Des conseils de lecture pour tout l'été !
Puis il s'était penché. Je m'étais approchée pour lui offrir ma joue. Mais il s'était penché encore. Et soudain, dans le choc des visages, j'avais senti l'humidité de sa bouche s'échouer au coin de mes lèvres. Je n'avais eu que le temps d'esquisser un mouvement de recul. Il avait refermé la portière, me faisant un signe de la main en me souriant tandis que la voiture démarrait et que je m'effondrais sur le dossier, essuyant mon visage avec dégoût sur la manche de ma veste en jean, le coeur battant, en retenant mes larmes.
New York, septembre 1997. La jeune Cécile est étudiante. L'un de ses professeurs est un écrivain célèbre : Serge Doubrovsky, pape de l'autofiction. Entre elle et lui s'installe une relation très forte. Les années passant, la jeune femme et l'écrivain se voient, à Paris ou à New York, ils dînent ensemble, apprennent à se connaître toujours plus intimement, échangent sur la littérature et sur la vie. Bientôt, ils n'ont plus de secret l'un pour l'autre, une confiance absolue les lie. Pygmalion ou père de substitution, Doubrovsky n'est pour Cécile ni l'un ni l'autre. Du moins se plaît-elle à le croire et à le lui faire croire.
Des conseils de lecture pour tout l'été !
Je ne m’y attendais pas. Autant le dire de suite, je m’attendais à un livre léger ou geignant ou je ne sais quoi d’autre. Mais pas à une telle lecture. Pas à une telle densité.
J’ai été pénétrée à la fois par l’histoire, le style, les personnages, le rythme, au point d’en rester essoufflée et avec tant de pensées se bousculant en même temps qu’il m’est difficile d’en définir la nature même
Une fille de passage est une auto-fiction. Qui parle d’un des maitres de l’autofiction, l’inventeur de ce mot, Serge Doubrovsky. Sorte d’inception de l’auto-fiction, donc. Cécile Balavoine rejoint en cela d’illustres noms comme Annie Ernaux, Jean-Paul Dubois, Philippe Jaenada (tiens donc, il y avait longtemps) ou encore Marcel Proust. Je convoque volontairement ces noms car le livre entre en écho avec ceux-ci, s’en nourrit, nous transporte dans les mêmes aventures intérieures dont on ne sait comment on reviendra mais dont on sait que l’on ressortira changé.e
Une fille de passage est une œuvre sur les sentiments. Ceux de la narratrice mais aussi en miroir ceux d’un Serge Doubrovsky vieillissant, refusant de se plier au temps qui passe. Elle est entrée en écho avec Un homme de Philip Roth en l’enrichissant de sa propre musicalité, d’une fille de nos jours, de mon âge, dont je suis le parcours en parallèle du mien, les embranchements que ses choix de vie lui font emprunter. Beaucoup de ses choix suivent une logique qui lui est propre, construite à partir de son désir d’indépendance et de ses peurs. Etre une femme libre comporte un prix souvent cher payé
Une fille de passage creuse les sillons de notre Histoire commune, faite d’évènements marquants, heureux ou traumatisants, qui sont autant de balises partagées, de repères face à l’oubli. La page 148 à propos d’un de ces évènements du siècle dont tout le monde se souvient est une merveille d’humour et d’absurdité élevés en rempart face à l’horreur
Une fille de passage est un livre des lieux, des villes que nous habitons un temps et que nous emportons avec nous, qui laissent leur trace indélébile dans notre mémoire, parfois de manière encore plus incisive qu’une personne, un parfum, une conversation car elles sont tout ceci à la fois.
Une fille de passage parle d’Allemagne et de judaïté, réconcilie au travers de la langue et de la mémoire ces deux univers qui fondent mon histoire personnelle. La revanche par la mémoire et la transmission pour certaines des femmes qui croisent le chemin de Cécile Balavoine, la revanche par la gloire pour Serge Doubrovsky à Munich en 1985.
Une fille de passage est tout ceci à la fois et bien plus. Roman complexe sur le désir, le temps qui passe, la féminité, le désir d’amour, le désir d’être aimé.
Le livre se termine en lançant les premières mesures d’une autre partition, le morceau suivant dans cette symphonie de la vie d’une fille, dont j’attends avec impatience le nouveau passage
Une auteure dont j'avais particulièrement apprécié le style dans son livre précédent "Maestro" et dont j'étais ravi de pouvoir lire son nouveau roman.
En préambule, je dis merci.... merci de m'avoir réconcilié avec des romans autobiographiques sur la complexité, la richesse d'une relation amoureuse, ici hors de tout relation charnelle, avec un auteur célèbre. En effet depuis le calamiteux roman de Vanessa Springora, même si on n'est pas ici dans le registre du scabreux et de la perversion, je craignais le pire mais là on en est vraiment très loin tant le style, l'écriture, les évocations, l'introspection et le rendu de la relation sont de qualité et l'histoire belle.Une histoire d'une relation à la fois spirituelle, intellectuelle, à caractère amoureuse entre une étudiante en lettres et un "monstre" littéraire dans sa partie ; Serge Doubrovsky entre France et USA. La narratrice, âgée d'une vingtaine d'années, découvre ce grand critique et écrivain à la vie amoureuse riche et parfois dramatique alors qu'il aborde la vieillesse, en assistant à ses cours puis en devenant une de ses intimes alors que plus de quarante ans les séparent.
C'est une relation sur la durée à laquelle Cécile Balavoine nous convie, avec des périodes de très grande proximité avec celui qui, à défaut de devenir son amant voire son mari, devient son mentor. La narratrice est une fine connaisseuse de l'oeuvre de Serge Doubrovsky, sa grande culture, son oeuvre chargée des deux ou trois femmes qui ont marqué sa vie et dont les fantômes hantent l'appartement new- yorkais où elle séjourne en colocation pendant les séjours français de Serge et tourmentent Cécile . Cette hyper-sensibilité très intime à l'oeuvre et à la vie de Serge Doubrovsky suscitera deux réactions totalement ambivalente entre ces deux êtres. Pour la narratrice une réticence, voire même un rejet quasi physique à une relation avec un homme intellectuellement et humainement séduisant mais qui pourrait être son grand-père. C'est aussi une jeune femme qui commence à peine sa vie d'adulte et qui entend vivre avec les amis de son âge, ses histoires amoureuses. Pour l'écrivain c'est l'inverse, il veut croire à un dernier amour total possible avec Cécile et ne perçoit pas l'âge et la dégénéréscence physique potentielle comme un réel obstacle. C'est un homme mûr avec ses chagrins d'enfant ayant perdu ses parents déportés parce que juifs, sa judéité, ses enfants, la perte d'une femme adorée, la séparation violente avec une seconde, le suicide d'une troisième, ses nombreuses histoires d'un jour, ses histoires d'amour en devenir, ses passions pour Freud et Proust et surtout la recherche d'un dernier grand amour.
Belle écriture fluide, sensibilité, une trame riche, une introspection vertigineuse, une exploration profonde des sentiments.... tout cela se lie et nous entraîne dans un récit passionnant.
1997. Cécile, jeune étudiante française de 25 ans à New-York crée une relation étroite avec un de ses professeurs de littérature, Serge Doubrovsky de près de 45 ans son aîné, écrivain et critique littéraire célèbre. Il a fait de sa vie la matière de son œuvre [il est le créateur de l'autofiction en tant que genre littéraire], elle a tout lu de lui et en lui sous louant son appartement à NY pendant un de ses retours en France, plus que jamais elle s'approche dangereusement de son intimité. C'est une relation faite de confidences, de gestes tendres, de rites, de longs silences, de correspondances. Elle est avide d'entendre ses histoires :
"...quelle compassion j'avais pour lui, quelle curiosité j'avais de ses histoires, de ses mots, de sa guerre, de ses parents, de tous ces gens qu'il avait pu aimer bien avant nos naissances."
Et elle ressent toujours au fil des années le besoin de lui raconter sa vie à elle :
"Il m'était nécessaire de lui confier les épisodes les plus précieux ou les plus saisissants de mon existence, car ils s'ancraient ainsi dans la réalité, s'apaisaient s'ils étaient douloureux, s'amplifiaient quand ils étaient heureux."
Néanmoins à un moment donné, elle finira par comprendre ce qu'elle n'avait jamais voulu voir "que lui et moi, sans doute, n'avions pas tout à fait vécu la même histoire."
Une fille de passage fait écho à son livre à lui, Un homme de passage ( 2011), où il parle d'elle.
"C'est en faisant de moi un personnage d'autofiction qu'il m'avait enseigné, mieux qu'en mille cours, les lois d'un genre dont il avait forgé lui-même le nom."
C'est une lecture extrêmement plaisante, l'écriture de l'autrice est belle et fluide, la réflexion sur la création littéraire passionnante. Quant à cette relation, entre Paris et New-York, sur près de 20 ans, difficile à qualifier, faite de séduction, d'amitié, d'admiration, de tendresse, de respect, elle est pleine de douceur et racontée avec pudeur.
J'ai eu beaucoup de plaisir à lire ce très beau roman...
Dans ce récit Cécile Balavoine dévoile avec pudeur et sensibilité sa relation ambivalente avec Serge Doubrovsky, écrivain considéré comme l’inventeur de l’autofiction.
Lorsqu’elle le rencontre en 1997 elle est jeune étudiante de 25 ans, il est professeur de littérature à l’Université à New York. Quarante-cinq ans les séparent, il pourrait être son grand-père. Naît une complicité intellectuelle qui perdurera vingt ans durant jusqu’à la mort de Doubrovsky en 2017. Mais également une relation plus intimiste. L’homme est charismatique aux yeux de ses étudiant(e)s, elle lui voue une admiration sans bornes. Avec deux autres étudiants, Liv et Adrian, elle s’installe chez lui dans un bel appartement avec vue sur Manhattan, pendant qu’il fait ses allers retours entre Paris et New York. Une attirance intellectuelle prend forme et se mue peu à peu en une sorte d’amitié amoureuse, ce sont des moments passés en cours ou chez lui, des promenades dans les rues de New York entre Brooklyn et Manhattan, des échanges épistolaires.
Doubrovsky apparait comme une personnalité insaisissable qui exerce une véritable fascination sur la jeune étudiante qu’elle est alors et bien plus tard encore. Qui était-il vraiment ? Un intellectuel brillant tour à tour Pygmalion, mentor, confident, dénicheur de talents, maître à penser, écrivain séducteur vieillissant aux allures de Barbe Bleue …
D’une belle écriture, douce et pudique, toute en délicatesse et tendresse, elle nous livre ses émotions à travers des images fugaces de cette relation. Elle interroge aussi les ressorts de la création littéraire, elle qui lui avait soumis un premier manuscrit dans lequel il apparaissait sous un jour peu flatteur.
Et elle finit par rendre cet homme émouvant. Il lui confie son dernier manuscrit avant de mourir comme une sorte d’héritage. Elle s’est liée d’amitié avec sa dernière épouse, celle-ci lui demande expressément de parler de cette dernière volonté dans son livre.
« Et elle se met à raconter qu’ayant vécu toute sa vie dans le souvenir d’avoir été un Untermensch, Serge lui avait fait promettre que le jour de son enterrement, avant qu’on ne referme sur lui son cercueil, elle lui épinglerait pour toujours son étoile jaune sur la poitrine. »
Cécile Balavoine réussit une autofiction selon la propre définition du maître « la matière est entièrement autobiographique, la manière entièrement fictionnelle », dès lors difficile de démêler le vrai de ce qui est idéalisé, fantasmé mais l’on sent que l’écriture est libératrice, que la transmission a eu lieu. Elle a fait de lui un personnage de roman qui restera à tout jamais dans sa mémoire. « Une fille de passage » en réponse à « Un homme de passage », dernier roman publié de Doubrovsky et dont elle est le personnage principal.
Un très beau roman, sensible, tout en nuances, qui explore la complexité des êtres, des sentiments qui les unissent et résonne comme une déclaration d’amour à la littérature.
Dans l’Amérique de la fin des années 1997/2001, Cécile alors étudiante à New-York rencontre Serge Doubrovsky, l’inventeur et le pape de l’autofiction.
Elle sera son élève et suivra ses cours à NYU. Mais avec ce professeur de 40 ans plus âgé qu’elle, une relation de plus en plus intime va se forger, ils se rencontrent après les cours, puis de plus en plus régulièrement au fil du temps. Au moment où Serge Doubrovsky part quelques mois en France, Cécile et deux autres étudiants vont même sous-louer son appartement avec une vue magnifique sur les twin-towers. Ce sera une expérience étonnante pour la jeune Cécile, mais aussi pour Serge Doubrovsky, de savoir l’autre dans sa chambre, dans ses meubles, plongeant sans retenue dans ses habitudes. Serge est le premier qui lui dira qu’elle doit écrire, qu’elle peut devenir écrivain à son tour.
Ce roman est le récit de la rencontre de deux écrivains ou futur écrivain. Ce sera un amour platonique et sans doute d’une forme de relation au père, ou plutôt au grand-père pour l’une, et d’un amour pour une jeune femme comme il en avait l’habitude, puis la prise de conscience de la réalité du temps qui passe pour l’autre.
De rencontres en échanges épistolaires, au fil des années les secrets, la confiance et l’admiration toujours présente font de cette relation un espace hors du monde. Cécile a besoin du regard de Serge, de son amitié, de son jugement sur ses écrits, Serge s’éloigne un temps, mais sera toujours là, présent, un soutien dans la vie et dans la création pour Cécile.
Un émouvant roman sur cette histoire vécue par l’un et l’autre, même si on peut se demander malgré tout s’ils ont bien vécu la même histoire. Sans doute pas, leur entente a cependant perduré à travers les années jusqu’au décès de Serge et bien après avec l’écriture de ce roman.
Lire ma chronique complète sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2020/06/26/une-fille-de-passage-cecile-balavoine/
Cécile, étudiante française de 25 ans à New-York, sous-loue l'appartement de son professeur et écrivain célèbre Serge Doubrovsky, qui séjourne à Paris durant l'été. Commence alors une relation trouble entre cet homme de 70 ans et Cécile . Le roman suit ces deux personnages sur plusieurs années entre la France et les Etats Unis grâce à des rencontres et une correspondance fidèle.
L'auteur possède une écriture douce, caressante qui crée une ambiance feutrée et pudique autour de cette histoire d'amour particulière. Serge Doubrovsky impressionne Cécile par sa carrure, sa notoriété, son statut d'écrivain reconnu, son intelligence fine mais la touche aussi par sa solitude, son histoire de juif pendant la guerre, ses anciennes femmes disparues. Elle est admirative, attirée par cet homme; elle apprécie leurs conversations intimes et riches, mais ne peut prolonger la relation physique comme le souhaite l'écrivain.Elle garde néanmoins une place privilégiée et secrète au milieu des nombreuses femmes de l'écrivain. Pourtant , quelques scènes amoureuses m’ont un peu dérangées, en ressentant un certain malaise face à des étreintes volées.
Le sujet du livre repose sur la création littéraire dans son ensemble , illustrée par les deux personnages. Ainsi Serge Doubrovsky a été le précurseur de l'"autofiction". Cécile s'interroge sur la représentation de la vie réelle, de la différence entre la vie vécue et fantasmée. Peut-on apprendre à écrire ?
J'ai eu beaucoup de plaisir de parcourir les rues de New-York, entre Brooklyn et Manhattan au gré des promenades de Cécile, avec un petit air Annie Hall. Elle nous embarque dans l'ambiance de cette ville grouillante, elle s'émerveille autant sur les automnes flamboyants que sur l'horreur du 11 septembre.
Le style délicat de l'auteur rend ce roman tendre et pudique . Un vrai plaisir de lecture.
Un grand Merci aux 68Premières Fois.
Grâce aux 68premièresfois, on découvre de premiers romans mais aussi on suit des auteurs. Car cela ne doit pas facile de publier son second roman. le premier texte de Cécile Balavoine, Maestro, dont j'avais apprécié la lecture, nous parlait de musique et de Mozart. Dans ce second, l'auteure nous parle de littérature, du rapport entre vie réelle, vie fantasmée, vie racontée. La narratrice est une jeune étudiante qui est partie à NYC pour des études littéraires. Elle va suivre le cours d'un écrivain connu, l'un des auteurs de l'auto fiction. elle va avant de le connaître, lire et étudier de façon universitaire, littérale ses textes. Et quand elle va le rencontrer en cours, un lien va se créer entre eux. Ce "vieux" écrivain va alors proposer de prêter son appartement new yorkais à cette étudiante et ses deux amis, pendant son séjour à Paris. Un lien amicale, amoureux va alors se lier entre eux. Elle deviendra pour lui, peut être le prochain personnage de son roman. J'ai beaucoup apprécié ce texte qui mêle vie réelle, vie romancée, vie fantasmée. Comment vivre sa vie, comment raconter sa vie ? Comment réagir quand l'on peut devenir un personnage de roman ? Une belle écriture nous entraîne dans ses méandres de la création. Et l'auteure a t elle été simplement une fille de passage dans la vie de cet écrivain ? Nous sommes tous de passage sur la terre, mais on peut décider de vivre sa vie, de rêver sa vie, de rêver la vie des autres. J'ai beaucoup aimé les pages sur la vie à NYC, sur les balades parisiennes de cet auteur. Un second roman réussi. Un nouveau coup de coeur dans cette formidable sélection des 68premièresfois.
En dévoilant la relation qu’elle a entretenue avec Serge Doubrovsky, le «pape de l’autofiction», Cécile Balavoine fait bien plus que mettre les pas dans ceux de cet écrivain. Cette plongée dans la création littéraire et le pouvoir des mots est fascinante.
Un jour de septembre 1997 Cécile Balavoine fait la connaissance du professeur qui donne un cours sur Molière à l’université de New York. Ou plutôt elle rencontre l’auteur du Livre brisé qui l’a tant marquée. Car, comme l’écrit Clémentine Baron dans sa nécrologie du désormais défunt Nouveau Magazine littéraire, dans ce livre de 1989 Serge Doubrovsky raconte sa hantise «d'avoir peut-être contribué, par ses livres mêmes, au suicide de sa compagne».
L’écrivain est alors «un homme fatigué, vieilli, dont le visage était parsemé de taches brunes, le tour de taille épaissi, les épaules visiblement voûtées.» Mais son charisme et l’émotion ressentie à la lecture de son roman attisent la curiosité de l’étudiante. Un intérêt qui va devenir réciproque: «J’avais remarqué qu’il se confiait plus volontiers depuis qu’il avait découvert que j’avais lu quelques-uns de ses livres. Au printemps, avant son retour à Paris, à la suite de son cours sur Molière, je m’étais inscrite à son séminaire sur l’autofiction, terme qu’il avait inventé vers la fin des années 70 pour désigner le fait d’écrire sur soi quand on n’était personne. Il était fier de ce mot qui avait fait florès, comme il disait. Et il aurait voulu que sa mère, qui l’avait d’abord rêvé en violoniste puis finalement en écrivain, voie ce succès. Malheureusement, elle était morte trop tôt pour en être témoin.»
Un autre événement va sans doute être décisif dans la relation qui se noue. Quand le professeur repart pour Paris, il sous-loue son appartement à ses étudiants. Cécile, Liv et Adrian prennent possession de l’appartement qui «était encore imprégné de sa présence.» L’extrême sensibilité – pur ne pas dire fragilité – de Cécile va alors lui faire percevoir ce que ses camarades ne voient pas. Peu à peu, elle va être hantée , par l’histoire sombre qui s’était déroulée entre les murs de cet appartement, allant même jusqu’à faire à son tour une tentative de suicide, s’imaginant devenir folle.
Après un séjour à la clinique psychiatrique du Bellevue Hospital, oui celle de Vol au-dessus d’un nid de coucou – on lui diagnostique une crise de panique, un choc émotionnel. Son thérapeute, le Docteur Wozniack, va alors l’aider à surmonter ce cap difficile. Son professeur va lui devenir son confident. Leurs conversations prendre un ton plus intime, poussant Serge Doubrovsky à une déclaration enflammée lorsqu’elle vient lui rendre visite à l’hôpital où il a été transporté: «Je t’aime, mais j’aurais préféré que tu ne me voies pas dans cet état!» Plus tard, il lui demandera même de l’épouser, aura un geste déplacé. Puis, devant son refus, se vengera en s’éloignant d’elle, en invitant d’autres étudiants à partager son intimité: «En les invitant, il me semblait qu’il me chassait un peu, que Marguerite, qui trônait devant lui, me destituait. Je n’avais plus ma place.»
La fascinante imbrication de la vie et de l’œuvre, de l’écriture et du poids des mots vont alors se dévoiler dans toute leur force et dans toute leur intensité. Serge a compris que Cécile avait un talent d’écrivain, Cécile a compris la leçon du maître de l’autofiction, allant jusqu’à faire mal avec ses mots.
Le poids de l’Histoire – l’étoile jaune que portait le jeune Serge – venant s’ajouter aux drames successifs vécus par l’écrivain et la disparition successive de ses compagnes, sans oublier la maladie qui va peu à peu le ronger formant ici le terreau d’une œuvre que Cécile Balavoine nous donne envie de (re)découvrir.
Avant de nous livrer un jour son «héritage», le livre sur Freud qu’il préparait et dont il a confié les notes à l’une de ses plus proches élèves…
https://urlz.fr/dq3K
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