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Vivait à Sochy - l'Oradour-sur-Glane polonais - une fillette prénommée Renia, avec son papa, sa maman, son frère et sa soeur. Lorsque les Allemands sont arrivés, ils ont incendié le village et tué ses parents, ainsi que deux cents autres civils, dont des vieillards et des nourrissons. Elle a tout vu. Des années plus tard, Renia donne naissance à une petite fille, mais elle-même est restée une enfant. La petite fille s'appelle Anna Janko. Elle est aujourd'hui poétesse, romancière, chroniqueuse à succès, et c'est à 57 ans qu'elle raconte enfin le malheur arrivé à sa mère. Ou, plus exactement, le sien. Au-delà de sa grande valeur littéraire, Une si petite extermination est un livre remarquable par la véracité du témoignage qu'il porte. Anna Janko aborde ici, à partir de son histoire familiale, le problème de la transmission aux enfants et petits-enfants du traumatisme de la barbarie. Ceux qui sont morts à Sochy le 1er juin 1943 ne purent raconter leur histoire. Ceux qui ont survécu au massacre n'eurent aucune chance de surmonter leur souffrance. Et s'il appartient à la génération suivante de dire et de s'émouvoir, ce n'est pas pour être écrasée à son tour par un impossible fardeau, mais pour s'en libérer - et retrouver enfin « la capacité d'agir et de réfléchir de manière critique » (Anna Zeidler-Janiszewska).
" Une si petite extermination " est un titre bien paradoxal tant le récit d' Anna Janko y est emplit d'horreurs et de souffrances ! Publié en cette année 2018, l'auteure a réalisé un travail de reconstitution mémorielle, en devenant la narratrice du film de la vie de sa mère, Rénia, alors âgée de neuf ans...
Anna Janko (1957) est écrivaine, poétesse, chroniqueuse et critique littéraire. Finaliste de nombreux prix littéraires, dont le prix Niké et le prix Angelus, pour ses deux précédents romans (La Fille aux allumettes et La Passion selon sainte Hanka), elle collabore à plusieurs journaux et émissions de radio en Pologne.
p. 15 : " Je me souviens de ce jour ; tes cauchemars ont coulé dans mes veines alors que j'étais lovée dans ton ventre, reliée à toi par le cordon ombilical. Ils hantaient constamment ton sommeil, seul moyen pour toi d'évacuer ce trop-plein d'horreurs : le sang répandu, le crépitement des flammes, les cris humains absorbés par les yeux et les oreilles de la petite fille de neuf ans que tu étais et qui prenait part à l'apocalypse. "
Car oui, il s'agit bien d'apocalypse ! En ce 1er juin 1943, à Sochy en Pologne, les Allemands ont incendié le village, tuant deux cents personnes, dont les parents de Rénia, sous ses yeux. Elle se souvient encore des paroles de sa propre mère juste avant le drame...
p. 25 : " Réveille-toi, Rénia, habille les enfants. Il faut sortir, les Allemands sont dans le village. Ils brûlent les maisons, ils attrapent les gens. "
De ce traumatisme de la barbarie nazie, naîtra un malaise permanent chez Renia, transmis inconsciemment à sa fille - la narratrice - Anna, comme pour tant d'autres victimes...
Les photographies personnelles qui ponctuent le récit sont autant de visages sur des noms, une manière pour le lecteur de s'imprégner émotionnellement.
p. 52 : " Tous ces prénoms sont de vrais prénoms. Tous ces enfants sont de vrais enfants. "
Et même lorsque la narratrice tente, non pas d'excuser, mais d'expliquer que ces hommes n'ont fait que se soumettre à des ordres, il n'en reste pas moins que des faits. Inqualifiables.
p. 54 : " Lorsque l'auteur du crime s'en va, libre, le cycle ne se referme pas et la victime ne se libère pas de la souffrance. Voilà comment fonctionne le mécanisme selon les psychologues. "
En effet, les documents attestent que dès les années 1930, bolcheviks et hitlériens ne cessent d'améliorer leurs techniques de mise à mort. Aussi terrifiantes qu'inhumaines, la liste des atrocités commises est inimaginable. Déjà insoutenable pour le lecteur.
p. 45 : " Hitler avait ordonné aux soldats de bannir la pitié de leurs cœurs et d'agir avec brutalité. "
Un passif héréditaire lourd de souffrances et dont Anna Janko tente de soulager sa propre mère. En mettant des mots sur ces douloureux souvenirs, elle s'imprègne de son histoire personnelle.
p. 168 : " Ainsi ton histoire, maman, s'est faufilée dans la doublure de ma vie depuis le tout début et je l'ai toujours ressentie comme un petit couteau piquant dans ma poche intérieure. "
Aussi poétique soit l'écriture, la lecture de ce récit n'en reste pas moins difficile.
p. 86 : " Une berceuse ne chante pas à rebours. "
Aujourd'hui, même si ce récit m'a profondément marqué, je ne le regrette pas, loin de là. Il m'a fallu du temps pour le lire, et pour digérer chaque mot, chaque phrase. Ce témoignage est puissant, et il est de notre devoir non seulement de le lire, mais aussi de le transmettre à notre tour... peut-être pour que plus jamais un autre enfant ne soit témoin de telles horreurs.
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