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L'intrigue de ce livre commence le 1er janvier 1981 et s'achève le 31 décembre de la même année. Avec quarante ans de recul, le narrateur se remémore sa vie d'étudiant cette année-là, ses relations amoureuses hésitant entre des figures contrastées de la féminité - dont celle qui lui fit vivre la douche écossaise d'un grand amour - mais aussi les hésitations du pays, autour de l'élection de François Mitterrand, entre les utopies de la gauche et le spectre du totalitarisme communiste brandi par la droite.
Le narrateur évoque également ses lectures datant de cette époque : la mythologie gréco-latine, qu'une amante d'un soir l'invite à mieux connaître ; et les « cent plus beaux textes écrits en français », dont un libraire carburant au Pouilly-Fumé s'attache, soir après soir, à dresser l'impossible liste.
Entremêlant une succession de plongées dans la mémoire du narrateur et de relecture des grands mythes antiques, le récit dessine par petites touches son thème profond : la construction du récit historique, sanctuaire de papier constitué d'un bric-àbrac de légendes et de souvenirs, tous plus fallacieux les uns que les autres. Il se termine dans le vertige identitaire qui en découle et que tentent de fixer nos fragiles constructions biographiques : qui sommesnous ? Que savons-nous de nous, en dehors du récit par lequel nous nous racontons ? Nous est-il possible de nous rencontrer hors des illusions du langage ?
C’est l’histoire « d’un médecin qui voudrait écrire... mais qui ne sait pas au juste où l’écriture le mène », un homme qui souffre « d’une forme d’écartèlement interne » entre la littérature et la médecine...
Est-ce que « ça intéressera les lecteurs ? Peut-être, on verra bien. »
Qu’il se rassure Emmanuel Venet, la vie banale d’un jeune interne (un double de l’auteur certainement) passionné de littérature et qui se voudrait écrivain sans avoir rien à dire ni vision particulière du monde, ça nous intéresse, nous, les lecteurs !
On s’amuse de ses démêlés amoureux avec la belle et irrésistible Alexia Maurer ou avec une certaine Chantal Magnard à la « croupe un peu large et aux idées indéniablement étroites » qui voudrait bien devenir son épouse et faire de lui un gentil cardiologue de province... On se régale de cette bande d’amis qui ont entrepris de bâtir l’impossible liste des cent meilleurs livres de la littérature française… Que de discussions, de disputes à ce sujet !
Oui, on retrouve avec grand plaisir l’auteur du génial « Marcher droit, tourner en rond », son humour piquant et sa vision désenchantée du monde…
En revanche, les lecteurs iront-ils jusqu’à lui pardonner ces très nombreuses pages barbantes sur les histoires de Thésée, Phèdre et autres personnages mythologiques dont on n’a que faire, pages que l’on finit par ne plus lire tellement l’on a hâte de retrouver notre antihéros et le mal-être existentiel qu’il traîne avec lui.
On a bien compris que notre petite vie que l’on s’invente comme on peut ne fait que reproduire des schémas vieux de plus de mille ans, que notre petite histoire n’est que le reflet d’autres histoires, toujours les mêmes, qu’on ne se sortira jamais des « je t’aime moi non plus », des « fictions conjugales » auxquelles on croit très fort mais qui ne durent qu’un temps… Était-il vraiment nécessaire de mêler à la vie de notre interne celle de personnages mythologiques (dont on se fout royalement) qui viennent rompre le plaisir de la lecture pour comprendre que nous sommes « partie prenante d’un enchevêtrement d’histoires dont [on] ne sait rien, banalement ignorants de [nous-mêmes] et du monde, faits de pièces et de morceaux éparpillés dans une mémoire sans sujet et réunis dans un corps sans mémoire » ?
Éventuellement (et encore!), un traitement particulier de ces petits récits aurait pu retenir l’attention mais ce n’est hélas pas le cas et l’on se retrouve à lire des extraits de dictionnaire de la mythologie... Dommage. Vraiment dommage.
Parce que franchement, on l’aime beaucoup Emmanuel Venet, et on est même prêt à lui pardonner parce que « Virgile s’en fout » renferme des pages merveilleuses sur la vie et la littérature, de celles qu’on aime à relire régulièrement à haute voix tellement elles nous enchantent...
« Comme chacun, j’avance à tâtons dans l’inintelligible, aidé par ces paroles qui me confirment que la marche la plus incertaine peut au moins trouver à se dire ; que les mots peuvent accueillir des réalités qui les excèdent; et que parfois, un lambeau de réel se laisse piéger dans la langue, enchantement qui relance mon envie d’écrire le monde- ou tout au moins l’infime part que je crois en connaître. »
Rien que pour ça, il faut lire « Virgile s’en fout »…
Et aussi, bien sûr, pour découvrir la liste des 100 meilleurs titres de la littérature française !
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