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Le recueil de nouvelles Salaam (« Allégeance »), paru en Inde en 2000, traduit du hindi, propose 14 nouvelles qui traitent toutes des diffi cultés auxquelles sont confrontées en permanence les personnes issues des communautés dalites.
Certaines nouvelles sont situées dans un cadre urbain avec l'émergence d'une «élite» dalite qui doit cacher sa caste pour pouvoir trouver un logement et frayer avec les voisins, où la déconsidération, la brusque haine, le dégoût soudain dont certains font immédiatement l'objet lorsque leur statut d'intouchables est découvert, de même que les humiliations, les intimidations, le harcèlement au travail de nombre de dalits qui ont un emploi de bureau.
D'autres nouvelles ont pour cadre le village, paradis selon les idéaux gandhiens, mais également fabrique du système hindou, lieu où s'exerce un pouvoir tyrannique et arbitraire, où règne l'injustice sociale, fi ef du brahmanisme, du féodalisme et du capitalisme et véritable enfer terrestre pour les intouchables.
L'auteur s'exprime dans ses nouvelles à la troisième personne et recourt souvent au dialogue. Les descriptions sont à la fois concise et méticuleusement détaillées. Les faits parlent d'eux-mêmes et éveillent les lecteurs à la dure réalité des dalits, les sensibilisant à leurs souffrances et les amenant in fi ne à un état de conscience rendant possible un changement social susceptible de redonner leur dignité à ceux qui en ont été privés depuis des siècles.
Dans les quatorze nouvelles de ce recueil, Omprakash Valmiki met en scène des dalits, que l'on appelait jusqu'ici les intouchables, ces personnes de basse caste, éboueurs, balayeurs, totalement méprisés par les autres castes de la société indienne. Omprakash Valmiki, lui-même dalit, écrit sur la difficulté qui est la leur dès lors qu'ils veulent vivre parmi et comme les autres Indiens, le rejet , la déconsidération, le poids de la tradition voire la tyrannie et l'arbitraire.
Rarement à chute, ces nouvelles tragiques sont des morceaux de vie de personnes dalites. Dans les villes, elles subissent le regard méprisant surtout lorsque leurs interlocuteurs apprennent leur condition par hasard alors qu'avant de la connaître, elles étaient très fréquentables. L'auteur parle également de ceux qui, ayant profité de la politique des quotas, les Scheduled Castes, renient quasiment leur famille et vivent dans la crainte qu'on puisse découvrir leurs origines ; ils perdraient tout, la reconnaissance professionnelle et sociale, leurs fréquentations. Ils préfèrent alors se construire une autre vie. Il y a aussi les dalits des campagnes dans lesquelles la vie est encore plus dure. Exploités, contraints aux tâches les plus basses sans gratification, au contraire, ils sont soumis à une véritable tyrannie de la part des chefs des villages et du reste de la population. Peu de personnes osent s'élever contre cette injustice, et lorsque certaines le font, c'est la communauté entière qui leur fait comprendre qu'elles ne doivent pas insister.
L'Asiathèque publie là un recueil passionnant, fort bien écrit et traduit, qui nous permet de cerner plus étroitement la société indienne. L'auteur va au plus direct, même si parfois, il emprunte les chemins de la description des lieux, des coutumes, des odeurs ; son langage est direct et clair.
Depuis quelques années, on entend beaucoup parler de la violence dans ce pays, à travers notamment les agressions contre les femmes. Ce recueil ne traite pas directement cet aspect, mais l'on y ressent bien toute la violence des puissants envers les faibles et cette envie de révolte et d'en venir à des actes terribles des opprimés. La hiérarchisation des castes, la pauvreté parfois extrême de certains, tout cela est fort bien décrit. A défaut de prendre un livre d'histoire sur l'Inde, lire Omprakash Valmiki permet de s'en faire une idée, vue du peuple le plus humble. J'aime lorsqu'un livre m'apporte plus que le simple -ce qui peut tout à fait suffire- plaisir de la lecture. Là, j'apprends à travers des histoires, des fictions inspirées parfois de faits réels.
Omprakash Valmiki, né en 1950 dans une famille de balayeurs-éboueurs est décédé en 2013. Outre ce livre, l'Asiathèque publie une autobiographie intitulée Joothan.
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