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Réimpression. Publiée huit mois après L'ALTERNATIVE, LA RÉPÉTITION se présente comme une oeuvre sans prétention, écrite d'un ton alerte. Sous un nouveau pseudonyme - Constantin Constantius - c'est à Régine Olsen, la fiancée abandonnée, que Kierkegaard destine cet « essai de psychologie expérimentale ». « Saura-t-elle voir, dans ce déchaînement de saillies et de pétulance, de poésie et de raison raisonnante, dans ce déploiement de mélancolie qui a l'espoir pour ferment, saura-t-elle voir qu'il est toujours le même, constant malgré son inconstance ? » (P.-H. Tisseau). En fait, le livre arriva trop tard : alors qu'il en achevait, à Berlin, la rédaction, Kierkegaard apprit que Régine s'était fiancée de nouveau ! OEuvre inutile ? Non. Car le dialecticien y avait mis en évidence une catégorie nouvelle éminemment féconde : « la répétition ». Concept difficile à cerner, il est vrai, et que le Professeur Heiberg avoua ne pas comprendre. Heureux aveu d'ailleurs, qui nous valut, en 1844, un texte conservé dans les notes de Kierkegaard et qui, sous le titre : UNE PETITE ANNEXE, constitue un commentaire théorique de la RÉPÉTITION, utile pour en bien démêler l'idée essentielle.
À la même date, sous le pseudonyme de Johannes de Silentio, paraissait CRAINTE ET TREMBLEMENT. Une fois encore, l'oeuvre est pleine de résonances autobiographiques et l'on devine tour à tour, outre Kierkegaard lui-même, la haute et austère figure de son père et celle de Régine. Au départ du livre, l'histoire biblique d'Abraham et d'Isaac sur laquelle Kierkegaard propose quatre variations lyriques. Puis, un éloge d'Abraham donne le thème de l'oeuvre ; et c'est le déroulement d'une rigoureuse méditation ou réflexion sur la foi, reconnue comme un mouvement dialectique existentiel qui va de la « résignation infinie » à la foi « en vertu de l'absurde », où l'homme, après et avec Abraham, reconnaît que tout est possible à Dieu. Ainsi, avec ce livre, se trouve véritablement instauré ce troisième stade religieux qu'appelaient les stades esthétiques et éthiques antérieurement posés. À la lecture de ces pages, on comprend pourquoi Kierkegaard tenait CRAINTE ET TREMBLEMENT pour sa meilleure oeuvre et comment il pouvait écrire qu'elle suffi rait, après sa mort, pour rendre immortel le nom de son auteur.
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