sein de la SS. Les auteurs s’attardent en particulier sur le massacre de Marzabotto perpétré par sa division et auquel a participé activement Marcel. On se demande évidemment ce que nous aurions fait à ce moment-là à sa place mais cela ne pardonne pas ces crimes atroces.
Il n’y a pas que le fond qui m’a séduit dans cette BD, la forme est elle aussi très réussie. Le coup de crayon est sûr, les dessins sont très jolis et les cases sont bien grandes. Les couleurs sont choisies avec soin, le sépia est du plus bel effet. À la fin, le récit est agrémenté d’un complément d’information historique réalisé par Christian Ingrao qui est le bienvenu pour bien comprendre le contexte.
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