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« On imagine souvent son enfance dans un bonheur duveteux, une ataraxie ancienne, une sorte de perfection inaccessible. En ce qui me concernait, mon enfance me faisait penser à un tableau de Hopper, Soir bleu, dans lequel on voit un clown, cigarette à la bouche, en train de compter ses billets après le spectacle. » Chroniques d'une enfance rythmée entre la Sardaigne, lumineuse, et le quotidien gris du nord de la France, Nos souvenirs flottent dans une mare poisseuse est un roman sur le souvenir. On y suit le parcours de Jacques, enfant qui découvre le monde, puis dans son enveloppe d'homme qui tente d'y trouver une place. Avec en tête, toujours, l'idée d'approcher le bonheur.
On retrouve avec plaisir la plume délicate et l'humour de l'auteur de Chercher Proust et d'Aux petits mots les grands remèdes.
Le lecteur s'amuse beaucoup. Un excellent livre. Sophie Dougnac, L'Est républicain
Un roman sous forme de chroniques relatant son enfance dans le nord de la France pour ce fils d'immigrés italiens baigné de souvenirs italiens... Mais les chroniques se poursuivent au delà, on voit ce petit Jacques grandir, devenir un homme....
Moi qui n'aime pas les nouvelles, les chroniques en temps normal, j'ai été emporté par cet ouvrage et par l'écriture fluide de M. Uras!!
Une pépite à découvrir!
Deuxième parution, après « Chercher Proust », de Mickaël Uras qui est un auteur très agréable à lire.
Ici, avec un titre plus qu’étrange et désabusé, il égrène ses souvenirs : son enfance, sa famille, la Sardaigne, ses amours, dont celui de la lecture, son envie d’être écrivain….
Tout cela est évoqué d’une manière un peu désordonnée, mais c’est très touchant.
Tendresse et nostalgie, humour, mélancolie….et en prime, l’amour de la langue française, et, pour moi, la découverte de nouveaux mots, comme « anacoluthe » ;
J’ai pris grand plaisir aussi à écouter chanter ces mots italiens : nonna, polenta, vergogna, pasta al forno, minestrone……
Et puis il y a ce très beau poème écrit à sa bien-aimée, un poème en soixante-quatre mots, qui n’a rien à envier à celui d’Eluard, en quatre-vingt treize mots.
Oui, j’ai bien aimé ce livre et j’espère que Mickaël Uras va continuer à écrire encore et encore.
"Chronique, comme ces instants dérobés à l'oubli. Un fait, un geste, un mot entendu, prononcé, déformé en somme, pêché dans la tourbe de l'existence. Il me fallait un jour me coller à tout ça. Parce que ça "colle". Et même quand on ne veut plus y penser, ces souvenirs sont cramponnés à nous comme des alpinistes à une falaise. Seuls." (p.8) Chroniques tour à tour mélancoliques, nostalgiques, drôles, légères ou moins et même parfois tout cela en même temps. Je ne sais pas si nous sommes de la même génération avec M. Uras, mais j'ai revécu pas mal de choses : la vie en HLM, le père qui choisit le programme de l'unique télé et qui, au bout de trente minutes s'endort et si l'on veut changer de chaîne, il se réveille et râle --"Une fois de plus, il dormait avant vingt et une heures. Il était un grand spécialiste des débuts de films, le roi de la situation initiale." (p.29)-, la chambre partagée avec deux frères, les départs en vacances (même si pour nous ce n'était pas la Sardaigne), la peur du retard sans doute héritée de mon père qui prévoyait toujours large plus une éventuelle roue crevée sur la route, plus les arrêts, plus les ralentissements, plus... "J'ai malheureusement hérité de cette peur du retard, elle m'obsède quand bien même je ne pars pas en vacances. Peur quotidienne qui me fait penser qu'au soir de ma mort, j'aurai passé une bonne partie de mon existence à attendre qu'une porte s'ouvre, qu'un train entre en gare, qu'un avion se pose, que ma femme raccroche enfin le téléphone afin que nous puissions aller au cinéma." (p.19) J'aurais presque pu me revoir, emprunté, adolescent (pléonasme ?), ne me sentant pas à ma place, pas très à l'aise avec les filles, ... Donc autant vous dire que je me suis régalé avec cette lecture entre tendresse, nostalgie et humour délicat ou parfois un peu plus vache. J'ai compati et rigolé à la description de la journée d'intégration au collège lorsque Jacques est assis à côté de Volcan, "fiché, connu, pour sa générosité urinaire" (p. 26) ou lorsqu'il décrit la professeure d'allemand : "Malgré nos lourds antécédents historiques, je me résolus à écouter la charmante mademoiselle Ludwig dispenser son savoir. Je m'étonnai de la voix fluette, digne des téléphones roses les plus coquins, s'évacuant de ce corps dessiné pour le football américain. Elle était l'incarnation de ce que les littérateurs et autres techniciens de la langue appellent oxymore, l'alliance de contraires." (p. 24/25)
Je cite, je cite des extraits à tire larigot il va falloir que je me calme, je suis tellement enthousiaste que je pourrais en citer encore plein, comme ceux qui concernent les visites de Mélanie la femme de Jacques chez le gynécologue, ou comment il se voit changer de statut dans les yeux de Mélanie lorsqu'elle est enceinte, "futur père irréprochable" (p.153), ou l'enfance de son père, la rencontre de ses parents, ...
J'avais beaucoup aimé Chercher Proust (qui est sorti en poche), je retrouve dans ces chroniques tout ce qui m'y a plu. L'écriture de Michaël Uras est travaillée, très belle, un vrai plaisir de lire ses phrases, ses mots qui s'enchaînent dans un ton globalement positif contrairement à ce que pourrait laisser penser le titre et même s'il n'y est question que de souvenirs, de nostalgie ou de mélancolie, l'ambiance est enlevée, pas légère, Michaël Uras traite joyeusement de sujets pas toujours gais et prend le temps de s'arrêter plus gravement sur ce que lèguent les pères à leurs fils : "La possibilité de n'être pas son père existe-t-elle vraiment pour un fils ?" (p.218) En fait, je crois que j'aime beaucoup l'écriture de l'auteur parce que c'est celle que j'aurais aimé avoir si j'avais eu le talent d'écrire des romans ; aucun regret, juste un constat, c'est pareil pour des films qu'on aime parce que c'est comme ça qu'on aimerait filmer sa vie ou ses envies...
J'ai même appris une règle d'orthographe dans ce roman, moi prompt à dénoncer la faute, la coquille, et qui, malgré des relectures en laisse dans mes articles, j'ai bien failli en noter une doublement commise : "tous les samedis matin à la bibliothèque..." (p.11/12), "Tous ses mercredis après-midi étaient consacrés à ses créations..." (p.66) ; Mais que nenni, ce que je pensais être une faute est en fait une règle de français, on doit lire "tous les samedis "au" matin" et "tous ses mercredis "dans" l'après-midi", donc point de "s" final à matin et après-midi ; merci à Edith Noublanche, la correctrice de l'éditeur.
Pour finir, n'hésitez pas, je vous parle souvent de l'excellence des publications de Christophe Lucquin qui ne m'a jamais déçu, et pourtant, je commence à bien connaître son catalogue, si vous aimez la littérature, la vraie, Michaël Uras est fait pour vous !
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