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Par une matinée ensoleillée, le professeur Hinrich Schepp pénètre dans leur bureau commun et trouve sa femme morte à sa table de travail, penchée sur le vieux manuscrit d'un roman inachevé, inspiré par une vaine passion qu'il avait nourrie pour une serveuse yougoslave. Un roman d'un étrange pouvoir d'envoûtement. Par une belle matinée ensoleillée, le professeur Schepp, spécialiste de la Chine, découvre en entrant dans son bureau que sa femme, qui est aussi sa collaboratrice, est morte, penchée sur le manuscrit qu'elle était en train de corriger. Le professeur n'arrive pas à y croire : sa femme était plus jeune que lui et il avait toujours pensé mourir avant elle pour l'attendre, comme il le lui avait promis, sur la rive du lac bordant l'île des morts (celle du tableau de Böcklin). Autre sujet d'affolement : il s'aperçoit que le manuscrit au-dessus duquel sa femme a rendu l'âme n'était pas son dernier essai sur la Chine ancienne mais le vieux manuscrit d'un roman inachevé, inspiré par une vaine passion qu'il avait nourrie pour Dana, serveuse yougoslave dans un bar. Or, sa femme a annoté son manuscrit, et ses remarques prouvent qu'elle a tout à fait compris que le héros du roman était bien lui. A présent qu'elle est morte, il ne pourra plus jamais s'expliquer. Ils ne pourront plus jamais se réconcilier. Tout au long de cette journée, alors que le cadavre de sa femme commence à sentir dans la touffeur de l'été, le professeur va revivre cette passion fatale qui avait fait de lui la risée de toute la ville, une sorte de Professeur Unrat (dans le film L'Ange bleu de Josef von Sternberg). Etrange est le pouvoir d'envoûtement de ce roman, qui baigne dans l'odeur des fleurs qui se fanent, du corps qui se décompose, du professeur qui se liquéfie littéralement sous nos yeux. Si sa femme a choisi de mourir, il semble que ce soit un suicide, c'est sans doute pour le tuer moralement. Et sa vengeance ira même au-delà de la mort car c'est finalement Dana, et non lui, qu'elle attendra sur la rive du lac en face de l'île des morts.
Si je n’exécrais cette expression ubiquitaire, je dirais, que "Roman de l’au-delà", le premier de Matthias Politycki m’a fait sortir de ma zone de confort. Il m’a surtout permis de renouer avec les auteurs allemands que j’avais délaissés depuis ma jeunesse. Je suis sans doute une des rares à n’avoir pu lire "Le parfum" de Patrick Süskind.
Roman étrange pour le moins, le titre peut le laisser imaginer, puisqu’il nous vient de l’au-delà…Etrange, en effet, est la découverte que le Professeur Schepp fait un matin en entrant dans son bureau. Il reste interdit à la vue du corps de sa femme, Dorothee Wilhelmine Renate, Comtesse de Hagelstein, alias Doro, assise à sa table de travail, inanimée, morte. Elle était en train de corriger un des manuscrits qu’il avait abandonné avant même de l’avoir terminé. Quelle ne va pas être sa surprise à la découverte des annotations.
Ce roman respecte à la lettre les trois unités du théâtre classique, d’action – si tant est que l’on puisse dire qu’il y en ait vraiment une – de lieu, le bureau du personnage principal, de temps, une journée. Schepp va, en effet, se plonger dans la lecture de cet écrit inachevé ou plutôt des notes laissées par la défunte. Mais il va surtout remonter le cours de sa vie, sa rencontre avec celle qui devint sa femme et… la suite. Il va découvrir une femme qu’il ne connaissait pas, une femme qui connaissait ses secrets sans qu’il le sache, une femme pas si lisse que ça.
Vous raconter la suite n’est pas dans mes intentions, ce serait vous priver de l’intérêt de la découverte. Sachez cependant que le récit est à la fois visuel – il est question des ombres qui peu à peu envahissent la pièce, olfactif, les odeurs sont particulièrement présentes "Si seulement il n’y avait pas eu cette odeur ! Comme si Doro avait oublié de changer l’eau des fleurs…et ajoutaient maintenant à l’air un relent aigre-doux.", auditif, les cloches tintent régulièrement marquant ainsi le temps qui passe.
Même si l’écriture est belle, même si la poésie est présente tout au long du texte, j’ai été déroutée par cette histoire qui confine à l’ésotérisme, par le côté glauque de ce monologue intérieur interrompu par le bourdonnement d’une mouche que le cadavre commence à attirer, par la fin que je ne suis pas certaine d’avoir comprise.
Je me suis cependant laissée porter par ce retour en arrière, par la rencontre d’un homme avec une femme, la sienne depuis de nombreuses années, et qu’il ne connaissait pas vraiment. Etrange sentiment d’avoir aimé sans trop savoir pourquoi.
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