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Nous mettons donc régulièrement en avant vos avis éclairés sur des romans de jeunes auteurs, de jeunes maisons d'édition ou moins connues.
Cette semaine, nous avons le plaisir de partager avec vous l'avis de Lilyblio sur le livre Chiennes de garde de Dahlia De La Cerda, paru aux Editions du sous-sol, et qui donne très envie de lire cet ouvrage...
L'avis de Lilyblio sur Chiennes de garde de Dahlia De La Cerda
"La lecture de ce livre a été pour moi une réelle découverte de la littérature mexicaine. Je remercie chaleureusement Lecteurs.com et les Éditions du Sous-Sol de m'avoir permis de lire ce recueil de 13 histoires.
Plusieurs de ces nouvelles sont liées entre elles tandis que d'autres sont indépendantes. Mais chacune fait écho à une histoire de femme au caractère bien trempé et en colère.
Quelles soient riches ou pauvres, corrompues ou ordinaires, chacune d'entre elles a connu une blessure violente de la part de cette société qui brise les femmes. Pour elles, "la vie est une chienne". Au quotidien, elles doivent lutter férocement pour exister et survivre. Certaines sont détestables, frivoles et égoïstes. Pourtant sous l'apparente légèreté de ces personnages féminins il y a un réel fond.
Ces portraits frappants sont écrits à la première personne. Ces femmes s'adressent directement aux lecteurs par des familiarités comme "mon pote" ou "mon amie". Par ce procédé l'autrice souhaite que le lecteur soit directement interpellé et se sente concerné par ces drames. Leurs pensées intimes fusent sans filtre. C'est brut, violent et trash dans les mots et les situations. Pourtant je n'ai pas pu décrocher de cette lecture tellement c'est moderne et percutant.
J'ai aimé chacune de ces nouvelles. Deux m'ont particulièrement plu : "Le sourire" et "La huesera".
"Le sourire" est teinté de fantastique et de gothisme. Le Charro Negro, personnage légendaire du folklore mexicain est évoqué.
"La huesera" est la dernière nouvelle du recueil et elle est pour moi la plus significative de ce que vivent les Mexicaines. J'y ai appris que toutes les 3h une femme meurt "démembrée, asphyxiée, violée, rouée de coups, brûlée vive, mutilée, déchirée par les coups de couteau, les os brisés et la peau couverte de bleus."
Dahlia de la Cerda écrit de manière dynamique et provocatrice. Sa plume est familière et sans fioritures. Cela va droit au but sans enlever la charge émotionnelle des situations vécues. Il y a beaucoup de douleurs et de pleurs. La présence d'humour noir dans chaque histoire permet de parler de choses horribles sans tomber dans le gore.
Il y a aussi plusieurs allusions à la pop culture musicale mexicaine. Les chansons ont beaucoup d'importance. À plusieurs reprises il y en a des paroles citées. Deux nouvelles du recueil sont d'ailleurs inspirée de chansons.
Un glossaire en fin d'ouvrage permet d'expliquer les termes espagnols utilisés et liés à la culture du pays.
Même si je ne connais pas très bien cette culture et la société mexicaine dans son ensemble, j'ai pu voir quelques reportages sur la normalisation et l'impunité des violences faites aux femmes dans ce pays. La société mexicaine est profondément machiste et patriarcale. Le poids de l'Église catholique est très fort. L'IVG est notamment interdite dans certains États. Les cartels qui font du trafic d'être humain kidnappent des femmes et les exploitent sexuellement avant de les tuer. L'autrice a réussi à aborder dans ce recueil ces différentes problématiques en donnant notamment la voix : à une amie disparue qu'on espère revoir dans la mort, à une femme qui avorte seule chez elle illégalement, à une sorcière appelant le Seigneur des Ténèbres, à une femme trans violemment agressée, à une immigrante violée et tuée, à une fille d'un cartel de la drogue qui va commettre une haute trahison pour se venger...
Une lecture dérangeante et difficile mais ô combien nécessaire."