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« La vie d'un hypermarché bat au rythme de l'humanité manipulée.
Et cela fait vingt ans qu'elle participe à cette manipulation. » Elle attend et n'exige rien du destin. Elle laisse glisser les heures, elle ne participe pas, elle est là, peu influente, jamais déterminante et sans rancune. Elle est en parallèle, attentive, mais pas impliquée.
« Elle », c'est cette jeune femme de 22 ans qui entre comme stagiaire au rayon textile d'un hypermarché, pour y devenir très vite chef de secteur. C'est cette « femme sans qualité » dénuée d'ambition, qui cherche juste à combler le vide abyssal de sa vie. En acquérant un statut, elle quitte les rives de son existence banale pour faire enfin partie d'un monde. Celui de la grande distribution. Univers absurde, construit sur le vide et les faux-semblants.
Frédéric Viguier signe un premier roman implacable, glaçant et dérangeant sur l'inhumanité de l'entreprise et l'indifférence ambitieuse. Au vide moral, affectif et intellectuel de son héroïne, il répond d'une écriture sèche et minimaliste. D'une lucidité cruelle mais sans cynisme, Ressources inhumaines donne à voir avec subtilité et intelligence les mécanismes de notre société de consommation.
Un livre glaçant sur le monde du travail, et notamment de la grande distribution. Très bien écrit, on suit l'histoire d'une salariée
Ce roman nous raconte la vie d’une femme salariée dans un hypermarché, qui de simple stagiaire va vite progresser en utilisant tous les moyens à sa disposition à l’exception de ses compétences car (elle l’admet elle-même) elle n’en a aucune, si ce n’est celle d’utiliser les autres à son avantage.
J’attendais beaucoup de ce récit dont le titre et le thème m’ont attirée, mais j’ai très vite été déçue.
Certes le style est fluide et la description de l’absurde et de l’hypocrisie qui règnent dans cette entreprise est plutôt réussie, notamment avec l’utilisation de nombreux mots et expressions à sens multiples ou détournés. De par le choix aussi, de ne jamais nommer le personnage principal du roman qui ne sera que « elle » durant près de 300 pages, et de ne parler des autres personnages que par leur poste dans l’hypermarché (le directeur, le responsable rayon, la responsable ressources humaines, …) ; les rares exceptions concernent ceux qui craquent ou qui font l’objet de mutations sanctions : Gisèle, Gilbert, …Comme pour redonner aux plus faibles une humanité refusée aux plus durs.
Mais cela ne suffit pas pour rendre le livre intéressant au-delà des premiers chapitres. Car il lui manque une réelle cohérence dans l’évolution du personnage central, cette femme que l’on suit durant quelques semaines quasiment jour après jour suite à son embauche, puis 20 ans après, de nouveau quasi quotidiennement. On comprend la volonté de l’auteur avec cette coupure, mais cela ne fonctionne pas : le « elle » de 42 ans est bien trop différente du « elle » de 22 ans. Oui sa volonté peut avoir été émoussée par le temps, et son ambition avec, mais pas autant, pas au point d’avoir disparu. Un fond de méchanceté reste, mais quid de cette capacité à manipuler ses collègues pour avancer, surtout les hommes ? Et pourquoi sa progression a-t-elle cessé d’un coup ? car si on conserve la logique de la première partie, « elle « aurait dû soit continuer à monter en grade, soit finir elle aussi par devenir victime du système, car dans cet hypermarché il n’y a pas d’autres choix, ce qui rend la situation justement inhumaine !
Bref, de bonnes idées mais une déception au final.
Frédéric Viguier signe ici son premier roman. On pourrait le dire à la lecture "pesant" mais le terme dérangeant serait plus approprié. On rentre dans un univers que souvent l'on connaît que par une vision de surface mais derrière se cache une vérité, des faux-semblants que l'on croit maîtrisé un peu comme, la société entière. Ici comme nous l'indique la photographie du bordereau de Philippe Narcisse, on pénètre dans la société quelque peu secrète et bien réglée du monde de l'hypermarché. Qui peut croire à tout ce qui s'y passe en réalité en prenant un simple chariot? Il faut y être ancré pour savoir.
Alors le pesant, la monotonie presque à nous dire j'arrête de lire s'en révèle normal et subtile. On comprend puis finalement on veut savoir le mot de la fin. Et nous avons raison de continuer car Frédéric n'en reste pas là, il nous achève pour mieux nous séduire de son style d'écriture qui nous fait trembler car il nous mène au plus proche de nos propres peurs.
Osons aller au-delà de ce qui nous semble vide !
Un premier roman surprenant.
Une histoire intéressante, caricaturale même, sur le monde du travail, le milieu de la grande distribution et du commerce en général. Cependant, cette vision du monde du travail, autoritaire et dure peut s'appliquer à tout domaine d'activité.
L'auteur dépeint à travers l'ascension d'une jeune stagiaire au poste de responsable, un monde de fauves et de jungle, où règne le harcèlement, la promotion canapé, l'écrasement de l'autre, une absence de solidarité.
Celle-ci souhaite par-dessus tout, accéder à un poste important, et met tout en oeuvre pour y arriver, au détriment de son intégrité, du respect et de l'estime de soi.
C'est une vision extrémiste qui met également en garde sur les travers, et qui montre que le monde du travail ne suffit pour avoir une vie épanouie, mais qu'il en est une composante.
Ressources inhumaines de Frédéric VIGUIER.
L'héroïne arrive en tant que stagiaire, sans compétences, dans un hypermarché. Jeune et ambitieuse, elles est prête à tout sans aucun sentiment pour réussir et monter les échelons : coucher avec son responsable, balancer des collègues, entre autres méthodes pas très propres. Elle va réussir, monter en grade et faire une belle carrière de 20 ans, puis le vent va tourner...
J’ai trouvé cette fille tellement détestable, qu’au moment ou cela tourne mal pour elle, je suis quelque peu satisfaite de ce qui lui arrive.
Je qualifierai ce livre de DÉRANGEANT, mais hélas RÉALISTE, et en le refermant, je me pose la question : jusqu'où certaines personnes sont capables d’aller pour se faire une place dans le monde du travail ?
Extraits :
Quand elle est entrée dans le bureau du responsable des ressources humaines, elle a vu un portemanteau avec, accroché dessus, un drôle de chapeau bleu ; puis derrière le bureau, la drôle de tête du responsable des ressources humaines avec, accroché au-dessus, un grand tableau sur lequel il y avait de marqué : “Le travail mène à tout, surtout au succès.” Elle a pensé que celui qui avait réfléchi à cette phrase aurait pu ajouter : “...et parfois dans la voiture de son chef…”
J’avais accordé un délai d’un mois à ton chef de secteur pour la faire muter. Il a sauté sur l’occasion, si tu veux bien me permettre cette expression.
Après avoir mis tant d’années à se façonner une personnalité dans le seul but de se sentir acceptée par le pouvoir. Après avoir caché ses faiblesses derrière une connivence étudiée, facilitée par un charme naturel indéniable, elle avait fait le tour des ces manoeuvres, qui en fait la tenaient debout, mais pour aller où ?
Quand elle traverse le magasin pour aller vider sa poche, quand elle est obligée de passer devant les employés travaillant dans les allées, avec son tablier bleu, ses bottes blanches et cette odeur qui la suit comme son passé, qui ne veut pas se faire oublier, elle les voit, les regards moqueurs, elle les entend, les rires bêtes.
J’ai trouvé le livre intéressant, ce sujet n’a pas souvent été évoqué dans la littérature actuelle. Un livre édifiant, je le conseille à tous, car on est tous les témoins ou les victimes de ces injustices. A lire aussi pour la plume d’un style assez sec d’un auteur que je ne connaissais pas. J’ai apprécié aussi les verbes au futur qui mettent en valeur l’histoire, c’est assez rare dans un roman car il nous annonce une tragédie… nous sommes vraiment plongés dans ces lieux où travaillent des centaines de personnes c'est-à-dire dans les coulisses d’un hypermarché où les carrières sont menées tambours battants avec stratège.
Un premier roman vraiment réussi à la fois très touchant surtout gênant et qui frappe fort.
Ressources inhumaines est un premier roman très réussi, dont le cadre est un hypermarché. L’auteur Frédéric Viguier nous introduit dans les coulisses de cette grande surface, à la suite d’une jeune femme qui va rapidement devenir cadre de l’entreprise, alors qu’elle n’en a pas tout à fait les capacités. J’ai adoré ce roman qui explore à travers un personnage le monde du travail actuel. Sidérant et presque cruel.
Le personnage de ce roman n’a pas de prénom, elle est désignée d’abord comme la stagiaire puis la chef de rayon textile. Elle ressent un grand vide en elle et le travail sera pour elle une façon de remplir ce vide, de devenir quelqu’un.
Le roman est construit en deux parties, la première montre l’ascension éclair de cette femme, qui manipule sans état d’âme pour obtenir une parcelle de pouvoir et ainsi se sentir exister. La seconde partie est différente, la chef de rayon devenue chef de secteur intègre un jeune dans son équipe qui va bouleverser sa vie rangée.
Ce qui est étonnant dans ce roman est la description très précise, presque clinique, du monde du travail auquel le lecteur peut aisément s’identifier, même s’il ne travaille pas dans un hypermarché. Plusieurs personnages comme le directeur, le responsable des ressources humaines, les employés, sont des archétypes qui existent dans toute entreprise. Ici, l’auteur montre et démonte les manœuvres de la partie dirigeante, à travers le personnage de la jeune femme. Décrite comme un pantin qui effectue les ordres qu’on lui assigne, sans réel goût ni motivation, elle semble néanmoins consciente de sa situation. En travaillant, elle devient un rouage de l’entreprise, dénué de vie, de passion, d’empathie. L’auteur a choisi d’insérer des phrases en italiques à la fin des chapitres, qui sont comme un aperçu de journal intime du personnage, ce qui la rend un peu moins inhumaine.
Le style du roman est fluide, presque sec. Frédéric Viguier décrit très bien la vacuité de son personnage principal par une écriture simple, sans fioritures. Beaucoup de répétitions, qui montrent que le système tourne en rond, jalonnent le texte qui devient comme une sorte de machine, au moins dans la première partie. Dans la deuxième, tout se dérègle, et j’ai trouvé cela un peu moins réussi. Au final, un roman très intéressant, aux multiples ressources !
Un stage dans un hypermarché et "elle" est embauchée au rayon textile-femme. Un passage par le lit du chef de secteur, un sous-entendu habilement formulé devant le responsable des ressources humaines et la voilà nommée responsable du même rayon. Quelques trahisons, quelques manipulations et beaucoup d'opportunisme la conduisent au poste de responsable du secteur textile. Elle y restera 20 ans.
Ce roman d'une aliénation m'a laissée perplexe car je ne suis pas parvenue à en discerner véritablement le propos.
Entre la mise à nu glaçante du fonctionnement quotidien d'un hypermarché et l'histoire personnelle d'une employée qui ne peut combler son vide intérieur que par "la sensation d'être acceptée", je me suis un peu égarée.
Ce personnage peut probablement être appréhendé comme l'image du néant d'un lieu uniquement dédié à la consommation. Le vide qui la définit et qu'elle cherche à combler rappelle ces caddies que l'on pousse dans les rayons et que l'on n'a de cesse de vouloir remplir... de n'importe quoi, du désir de désirer, de l'envie d'être accepté par ce que l'on paraît davantage que par ce que l'on est.
Malgré ses évidentes qualités, ce roman m'a résisté et m'a laissé un sentiment mitigé comme si "elle" était trop psychologiquement marquée pour que le reflet du microcosme de l'hypermarché soit véritablement percutant. Sans doute faudra-t-il que je le relise, mais je n'ai pas très envie de me replonger dans cette atmosphère oppressante.
On dirait une chronique de Normande, non ? :-D
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