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Beyrouth, 1982. Avec son Rolleiflex, Alexandra, reporter de guerre, immortalise la folie des hommes. Mais le massacre de Chatila est le conflit de trop. Ne comprenant plus son métier, cet étrange tango avec la mort, elle éprouve le besoin vital de revoir sa mère, Léa...
Celle-ci, née en Belgique, a connu une enfance brutale, faite de violence et de secrets. Alors que sa mémoire s'effrite, sa fuite des Ardennes sous les assauts des nazis lui revient, comme un dernier sursaut avant le grand silence.
Et puis il y a Maryam, la fille d'Alexandra, la petite-fille de Léa. Celle qui refuse la guerre, se sent prête à aimer et trouve refuge auprès des animaux...
De Beyrouth à Buenos Aires en passant par Bruxelles, Berlin et Brooklyn, Vinciane Moeschler brosse le portrait de trois femmes, trois tempéraments - trois incendies
Vinciane Moeschler peint avec justesse et finesse de sentiments, le portrait de trois femmes aux caractères bien trempés qui se réapproprient leur histoire et leur destin."Trois incendies " pour décrire le feu intérieur logé en chacune d'elle, celui qui leur permet de braver avec courage et obstination les épreuves que la guerre ou la mémoire de la guerre, les obligent à surmonter.
Trois incendies de Vinciane Moeschler, évoque, les blessures et traumatismes transmis entre génération. L’impact qu’ils produisent sur les suivants malgré eux. Toujours l’horreur, dont seul l’humain, aliéné, se rend coupable. Les atrocités, le pillage des corps et des âmes et la reproduction inconsciente mais vengeresse sur l’autre de ce qu’il ne peut maitriser chez lui.
Léa la grand-mère malaimé par sa mère et abimé par la guerre et ces pertes.
Alexandra la mère n’arrivant pas à vivre loin de l’horreur et des conflits, y retournant sans cesse malgré l’amour des siens. Alexandra qui se noie dans les fractures du monde, vivante uniquement à travers le risque.
Maryam la fille, qui essaie de s’extraire de ce poids, cherchant la légèreté et le bonheur, appelant la sérénité pour conjurer la douleur des siens.
Ce roman balaye trois douleurs, trois vies, trois générations, trois réflexions sur le sens de la vie face à ses absurdités, ses atrocités, ses violences.
Trois destins de femmes fortes survivant à la douce mélancolie des années.
Autour de cette lecture :
A lire :
Suite francaise d’Irene Nemirowski
Le quatrième mur de Sorj Chalandon atrocitement sublime.
Le jour ou Nina Simone a cessé de chanter de Darina Al Joundi et Mohamed Kacimi
Sara et Simon d’ Erich Hackl qui retrace l’histoire de Sara Mendez militante uruguayenne arrêtée en Argentine avec son fils de trois semaine élevé par une famille pro régime faisant d’elle l’une des l'une des victimes emblématiques de ces années sombres.
A voir :
Valse avec Bachir d’Ari Folman film d’animation sur le massacre de Sabra et Chatila
Le quatrième mur, pièce de théatre adapté du roman de Sorj chalandon, adapté et magnifiquement mis en scène par Julien Bouffier.
Du côté de la jeunesse :
Otto : autobiographie d'un ours en peluche de Tomi Ungerer
«Chambre numéro huit, le lit est défait. L’empreinte de son corps y est encore visible lorsqu’elle part au lever du jour, là où la lumière reste délicate. Dans les rues, dédale de gravats qui évoque la mort, elle marchera. Elle ignore si ce soir elle sera encore vivante. Ou si son corps sera réduit à des contours sur des draps.»
Roman de l'urgence, roman de le peur, roman de le guerre... «Trois incendies» se déploie sur trois générations et nous offre trois portraits de femmes attachantes.
La grand-mère, la mère, la fille: trois générations de femmes et trois histoires totalement différentes bien qu’intimement mêlées. Voilà la résumé le plus succinct que l’on puisse faire de ce roman qui embrasse les problématiques les plus personnelles sur la famille, les relations mère-filles, l’héritage et la transmission et une vision beaucoup plus large sur la place de la femme, sur leur combat pour l’émancipation au fil des ans, sur l’engagement professionnel, sur le poids des guerres ou encore la place des réfugiés. Léa, la grand-mère née en Belgique, a vécu la Seconde guerre mondiale et l’exil. Sa fille Alexandra, reporter de guerre, parcourt les points chauds du globe son appareil-photo en bandoulière et Maryam, sa fille, qui se sent abandonnée et cherche sa place dans un monde si difficile à appréhender, à comprendre.
Si le projet de Vinciane Moeschler est ambitieux, il est mené à bien grâce à la construction qui fait alterner les chapitres du point de vue de Léa, d’Alexandra et de Maryam. Ce qui permet de différencier les points de vue mais aussi de confronter des périodes historiques et de mettre par exemple en parallèle les bombardements qui ont secoué Bruxelles au moment de l’avancée des troupes allemandes et qui ont jeté Léa sur les routes de l’exil et ceux qui ont détruit Beyrouth au début des années quatre-vingt et dont Alexandra est témoin. Maryam va en quelques sorte nous offrir la synthèse de ces témoignages en réfléchissant ouvertement à cette folie humaine, en la comparant au comportement des animaux vers lesquels elle se tourne plus volontiers: «Bien que le combat soit un phénomène largement répandu au sein des espèces animales, on ne connaît que quelques cas au sein des espèces vivantes de luttes destructrices intra-espèces entre des groupes organisés. En aucun cas, elles n’impliquent le recours à des outils utilisés comme des armes. Le comportement prédateur s’exerçant à l’égard d’autres espèces, comportement normal, ne peut être considéré comme équivalent de la violence intra-espèces. La guerre est un phénomène spécifiquement humain qui ne se rencontre pas chez d’autres animaux.»
C’est du reste l’autre point fort de ce roman, les passerelles que l’on va voir émerger, conscientes ou inconscientes et qui relient ces trois femmes entre elles. Une généalogie des sentiments. Une volonté d’émancipation qui rend aveugle Léa autant qu’Alexandra: « Ainsi, les deux femmes empruntaient les mêmes chemins de traverse. Aimant trop vite, sans trop y croire, mettant à plus tard la promesse d’une vie de couple ordinaire. Elles avaient confondu leurs traces, l’empreinte de leurs pas pour devenir des femmes libres.»
Une liberté qui a aussi un prix, qui entrainer Alexandra à mener une double-vie et engendrer un lourd secret de famille. Mais c’est aussi l’occasion d’évoquer les hommes – mari, amant et père – et de souligner qu’ils ne sont pas de simples faire-valoir. Ils sont tour à tour un refuge, un point d’ancrage dans un monde hostile ou un divertissement, un moyen d’oublier combien l’envie de s’émanciper peut se heurter à une morale, à des devoirs quand par exemple l’amour se confronte à l’amour filial.
Quand Maryam ne comprend plus sa mère, qu’elle se sent délaissée…
Vinciane Moeschler évite toutefois l’écueil du manichéisme. La psychologie des personnages est complexe, à l’image de leurs atermoiements, de leurs questionnements. Comme les pôles des aimants que l’on retournerait, les êtres sont tour à tour repoussés puis attirés. Quand Alexandra décide d’emmener sa fille avec elle à Berlin au moment où le mur tombe, c’est dans le regard d’une Allemande qu’elle redécouvre sa mère, qu’elle comprend ce qui la pousse dans les zones de conflit: «Ma mère la photographie dans le mouvement. Elle aime les gros plans. Visualiser les gens, les yeux dans les yeux. Un cadre serré sur son visage la révèle éblouissante et volontaire. Pas de doute en elle, seulement une fulgurante envie de vivre comme jamais.» David Bowie chante We can be heroes just for one day (on peut être héros juste pour un jour). Et le rester pour la vie!
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