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L'imposture est son métier.
Émile Brami, auteur timide et angoissé, vilain canard d'une tribu juive tunisienne haute en couleur, rencontre lors d'une fête de famille le cousin « Azed » - Abraham Zeitoun - que l'on invite encore pour son argent. Azed, consultant d'affaires, a mauvaise réputation : son père est mort de chagrin, sa mère vit dans la honte, ses frères et soeurs lui tournent le dos...
Azed a besoin d'Émile pour écrire sa propre histoire :
Celle d'une vocation contrariée. Alors qu'il se destinait à la musique, son père, modeste employé dans un garage parisien, a sacrifié sa vie, jusqu'au dernier sou, pour lui payer des études de droit. Azed s'est soumis à sa volonté.
Il est devenu avocat dans un prestigieux cabinet. Du moins tout le monde le croyait-il...
Un jour, Émile est convoqué devant notaire pour l'ouverture du testament d'Azed. Qui lui lègue 60 000 euros et des liasses de documents pour se mettre à l'oeuvre...
Un roman assez inégal pour moi, écrit en deux grosses parties et deux plus petites. La première est celle de la rencontre, intitulée Moi, Émile Brami. Elle n'est point sous-titrée "roman" et laisse donc penser à une certaine réalité. C'est celle qui raconte comment Émile et Azed se rencontrent, comment Émile en est venu à fréquenter cette famille qu'il fuyait auparavant. Pas mal, mais un peu longue et pas toujours captivante, sans doute parce qu'alourdie par des détails inutiles et des conversations qui auraient méritées d'être raccourcies.
La deuxième partie, intitulée Lui, Abraham Zeitoun, dit Azed, et sous-titrée "roman" et nettement plus vive, plus émouvante. C'est Azed qui raconte sa vie dans une famille soumise au père tout puissant et repliée sur elle-même. C'est le ton dont use Émile Brami qui la rend plus attrayante : il n'y a plus de dialogues ou peu et débute par cette phrase que j'aime beaucoup : "Je ne t'apprendrai pas, Émile, que l'histoire des fils commence bien avant eux, avec celle de leur père." (p.107). Émile va au plus profond de son personnage, Azed, et nous lecteurs de nous demander ce qui est de la fiction et de la réalité et de s'en moquer ensuite, puisque le récit drôlement bien mené suffit à nous emballer et que le plus important n'est pas de savoir ce qui est né de l'imagination du romancier ou ce qui est de son expérience personnelle, les deux s'entremêlant sans doute très fortement.
Suivent une courte troisième et une très courte quatrième parties, dans lesquelles Émile Brami brouille encore plus les pistes sur la réalité et la fiction et s'amuse avec ses lecteurs, même si le propos n'est pas à la rigolade.
Je sors de ce roman un peu mitigé sur la première partie, mais comme les suivantes m'ont bien plu, j'oublie assez vite les réserves des premières pages pour ne garder que le meilleur de ce roman, le premier d'Émile Brami que je lis qui en a pourtant écrit plusieurs ainsi que du théâtre et des essais et une biographie de Louis-Ferdinand Céline.
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