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Caroline Lamarche

Caroline Lamarche
Caroline Lamarche est une écrivaine belge, d'expression française, née à Liège en 1955. Depuis la publication de son premier roman en 1996 aux Éditions de Minuit, Le Jour du chien, lauréat du prix Victor Rossel, Caroline Lamarche ne cesse d'écrire. Elle est l'autrice d'une dizaine de roma... Voir plus
Caroline Lamarche est une écrivaine belge, d'expression française, née à Liège en 1955. Depuis la publication de son premier roman en 1996 aux Éditions de Minuit, Le Jour du chien, lauréat du prix Victor Rossel, Caroline Lamarche ne cesse d'écrire. Elle est l'autrice d'une dizaine de romans, de plusieurs recueils de poésie et de nouvelles, de pièces de théâtre, de fictions radiophoniques ainsi que d'albums jeunesse. Son travail a été récompensé par de nombreux prix, dont le Goncourt de la nouvelle en 2019 pour Nous sommes à la lisière (Gallimard).

Avis sur cet auteur (8)

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    Couverture du livre « La fin des abeilles » de Caroline Lamarche aux éditions Gallimard

    nathalie vanhauwaert sur La fin des abeilles de Caroline Lamarche

    C'est un livre très personnel mais aussi universel que nous propose Caroline Lamarche. Elle nous raconte sous forme d'un journal divers moments et souvenirs de la fin de vie de sa mère. Une maman distante, travailleuse comme une abeille dans une ruche durant toute sa vie. Une femme qui tenait...
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    C'est un livre très personnel mais aussi universel que nous propose Caroline Lamarche. Elle nous raconte sous forme d'un journal divers moments et souvenirs de la fin de vie de sa mère. Une maman distante, travailleuse comme une abeille dans une ruche durant toute sa vie. Une femme qui tenait la maison, élevait ses enfants, plantait des arbres et des géraniums et entretenait ses ruches.

    Une femme atteinte d'une dégénérescence de la macula qui peu à peu perdait la vue et le cours de sa vie, résignée à devoir lâcher prise. Une femme organisée qui ne voulait pas déranger, qui élaguait les traces de son passage (des courriers, son herbier), qui a tout planifié jusqu'à son départ, sa cérémonie de funérailles. Une mère s'abreuvant de mots, de lecture, en écoute audio du soir au matin.

    Une mère que Caroline Lamarche visitait chaque semaine, distante, qui n'avait jamais fait preuve de tendresse et de douceur. Sauf un jour sur un banc, une brèche, un moment d'abandon, de paix enfin trouvée, prête à partir mais la médecine fait des merveilles et un pacemaker la prolonge.

    Une mère aux phrases tranchantes, difficiles à entendre : "les enfants il suffit de les éduquer comme des chiens", "Quand tu seras mariée, tu seras enfin heureuse"... mais aussi un jour "Chérie, chérie, je t'ai adorée enfant, et maintenant je te retrouve !

    Ce récit, ce sont les derniers moments de vie, la vieillesse arrivant, l'aménagement des soins à la maison car elle souhaitait mourir chez elle, mais l'arrivée du Covid en a décidé autrement, les derniers mois en Ephad, avec la solitude, le manque d'humanité suite au manque de personnel et dysfonctionnement et enfin l'absence.

    La fin des abeilles c'est aussi la nostalgie, un livre sur la mère avec un père omniprésent. Une écriture magnifique, sobre, épurée. Un livre que j'ai beaucoup aimé dont il reste beaucoup en soi après la lecture.

    Ma note : 9.5/10


    Les jolies phrases

    Si le ménage était une guerre, le soin aux abeilles lui conférait une délicatesse de démineur.

    Je me demande si ces défuntes ne m'ont pas chargée, à mon insu, d'une mission délicate : être là pour recueillir les mots des hommes qui leur survivent. Mots auxquels ces endeuillés tyranniques préfèrent que je ne réponde pas. Je suis une poste restante.

    À force de la côtoyer, je finirai par croire que disparaître n'est rien quand on sait que les fleurs qu'on a plantées vous survivront.

    Personne ne pleure quand les fils portent haut le père.

    Nos silences ont des racines très profondes, comme les renouées du Japon qui ont colonisé les bords de l'étang en étouffant les plantes natives.

    Lorsqu'un homme et une femme s'accompagnent au fil de longues années dans le déroulement quotidien de leurs tâches parallèles ou communes, cela ne fait pas beaucoup de bruit. Ce n'est même pas un sujet de livre. C'est pourtant ce refus de l'extraordinaire, du dramatique, au profit du mouvant, du laborieux, de l'infime, qui fait de l'amour conjugal quelque chose d'inouï.

    Chérie, chérie, je t'ai adorée enfant, et maintenant je te retrouve !

    On écrit pour devenir au monde plus vivant.

    Elle disait une seule chose à tout le monde et cela ne prenait guère de temps : qu'elle était ici pour épargner ses enfants, que leur bonheur prévalait le sien. De la sorte, elle se reconstruisait une image, réinventait sa liberté perdue : c'était sa décision



    https://nathavh49.blogspot.com/2025/01/la-fin-des-abeilles-caroline-lamarche.html

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    Couverture du livre « Cher instant je te vois » de Caroline Lamarche aux éditions Verdier

    nathalie vanhauwaert sur Cher instant je te vois de Caroline Lamarche

    Un poème par jour, Margarida, c’est peu et c’est beaucoup pour notre tendresse captive de ton corps mangé par le crabe sournois.

    Ainsi commence ce texte comme un long poème narratif en vers libres, l'histoire d'une amitié, hommage à la vie écrit par Caroline Lamarche juste après la perte de...
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    Un poème par jour, Margarida, c’est peu et c’est beaucoup pour notre tendresse captive de ton corps mangé par le crabe sournois.

    Ainsi commence ce texte comme un long poème narratif en vers libres, l'histoire d'une amitié, hommage à la vie écrit par Caroline Lamarche juste après la perte de son amie Margarida Guia.

    Un poème par jour pour accompagner une fin de vie, partager leur passion pour Pessoa, Rimbaud, emprunter une phrase de Beckett pour titre, pour ce texte très émouvant. L'émotion est palpable à chaque page.

    Margarida d'origine portugaise était compositrice sonore, passionnée de poésie. Une collaboration en 2014 pour "Crimen Amaris" relatant l'incarcération de Verlaine à la prison de Mons et le début d'une amitié. Margarida meurt d'un cancer à l'âge de 48 ans en juillet 2021, nous sommes en pleine pandémie, la solitude, l'isolement, seul ce fil, ses poèmes comme contact au jour le jour lorsqu'elle rejoindra un centre de soins palliatifs.

    La poésie pour exprimer la lumière, toujours l'espoir c'est ce qui m'a frappé, Margarida reste positive malgré sa, ses douleurs intense.s. Un corps qui brûle, des douleurs à l'intérieur, l'image du Delphinium rongé en une nuit comme ce mal qui la ronge. Elle veut rester dans l'instant présent, dans la vie malgré tout, malgré les pertes de son frère, de ses amis rongés du même mal, une des causes peut-être de cancer, tout comme la pollution, les pesticides. Elle combat contre sa maladie comme elle a combattu pour ses amis, les migrants, son engagement dans la société.

    Les mots sont choisis à merveille, ce texte est magnifique, un bel hommage à l'espoir, à ses combats. Après tout que reste-t-il à la fin? Une ode à la lenteur, à la poésie avant la disparition de notre monde en profitant des dernières gouttes de beauté que nous n'avons pas détruites.


    ♥♥♥♥♥


    Les jolies phrases

    Où se niche le deuil dans nos corps ?
    Ne faut-il pas laisser le côté coeur tranquille
    quand il réclame un répit ?

    Mais où est Dieu en vérité
    quand s'épuisent les anges ?

    J'essaie d'accepter mon état. J'espère guérir. Je le veux. Je ne m'effondre pas.
    Mais la douleur me désespère.


    Te raconter ma journée. Hier chez l'ophtalmologue,
    je lui ai dit que mes yeux pleuraient au vent mauvais d'avril,
    que des rivières en sortaient, m'aveuglaient, effaçant jusqu'aux hirondelles.

    Une malchance peut devenir une chance,
    un travail, une discipline,
    une simplification bienvenue.

    Ne me demandez pas si j'écris
    ni pourquoi j'écris.
    J'entre en poème
    (si du moins ceci est un poème)
    pour avoir un peu de répit
    une chaise et le silence.
    J'entre en poème pour faire taire
    tout ce qui désespère les plus jeunes
    et fait que les vieux se disent : partons vite.

    https://nathavh49.blogspot.com/2024/06/cher-instant-je-te-vois-caroline.html

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    Couverture du livre « L'Asturienne » de Caroline Lamarche aux éditions Impressions Nouvelles

    voyages au fil des pages sur L'Asturienne de Caroline Lamarche

    Quelques années après la mort de son père, Caroline Lamarche plonge dans les archives familiales, qui font largement corps avec celles de l’Asturienne, de son nom complet Royale Compagnie Asturienne des Mines. Cette société belge, fondée en 1853 en pleine révolution industrielle, fut pionnière...
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    Quelques années après la mort de son père, Caroline Lamarche plonge dans les archives familiales, qui font largement corps avec celles de l’Asturienne, de son nom complet Royale Compagnie Asturienne des Mines. Cette société belge, fondée en 1853 en pleine révolution industrielle, fut pionnière dans la métallurgie du zinc et exploita pendant près de 150 ans des mines de zinc dans la région espagnole des Asturies. Elle est restée pendant longtemps l’une des entreprises les plus importantes de son secteur, active également en Belgique, en France, en Norvège et dans le nord de l’Afrique.
    Le père de Caroline Lamarche, en digne héritier d’une longue tradition familiale, y travailla quasiment jusqu’à la liquidation de la société vers 1980, alors qu’elle était ruinée par le déclin de l’industrie métallurgique européenne et l’épuisement des mines.
    Les familles Lamarche et Hauzeur, alliées de génération en génération et actives depuis longtemps notamment dans le tabac, la houille puis le zinc, appartiennent à la haute bourgeoisie liégeoise, et l’auteure est bien consciente d’être le produit de ce milieu privilégié. Au fil de ses recherches, elle a vite réalisé, notamment grâce à des témoignages ou échanges avec des acteurs issus en particulier de la classe ouvrière, que le paternalisme affiché par ses ancêtres à l’égard de leurs ouvriers cachait assez mal les conditions de travail difficiles dans les mines et la répression brutale des grèves. Lucide sur les compromissions nécessaires, elle rend également compte du fait que la prospérité économique de l’Asturienne a parfois dû composer sans trop d’états d’âme avec les contingences politiques, en particulier pendant le franquisme.
    Caroline Lamarche ne prétend pas faire œuvre d’historienne, et elle ne tend pas non plus à l’exhaustivité. Il lui manque des sources, notamment tout un pan de la correspondance entre ses parents. Le livre est davantage une histoire familiale qu’une histoire de l’Asturienne, et je suis restée un peu sur ma faim quand elle parle, sans vraiment le développer, du fait que les ouvriers ont lutté pour la survie de la Compagnie. Son enquête n’en est pas moins fouillée et documentée, au vu des éléments qu’elle avait sous la main. Le récit, pas toujours chronologique, et émaillé de ses réflexions et questionnements, est un compte-rendu lucide et honnête d’une légende familiale qui s’inscrit dans une histoire industrielle de près de deux siècles.
    Servi par une belle écriture fluide et illustré de photos et documents d’archives, c’est aussi le témoignage d’une femme aux prises avec le poids de la filiation et de son milieu social auquel elle avait cherché à échapper, et un magnifique hommage à son père adoré.

    #LisezVousLeBelge

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    Couverture du livre « Nous sommes à la lisière » de Caroline Lamarche aux éditions Gallimard

    voyages au fil des pages sur Nous sommes à la lisière de Caroline Lamarche

    Dans ce recueil de neuf nouvelles, l’auteure met en scène des être humains à un moment de leur vie où ils sont fragilisés, dans le doute ou la souffrance, sur le fil entre avant et après, entre avec ou sans. Seuls avec eux-mêmes et leur questionnement existentiel, les humains, l’humanité au...
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    Dans ce recueil de neuf nouvelles, l’auteure met en scène des être humains à un moment de leur vie où ils sont fragilisés, dans le doute ou la souffrance, sur le fil entre avant et après, entre avec ou sans. Seuls avec eux-mêmes et leur questionnement existentiel, les humains, l’humanité au milieu desquels ils évoluent ne leur sont d’aucun secours. Alors ils se raccrochent chacun à un animal, plus ou moins domestiqué ou plus ou moins sauvage, mais libre, toujours, à ses risques et périls. Dans la relation qui se crée, l’humain veut voir un lien d’attachement, un message, une prémonition d’amour ou d’espoir. Dans notre civilisation où l’Homme est un danger pour la Nature, les personnages de ce recueil, humains et animaux, ont besoin de protection et de liberté, et toutes les espèces vivantes, coincées dans leur interdépendance les unes aux autres, ont besoin de respect.

    Comme souvent dans les recueils de nouvelles, les textes sont inégaux, et j’ai été davantage touchée par ceux dans lesquels le lien humain-animal est le plus fort (Frou-Frou la cane, et le cheval Mensonge). Malgré tout, ces textes, à la lisière de la perte et de la mélancolie, sont portés par la belle et simple écriture de Caroline Lamarche.

    #LisezVousLeBelge