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Cette nouvelle intrigue se déroule lors des « années de plomb » en Italie. Au coeur de cet haletant récit choral : l'enlèvement de Gloria, une jeune fille de la haute société romaine. Deux policiers que tout oppose tenteront l'impossible pour la retrouver... Dans cet ultime épisode, la piste menant à la jeune Gloria semble s'éclaircir, mais un « nettoyeur » a une longueur d'avance sur la police...
Chronique précédemment parue sur le blog www.sambabd.net
Une fois de plus, l’immense Christian de Metter nous sort le grand jeu pour conclure sa nouvelle trilogie. Et, évidemment, c’est une réussite totale (j’aime pas trop les gens qui disent « évidemment » à tout bout de champ, ça a un côté un peu péremptoire, mais là, c’est compliqué de faire autrement tant l’auteur nous a habitués à ce niveau d’excellence…).
Réussite parce que, malgré la complexité et l’intelligence du scénario, ça se lit vraiment très bien. Évidemment (2 fois !!!), j’ai dû relire les 2 premiers tomes pour bien me remettre dedans (rapport à ma mémoire de poisson rouge…), mais cela m’a permis de constater à la fois la fluidité et la singularité d’un scénario réglé comme une horloge dont on afficherait l’heure en haut à gauche de certaines cases… Tout s’enchaîne parfaitement, à un bon rythme, laissant par moment le temps au lecteur de « respirer » afin de bien assimiler les tenants et les aboutissants de certaines cases clés qui viennent nous percuter comme les tartes sur un maître-chanteur dans un commissariat romain…
Et « totale » (la réussite, vous suivez oui ?), parce que de Metter réussit la prouesse de nous plonger dans cette Italie des années 70 aussi bien qu’un film d’époque, entre pattes d’éph, vieilles voitures et talkie-walkie en guise de portables, entres références culturelles et politiques dignes d’un bon épisode de Monsieur X (Gladio, principalement…), le tout dans un traitement graphique inimitable mêlant son trait magnifiquement réaliste à des matières et des couleurs absolument splendides. OUiiiiii, booooon… En effeeeet, j’ai un léger faible pour le dessin de CdM… Tout léger…
Bref, cette deuxième saison est à mon sens une réussite totale. D’ailleurs, je crois que je l’ai même préférée à la première. Probablement en raison de la proximité géographique et culturelle entre l’Italie et la France. Quoi qu’il en soit, j’attends la saison 3 de pied ferme !!! Et encore bravo à Christian de Metter !
Knocking on Hell’s door …. Après une première saison addictive en quatre épisodes couronnée du Prix Polar 2017 à Cognac, voici donc l’épilogue tant attendu de la deuxième saison ayant cette fois pour cadre non pas le Montana de 2007 mais l’Italie des années de plomb. Christian De Metter, après nous avoir tenus en haleine tout au long des deux premiers opus, clôt ici de façon magistrale ce thriller palpitant dans Nobody, Saison 2, épisode 3 paru aux Éditions Soleil.
APRÈS LES AGNEAUX ET LES LOUPS, LE BERGER
Italie, novembre 1974, climat délétère plombé par les attentats. Tout commence avec l’enlèvement de Gloria, ado de 14 ans, fille du juge Agnello instruisant un dossier lié au terrorisme et petite-fille du richissime « Baron rouge ». Sa mère, quant à elle, proche des idées de Pasolini, est auteure à ses heures d’articles critiques à l’encontre du gouvernement et édite également des recueils de poésie. Chargés de l’enquête, le chevronné commissaire Sordi et son adjoint Baratta sont sur les dents, d’autant plus que lors de l’enlèvement, leur ex-collègue, garde du corps de Gloria a été tuée. Séquestrée dans une maison isolée en montagne, la jeune fille a réussi à échapper à ses ravisseurs et blessée, a été recueillie par un berger mais ça, la police l’ignore. Ajoutez à cela une seconde affaire. La tension grimpe entre tifosi de la Roma et la Lazio, les deux clubs romains rivaux à l’approche du derby qui doit se tenir cette même semaine. Et nous voilà partis sur les traces des jumeaux Alestra : Santino, brillant n°9 de la Roma, enfin quand ses démons le laissent en paix, et Vittorio, le plus souvent assis sur le banc des remplaçants de la Lazio. Autre histoire de faux enlèvement mais vraie demande de rançon. Les deux affaires sont-elles liées ? Le commissaire Sordi pense que suivre la piste Alestra les mènera à Gloria. La dernière image de l’épisode 2 nous avait laissé sur l’inquiétant sourire du « nettoyeur », fan d’Elvis, chargé d’effacer nos seulement les traces mais également les témoins gênants. Une terrible course contre la montre va s’engager.
IT ALL MAKES SENSE
Christian De Metter nous a concocté un de ces récits complexes qu’on ne lâche pas et a ouvert tout au long des deux premiers épisodes de nombreuses pistes qui vont petit à petit nous conduire dans ce dernier épisode à déclarer à l’instar de celui dont le portrait orne l’appartement des Agnello « Io so ». Alors, il est question de politique (« Il poliziotto è marcio » pour reprendre un clin d’œil de l’auteur), de corruption, de chantage, de secrets de famille, du passé engagé d’un berger, d’histoires de frères, celle des jumeaux Alestra, mais pas que… Ajoutez à cela une journaliste ambitieuse avide de scoops et la neige qui, n’arrêtant pas de tomber sur les Apennins, viennent compliquer le tout. Quel est donc le secret ou plutôt les secrets que chacun, à commencer par le commissaire, semble cacher depuis le début ? Quel rôle joue exactement Douglas Pears, spécialiste américain des prises d’otages et qui assure la sécurité de la famille Agnello Strozzi ? Et si la réponse se trouvait dans les photos ? Photos du présent, photos du passé...
L’indéniable talent de Christian De Metter réside dans la structuration du récit. Malgré sa complexité, le lecteur ne se perd pas et les nombreuses questions seront résolues. En outre, à partir d’une situation somme toute classique – un enlèvement dans un contexte politique tendu, un couple de policiers au premier abord mal assorti –, il nous embarque dans un récit choral passionnant et arrive à nous surprendre plus d’une fois.
YOU WANT IT DARKER, WE KILL THE FLAME ...
Première saison dans le Montana, deuxième saison en Italie. Changement de lieux mais aussi changement de personnages avec un élément commun M, Nobody. Cette conception n’est pas sans rappeler les séries américaines et notamment True Detective. Le générique est donné par l’uniformité des couvertures avec une légère variation d’une saison à l’autre : Dans la première saison Body est en couleur alors que dans la saison 2, c’est No. De même, si pour la première saison les personnages sont représentés sur fond blanc, pour la seconde, ils le sont sur fond métallisé. Passons maintenant à la bande annonce. Les couvertures des albums, particulièrement soignées comme c’est toujours le cas dans la collection Noctambule des Éditions Soleil, sont agrémentées de frises recto verso au vernis sélectif métallique couleur cuivre pour le premier album, or pour le second et argent pour le troisième, frises composées d’images juxtaposées, sortes de bandes annonces. Et si au premier abord l’illustration pleine page peut paraître être en contradiction avec le titre de l’épisode, on se rend compte une fois le troisième opus refermé qu’au contraire elle l’éclaire sous un autre angle.
THE LONESOME SHOW RUNNER
Christian De Metter dont la passion première est et demeure la musique a débuté sa carrière dans la presse rock avant de devenir cet auteur de bd au style pictural reconnaissable au premier coup d’œil. Le noir, le polar ? Il connaît. N’oublions pas que, outre ses propres scénarios tel « L’œil était dans la tombe », il a signé les adaptations de « Shutter Island » de Dennis Lehane, « Scarface » d’Armitage Trail, et « Piège nuptial » de Douglas Kennedy pour la collection Rivages/Noir de Casterman. Aussi ne nous étonnons pas que Pierre Lemaitre dont notre artiste a signé les sublimes adaptations d’« Au revoir là-haut » et « Couleurs de l’incendie » ait fait appel à lui pour illustrer son « Dictionnaire amoureux du polar » paru en octobre 2020 aux éditions Plon. Dans le troisième épisode de ce thriller ô combien sombre et complexe, ce créateur d’ambiances nous fascine une fois de plus par sa maîtrise du cadrage cinématographique. Son dessin finement tramé, l’utilisation d’une palette aux tons sombres ou désaturés, sa maîtrise de la lumière où l’utilisation du clair obscur met particulièrement en valeur ses plans rapprochés sur des visages très expressifs ou au contraire impénétrables sont au service des ambiances et exacerbent la tension plus que palpable. (Mention spéciale aux planches consacrées au fameux derby dans lesquelles tout comme pour le match contre l’Ajax de l’épisode 2, rouge et vert apportent une rupture dans la gamme chromatique et surtout à celles glaçantes se déroulant dans les montagnes enneigées).
Le match est terminé, l’enquête est bouclée et le rideau sur la scène est tombé. Superbe et surprenant final à méditer pour ce récit choral, ce polar addictif plein de rebondissements. A quand la saison 3 ?
Voici la conclusion de la 2ème trilogie de Christian De Metter, Nobody s’achève dans un dernier tome captivant.
L’Italie des années de plomb n’est pas avare de secrets… entre politique, chantage, terrorisme, justice menacée… Le récit complexe savamment mis au point par l’auteur va enfin trouver toutes ses réponses, tous les chemins mènent à Rome n’est ce pas… Les chemins tracés dans les 2 tomes précédents vont amener les différents protagonistes à révéler leurs secrets… de gré ou de force.
Le graphisme de De Metter est reconnaissable au premier coup d’œil… cet habitué du polar en BD sait tracer des scènes noires, des poursuites, les cadrages cinématographiques sont superbes (avec la neige très présente dans ce tome !) et les personnages mettent en place une tension palpable. Je suis fan de ces ambiances !
Au final, c’est toujours un bonheur de retrouver De Metter, son dessin noir typique, ses récits riches et complexes, pour moi un must !
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