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Une lectrice contacte un écrivain pour raconter le suicide de son fils et réhabiliter sa mémoire. Il était soupçonné d’abus sexuel sur mineure.
Ce roman est une histoire d’écriture, l’histoire de la vie de cette famille, de leurs relations.
Petit à petit l’écrivain, à travers les procès-verbaux de l’enquête judiciaire, le journal intime de sa femme, le témoignage de sa fille, les confidences des proches, va découvrir en la personne de cet homme un personnage énigmatique.
C’est un roman passionnant où le lecteur est pris par cette recherche de vérité. La lecture est addictive, le lecteur est sans cesse en éveil et cherche à se forger une opinion sur chacun des protagonistes de ce drame familial.
Entre étude de mœurs, drame social, enquête judiciaire et huis clos familial, ce roman est d’une grande originalité. Il fait partie des romans qui marquent et dont je me souviendrai longtemps.
C’est dérangeant, mal-aisant et complètement surprenant.
Le doute est le maître mot de l’entrée en matière de ce roman. L’auteur parle des circonstances qui l’ont amené à trouver un sujet, alors qu’il peine à satisfaire les sollicitations de son agent littéraire. Une sorte d’introduction, donc. Or on découvre rapidement que ces doutes et ces circonstances font partie de l’histoire.
Le sujet s’est ainsi imposé au narrateur, qui s’est vu demander par une mère endeuillée de réhabiliter l’honneur de son fils. Celui-ci s’est suicidé dans les jours qui ont suivi son interrogatoire en tant que témoin mais aussi potentiel suspect dans une histoire de pédophilie. Très proche de la fille des voisins, une adolescente présentée comme sulfureuse, qu’il est soupçonné avoir caressée lors d’un massage, prodigué dans le cadre d’un coaching sportif. Pas de plainte à proprement parler, mais l’affaire est trop risquée pour l’ignorer.
La demande est formelle : c’est une question de dignité bafouée, pas d’enquête parallèle. Or, l’écrivain se sent obligé d’essayer d’en savoir plus. Ce qu’il découvrira à travers les confidences des proches dessinera peu à peu un profil plus complexe que ne le laissait entrevoir le témoignage de la mère.
Le procédé est original et l’alternance des points de vue soutient l’attention.
Le style est accessible, et donne un ton de sincérité pour décrire le désarroi d’un auteur au coeur d’un conflit de loyauté.
352 pages Plon 24 août 2023
#Lavériténaurapaslieu #NetGalleyFrance
Avec La vérité n’aura pas lieu, Frédéric Viguier démarre d’un fait réel, une lectrice lui demande d’écrire un roman sur l’histoire tragique de son fils, pour analyser ce qu’est la vérité, le mensonge et l’omission, confrontées à sa position d’écrivain.
Ce récit prend par la main son lecteur dès les premières lignes pour le promener dans les méandres d’une enquête confrontée à la volonté d’une mère. Elle est aux prises avec des violences policières pour expliquer les raisons qui conduisent son fils à se suicider après une interpellation.
Brins d’histoire
Gisèle Chabaud désire s’offrir les talents d’un écrivain pour donner une éternité à son fils afin de rétablir sa réputation. Car celui-ci a été victime de comportements délictueux de la part de policiers. Ils l’ont accusé, trop vite et sans preuve, d’agressions sexuelles sur mineure, ce qui a entraîné son suicide. En effet, la jeune Marion, quatorze ans, accuse Sylvain Chabaud, le père de sa meilleure amie et ami de ses parents, de l’avoir agressée.
Devenir le porte-voix romancé d’une mère blessée qui veut rétablir la mémoire de son fils, accusé à tort ne cesse-t-elle de crier, n’est pas sans poser problème à cet écrivain. Car, en panne d’inspiration pour son troisième roman, il est ravi de pouvoir enfin avoir un sujet. Il faut bien manger !
Mais, la vérité d’une mère, construite au fur et à mesure des événements, peut-elle résister à une analyse froide et impersonnelle d’un tiers, même s’il est “son” écrivain, répondant à un contrat !
Car, où est la vérité ?
Au fil de ses investigations, Frédéric Viguier donne à son écrivain la possibilité d’effectuer une lecture différente des faits que celle rapportée par une mère blessée. Car, la personnalité de Sylvain, entrevue par son entremise, apparaît uniquement comme un homme ouvert et affable, toujours à vouloir rendre service. Pas besoin d’interroger la victime, la situation est sans équivoque !
Lorsque, découvrant des situations passées sous silence, le narrateur laisse aller son inquiétude sur la personnalité de Sylvain, le fantôme de Truman Capote avec son roman De sang froid ne cesse de le hanter.
Tout au long de ce récit, alternant les pages de son nouveau roman et le rapport de ses investigations, Frédéric Viguier met en scène ses réflexions. Passionnant car le lecteur découvre cette mise en forme du travail d’écriture d’un documentaire criminel !
Alors, approchant petit à petit une vérité qui au départ ne peut s’entendre, Frédéric Viguier dénonce l’attitude du lecteur d’interpréter les mots d’un autre sans faire l’effort de comprendre ce qu’ils disent, vraiment. Et, la fin développe ceci avec apothéose !
Pour conclure,
Le talent de Frédéric Viguier est particulièrement abouti car il brouille les situations, les mots et les témoignages pour que le lecteur s’y perde aussi ! Soumise à cette manipulation littéraire, j’ai été envoûtée par l’histoire, sans jamais la discuter, complètement absorbée par la recherche littéraire !
Difficile d’en dire plus, sans spolier ! En tout cas, Frédéric Viguier est un écrivain machiavélique au terrible talent ! Formidable roman noir et social à la fois qui a su me captiver dès les premières lignes jusqu’à l’épilogue sidérant.
Vraiment à découvrir !
https://vagabondageautourdesoi.com/2023/08/28/frederic-viguier-la-verite/
La littérature au service de toute vérité?
Retrouvez ma chronique complète sur aikadeliredelire.com ou en ouvrant le lien suivant:
https://www.aikadeliredelire.com/2023/08/netgalley-lu-et-approuve-la-verite.html
Pour ma part,
Captivant de A à Z.
Le narrateur, un écrivain, accepte contre rémunération d'écrire l'histoire de Gisèle Chabaud, une mère en colère dont le fils Sylvain s'est suicidé à 45ans au lendemain de son passage au commissariat, après avoir été soupçonné de pédophilie.
Sachant que ces soupçons n'ont jamais été confirmés et que le père de famille s'est donné la mort avant qu'une enquête officielle ne soit ouverte, tandis que Gisèle revendique l'atteinte à la présomption d'innocence de son fils, même à titre posthume, l'écrivain s'engage à lui produire un livre hommage digne de ce nom.
Par souci de vraisemblance romanesque et à l'insu du plein gré de Gisèle, le narrateur va tout de même enquêter sur les circonstances du drame, rassembler tous les éléments, pièces à conviction de l'affaire et interroger en personne les proches du défunt...
Au fil de son investigation, il se heurte à ses propres doutes et surtout à son éthique: inévitable lorsqu'on entend plusieurs sons de cloche surtout si l'une d'entre elles sonne faux... Là dessus je ne vous en dis pas plus, vous le découvrirez en lisant le livre.
Grâce à une plume sobre, efficace et tellement proche de notre intuition, le récit explore les limites de la vérité et des non-dits ainsi que la distinction entre les ressorts aliénants de la manipulation et les pressentiments libres de la fiction.
Même si les sujets abordés ne font pas l'unanimité et moi qui rarement lis des histoires d'enquêtes, j'ai aimé ce récit qui mêle savamment le réel et le fictif, ce don de nous faire douter de ce que nous croyons savoir.
Ce roman est aussi un hommage à la grande littérature.
Quand la grande littérature représente le dernier espoir.
Pour la mère qui a perdu un fils, un exutoire digne de son deuil.
Pour l'écrivain sans le sou, je cite "le scribouillard", un gagne-pain opportun et la perspective d'un nouveau succès littéraire.
Pour eux deux et pour nous lecteurs, que la lumière soit faite sur cette sombre affaire.
+ À lire sans hésitation : dans son style bien à lui, l'auteur se met en scène à travers cette enquête pour questionner le processus de création littéraire et explorer les zones d'ombre de l'âme humaine avec réalisme non sans une touche subtile d'ironie.
- S'abstenir si et seulement si vous n'aimez pas les romans qui abordent des sujets ultra graves comme le suicide, la pédophilie, la manipulation ou la culpabilité.
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